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Jeannotin Animateur
Inscrit le: 09 Mar 2014 Messages: 879 Lieu: Cléden-Poher
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écrit le Thursday 08 Jan 15, 18:43 |
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Certaines tournures insolites fleurissent sous la plume des néo-bretonnants mais ne sont pas attestées dans la langue des locuteurs natifs. C'est le cas de celle-ci, relevée par Visant Favé dans ses Notennou yezadur, elle est censée traduire "la séance leur a plu" : Citation: | ar re-ze a zo bet plijet gand an abadenn.
Eur zaoznekadur : They were pleased by. | Visant Favé la rejette donc comme un anglicisme (zaoznekadur). Cela aurait pu n'être qu'une bizarrerie isolé mais l'écrivain Yann Gerven, qui tient une chronique grammaticale dans l’hebdomadaire Ya!, a relevé toute une série de cas semblables :
Citation: | Gant skrivagnerien evel R. Hemon ez eus bet graet fazioù ouzhpenn diwar levezon ar saozneg :
nul
- Unan bennak a zo aze ?
- Ne welan nikun. ( Tri Boulomig... )
E saozneg e c'heller implij none, no one, nobody evit treiñ nikun ha den ebet, hini pe hini. Maleüruzamant, e brezhoneg e vez graet mad an diforc'h hag e ranker lâret ne welan den ebet amañ. E galleg ivez n'eo ket anat implij : personne ne peut... ha nul ne peut... zo reizh. Je n'ai vu personne zo reizh, mais pas *je n'ai vu nul.
Kavet a raomp an holl amzer e plas hep ehan, dalc'hmad, dalbezh..., diwar levezon boutin ar galleg hag ar saozneg : tout le temps, all the time, ha goude holl e plas pelloc'h, e fin ar gont... evel ma vez lâret après tout pe after all. |
(Des écrivains comme R. Hemon ont de plus fait des fautes sous l'influence de l'anglais :
- Unan bennak a zo aze ?
- Ne welan nikun. ( Tri Boulomig...)
En anglais on peut employer none, no one, nobody pour traduire aussi bien nul que personne. Malheureusement, en breton la différence est clair et on doit dire ne welan den ebet amañ. En français aussi l'emploi de nul n'est pas évident : personne ne peut... et nul ne peut... sont correct. Je n'ai vu personne est correct mais pas *je n'ai vu nul.
On trouve holl amzer au lieu de hep ehan, dalc'hmad, dalbezh..., sous l'influence commune du français et de l'anglais : tout le temps, all the time, ha goude holl au lieu de pelloc'h, e fin ar gont... comme on dit après tout ou after all.)
Pour les bretonnants : voir l'article de Yann Gerven.
Il semble donc les anglicismes de ce type soit abondamment représentés en néo-breton. On ne peut que faire le lien avec la vie de Roparz Hemon, professeur d'anglais finalement exilé en Irlande, pour les raisons que l'on sait. Si le breton est la langue de la Basse-Bretagne, le néo-breton n'est que la langue de Roparz Hemon, suivant jusqu'à l'absurde les moindres détours de son existence.
Dernière édition par Jeannotin le Thursday 08 Jan 15, 23:14; édité 1 fois |
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José Animateur
Inscrit le: 16 Oct 2006 Messages: 10945 Lieu: Lyon
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écrit le Thursday 08 Jan 15, 19:34 |
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Jeannotin a écrit: | un anglicisme (zaoznekadur) |
J'ai vu, dans un dictionnaire bilingue en ligne, que SAOZNEG signifie anglais.
Que signifie "adur" ou comment décompose-t-on zaoznekadur ? |
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José Animateur
Inscrit le: 16 Oct 2006 Messages: 10945 Lieu: Lyon
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écrit le Friday 09 Jan 15, 14:00 |
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Jeannotin a écrit: | L'homme de nation anglaise se dit saoz et est tiré du latin saxo. Lorsque le breton a perdu ses déclinaisons, il a tiré ses substantifs modernes du nominatif et non de l'accusatif comme l'a fait le français. Le radical pour les mots dérivés est par contre saozn-, à commencer par le pluriel saozned qui rappelle l'ancien français saisne (comme dans la Chanson des Saisnes).
Saozneg désigne la langue anglaise, avec le suffixe -eg qui provient du suffixe latin -ica et qui sert pour former les noms de plusieurs autres langues : brezoneg (breton), galleg (français)...
À partir d'un adjectif, le suffixe -aad permet de créer des verbes qui expriment l'idée de devenir. Ce suffixe présentait autrefois un [h] qui n'est plus noté mais qui provoque le dévoisement de la dernière consonne de l'adjectif auquel il s'ajoute ; on a donc saoznekaad : angliciser.
Enfin, le suffixe -adur permet d'exprimer le résultat d'une action (breinadur : pourriture, de brein pourri). On a donc saoznekadur : anglicisme et eur zaoznekadur avec la lénition du [s] devant l'article. |
Merci pour ces explications !
Du coup, j'ai passé ton message en Mot du Jour.
Lire le MDJ saoznekadur (breton). |
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Kenel ha Gwerin Non-inscrit
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écrit le Friday 11 Nov 16, 13:13 |
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Sur le chapitre des anglicismes dans le breton de Roparz Hemon, il y a particulièrement à signaler le sur-usage qui est fait de "da" dans le sens voulu de "evit" ou "a-benn". Ceci vient de l'anglais "to" qui peut indiquer un but.
Ainsi, sous la plume de certains de ses suiveurs (comme sur le site de Emglev an Tiegezhioù où j'ai trouvé des exemples), trouve-t-on des énormités telles que "Web series da sikour hor bugale...", "lec'hienn da zeskiñ brezhoneg", là où on devrait trouver "evit" ou "a-benn". |
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Papou JC
Inscrit le: 01 Nov 2008 Messages: 11191 Lieu: Meaux (F)
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écrit le Friday 11 Nov 16, 14:37 |
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C'est bien... mais il faudrait le rajouter dans l'index... |
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