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Fayet
Inscrit le: 03 Jun 2016 Messages: 265 Lieu: Mâcon
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écrit le Sunday 18 Jun 17, 16:30 |
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Pendant longtemps j'ai torturé mes élèves qui écrivaient "L'on" au lieu de "ON" pensant qu'il s'agissait d'une affectation comme de lever le petit doigt quand on tient sa tasse de thé. A vrai dire ma condamnation était réellement justifiée mais j'ai dû l'abandonner lorsque j'ai su d'où venait cet "L". Assez vite j'ai appris que "on" s'écrivait "HOM" au moyen âge mais j'ai mis quelque temps à comprendre que "L'on" présentait tout simplement l'article pour "l'homme". Je ne pouvais donc plus guère condamner mais il n'empêche que maintenant, ce n'est plus qu'une affectation et je crois que la volonté de remonter à l'étymologie aboutit le plus souvent à de l'affectation. Pourquoi donc n'écrirait-on pas "phantaisie" d'après Emphase ? |
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Outis Animateur
Inscrit le: 07 Feb 2007 Messages: 3510 Lieu: Nissa
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écrit le Monday 19 Jun 17, 9:17 |
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Mon cher Fayet, ton message est intéressant dans la mesure où il montre bien le rôle de l'affectif dans la perception de la langue et de ses règles. En particulier de l'équilibre entre diachronie et synchronie. Tu traites le français comme s'il s'agissait de l'un de tes proches, un ami que tu pourrais féliciter ou mettre en garde. Et je trouve que c'est bien.
Mais il faut tout prendre en compte. Pour moi qui ai appris ma langue il y a un certain temps, l'usage de « l'on » n'est pas qu'un archaïsme : il est simplement naturel et je suis choqué (un peu, bien sûr) quand j'entends remplacer « il faut que l'on sache » par « il faut qu'on sache ». Et pas seulement parce que ça me gêne d'entendre le mot « con » au passage, mais surtout parce que ça fait trois syllabes accentuées consécutives. C'est pataud, ça manque de fluidité.
N'oublions pas que nous tous ici qui nous passionnons pour les langues, que nous écrivions et parlons en vers ou en prose, nous sommes tous des poètes. Au sens premier du verbe ποιέω [poiéō] « faire ». Quitte à faire, faisons beau et bien … |
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José Animateur
Inscrit le: 16 Oct 2006 Messages: 10945 Lieu: Lyon
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écrit le Monday 19 Jun 17, 10:59 |
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Fayet a écrit: | "on" s'écrivait "HOM" au Moyen-Age |
Lire le MDJ homme. |
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Fayet
Inscrit le: 03 Jun 2016 Messages: 265 Lieu: Mâcon
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écrit le Tuesday 20 Jun 17, 8:57 |
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Ne pourrait-on pas dire qu'il y a autant ou plus de subjectivité et d'affectivité à condamner "Qu'on" qu'à condamner "que l'on". Et encore moi j'ai fini par "tolérer " par respect de l'étymologie. Mais quelle attitude doit -on avoir quant à la langue ? Si c'était essentiellement l'étymologie la perfection serait de parler latin ou même eurindien. Si on craint une succession d'accent toniquues ça dépend des syllabes adjacentes ; si l'on veut éviter "con" on pourrait s'offenser d'un vieil hymne "Je n'ai qu'une âme". En fait, de tous ceux qui utilisent "Que l'on" combien sont-ils qui connaissent l'origine du "L". En fait pour presque tout le monde c'est une langue "distinguée" au même titre que les formules de l'administration qui nous offre ses salutations" distinguées". Je rappellerai même un souvenir émouvant. Un jour que je parlais à M. J. Perret il me fit le reproche d'écrire "ça" au lieu de "cela" avec un ton fort peiné. J'ai toujours la plus grande admiration et même affection pour M. Perret mais "ça" est français même si cela est plus soigné qu'affecté. La grande règle c'est l'usage. Bien entendu l'usage a des degrés mais degrés fondés sur quoi ? Souvent un niveau social et dans ce cas on est bien obligé de prendre un parti subjectif et comme disait La Bruyère je veux être peuple. Une autre règle concernant le niveau de langue c'est qu'elle maintienne les oppositions structurelles et j' ai tendance à faire la chasse à tout ce qui ne porte pas de sens car ça détruit la richesse en même temps que la limpidité de la langue. |
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