Voir le sujet précédent :: Voir le sujet suivant |
Auteur |
Message |
Helene
Inscrit le: 11 Nov 2004 Messages: 2846 Lieu: Athènes, Grèce
|
écrit le Wednesday 23 Nov 05, 10:13 |
|
|
grabataire :
- du grec κράββατος (kravatos) ου lit de malade, grabat, en latin crabbatus (grabatus (-um)
En grec moderne lit se dit κρεβάτι qui est une forme très proche. |
|
|
|
|
Charles Animateur
Inscrit le: 14 Nov 2004 Messages: 2522 Lieu: Düſſeldorf
|
écrit le Wednesday 23 Nov 05, 13:31 |
|
|
Voila d'où vient le mot russe кровать (krovat' = lit)... |
|
|
|
|
mansio
Inscrit le: 19 Feb 2005 Messages: 1125
|
écrit le Wednesday 23 Nov 05, 14:53 |
|
|
On pourrait penser que ça vient de grab-grave-crever qui évoque la tombe, qui est une autre forme de lit. |
|
|
|
|
guillaume
Inscrit le: 14 Dec 2005 Messages: 669 Lieu: Istanbul, natif du Québec
|
écrit le Monday 10 Sep 07, 13:22 |
|
|
kerevet, lit de planches, grabat, de κρεβάτι, lit.
sinon yatak, lit, du verbe yatmak, se coucher. |
|
|
|
|
Romanovich
Inscrit le: 05 Dec 2006 Messages: 340 Lieu: Poitiers
|
écrit le Monday 10 Sep 07, 15:34 |
|
|
mansio a écrit: | On pourrait penser que ça vient de grab-grave-crever qui évoque la tombe, qui est une autre forme de lit. |
Difficile en effet de ne pas penser à un lien avec la base germanique graban qui a donné le terme grave (= tombe). |
|
|
|
|
Outis Animateur
Inscrit le: 07 Feb 2007 Messages: 3510 Lieu: Nissa
|
écrit le Friday 21 Sep 07, 0:33 |
|
|
Oui, bien sûr, mais on peut aussi prendre un peu de recul car l'étymologie ne se fonde plus depuis longtemps sur les seules ressemblances phonétiques.
D'abord, le germanique *graban se fonde sur un thème *gʰr-ebʰ- avec des cognats en balto-slave (lett. grebju « creuser », vx.-sl. gresti « racler, gratter »). En grec, selon la vocalisation de ce thème, on aboutirait à des choses comme *ker-ph-, *kr-eph-, *kra-ph- (en tenant compte d'une dissimilation d'aspirées) et ça ne fonctionne pas bien.
Et les choses peuvent se compliquer car on connaît aussi un thème *ger-bʰ- « entailler » qui, en germanique, conduit à l'anglais carve et à l'allemand kerben, et, en grec, à graph- « entailler > écrire ». Là aussi, les choses se ressemblent mais, autant que je sache, on ne connaît pas d'autre exemple d'une indécision gʰ/g à l'initiale.
Et il faut aussi se méfier des sauts dans le sémantisme. De gratter ou d'entailler, on pourrait aisément passer à griffer mais on oublierait que ce verbe d'origine franque signifiait primitivement « saisir » (germ. *graip-, angl. grasp). Mais on peut continuer et sauter au griffon qui nous vient par le latin du grec grúps « vautour », mot également utilisé pour désigner un animal fabuleux très employé comme thème décoratif et dont on connaît mal l'origine (soit le grec grupós « courbé, aquilin », soit l'akkadien karūbu « griffon, chérubin »). Mais nous sommes ici très loin d'un lit, même d'un grabat, retournons-y.
Plus que les jeux aléatoires d'une phonétique approximative, l'histoire des mots et l'analyse sémantique peuvent donner des témoignages. Le grec krábbatos est un mot populaire, d'attestation tardive et qui ne se laisse pas expliquer à l'intérieur du grec. Le fait qu'on le rencontre chez un poète sicilien (Rhinton, IIIe s. av.n.è.) et que la correspondance phonétique avec le latin grabātus est irrégulière a conduit à penser que, dans les deux langues, le mot est un emprunt. C'est la piste suivie par Kretschmer.
Il suppose un mot illyrien ou macédonien (?) *grabu qui serait un nom d'arbre et dont il trouve des correspondants en divers endroits :
- le grec ancien grábion « bois de l'yeuse ou du rouvre »
- les grecs modernes dialectaux grábos (Épire) et gábros (Arcadie) qui désignent des espèces de chênes
- le russe grab « charme » (l'arbre)
- l'ombrien Grabovius (Tables Eugubines) épithète divine non expliquée
L'évolution sémantique passerait alors de l'arbre au bois, puis à l'objet fait de bois, une évolution dont on connaît d'autres exemples (grecs drūs « chêne » > dóru « lance »). Le grabat serait ainsi un simple lit de bois, probablement sans confort mais plus pratique pour brancarder malades ou blessés … |
|
|
|
|
|