Xavier Animateur
Inscrit le: 10 Nov 2004 Messages: 4087 Lieu: Μασσαλία, Prouvènço
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écrit le Monday 11 Apr 22, 17:34 |
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Qu'est-ce que la philologie ? Un terme qui peut avoir plusieurs sens. Je tente une première approche avec quelques définitions...
Du latin philologia : amour des lettres, applications aux études
philologie, commentaire, explication des écrivains (Gaffiot)
philologus : littéraire, lettré, érudit, savant
Dans le Robert :
Considéré comme un sens vieux :
Étude des disciplines littéraires (rhétorique, grammaire, poétique, antiquités, histoire, philosophie) auxquelles s'ajoutent parfois quelques matières scientifiques (mathématiques, médecine, par exemple).
« Littérature universelle qui s'étend sur toutes sortes de sciences et d'auteurs » (Furetière, 1690).
Apparaît au XIXe siècle (1839) :
"Science historique ayant pour objet l'étude des civilisations passées, fondée sur les documents qu'elles nous ont légués."
Dans le TLF :
Sous l'influence du concept allemand de Realphilologie :
"Étude des mots, des documents (écrits ou autres) et de tous les contenus de civilisation impliqués".
Renan écrit dans L'avenir de la science (1848) :
À une époque où l’on demande avant tout au savant de quoi il s’occupe, et à quel résultat il arrive, la philologie a dû trouver peu de faveur. On comprend le physicien, le chimiste, l’astronome, beaucoup moins le philosophe, encore moins le philologue. La plupart, interprétant mal l’étymologie de son nom, s’imaginent qu’il ne travaille que sur les mots (quoi, dit-on, de plus frivole ?) et ne songent guère à distinguer comme Zénon le philologue du logophile.
(...)
La philologie, en effet, semble au premier coup d'œil ne présenter qu'un ensemble d'études sans aucune unité scientifique. Tout ce qui sert à la restauration ou à l'illustration du passé a droit d'y trouver place. Entendue dans son sens étymologique, elle ne comprendrait que la grammaire, l'exégèse et la critique des textes; les travaux d'érudition, d'archéologie, de critique esthétique en seraient distraits. Une telle exclusion serait pourtant peu naturelle.
(...)
Le champ du philologue ne peut donc être plus défini que celui du philosophe, parce qu’en effet l’un et l’autre s’occupent non d’un objet distinct, mais de toutes choses à un point de vue spécial. Le vrai philologue doit être à la fois linguiste, historien, archéologue, artiste, philosophe. Tout prend à ses yeux un sens et une valeur, en vue du but important qu’il se propose, lequel rend sérieuses les choses les plus frivoles qui de près ou de loin s’y rattachent. Ceux qui, comme Heyne et Wolf, ont borné le rôle du philologue à reproduire dans sa science, comme en une bibliothèque vivante, tous les traits du monde ancien, ne me semblent pas en avoir compris toute la portée. La philologie n’a point son but en elle-même : elle a sa valeur comme condition nécessaire de l’histoire de l’esprit humain et de l’étude du passé.
λογόφιλος : qui aime à parler, à discourir, beau diseur.
je note aussi :
λογοφίλης : ami de l’éloquence ou de la science.
Dans l'OED :
Love of learning and literature; the study of literature, in a wide sense, including grammar, literary criticism and interpretation, the relation of literature and written records to history, etc.; literary or classical scholarship; polite learning.
(L'amour du savoir et de la littérature ; l'étude de la littérature, au sens large, en incluant la grammaire, la critique et l'interprétation littéraires, la relation entre littérature et les documents écrits et l'histoire, etc. l'érudition littéraire ou classique ; la politesse.)
Du grec :
φιλολογία
besoin de parler, bavardage, goût pour la dialectique, goût pour la littérature ou l’érudition, d'où : dissertation sur un sujet littéraire ou d’érudition
φιλόλογος
qui aime à parler, puis : qui parle volontiers ou beaucoup, d’où bavard, qui a la langue déliée (par l’effet du vin), qui aime les lettres ou l’érudition, la discussion, la dialectique
qui aime à disserter sur des sujets littéraires ou d’érudition.
par extension : qui s’occupe de recherches approfondies sur des questions d’érudition, en particulier sur les langues ou l’histoire des anciens peuples.
(Bailly)
φιλολογία, l'amour de la conversation, du discours ou de l'argumentation, s'est opposé chez certains à la φιλοσοφία (philosophia) : amour de la sagesse. |
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