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Glossophile Animateur
Inscrit le: 21 May 2005 Messages: 2281
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écrit le Wednesday 14 Dec 05, 18:24 |
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Nikura me signale, à propos de svarabhakti :
Citation: | Garde-le donc, personne ne t'en voudra. Moi je voulais juste dire qu'il existait un mot en français... |
Façon de dire... Epenthèse, c'est du grec pur laine !
Pourquoi pourrait-on emprunter au grec, et pas au sanscrit ?
De toutes façons, et ceci règle la question définitivement, l'épenthèse entraîne une modification de la forme du mot (le b de marbre, du latin marmor), tandis que le svarabhakti est un trait de la prononciation, personnel au locuteur.
Ce n'est donc pas tout à fait la même chose. |
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Lou caga-blea
Inscrit le: 05 Sep 2006 Messages: 513 Lieu: Nissa
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écrit le Wednesday 22 Aug 07, 10:11 |
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Voilà pour vous mettre d'accord : employez donc le terme d'anaptyxe, qui désigne précisément l'insertion d'un phonème vocalique dans un groupe consonantique (comme le peu-neu qui fait tant rire les nordiques...). |
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Outis Animateur
Inscrit le: 07 Feb 2007 Messages: 3510 Lieu: Nissa
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écrit le Wednesday 22 Aug 07, 16:16 |
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Les grammairiens adorent les classifications et les mots compliqués. Faut-il toujours les prendre au sérieux ?
Sans parler de l'Histoire de la Grammaire qui rend compte de l'évolution des concepts et des termes qui les désignent (d'où des incohérences dans les emplois de certains d'entre eux), il apparaît que les grammairiens ont quelquefois détourné un peu le sens des mots qu'ils ont empruntés.
« anaptyxe » (gr. ἀνάπτυξις) est initialement l'action de déplier, d'ouvrir, de déployer. On l'utlise pour les tissus, les livres ou les manœuvres d'une formation militaire, et Aristote au sens de « explication ». L'usage grammatical indiqué par lou caga-blea paraît un peu forcé …
« épenthèse » (gr. ἐπένθεσις) est plus simple et direct puisqu'il ne signifie que « intercalation ». Mais, dans ce cas, pourquoi ne pas simplement dire « intercalation » ou, bêtement, « insertion » ?
« svarabhakti » n'est utilisé par les phonéticiens indiens que pour l'insertion d'une voyelle entre une liquide (r, l) et une consonne, par exemple varṣa- « pluie » prononcé variṣa-. L'analyse du mot permet d'en préciser le sens.
svara- signifie généralement « son, bruit », d'où « accent, ton », « note de musique », « voyelle ».
bhakti-, de la racine bhaj- « partager, distribuer, répartir », est un terme au sémantisme très large (il désigne par exemple la foi qui repose sur l'amour du dieu dans le culte de Kṛṣṇa) mais qui, ici, signifie « arrangement, décoration, fait d'orner ».
Il faut donc comprendre le terme comme correspondant à ce qu'on appelle « ornementation » dans le domaine musical et qu'on peut rapprocher de la diérèse en poésie classique (furieux prononcé furiyeux) ou de l'écho vocalique dans le chant (la Liberté gui-ide nos pas), tous procédés qui correspondent à des articulations non nécessaires du texte, à fins généralement esthétiques.
À noter que la connotation « personnel au locuteur » signalée par Glossophile a peut-être été induite en Inde par une coupe décomposant sva- « son, le sien, propre, personnel », -ra- « r (le phonème) », -bhakti- « ornementation », soit « ornementation de r qui est personnelle ». Je ne crois pas qu'il faille la prendre au sérieux … |
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Lou caga-blea
Inscrit le: 05 Sep 2006 Messages: 513 Lieu: Nissa
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écrit le Wednesday 22 Aug 07, 16:24 |
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Outis a écrit: | L'usage grammatical indiqué par lou caga-blea paraît un peu forcé … |
Il est en tout cas bien commode, et bien vivant dans la littérature spécialisée, notamment pour la description de langues où le phénomène de l'anaptyxe ("peneu" pro "pneu") est très fréquent, voire joue un rôle fondamental dans la phonologie. Je citerais, en particulier pour Outis qui apprécie les langues anciennes, l'osque. |
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Outis Animateur
Inscrit le: 07 Feb 2007 Messages: 3510 Lieu: Nissa
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écrit le Wednesday 22 Aug 07, 20:42 |
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Cher compatriote, je ne conteste, ni la réalité du phénomène phonétique, ni l'intérêt de son étude.
Je critique le choix qui a été fait (par le premier linguiste à l'utiliser) du mot « anaptyxe » pour le décrire ! Je sais bien qu'il est hélas trop tard et qu'on n'a plus qu'à « faire avec », mais j'ai bien le droit de le regretter !
À partir du moment où ce mot véhiculait en grec un sémantisme de déploiement, il n'aurait dû s'appliquer qu'à des situations où existait un « pliage » ou une « concentration » préalables.
Que passer de « j'te l'dis » à « je te le dis » soit une anaptyxe me paraît normal, c'est à la fois un déploiement et une explication. Mais que passer de « pneu » à « peuneu » en soit une, c'est hautement farfelu … |
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lilou
Inscrit le: 19 May 2006 Messages: 211 Lieu: Belgique Gembloux
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écrit le Thursday 23 Aug 07, 18:57 |
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Pour ma part je dis bourguemestre comme tout le monde dans le coin
Pour ce qui est de l'élision du e muet, on en passe un sur deux d'ordinaire:
Et que je ne te le redise pas : Et que je n' te l' redise pas.
(désolée c'est le seul exemple qui me passe par la tête, ce n'est sans doute pas le meilleur!) |
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Kyrillion
Inscrit le: 02 Jan 2007 Messages: 311 Lieu: Haute-Savoie
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écrit le Thursday 23 Aug 07, 19:28 |
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Dans la série des arcs, on a également l'arc-(e)boutant. |
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montezuma II
Inscrit le: 18 Mar 2007 Messages: 61 Lieu: sud haut-marnais
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écrit le Friday 24 Aug 07, 3:43 |
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chez nous, c'est plutôt un "ch" a la place d'un "j"
ch'te l'dis, avec un "e" long et un "l" accentué |
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Outis Animateur
Inscrit le: 07 Feb 2007 Messages: 3510 Lieu: Nissa
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écrit le Friday 24 Aug 07, 14:02 |
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@ lilou : contrairement à ce que tu crois, « Et que je ne te le redise pas » est un excellent exemple !
En suivant strictement la règle des trois consonnes, on obtient deux réalisations tout-à-fait correctes, même si la première est probablement plus fréquente (il faut les prononcer à voix haute pour que ce soit clair) :
Et / qu'je / n'te / l're- / -dise pas
Et que / j'ne / t'le / r'dise pas
À noter que, comme le signale montezuma II, les rencontres de consonnes induites par l'amuissement des e conduisent à certaines assimilations régressives de sonorité :
sonore avant sourde > sourde : je te > ch'te
sourde avant sonore > sonore : que je > g'je |
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Matilene
Inscrit le: 16 May 2007 Messages: 62 Lieu: Limousin/Sundgau
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écrit le Friday 24 Aug 07, 22:40 |
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Outis a écrit: |
En suivant strictement la règle des trois consonnes, on obtient deux réalisations tout-à-fait correctes, même si la première est probablement plus fréquente (il faut les prononcer à voix haute pour que ce soit clair) :
Et / qu'je / n'te / l're- / -dise pas
Et que / j'ne / t'le / r'dise pas
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je me suis amusée à prononcer la phrase à voix haute et voici ce que ça donne:
et/que je'n/te l're/dise pas
est-ce que c'est une "réalisation tout à fait correcte" ... |
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Jacques
Inscrit le: 25 Oct 2005 Messages: 6527 Lieu: Etats-Unis et France
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écrit le Friday 24 Aug 07, 22:59 |
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Outis a écrit: |
À noter que, comme le signale montezuma II, les rencontres de consonnes induites par l'amuissement des e conduisent à certaines assimilations régressives de sonorité :
sonore avant sourde > sourde : je te > ch'te
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Même phénomène ici :
un faux jeton > un faux ch'ton |
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