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Helene
Inscrit le: 11 Nov 2004 Messages: 2846 Lieu: Athènes, Grèce
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écrit le Tuesday 16 Aug 05, 8:30 |
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<b>Athymie </b>de grec αθυμία signifiant absence ou perte de l'affectivité. Ce mot était utilisé en français au XVIIIeme siècle. |
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Maisse Arsouye
Inscrit le: 10 Nov 2004 Messages: 2037 Lieu: Djiblou, Waloneye
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écrit le Tuesday 16 Aug 05, 8:39 |
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C'est marrant, il y avait justement un documentaire sur l'athymie hier à la retebefe. |
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Helene
Inscrit le: 11 Nov 2004 Messages: 2846 Lieu: Athènes, Grèce
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écrit le Tuesday 16 Aug 05, 8:59 |
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Ah bon ! Quelle coïncidence. Je crois que » l'athymie » est surtout utilisée en français comme terme médical.
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Charles Animateur
Inscrit le: 14 Nov 2004 Messages: 2524 Lieu: Düſſeldorf
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écrit le Tuesday 16 Aug 05, 9:01 |
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Je m'attendais à voir un mot décrivant les cuisiniers provençaux à court d'herbes fines...
"a-" est un privatif, mais retrouve-t-on la racine "-thym-" dans d'autres termes ? La plante est-elle en rapport avec ce mot ? |
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Helene
Inscrit le: 11 Nov 2004 Messages: 2846 Lieu: Athènes, Grèce
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écrit le Tuesday 16 Aug 05, 9:51 |
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Thym provient de θύμον ou θυμάρι en grec moderne et désigne cette plante aromatique que l'on utilise dans la cuisine. Il existe un autre terme oxyton provenant du grec ancien avec la racine θυμός thymos, il a la signification de désir, volonté et c'est celui-ci qui est à l'origine de athymie. Il y a d'autres mots provenant de cette racine comme (επιθυμία, désir), (απροθυμία, mauvaise volonté) etc.
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Jean-Charles
Inscrit le: 15 Mar 2005 Messages: 3130 Lieu: Helvétie
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écrit le Tuesday 16 Aug 05, 12:24 |
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Et le thymus ?
Dernière édition par Jean-Charles le Tuesday 16 Aug 05, 21:42; édité 1 fois |
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Helene
Inscrit le: 11 Nov 2004 Messages: 2846 Lieu: Athènes, Grèce
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écrit le Tuesday 16 Aug 05, 12:53 |
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Bonne question Jean-Charles, thymus provident également de θυμός . Dans mon message précèdent, je n'ai donné que la signification la plus courante de ce terme grec ancien qui a donné naissance à d'autres mots comme ceux que j'ai mentionnés, c'est-à-dire le désir et de volonté. En grec moderne lorsqu'on utilise thymos θυμός tout seul, c'est-à-dire sans préfixes ni suffixes, on traduira par colère ou excitation. Ce même terme en médecine à le sens de « excroissance charnue » et il désigne cet organe embryonnaire situé dans le thorax antérieur près de la trachée.
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Outis Animateur
Inscrit le: 07 Feb 2007 Messages: 3510 Lieu: Nissa
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écrit le Tuesday 02 Oct 07, 18:45 |
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On utilise aussi en médecine psychiatrique les termes de dysthymie pour l'instabilité de l'état émotionnel et, encore plus couramment, de cyclothymie pour une personne vivant des phases alternées de bien-être et de mal-être, ce qui est finalement le cas de pas mal de gens car il ne s'agit quand même pas de la psychose qu'on appelle maniaco-dépressive …
On considère qu'il a dû exister en grec un autre *θυμός [thūmós] « fumée » qui est supposé par le verbe θυμιάω « faire fumer » et par la comparaison avec le sanskrit dhūma- et le latin fūmus « fumée ».
Il proviendrait du verbe θύω [thúō] « sacrifier aux dieux par combustion » et il n'est pas impossible que le nom du thym en provienne aussi, soit parce qu'il a une odeur (un fumet), soit parce que les sacrifices sont souvent accompagnés de la combustion de plantes aromatiques …
Quant au θυμός [thūmós] « âme, cœur, ardeur, courage », il proviendrait d'un autre verbe θύω [thúō] « bondir, s'élancer avec fureur » qu'on rapprochera de θύελλα [thúella] « ouragan, tempête » (ancien et moderne) et, peut-être, du latin furō « être hors de soi, égaré, furieux ».
Une identité très ancienne des deux racines a été bien sûr envisagée en évoquant des métaphores de la colère appuyées sur « bouillir, s'enflammer, fumer » mais les deux groupes de mots sont trop éloignés l'un de l'autre dans les témoignages pour qu'on puisse le démontrer : si métaphore il y avait, elle ne fonctionne plus dans les textes qu'on possède.
Tout ce que je peux proposer c'est une recette de thymus au thym :
- prendre des ris d'agneau, les nettoyer et les faire dégorger un quart-d'heure dans une eau légèrement vinaigrée ;
- les fariner légèrement et les faire sauter deux ou trois minutes à l'huile d'olive en les ayant bien parsemés de thym émondé ;
- manger chaud sur des tranches de pain de campagne en buvant un petit blanc sec et en souriant à Hermès (pour la blague étymologique) et à Dionysos (pour le vin) … |
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Piroska
Inscrit le: 13 Sep 2005 Messages: 1067 Lieu: Basse-Marche (France)
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écrit le Wednesday 03 Oct 07, 9:17 |
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Dans la philosophie antique, de même que dans la littérature patristique, θύμος désigne plus spécifiquement la partie irascible de l'âme.
Comme dérivé de *θύμος, il existe encore aujourd'hui le mot pour encens : θυμίαμα, et le verbe encenser : θυμιάζω
Dernière édition par Piroska le Wednesday 03 Oct 07, 11:38; édité 1 fois |
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Outis Animateur
Inscrit le: 07 Feb 2007 Messages: 3510 Lieu: Nissa
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écrit le Wednesday 03 Oct 07, 10:09 |
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Je ne sais à quel philosophe antique tu fais allusion car il me semble bien que, pour Platon, θυμός [thūmós] (oxyton !) désignait la partie de l'âme qui était le siège des passions nobles.
Parmi les sentiments dont le thymus pouvait être le siège il y avait évidemment la colère, mais les occurrences en sont surtout élevées chez Homère (thème de l'œuvre oblige) et la plupart des dérivés montrent un sens beaucoup plus général :
θυμαλγής « douloureux, affligeant »
θυμαρής « qui charme le cœur, agréable »
θυμηγερέων « revenant à soi, rassemblant son courage »
ἐχέθυμος « maître de soi »
ἐπιθυμία « désir »
etc.
Et sur les soixante-dix lignes de l'article consacré aux emplois de θυμός dans le dictionnaire de Bailly, seules les neuf dernières sont consacrées à la colère !
Sans bien sûr pouvoir l'affirmer, je soupçonne donc que la spécialisation patristique du mot au sens de colère est surtout différentielle, opposant les passions (le côté obscur de la Force …) païennes à la pureté/clarté de la ψυχή [psukhḗ], l'âme chrétienne (le « papillon angélique » de Dante). |
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Helene
Inscrit le: 11 Nov 2004 Messages: 2846 Lieu: Athènes, Grèce
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écrit le Wednesday 03 Oct 07, 11:00 |
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A la liste d’Outis, j’ajouterai également θυμοσοφία qui se traduit par sagacité |
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Piroska
Inscrit le: 13 Sep 2005 Messages: 1067 Lieu: Basse-Marche (France)
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écrit le Wednesday 03 Oct 07, 11:00 |
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Je ne me réfère à aucun philosophe en particulier : mais les pères grecs, dont les premiers avaient tous étudié la philosophie, faisaient bien usage des notions et du vocabulaire philosophiques, et ma mémoire peut me tromper pour les détails, mais je n'ai pas envie de chercher maintenant dans les livres.
Ce qui ne va pas ici, c'est le terme "irascible" qui ne rend pas exactement le sens de θυμός (oui, oxyton, pardon !)
Les pères parlent du θυμός comme d'une émotion, d'une force qui nous pousse à agir, et ce n'est pas seulement la colère (bien que la colère en fasse partie), alors que dans "irascible", le mot "ire" se réfère forcément à cette passion et a peut-être pour tout le monde une connotation purement négative.
Citation: | Sans bien sûr pouvoir l'affirmer, je soupçonne donc que la spécialisation patristique du mot au sens de colère est surtout différentielle, opposant les passions (le côté obscur de la Force …) païennes à la pureté/clarté de la ψυχή [psukhḗ], l'âme chrétienne (le « papillon angélique » de Dante). |
Pas du tout. Pour les pères, l'homme (païen ou chrétien) a naturellement ce θυμός et il peut l'employer pour le bien ou pour le mal.
L'exemple classique :
employé contre son prochain, c'est la colère pouvant aboutir au meurtre (voir l'histoire de Caïn)
employé contre ses propres défauts ou les mauvaises tentations, c'est la "violence" en vue d'atteindre les vertus.
Dernière édition par Piroska le Wednesday 03 Oct 07, 12:14; édité 1 fois |
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Outis Animateur
Inscrit le: 07 Feb 2007 Messages: 3510 Lieu: Nissa
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écrit le Wednesday 03 Oct 07, 11:46 |
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Oui, si tu fais des réserves sur ton emploi de « irascible », je n'ai plus rien à redire.
(le latin īra « colère » a quelquefois en poésie (Virgile, Horace) le sens « passion, désir violent » mais, d'après Ernout et Meillet, ce serait à l'imitation du grec ὀργή [orgḗ] « agitation intérieure qui gonfle l'âme > colère ») |
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Piroska
Inscrit le: 13 Sep 2005 Messages: 1067 Lieu: Basse-Marche (France)
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écrit le Wednesday 03 Oct 07, 12:35 |
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Pour Virgile, trois passages du début de l'Énéide me viennent à l'esprit (nous devions en apprendre plusieurs par cœur au lycée) :
multum ille et terris jactatus et alto
vi superum saevae memorem Iunonis ob iram
tantaene animis caelestibus irae?
et
necdum etiam causae irarum saevique dolores exciderant animo
Dans tous les trois il s'agit bien de colère. |
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dubsar
Inscrit le: 07 May 2007 Messages: 448 Lieu: Altkirch (F68)
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écrit le Monday 15 Oct 07, 20:23 |
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En jargonnant médical on dit la thymie pour parler de l'humeur : thymie dépressive, etc.
Et un labo malin a nommé un de ses anti-dépresseurs Athymil. |
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