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Helene
Inscrit le: 11 Nov 2004 Messages: 2846 Lieu: Athènes, Grèce
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écrit le Wednesday 16 Aug 06, 9:33 |
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Seiche du grec σηπία (sêpia) seiche, encre, plus communément utilise le terme σουπιά (soupia) en grec, à noter que l’encre employée pour le dessin était à l’origine à base de seiche. La seiche est un mollusque céphalopode qui possède un assez grosse tête, deux longue nageoires et un glande secrétant un liquide foncé pour s’abriter en cas d’attaque
Voici aussi ce lien pour en savoir plus long |
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Maisse Arsouye
Inscrit le: 10 Nov 2004 Messages: 2037 Lieu: Djiblou, Waloneye
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écrit le Wednesday 16 Aug 06, 9:34 |
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Y aurait-il un rapport avec la couleur sepia ? |
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Helene
Inscrit le: 11 Nov 2004 Messages: 2846 Lieu: Athènes, Grèce
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écrit le Wednesday 16 Aug 06, 9:51 |
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Oui Maisse, il y a un rapport direct mais voici la confirmation du TLF. |
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Nina Padilha
Inscrit le: 15 Mar 2006 Messages: 548
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écrit le Wednesday 16 Aug 06, 11:35 |
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Il existe un phénomène ainsi appelé. La seiche.
Phénomène naturel, encore mal compris, qui se traduit par la soudaine montée du niveau des eaux d'un lac, d'un port ou d'une rade. Après quelques minutes, l'eau revient au niveau précédent.
Novembre 1940. Le cuirassé Richelieu, une des plus belles unités cuirassées de la marine de guerre française, est à l'ancre dans le port de Casablanca, au Maroc. Il fait très beau, le vent est nul, l'océan Atlantique d'un calme plat. Soudain, l'équipage a l'impression que le navire s'ébranle. Comment le pourrait-il puisque ses machines sont stoppées depuis près de 24 heures ? Au même moment des détonations sourdes éclatent. Le Richelieu a rompu ses amarres ! Une seiche vient de se produire. En quelques instants, de façon imprévisible, le niveau de l'eau a monté suffisamment pour que les lourdes chaînes d'amarrage se soient tendues à se briser. Connues sur nombre de lacs ou de baies, en particulier sur le lac Léman, les seiches sont attribuées à de brusques évolutions de la pression atmosphérique, peut-être conjuguées avec des marées terrestres. |
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Cligès
Inscrit le: 18 Jul 2019 Messages: 896 Lieu: Pays de Loire
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écrit le Sunday 16 May 21, 18:52 |
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De sepia à seiche : l'aventure des mots.
Comment est-on passé du latin sepia au français seiche ? D’où vient ce ch, et où est passé le p ???
L’italien, avec seppia, s’est tout de même donné moins de mal…
Ce n’est pas pour rien qu’on dit que le français est la langue romane la plus éloignée du latin.
1° Vue générale.
Pour plus de lisibilité, je n’utilise pas ici d’alphabet phonétique.
Il faut d’abord savoir que dans le mot latin sepia, le "i" note en fait un yod : la transcription phonétique du mot est donc [sepya] (deux syllabes).
Mais en latin vulgaire, cette prononciation s’est modifiée assez vite, au cours même de l’histoire romaine.
Peut-être avez-vous remarqué que dans le Nord de la France, on entend parfois [mwôtché] pour « moitié » : on appelle « palatalisation » le phénomène qui touche ainsi le yod et le transforme en chuintante. Beaucoup d’autres langues, dont le russe, présentent des exemples similaires.
C’est un peu le même phénomène qui s’est produit dans le mot sepia : peu à peu, on s’est mis à le prononcer [sepcha]. Mais comme en français le p ne se maintient pas devant la plupart des consonnes, il s’est transformé pour finalement disparaître. Entre temps, le a final s’était affaibli ; on sait qu’il est devenu le « e muet » bien connu. On a donc eu [séch(e)].
Notre mot est constitué dès le XIIIème, à ceci près qu’on le prononce et qu’on l’écrit [séche] : le e final est encore sensible, mais surtout, le premier e est fermé. Il ne s’ouvrira qu’au XVIIIème, du fait qu’il se trouve dans une syllabe fermée depuis la disparition du e final : [sèch] (comparez « il sèche » [sèch], syllabe fermée, et « sécher » [sé-ché], syllabe ouverte). Cet important phénomène phonétique, qui n’est que partiellement naturel, s’appelle « loi de position ».
L’orthographe seiche est tardive ; Bourciez la qualifie d’ « arbitraire » et Littré signale les deux orthographes sèche et seiche, comme pour le phénomène maritime . On a sans doute voulu trouver dans « ei » une corrélation graphique au digramme « ai ».
Comme les lois phonétiques sont régulières au sein d’une même aire linguistique, d’autres mots ont suivi un chemin comparable, qu’ils soient latins ou germaniques ; c’est d’ailleurs cette situation qui nous autorise à parler de « lois ». Leur régularité a de quoi nous étonner :
Ex. : apia > ache ; sapia(m) > sache (subj. de savoir) ; appropiare > approcher ; hapja (germ.) > hache, etc…
Elles sont également corrélatives : si p (occlusive bilabiale sourde) + y = ch (chuintante sourde), alors b (occlusive bilabiale sonore) + y = j (chuintante sonore)
Ex. : tibia > tige ; rabia > rage, gobione(m) > goujon ; cambiare > changer, etc…
2° Évolution détaillée
Notes :
- La notation phonétique est celle de l’alphabet Bourciez : t̮ = t palatalisé ; š = [ch] e̥ = [e] (prononcé) ẹ = é (fermé) ; ę = è (ouvert).
- Les voyelles toniques sont portées en gras.
- Les datations sont celles établies par Gaston Zink, Phonétique historique du français, PUF.
- L’astérisque signale les formes non attestées.
• IIIème : sēpya > *sẹpt̮a > *sẹptša :
Le yod dégage un appui consonantique [t] dont le point d’articulation se rapproche du sien avant de se palataliser en donnant un son chuintant ; le [p] initial se conserve quelque temps malgré la difficulté d’articulation du groupe de consonnes.
Le ẹ tonique, en entrave, ne se diphtongue pas. On trouve malgré tout soiche dans un manuscrit, mais peut-être y a-t-il là une forme artificielle ou purement graphique (cf. l’orthographe moderne, que rien ne justifie).
• VIIème : *sẹptša > *sẹftše̥
Face au groupe consonantique complexe, le [p] perd son caractère occlusif et passe à la spirante [f].
• v. IXème : *sẹftše̥ > *sẹtše̥
Ce [f] ne se maintient pas ; on se serait attendu à ce que ce soit l’occlusive centrale qui tombât, mais en fait le groupe tš est psychologiquement traité comme une affriquée, et non comme un groupe de sons distincts, ce qui explique sa solidité jusqu’au cours du XIIIème. Jusqu’à cette époque en effet, le son noté au moyen du digramme « ch », quelle que soit son origine, s’est prononcé « tch » ; celui noté « j » ou « g(e) » se prononçait de même « dj ».
• XIIIème : *sẹtše̥ > sẹše̥ (noté seche)
L’élément occlusif disparaît enfin, mais par absorption dans la chuintante plutôt que par « chute » réelle. Ce phénomène a dû être très progressif.
• XVIIème : sẹše̥ > sẹš(e̥)
Jusqu’à notre époque, le e̥ final demeure sensible dans la poésie mesurée ou si, pour une raison ou pour une autre, on détache les syllabes du mot. Mais dans ce dernier cas, c’est plus par souci de se conformer aux syllabes graphiques (cf. la syllabation scolaire ancienne sè-che).
• XVIIIème : sẹš > sęš.
On a ici l'application de la loi de position dont nous avons parlé.
Il était au départ nullement probable que seiche devînt l'homonyme de sèche < sĭcca (en italien, on a seppia et secca).
Mais au français, rien d'impossible ! |
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embatérienne Animateur
Inscrit le: 11 Mar 2011 Messages: 3875 Lieu: Paris
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écrit le Sunday 16 May 21, 19:35 |
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Merci pour cet exposé détaillé. |
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AdM Animateur
Inscrit le: 13 Dec 2006 Messages: 898 Lieu: L-l-N (Belgique)
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écrit le Monday 17 May 21, 1:24 |
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Autant de ma part pour la vue générale (qui me comble déjà).
La suite attendra à demain. |
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Cligès
Inscrit le: 18 Jul 2019 Messages: 896 Lieu: Pays de Loire
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écrit le Monday 17 May 21, 8:49 |
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Merci à tous les deux. |
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