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Pierre
Inscrit le: 11 Nov 2004 Messages: 1188 Lieu: Vosges
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écrit le Thursday 23 Feb 06, 18:22 |
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bée : adjectif féminin
Si l'on est muet, frappé d'admiration ou de stupeur, on reste bouche bée, c'est sans doute parce qu'il est impossible de rien articuler la boule grande ouverte !
Bé est le participe passé du verbe bayer, signifiant <<être largement ouvert>>.
Aujourd'hui, réduit à quelques expressions, comme <<à gueule bée>>, qui s'applique à un tonneau dont un côté est éventré, ou <<bayer aux corneilles>>, ce verbe nous a néanmoins légué son participe présent béant et deux dérivés, baie et ébahi. |
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Glossophile Animateur
Inscrit le: 21 May 2005 Messages: 2281
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écrit le Friday 24 Feb 06, 1:15 |
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D'un sachet de farine (ou de riz, ou de sucre), mal refermé et qui perdait son contenu ma grand-mère vendômoise disait qu'il était « à goule à bée ». |
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Toil'd'épices
Inscrit le: 04 Jan 2005 Messages: 11
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écrit le Friday 24 Feb 06, 19:08 |
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Entre Bayer, Bâiller et Bailler est-ce qu'il y a une relation, une origine commune ou juste une convergence ? |
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Glossophile Animateur
Inscrit le: 21 May 2005 Messages: 2281
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écrit le Friday 24 Feb 06, 21:40 |
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Bailler est un intrus. Il signifie donner (ban mwen un ti bo, dé ti bo, twa ti bo, doudou...), et nous parlons encore de bail et de bailleur.
Bâiller signifie rester la bouche ouverte, du latin baticulare.
Bayer dérive, toujours selon mon dictionnaire Hachette, d'un autre verbe latin de même sens, batare.
J'incline à penser qu'à l'origine bay-er se prononçait bé-er, et que d'un verbe on en a fait deux : l'un gardant l'orthographe et changeant de prononciation, l'autre gardant la prononciation et modifiant l'orthographe en conséquence. |
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Jean-Charles
Inscrit le: 15 Mar 2005 Messages: 3130 Lieu: Helvétie
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écrit le Saturday 25 Feb 06, 0:02 |
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Glossophile a écrit: | Bailler est un intrus. Il signifie donner ... et nous parlons encore de bail et de bailleur. |
En arpitan, on dit encore baille-mé (Orthographe libre, à choix) |
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José Animateur
Inscrit le: 16 Oct 2006 Messages: 10941 Lieu: Lyon
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écrit le Tuesday 15 Jun 10, 11:28 |
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Autres termes dérivés du latin batare (= être ouvert) :
badaud
1552 subst. « celui que la curiosité arrête devant des spectacles futiles »
Empr. à l' anc.prov. badau subst. « niaiserie » , adj. « niais » , lui-même dér. du prov. badar « bâiller » d'où « rester bouche bée », issu du lat. batare.
Le suff. prov. -au (< lat. -alem) a été assimilé en langue d'oïl au suff. -aud, fém. -aude. (TLFi)
à l'abade / à la bade (parler lyonnais)
- en liberté, pour le bétail
Quand les chèvres sont à l'abade, il faut leur courir après (Vurpas)
- (au figuré) se dit de l'âme qui a du vague, qui est perdue
Depuis que sa fenotte est partie, il se sent tout à l'abade
s'abader (parler lyonnais)
- s'enfuir, décaniller
Il en profite pour s'abader (Vurpas)
- (par extension) se donner du bon temps
Depuis qu'il est revenu de son armée, il s'abade !
http://amisdeguignol.free.fr/texte/dico/dicoA.htm |
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R_Camus
Inscrit le: 19 Apr 2010 Messages: 230
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écrit le Tuesday 15 Jun 10, 11:38 |
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Extrait du Lexique Français / Poitevin-Saintongeais de U. Dubois, J. Angibaud, , M. Renaud, Saint-Jean-d'Angely 2004:
BÂILLER (v.i.)
badiller
bâiller à demi
bâilloter
à se décrocher la mâchoire
s'ébâillouner
sans arrêt
avère le bâillau
envie de bâiller
bâillâ, bâillau (s.m.), bâillerie (s.f.)
BÂILLEUR (s.m.)
celui qui est pris de bâillements
bâillau, bâillous
BAÎLLON (s.m.)
bâillot, bâillou
(...)
BAYER (en parlant d'un vêtement)
bader, boyèr
"bayer aux corneilles"
bader, beguer, bober, boguer, doguer, simber.
celui qui baye aux corneilles
baillaud, bogan (s.m.)
(...)
BEER (v.i.)
bober, boèr
faire béer (sac, tablier tenu à deux mains)
parer (v.t.) |
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R_Camus
Inscrit le: 19 Apr 2010 Messages: 230
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écrit le Tuesday 15 Jun 10, 12:02 |
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La même figure dans le russe зевать zevat' "bâiller" (même racine que зиять "être grand ouvert" - D'où le titre de Zinoviev: Les hauteurs béantes - Зияющие высоты Zijajushchie vysoty-, gr. χαινω khainô etc.) => зевака "badaud". Avec toutefois un suffixe -ak- apportant une nuance un tantinet plus péjorative d'oisiveté.
C'est moins sympathique que le farniente insouciants des badauds qui enfilent leur "petite laine" les soirs de feux d'artifice, ceux qu'on appelle, en prenant le temps de le dire, les праздношатающиеся prazdnoshatajushchiesja de prazdno "oisivement", et shatat'sja (ici) "déambuler", ici à sa forme de participe présent actif substantivé. |
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Papou JC
Inscrit le: 01 Nov 2008 Messages: 11198 Lieu: Meaux (F)
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écrit le Tuesday 15 Jun 10, 13:33 |
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Pour les patronymes Béart et Bayard, j'ai l'impression que les étymologistes hésitent entre l'adjectif bai et le verbe bayer ... |
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rejsl Animatrice
Inscrit le: 14 Nov 2007 Messages: 3672 Lieu: Massalia
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écrit le Tuesday 15 Jun 10, 13:44 |
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Il y a encore trace de l'intrus ( bailler= donner) dans l'expression:" tu me la bailles belle ! " |
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giòrss
Inscrit le: 02 Aug 2007 Messages: 2778 Lieu: Barge - Piemont
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écrit le Thursday 17 Jun 10, 0:07 |
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En piémontais, il y a le verbe bajé (pr. comme le fr. bâiller) = italiano "sbadigliare" = fr. bâiller
rësté a boca 'mbajà ou rësté 'mbaj = demeurer la bouche ouverte dans une attitude passive d'étonnement, d'admiration, etc.
lassé l'ùss ësbàj = laisser la porte ouverte, mais non complètement
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INTRUS
En piémontais du Moyen-Age: bailé = donner
Quand un soldat partait pour la guerre, sa petite amie mettait une bande de soie sur la pointe de sa epée: l'operation se disait "bailé la livréja"
Reste le mot "baila/bèila" = italien balia= femme qui nourrit un enfant de son lait (nourrice)
"bailòt/bèilòt" = l'enfant donné à cette femme
en italien:
- balìa = essere in balìa = être à la merci
- bàlia = nourrice
- baliaggio = terre sous le pouvoir d'un baillif
- balivo = baillif
Dernière édition par giòrss le Thursday 17 Jun 10, 11:53; édité 2 fois |
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rejsl Animatrice
Inscrit le: 14 Nov 2007 Messages: 3672 Lieu: Massalia
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écrit le Thursday 17 Jun 10, 0:29 |
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En français régional du sud de la France, il y a le verbe bader issu de l'occitan badar , même étymologie et même sens que bayer, regarder bouche bée, verbe qui a donné en français standard le badaud , celui qui baye aux corneilles ( Littré) et badin , tous deux emprunté au provençal et dérivés de badar, lui même venant du verbe latin batare. |
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José Animateur
Inscrit le: 16 Oct 2006 Messages: 10941 Lieu: Lyon
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écrit le Thursday 17 Jun 10, 10:46 |
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Giorss a écrit: | En piémontais du Moyen-Age: bailé = donner
Quand un soldat partait pour la guerre, sa petite amie mettait une bande de soie sur la pointe de sa epée: l'operation se disait "bailé la livréja"
Reste le mot "baila/bèila" = italien balia= femme qui nourrit un enfant de son lait (nourrice)
"bailòt/bèilòt" = l'enfant donné à cette femme
en italien:
- balìa = essere in balìa = être à la merci
- bàlia = nourrice
- baliaggio = terre sous le pouvoir d'un baillif
- balivo = baillif |
Quel est le rapport entre ces termes et le reste du fil (= bée) ?! |
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giòrss
Inscrit le: 02 Aug 2007 Messages: 2778 Lieu: Barge - Piemont
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écrit le Thursday 17 Jun 10, 11:52 |
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C'est drôle que tu le demande à moi et non aux autres...
Bailé = donner, c'est un intrus (pour ça je l'ai separé) comme les intrus cités avant par les amis . ...ou mes intrus sont plus intrus des autres et te dérangent???
Maintenant j'ai ajouté INTRUS. |
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José Animateur
Inscrit le: 16 Oct 2006 Messages: 10941 Lieu: Lyon
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écrit le Thursday 17 Jun 10, 11:59 |
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Ce n'est pas comme ça qu'il fallait prendre ma remarque.
Je m'explique : le Mot du Jour porte sur bée. On a mentionné la proximité entre bailler, bâiller et bayer, c'était intéressant de le signaler. Je n'ai tout simplement pas compris pourquoi tu mentionnais balìa et bàlia mais bon... |
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