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Skipp
Inscrit le: 01 Dec 2006 Messages: 739 Lieu: Durocortorum
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écrit le Thursday 28 Apr 11, 13:39 |
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L'isolation géographique/linguistique est elle facteur de conservatisme ? Ou de dérives linguistiques ?
Face à l'expansion des grandes familles de langues (turco-mongoles, indo-européennes, sino-tibétaines, bantou, etc...) certaines langues ont vu le nombre de leurs locuteurs se réduire, acculturés aux nouvelles langues... L'on trouve sur les îles ou dans des vallées reculées des isolats linguistiques...
Selon vous, l'isolation géographique et/ou linguistique (entourés de populations parlant une famille de langue toute autre) sont ils dû un facteur de dérive de la langue (sans pour autant parler d'emprunts) ? ou au contraire provoque-t-elle un conservatisme accru de la langue d'origine ?
L'on pourrait parler du basque des vallées pyrénéennes, du japonais parlé sur son archipel, etc... Le basque semble avoir été étonnement stable au cours de l'Histoire (les plus anciens écrits retrouvés à Veleia datent du IIIe/IVe siècle) malgrè 75% d'emprunts aux langues environnantes. Le japonais quant à lui comporte bien moins d'emprunts et n'a put être rattaché à aucune autre langue... |
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gilou
Inscrit le: 02 Jan 2007 Messages: 1528 Lieu: Paris et Rambouillet
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écrit le Friday 29 Apr 11, 1:57 |
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Citation: | Le japonais quant à lui comporte bien moins d'emprunts |
Le japonais moderne comporte plus de mots d'emprunts que de mots dont l'étymologie soit japonaise, et ce, par des emprunts massifs au chinois, à plusieurs périodes (emprunts qui ont d'ailleurs profondément modifié la structure syllabique de la langue), puis, dans la période moderne, par de très nombreux emprunts aux langues européennes. |
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Charles Animateur
Inscrit le: 14 Nov 2004 Messages: 2523 Lieu: Düſſeldorf
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écrit le Friday 29 Apr 11, 22:27 |
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L'islandais n'est-il pas une langue étonnamment stable ? On dit qu'un Islandais moderne et un Islandais du moyen-âge pourraient se comprendre, ce qu'on peut exclure pour la majorité des langues européennes... |
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ElieDeLeuze
Inscrit le: 14 Jun 2006 Messages: 1622 Lieu: Allemagne
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écrit le Friday 29 Apr 11, 22:30 |
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Charles a écrit: | L'islandais n'est-il pas une langue étonnamment stable ? On dit qu'un Islandais moderne et un Islandais du moyen-âge pourraient se comprendre, ce qu'on peut exclure pour la majorité des langues européennes... |
Mouais... la prononciation a grandement changé et le vocabulaire suit les besoins des époques, et il faudrait connaitre l'époque des vikings avec son vocabulaire pour comprendre. Mais c'est effectivement incroyablement proche de la langue du XIIIe siècle. Grammaticalement, morphologiquement, c'est pratiquement identique.
C'est une forme d'isolement. |
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beauceronyx
Inscrit le: 19 Aug 2011 Messages: 87 Lieu: Ile-de-France
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écrit le Thursday 25 Aug 11, 0:58 |
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Skipp a écrit: | Le basque semble avoir été étonnement stable au cours de l'Histoire (les plus anciens écrits retrouvés à Veleia datent du IIIe/IVe siècle) malgrè 75% d'emprunts aux langues environnantes. |
L'ergativité explique-t-elle cette stabilité ? |
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Azwaw
Inscrit le: 30 Aug 2010 Messages: 975 Lieu: Le Havre
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écrit le Thursday 25 Aug 11, 11:11 |
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L'exemple berbère est ici intéressant à mon avis. Si on compare deux parlers de cette famille - le kabyle et le touareg - le premier est depuis longtemps au contact permanent de l'arabe (via l'Islam d'abord mais aussi via les populations arabophones voisines et l'administration) et comporte beaucoup d'emprunts à cette langue (environ 35% selon Salem Chaker) alors que le second est parlé par des nomades vivant dans le désert du Sahara ayant eu peu de contacts directs avec les populations arabophones et l'administration et ne connait que peu d'emprunts à l'arabe (5% toujours selon Salem Chaker).
Le touareg est d'ailleurs considéré par les autres groupes berbères comme un véritable réservoir de racines anciennes dont on trouve des traces un peu partout dans les parlers nords mais dont la richesse est moindre. Par ailleurs, ce qui est assez remarquable en touareg, même le vocabulaire religieux islamique est berbère (c'est aussi le cas d'autres groupes notamment celui du Mzab et de l'Adrar Nefoussa en Libye). Ainsi, pour exprimer des notions nouvelles et/ou abstraites voire tabous, le kabyle, par exemple, fait souvent des emprunts à l'arabe alors que le touareg, assez "naturellement", construit des mots sur la base de racines berbères.
D'autres raisons autre que celle de l'isolement, que je ne connais pas, peuvent peut être expliquer cet état de fait mais néanmoins, la conclusion de l'isolement qui conserve une langue (je ne parlerai pas de "pureté" comme certains aiment à le faire) me semble ici justifiée. |
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beauceronyx
Inscrit le: 19 Aug 2011 Messages: 87 Lieu: Ile-de-France
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écrit le Thursday 25 Aug 11, 17:08 |
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Azwaw a écrit: | L'exemple berbère est ici intéressant à mon avis. Si on compare deux parlers de cette famille - le kabyle et le touareg - le premier est depuis longtemps au contact permanent de l'arabe (via l'Islam d'abord mais aussi via les populations arabophones voisines et l'administration) et comporte beaucoup d'emprunts à cette langue (environ 35% selon Salem Chaker) alors que le second est parlé par des nomades vivant dans le désert du Sahara ayant eu peu de contacts directs avec les populations arabophones et l'administration et ne connait que peu d'emprunts à l'arabe (5% toujours selon Salem Chaker). |
Les fréquences ont changé.
En kabyle, elle a diminué, dans le cadre de la promotion du tamazight.
En touareg, elle a augmenté entre le dictionnaire de Foucault et ceux de Prasse et Heath.
Azwaw a écrit: | Le touareg est d'ailleurs considéré par les autres groupes berbères comme un véritable réservoir de racines anciennes dont on trouve des traces un peu partout dans les parlers nords mais dont la richesse est moindre. Par ailleurs, ce qui est assez remarquable en touareg, même le vocabulaire religieux islamique est berbère (c'est aussi le cas d'autres groupes notamment celui du Mzab et de l'Adrar Nefoussa en Libye). Ainsi, pour exprimer des notions nouvelles et/ou abstraites voire tabous, le kabyle, par exemple, fait souvent des emprunts à l'arabe alors que le touareg, assez "naturellement", construit des mots sur la base de racines berbères. |
Toutefois, Berkai, dans son lexique trilingue de la linguistique, déclare que le kabyle est la langue berbère la plus conservatrice du berbère ancien.
De plus, le kabyle n'emprunte aujourd'hui plus grand chose à l'arabe. Bien au contraire, il remplace certains mots arabes par d'autres mots berbères pris dans d'autres langues.
Enfin, les langues touarègues peuvent avoir emprunté aux langues noires africaines. |
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gilou
Inscrit le: 02 Jan 2007 Messages: 1528 Lieu: Paris et Rambouillet
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écrit le Thursday 25 Aug 11, 17:42 |
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Citation: | Le basque semble avoir été étonnement stable au cours de l'Histoire | Déjà, il faudrait définir la notion de stabilité ici.
Parce que le basque s'est morcelé en un certain nombre de dialectes relativement divergents en ce qui concerne la prononciation. La grammaire est resté globalement plus stable, mais la encore, on constate certaines divergences entre les dialectes. Le lexique est loin d'être exempt d'influences extérieures, en particulier latines, mais je n'ai pas de chiffres sur la proportion de mots d'origine non-basques dans les dialectes basques modernes. |
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