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Liliane
Inscrit le: 20 Mar 2006 Messages: 785 Lieu: Côtes d'Armor
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écrit le Saturday 20 May 06, 20:04 |
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Un fesse-mathieu est un usurier, un avare.
Saint Mathieu, selon la tradition, fut prêteur ou changeur, avant de se convertir.
Celui qui fesse Saint Mathieu le "met à mal" en pratiquant indignement son premier métier.
Un fesse-pinte signifie celui qui "fesse" qui expédie rapidement sa pinte.
Ces composés ne viennent pas de "fesse" mais du verbe "fesser". |
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Glossophile Animateur
Inscrit le: 21 May 2005 Messages: 2281
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écrit le Saturday 20 May 06, 20:22 |
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L'énigme est donc enfin résolue ?
La plupart des bons auteurs s'accordent à dire qu'on ignore totalement l'origine de fesse-mathieu. Qui a décroché la timbale ? |
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Liliane
Inscrit le: 20 Mar 2006 Messages: 785 Lieu: Côtes d'Armor
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Glossophile Animateur
Inscrit le: 21 May 2005 Messages: 2281
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écrit le Saturday 20 May 06, 20:48 |
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C'est bien ce que je craignais : sans signature, et sans garantie.
Mathieu n'était pas usurier, il était percepteur, tout le contraire ! L'usurier prête l'argent, le percepteur le perçoit...
De même, Harpagon a beau cumuler les deux emplois, l'usurier n'est pas forcément avare, et l'avare pas forcément usurier, à d'autant plus forte raison que l'avare, qui répugne à dépenser, ne peut être prêteur.
Telles sont mes raisons de douter des affirmations de wikipédia.
Pour l'instant, l'origine de l'expression conserve tout son mystère à mes yeux.
Par contre fesse-pinte est très imagé, et très clair : le buveur boit cul-sec, et à une telle cadence qu'il semble fesser sa pinte. |
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Jacques
Inscrit le: 25 Oct 2005 Messages: 6531 Lieu: Etats-Unis et France
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écrit le Saturday 20 May 06, 22:14 |
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Citation: | n. m. (pl. fesse-mathieux). XVIe siècle. Composé de fesse, forme conjuguée de fesser, et du nom de saint Matthieu, patron des changeurs. Proprement « (qui) bat saint Matthieu avec des verges (pour lui soutirer de l'argent) ».Fam. Anciennt. Usurier. Par ext. Auj. Avare, grippe-sou. Ce n'est qu'un ladre, un fesse-mathieu.
Source : patrimoine-de-france.org |
Liliane a écrit: | Ces composés ne viennent pas de "fesse" mais du verbe "fesser". | Effectivement fesse et fesser n’ont pas la même origine.
fesser < faisse, fece, « bande, lien », du latin fascia, bande, bandelette ». |
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Liliane
Inscrit le: 20 Mar 2006 Messages: 785 Lieu: Côtes d'Armor
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écrit le Saturday 20 May 06, 22:33 |
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Glossophile a écrit: | l'avare, qui répugne à dépenser, ne peut être prêteur. |
D'accord, j'ai fait une erreur.
Le Fesse-Mathieu usurier fesse le Mathieu percepteur. Normal !
mais l'avare voyant l'lntérêt ne peut-il pas être prêteur ? |
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Glossophile Animateur
Inscrit le: 21 May 2005 Messages: 2281
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écrit le Saturday 20 May 06, 23:17 |
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Le parcours est admis du sens d'usurier au sens d'avare.
Citation: | ... et jamais on ne parle de vous que sous les noms d'avare, de ladre, de vilain et de fesse-mathieu. | dit imprudemment maitre Jacques à son maitre Harpagon.
Je pense seulement à voix haute que le passage du percepteur, qui prend l'argent, à l'usurier, qui le donne, ne va pas de soi.
Les dictionnaires se recopient les uns les autres, et personne ne donne de solution incontestable de l'origine du mot.
AMHA, la question n'est pas tranchée.
Reste que le mot est beau de son pittoresque et qu'il mérite d'être connu. |
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Jean-Charles
Inscrit le: 15 Mar 2005 Messages: 3130 Lieu: Helvétie
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écrit le Sunday 21 May 06, 3:30 |
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Glossophile a écrit: | C'est bien ce que je craignais : sans signature, et sans garantie.
...
Telles sont mes raisons de douter des affirmations de wikipédia.
Pour l'instant, l'origine de l'expression conserve tout son mystère à mes yeux. |
Wikipédia est une encyclopédie. Elle est, certes, bien faite et très accessible, mais n'est pas une source. C'est une compilation de sources par des anonymes masqués sous un pseudonymes. Certains de ces anonymes sont d'ailleurs très compétents.
Si on passe par Wikipédia, il faut se référer aux sources citées par les compilateurs anonymes. |
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Glossophile Animateur
Inscrit le: 21 May 2005 Messages: 2281
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écrit le Sunday 21 May 06, 5:11 |
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La référence est donnée : le Dictionnaire de l'Académie, édition de 1932.
C'est une référence, mais la recherche a fait des progrès depuis.
Ce n'est pas d'une équipe d'amateurs travaillant voici septante ans qu'il faut attendre le point le plus récent.
Ils ont d'ailleurs eu la prudence de ne pas expliquer le terme.
Bref, le mystère reste entier. |
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Pierre
Inscrit le: 11 Nov 2004 Messages: 1188 Lieu: Vosges
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écrit le Sunday 21 May 06, 21:10 |
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fesse-mathieu
Extrait du Larousse du XIX ème siècle.
Les étymologistes varient à l'infini sur l'origine de cette expression fesse-matthieu ou fesse-mathieu. La plupart ont raconté, et ceux-ci se rapprochent de la version donnée par Noël Du Fail, qu'avant sa conversion Saint Matthieu était receveur de tributs, et que la malignité publique lui attribuait des prêts usuraires. D'où l'ancienne locution proverbiale fester saint Matthieu, pour prêter à usure, et par corruption fesse-mathieu. Notons que, dès le xive siècle, les huissiers de Paris, dont la parcimonie et la frugalité étaient proverbiales dans le peuple, ne sacrifiaient guère au dieu de la bonne chère et du bon vin que le jour de la Saint-Mathieu et le jour de la calvacade annuelle du lendemain de la Trinité. Ne serait-ce pas pour peindre cette frugalité et cette double bombance qu'on aurait enrichi notre langue du mot fête-mathieu, dont par corruption le peuple aurait fait ensuite fesse-mathieu, qui se rapportait si bien avec l'âpreté au gain et la ladrerie des huissiers et sergents d'autrefois ? Ce serait là une véritable métamorphose et une création pittoresque devant laquelle ne recule pas le moins du monde M. Amédée de Bast, dans ses Origines judiciaires, mais que nous signalons sous toutes réserves. On a fait aussi venir fesse-mathieu de face de Mathieu, mine d'usurier, toujours en mémoire de l'apôtre et évangéliste galiléen, publicain de profession. Enfin Béroalde lui donne une autre origine, qui est peut-être la véritable, s'il faut en croire Aimé Martin : « II n'y a rien, dit-il, qui sangle si fort et qui donne de plus vilaines fessées que d'emprunter de l'argent à gros intérêts. » Voilà comment les usuriers fessent les autres, et de là l'expression de fesse-mathieu. (Palais des Curieux, p. 456.) |
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AdM Animateur
Inscrit le: 13 Dec 2006 Messages: 898 Lieu: L-l-N (Belgique)
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écrit le Saturday 14 Jan 17, 14:10 |
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Jean-Charles a écrit: | Glossophile a écrit: | C'est bien ce que je craignais : sans signature, et sans garantie.
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Telles sont mes raisons de douter des affirmations de wikipédia.
Pour l'instant, l'origine de l'expression conserve tout son mystère à mes yeux. |
Wikipédia est une encyclopédie. Elle est, certes, bien faite et très accessible, mais n'est pas une source. C'est une compilation de sources par des anonymes masqués sous un pseudonymes. Certains de ces anonymes sont d'ailleurs très compétents.
Si on passe par Wikipédia, il faut se référer aux sources citées par les compilateurs anonymes. | La source indiquée pour l'étymologie semble être le Bescherelle 1856 :
plutôt que le Dictionnaire de l'Académie 1932. |
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Papou JC
Inscrit le: 01 Nov 2008 Messages: 11198 Lieu: Meaux (F)
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écrit le Saturday 14 Jan 17, 15:28 |
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Mon hypothèse sur l'origine de l'expression : ce type-là, il fait (le) Saint Mathieu, comme on dit "il fait le malin" ou "elle fait la Sainte Nitouche" pour rester dans la sainte thématique.
Je n'ai pas d'avis sur le sens de l'expression. Il faudrait savoir quelle était exactement la réputation de Mathieu au Moyen Âge, dans l'imagerie populaire, dans les vitraux et statues des églises et cathédrales. |
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embatérienne Animateur
Inscrit le: 11 Mar 2011 Messages: 3875 Lieu: Paris
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écrit le Saturday 14 Jan 17, 16:54 |
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Papou JC a écrit: | Mon hypothèse sur l'origine de l'expression : ce type-là, il fait (le) Saint Mathieu, |
Ou encore "il fait son Mathieu". |
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Papou JC
Inscrit le: 01 Nov 2008 Messages: 11198 Lieu: Meaux (F)
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écrit le Sunday 15 Jan 17, 10:10 |
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Oui, c'est encore mieux.
En ce qui concerne la profession de Matthieu à Capharnaüm, il était, semble-t-il, fonctionnaire de douane, ce qui s'apparenterait à ce que nous connaissons plutôt de nos jours comme un agent de péage.
Cela dit, est-ce que ça explique le sens de "faire son Matthieu" ?
Peut-être que le Matthieu en question est un illustre inconnu qui n'a rien à voir avec le saint apôtre. |
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