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telephos
Inscrit le: 13 Feb 2008 Messages: 341 Lieu: Montréal
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écrit le Thursday 22 Jul 10, 3:37 |
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La représentation donnée dans Wikipedia, est celle de H. A. Rey dans son livre The Stars, A New Way to See Them. Datant des années 1950, c'est un ouvrage très pédagogique qui a séduit toute une génération d'amateurs d'étoiles. C'est pourquoi il ne faut pas s'étonner de retrouver les modèles de H. A. Rey reproduits un peu partout dans la littérature astronomique.
Il n'existait à l'origine qu'un seul Chien, celui de Sirius, et c'est le cas dans les Phénomènes d'Aratos (IIIe siècle avant J.-C.). Le Petit Chien ne portait pas de nom et se confondait avec sa seule étoile brillante, Procyon. Ce n'est que plus tard qu'on eut l'idée de faire deux constellations canines, le Grand Chien avec Sirius, et le Petit Chien avec Procyon. Les deux constellations sont présentes dans l'Almageste de Ptolémée (IIe siècle après J.-C.). |
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Xavier Animateur
Inscrit le: 10 Nov 2004 Messages: 4087 Lieu: Μασσαλία, Prouvènço
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écrit le Thursday 22 Jul 10, 10:43 |
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Le Lutin d'Ecouves a écrit: | Sauvant a tout à fait raison. Mais le terme cani gula ne désigne pas la gueule du chien mais plutôt la gorge du chien. |
Et pourquoi aurait-il raison ? Il faut argumenter sérieusement avec un minimum de rigueur.
Je ne peux que renvoyer à ce que Outis a écrit plus haut. |
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gilou
Inscrit le: 02 Jan 2007 Messages: 1528 Lieu: Paris et Rambouillet
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écrit le Thursday 22 Jul 10, 13:13 |
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Heu, je pense qu'on est assez d'accord sur le fait que gula signifie la gorge. Mais le problème n'est pas la.
Ensuite, il faut décider quelle est l'origine du terme canīcula, et la, les deux étymologies proposées me semblent problématiques:
- Un mot composé en canis+gula qui devrait normalement aboutir en latin à canīgula (chute du s devant une consonne sonore autre que r, avec allongement compensatoire de la voyelle): on a bien un i long, mais avec un g sonore.
- Le mot canis avec le suffixe diminutif -cula (courant sous sa forme masculine -culus), mais cela devrait normalement aboutir à canicula: on a bien un k écrit c, mais avec un i bref.
La seconde forme semble plus probable, mais une explication de l'allongement du i serait bienvenue. Un allongement pour éviter une succession de 3 voyelles brèves dans un mot, rythme dont le latin a horreur? |
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Outis Animateur
Inscrit le: 07 Feb 2007 Messages: 3509 Lieu: Nissa
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écrit le Thursday 22 Jul 10, 14:45 |
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Pour Ernout & Meillet (DELL) cette dernière hypothèse est bien acceptable :
Citation: | canīcula (ī, sans doute pour éviter une suite de trois brèves, cf. cratīcula, cutīcula) : chienne, constellation du Chien ; chien de mer ; crochet (= lupus) ; coup de dé, M. L. 1586 ; fr. chenille. |
D'un autre côté, il faut admettre que ce n'est qu'une tendance car certains mots y échappent (je pense à apicula).
En explorant la référence à Meyer-Lübke, on trouve dans la famille le provençal canilha « chenille », l'espagnol (et > portugais) caneja « requin, chien de mer » et le français chenille aussi en tant qu'ouvrage de passementerie (ruban poilu pour enjoliver chapeaux et vêtements), terme emprunté à ce sens par l'italien ciniglia. |
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Xavier Animateur
Inscrit le: 10 Nov 2004 Messages: 4087 Lieu: Μασσαλία, Prouvènço
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écrit le Thursday 22 Jul 10, 15:10 |
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gilou a écrit: | une explication de l'allongement du i serait bienvenue. |
Mais sommes-nous sûrs qu'il s'agit d'un i long ?
Les dictionnaires latins ne donnent pas toujours les mêmes accents.
Et ces accents sont absents des textes latins : ils sont donc reconstitués, me semble-t-il, d'après la prononciation des langues issues du latin.
Or, le terme "canicule" est en français un mot savant, donc emprunté directement au latin.
Qu'est-ce qui nous permet de dire que ce mot latin a un i long ? |
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Outis Animateur
Inscrit le: 07 Feb 2007 Messages: 3509 Lieu: Nissa
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écrit le Thursday 22 Jul 10, 16:59 |
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canīcula a donné en français chenille avec un i, donc son ī était long car,
s'il avait été bref, il aurait donné *cheneille avec un e comme apicula > abeille.
Quand la longueur des voyelles a cessé d'être intellectuellement pertinente, elle n'a pas pour autant cessé d'être. Simplement, ce qu'on a considéré, toujours intellectuellement, comme pertinent c'est leur aperture. Or, pour des raisons évidentes d'économie énergétique, les voyelles longues sont toujours plus fermées que les brèves (même quantité totale d'air émis). C'est pour ça que le ī long est resté i mais que le i bref, nettement plus ouvert, a été senti comme un e.
Dernière édition par Outis le Saturday 24 Jul 10, 12:26; édité 1 fois |
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Outis Animateur
Inscrit le: 07 Feb 2007 Messages: 3509 Lieu: Nissa
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écrit le Thursday 22 Jul 10, 20:40 |
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On peut aussi examiner la poésie :
Ovide, Ars Amatoria, II.231-2 a écrit: | Nec grave te tempus sitiensque Canicula tardet,
Nec via per iactas candida facta nives.
Rien ne doit t'arrêter, ni un temps lourd, ni l'ardente Canicule, ni la neige qui blanchit les chemins. |
Il suffit de suivre la scansion de l'hexamètre dactylique :
Nec grave / tē tem- / -pus siti- / -ensque Ca- / -nīcula / tardet
— u u / — — / — u u / — u u / — u u / — —
pour constater sans aucun doute que le ī de canīcula est bien long.
Dernière édition par Outis le Saturday 24 Jul 10, 12:26; édité 1 fois |
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Outis Animateur
Inscrit le: 07 Feb 2007 Messages: 3509 Lieu: Nissa
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écrit le Friday 23 Jul 10, 12:10 |
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Par curiosité, j'ai tenté la même recherche avec le mot apicula. Mais la seule occurrence poétique que j'en ai trouvé est dans une comédie de Plaute :
Plaute, Curculio, I.1.10-11 a écrit: | Egon apicularum congestum opera non feram,
ex dulci oriundum melculo dulci meo ?
Et pourquoi ne porterais-je pas moi-même ce travail des abeilles, ce doux extrait des fleurs à mes délices douces comme le miel? |
Mais il est très difficile d'en tirer quoi que ce soit :
Citation: | Plaute n'est pas moins original par le rythme de ses vers. La métrique et la prosodie de Plaute ont été longuement étudiées pendant le XIXe siècle; elles ont donné lieu à des controverses très vives entre les érudits. Il paraît certain que Plaute a employé des mètres nombreux et variés, et qu'il a pris d'assez grandes libertés soit avec la quantité des syllabes, soit avec le rythme des mètres. Cette variété, cette richesse, cette liberté même donnent à sa versification un caractère très particulier. | (extrait de http://www.cosmovisions.com/Plaute.htm)
Ici, on peut penser, soit qu'il allongeait le e de egon et le i de apicularum, soit qu'il tirait un effet comique (mitraillette) d'une réplique commençant par sept brèves.
Finalement, pour suivre l'hypothèse de gilou, j'imaginerais que apicula a gardé sa brève étymologique parce que le mot n'était pas nécessaire à la plupart des poètes (ils pouvaient utiliser le simple apis), alors que les mots peu substituables (tels Canīcula) ont subi une contagion au langage courant de l'allongement prosodique qu'ils subissaient dans les vers. |
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