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Cligès
Inscrit le: 18 Jul 2019 Messages: 898 Lieu: Pays de Loire
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écrit le Wednesday 21 Apr 21, 13:54 |
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L'emprunt trĭbulus laisse bien paraître l'étymologie du mot grec : "piège à trois pointes". Le i est bien bref en grec.
Le i long de trībulum (preuve que les mots ne sont pas apparentés) s'explique par le traitement de la racine *tr-eh1 > ē, puis ey par iotacisme (F. Bader) > trī, thème que l'on trouve au parfait trīvi, en face de tĕro < *ter-(H1)-ō. |
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Papou JC
Inscrit le: 01 Nov 2008 Messages: 11201 Lieu: Meaux (F)
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écrit le Wednesday 21 Apr 21, 15:45 |
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C'est donc Treccani (posts de José) qui nous a mis dans l'erreur, en donnant à tribolare une origine latine et à tribolo une origine grecque !
Ou alors, par un curieux concours de circonstances, voilà deux homonymes d'origines différentes qui en sont venus à avoir le même sens !
C'est assez rare, je crois, pour devoir être signalé.
Il reste un problème : l'isolement de τρίϐολος dans le DELG, inexplicable s'il s'agit d'un dérivé reconnu de βάλλω. |
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Cligès
Inscrit le: 18 Jul 2019 Messages: 898 Lieu: Pays de Loire
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écrit le Wednesday 21 Apr 21, 18:45 |
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Les notices étymologiques des dictionnaires ne sont pas un outil suffisant, en ce sens qu'elles ne prouvent pas ce qu'elles avancent. Ce sont en fait des résumés succincts pris à des sources peut-être pas toujours judicieuses. Celles du tlf en ligne sont malgré tout assez renseignées.
Les champs sémantiques de tribolos d'une part, tribulum de l'autre sont assez distincts : le premier pique (cruellement), le second use, sarcle.
Liddell-Scott donne de nombreuses références; voici quelques sens intéressants :
1° Name of various prickly plants.
2° (au plur.) Threshing machine, a board withe sharp stones fixed in the bottom.
3° Four-spiked implement thrown on the ground to lame the enemy's horses.
4° A kind of missile.
Seul 2° est le point commun, et encore par synecdoque partielle (à cause du pluriel, ce sont les piques qui donnent leur nom à la machine). |
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Papou JC
Inscrit le: 01 Nov 2008 Messages: 11201 Lieu: Meaux (F)
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écrit le Wednesday 21 Apr 21, 20:30 |
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On peut aisément imaginer que les Grecs et les Romains cultivés et donc bilingues, ont rapidement fondu les deux mots en un seul, sans trop se préoccuper de leurs racines de base. Liddle-Scott lui-même ne voit pas - ou ne dit pas - que le sens 2 vient du latin.
Ce qui me conforte dans l'idée que le mot arabe vient bien du latin, mais via le grec byzantin et le syriaque. |
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Cligès
Inscrit le: 18 Jul 2019 Messages: 898 Lieu: Pays de Loire
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écrit le Wednesday 21 Apr 21, 21:51 |
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Ils ne se prononçaient pas de la même façon ; quand l'opposition de longueur a cessé, la diversification des timbres s'est opérée, comme je l'ai dit dans un autre sujet. On a prononcé le ĭ [ẹ] dès le IIIème siècle tandis que le ī long a gardé son timbre.
D'ailleurs, en AF, on a le verbe tribler, "broyer, piler", puis "harceler", "tourmenter", doublet et non variante de triboler < trībulare, et le nom trible ou treble ; cette dernière forme n'est hélas pas dans mes concordances, mais voici l'exemple pris dans un ouvrage en prose de J. de Meung par A. J. Greimas (dict. d'ancien français) :
Les Romains semoient [...] par tout le champ tribles, c'est à dire chausse trapes. La variante treble et l'expression chausse-trapes" peut laisser penser que le mot vient de trĭbolos. L'hésitation i/e s'expliquerait aisément par la dérivation demi-savante du mot. |
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Papou JC
Inscrit le: 01 Nov 2008 Messages: 11201 Lieu: Meaux (F)
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écrit le Thursday 13 May 21, 16:15 |
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Papou JC a écrit: | ... le mot طربيل ṭirbīl, qui serait, selon Kazimirski, issu du latin tribulum. Les deux désignent un outil agricole utilisé pour séparer la graine du blé de la paille.
On appelle cela plus généralement « battre le blé », probablement parce que la plus ancienne méthode connue reposait sur l’usage du fléau. |
En fait l'arabe ṭirbīl n'a rien à voir avec le latin tribulum. Avec un ṭirbīl on vanne le blé sur l'aire, on ne l'égruge pas dans un mortier.
Ce qui m'a mis sur la piste : le verbe طربل ṭarbala "pisser en l'air"...
Ce n'est pas la première fois que je trouve dans Kazimirski des emprunts imaginaires. J'aurai peut-être l'occasion d'en citer quelques autres. |
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