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Gaspard
Inscrit le: 06 Aug 2008 Messages: 215 Lieu: France
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écrit le Thursday 19 Aug 10, 19:26 |
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On voit souvent le verbe au pluriel avec un sujet -singulier- qui a un sens pluriel. On peut trouver par exemple:
Un grand nombre de spectateurs ont envahi la pelouse...
J'observe maintenant que certains journalistes utilisent des verbes au pluriel avec des sujets singuliers qui ont un sens 'collectif'. Voici par exemple un titre du Figaro (on line) d'aujourd'hui:
D'autre part BNP Paribas tablent sur une croissance beaucoup moins forte que prévu initialement...
Est-ce une influence de l'anglais? Sont-ce des coquilles? ... |
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ElieDeLeuze
Inscrit le: 14 Jun 2006 Messages: 1622 Lieu: Allemagne
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écrit le Thursday 19 Aug 10, 22:02 |
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C'est du grand n'importe quoi. |
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Papou JC
Inscrit le: 01 Nov 2008 Messages: 11192 Lieu: Meaux (F)
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écrit le Thursday 19 Aug 10, 22:14 |
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Peu averti des fusions bancaires, je ne me prononcerai pas sur le deuxième exemple. Faut-il comprendre BNP ET Parisbas ?
Le premier exemple s'explique très simplement par le fait qu'un certain nombre de déterminants composés nominaux (en rouge dans les exemples ci-dessous) ont comme composant principal un nom au singulier mais ils sont appliqués à un nom (le déterminé) qui est, lui, au pluriel. On a l'impression que ce deuxième nom est le complément du premier et que le verbe devrait donc être au singulier. En fait le nom qui compte, c'est le deuxième, l'autre n'étant qu'un outil grammatical, l'élément d'un déterminant. Son vrai rôle est de déterminer le nom, non d'être sujet du verbe. Quelques exemples :
La plupart des spectateurs SONT partis avant la fin.
Un grand nombre de voitures SONT tombées en panne.
La majorité des électeurs se SONT abstenus.
Un certain nombre de déterminants ... ONT ... |
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ElieDeLeuze
Inscrit le: 14 Jun 2006 Messages: 1622 Lieu: Allemagne
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écrit le Thursday 19 Aug 10, 23:52 |
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Le premier exemple est parfaitement correct : accord avec le sujet logique.
On entend de plus en plus le singulier dans ce cas, d'ailleurs. Cela ne sonne pas juste à mes oreilles, ce n'est pas idiomatique. Mais c'est visiblement en train de le devenir. |
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dawance
Inscrit le: 06 Nov 2007 Messages: 1895 Lieu: Ardenne (belge)
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écrit le Friday 20 Aug 10, 11:01 |
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Voici ce qu'en dit Grévisse (en ligne): Citation: | Sujet nom collectif, nom de fraction ou adverbe de quantité
I. Un nom collectif est un nom constituant une collection (un groupe, une foule, une multitude, etc.). Lorsqu'il est suivi du nom qui représente les éléments de cette collection (un groupe de soldats, une foule de manifestants, une multitude d'oiseaux, etc.), le verbe s'accorde, selon le sens, tantôt avec le nom collectif (singulier), tantôt avec son complément (pluriel).
La multitude de soldats avançait sur un seul front.
C'est la multitude qui avance.
Le groupe de soldats avançaient.
Ce sont les soldats qui avancent.
L'usage est très variable et dépend en priorité de l'attention portée par le scripteur à un terme ou à l'autre, mais quelques règles, à peu près observées, peuvent aider à l'accord.
1. Avec "force (sans de), la plupart de, nombre de, bon nombre de, grand nombre de, quantité de" l'accord se fait avec le nom qui suit (Force mots sont).
2. Avec les noms numéraux du type "douzaine, centaine, cinquantaine, etc." l'accord se fait avec le nom qui suit (Une douzaine d'ouvriers sont partis).
3. Avec "une infinité" l'accord est plus fréquent avec le nom qui suit car l'idée de nombre prédomine (Une infinité de sauterelles se levèrent).
4. Avec "la plupart" le verbe est toujours au pluriel - accord avec le complément, présent ou sous-entendu. (La plupart sont partis).
II. Les noms de fractions "la moitié, le tiers, le quart, une partie de, une fraction de" obéissent au même usage : accord avec le premier mot ou avec le second, selon que l'esprit s'attache à l'un ou à l'autre :
La moitié des invités sont venus.
La moitié des invités est venue.
III. Lorsqu'un adverbe de quantité accompagné de son complément (Combien de difficultés. Trop de marins. Que de patience, etc.) est sujet de la proposition, le verbe s'accorde avec le complément. Si celui-ci est absent, il est censé être au pluriel.
Trop de marins sont partis.
Combien de lettres sont écrites?
Combien sont...
En fait, l' adverbe se comporte comme un déterminant et le nom est le noyau du groupe, c'est avec lui que se fait l'accord.
Mais lorsque c'est l'adverbe de quantité qui exprime, en fait, l'idée dominante, il arrive que l'accord se fasse avec celui-ci.
Trop de complaisance serait blâmé.
Cet accord est habituel lorsque l' adverbe est nominalisé par la présence d'un déterminant.
Le trop de coups a usé son cerveau.
Cette nominalisation est fréquente avec "le peu, ce peu, le trop". Mais même dans ce cas, selon l'attention portée par le scripteur, on trouve l'accord avec le nom ou l' adverbe, et rien n'empêche d'écrire, par exemple :
Le peu de choses qu'il avait retenues.
Notez : Après "plus d'un" le verbe se met, habituellement au singulier. Après "moins de deux" le verbe se met au pluriel. |
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Papou JC
Inscrit le: 01 Nov 2008 Messages: 11192 Lieu: Meaux (F)
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écrit le Friday 20 Aug 10, 11:43 |
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Malgré tout le respect que l'on doit à Grévisse, il me semble que, sur ce sujet, il a fait compliqué là où l'on pouvait faire plus simple. Quand on peut écrire "tantôt d'une façon ou tantôt d'une autre", où est la "règle" ? Et était-il vraiment nécessaire de développer ainsi ce qui tenait en trois lignes ?
Il est vrai qu'il n'avait pas encore à sa disposition la notion de déterminant composé, inventée plus tard par Maurice Gross. |
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Feintisti
Inscrit le: 09 Oct 2005 Messages: 1591 Lieu: Liège, Belgique
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écrit le Friday 20 Aug 10, 16:18 |
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Que faire du fameux "Mon public sont des gens intelligents" du rappeur Sefyu ?
Le sujet est un nom collectif et l'attribut est pluriel. Je trouve toujours que "Mon public est des gens intelligents" sonnerait bizarre. |
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José Animateur
Inscrit le: 16 Oct 2006 Messages: 10945 Lieu: Lyon
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écrit le Friday 20 Aug 10, 16:23 |
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Citation: | Gaspard :
J'observe maintenant que certains journalistes utilisent des verbes au pluriel avec des sujets singuliers qui ont un sens 'collectif'. Voici par exemple un titre du Figaro (on line) d'aujourd'hui:
D'autre part BNP Paribas tablent sur une croissance beaucoup moins forte que prévu initialement...
Papou JC :
Faut-il comprendre BNP ET Parisbas ? |
@ Gaspard :
- il ne faut pas exclure une coquille / faute d'orthographe. Les journaux ont tous réduit leurs effectifs ces dernières années et les correcteurs ont fait partie de la charrette. Je relève tous les jours des fautes d'orthographe dans les principaux journaux français
- hors hypothèse "faute d'orthographe", on peut comprendre la formulation comme "chez BNP-Paribas, ils tablent sur une croissance..."
Mais le verbe au pluriel (BNP Paribas tablent sur une croissance...) passe très mal.
@ Papou JC :
la fusion est désormais suffisamment ancienne et intégrée pour que l'hypothèse soit aujourd'hui à exclure, à mon avis
Gaspard a écrit: | Est-ce une influence de l'anglais? |
Laquelle ? Penses-tu au singulier dans la forme : "The United States is..." ?
ElieDL a écrit: | C'est du grand n'importe quoi. |
L'argumentation est impressionnante et imparable... |
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José Animateur
Inscrit le: 16 Oct 2006 Messages: 10945 Lieu: Lyon
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écrit le Friday 20 Aug 10, 16:45 |
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Voici l'article du Figaro tel qu'il se présente à cette heure :
Citation: | Mauvais augures pour l'économie américaine
Mots clés : emploi, croissance, chômage, WASHINGTON, ETATS-UNIS
Par Guillaume Guichard
20/08/2010 | Mise à jour : 10:41 Réactions (43)
Les inscriptions hebdomadaires au chômage ont atteint un niveau record sur dix mois, selon les dernières statistiques. D'autre part BNP Paribas table sur une croissance beaucoup moins forte que prévu initialement. |
Comme dit plus haut, le respect des règles d'orthographe dans les grands quotidiens nationaux laisse à désirer. Et le temps laissé aux journalistes, ou aux simples stagiaires et pigistes payés au lance-pierre, est souvent trop restreint pour qu'ils puissent se relire. |
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dawance
Inscrit le: 06 Nov 2007 Messages: 1895 Lieu: Ardenne (belge)
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écrit le Friday 20 Aug 10, 17:07 |
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Citation: | la notion de déterminant composé, inventée plus tard par Maurice Gross. | La différence avec Grévisse, c'est que lui n'invente pas la langue (ou ne la réglemente pas, comme pourrait faire l'Académie), mais il en constate le bon usage. Il était très apprécié de Gide, ce qui lui a valu sa notoriété. |
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Papou JC
Inscrit le: 01 Nov 2008 Messages: 11192 Lieu: Meaux (F)
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écrit le Friday 20 Aug 10, 17:55 |
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Cher dawance, ce n'est pas en criant "Touche pas à mon Grévisse" qu'on fait avancer la linguistique française. Je laisse les lecteurs juges.
Note : loin d'avoir "inventé" la langue, Maurice Gross est un linguiste lumineux - c'est assez rare pour être signalé - qui a considérablement simplifié la terminologie grammaticale, mais ce serait hors sujet d'en dire plus ici. |
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dawance
Inscrit le: 06 Nov 2007 Messages: 1895 Lieu: Ardenne (belge)
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écrit le Friday 20 Aug 10, 18:07 |
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Citation: | Je laisse les lecteurs juges. | Je suis tout à fait d'accord sur ce point.
D'autre part, s'agit-il pour un grammairien de faire avancer la linguistique ou de la réglementer ou simplement de constater l'usage? Quel est son rôle? |
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Papou JC
Inscrit le: 01 Nov 2008 Messages: 11192 Lieu: Meaux (F)
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écrit le Friday 20 Aug 10, 18:48 |
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Feintisti a écrit: | Que faire du fameux "Mon public sont des gens intelligents" du rappeur Sefyu ? Le sujet est un nom collectif et l'attribut est pluriel. |
C'est une faute, bien sûr. Il suffirait, pour l'éviter, de dire "Mon public, c'est des gens intelligents". |
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ElieDeLeuze
Inscrit le: 14 Jun 2006 Messages: 1622 Lieu: Allemagne
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écrit le Friday 20 Aug 10, 19:07 |
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Ces deux affirmations ont exactement le même sens. Donc je confirme : impressionant et imparable. En effet.
José a écrit: | Mais le verbe au pluriel (BNP Paribas tablent sur une croissance...) passe très mal. |
ElieDL a écrit: | C'est du grand n'importe quoi. |
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Gaspard
Inscrit le: 06 Aug 2008 Messages: 215 Lieu: France
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écrit le Friday 20 Aug 10, 20:49 |
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José a écrit: | @ Gaspard :
- il ne faut pas exclure une coquille / faute d'orthographe. Les journaux ont tous réduit leurs effectifs ces dernières années et les correcteurs ont fait partie de la charrette. Je relève tous les jours des fautes d'orthographe dans les principaux journaux français
- hors hypothèse "faute d'orthographe", on peut comprendre la formulation comme "chez BNP-Paribas, ils tablent sur une croissance..."
Mais le verbe au pluriel (BNP Paribas tablent sur une croissance...) passe très mal.
@ Papou JC :
la fusion est désormais suffisamment ancienne et intégrée pour que l'hypothèse soit aujourd'hui à exclure, à mon avis
Gaspard a écrit: | Est-ce une influence de l'anglais? |
Laquelle ? Penses-tu au singulier dans la forme : "The United States is..." ? |
1) Effectivement, il doit s'agir d'une coquille sur le Figaro. Il n'y a rien à débattre. Désolé.
2) En anglais l'utilisation d'un verbe au pluriel avec un sujet simple au singulier est correcte si le sujet fait référence à un groupe ou une organisation. Par exemple: The police are looking for me (La police me recherche).
3) Je suis toutefois troublé par les exemples de Papou JC. Par exemple:
La plupart des spectateurs SONT partis avant la fin.
On pourrait parfaitement imaginer cette phrase dans un contexte et rendre la deuxième partie du sujet implicite:
Les spectateurs n'ont pas aimé la pièce. La plupart sont partis avant la fin.
Il me semble que 'ca sonne pas trop mal' même si grammaticalement c'est incorrect. |
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