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max-azerty
Inscrit le: 11 Jan 2006 Messages: 796 Lieu: arras
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écrit le Saturday 16 Sep 06, 8:26 |
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Dans un certain nombre de régions françaises subsiste encore un vieux mot désignant les fèces.
Il s'agit de la brenne, le brin en picard.
Or, il s'agit, selon toute vraisemblance, d'une survivance du mot gaulois bran dans son acception d'origine, c'est-à-dire celle d'excrément, de déjection.
Seul demeure aujourd'hui, du moins en français académique, le sens de: partie la plus grossière du son, donc le rebut, ce qu'on rejette.
bran est passé en anglais et signifie son (comme dans All Bran).
Si une maman provençale vous dit qu'elle doit débrenner son pitchoune, vous devez comprendre qu'elle va changer la couche de son bébé. |
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Maisse Arsouye
Inscrit le: 10 Nov 2004 Messages: 2037 Lieu: Djiblou, Waloneye
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écrit le Saturday 16 Sep 06, 8:37 |
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brin |
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max-azerty
Inscrit le: 11 Jan 2006 Messages: 796 Lieu: arras
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écrit le Saturday 16 Sep 06, 8:51 |
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En picard, Du brin din tes dins signifie de façon stomato-scatologique que l'on conchie un importun. |
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max-azerty
Inscrit le: 11 Jan 2006 Messages: 796 Lieu: arras
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écrit le Saturday 16 Sep 06, 9:22 |
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creusons un peu l'affaire:
Le mot gaulois d'origine était brenno.
Comme on avait coutume de brüler le bran impropre à la consommation, il est possible d'induire une relation avec le germanique brenwanan, brüler.
cf allemand brennen et anglais to burn. |
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Le garde-mots
Inscrit le: 22 Dec 2005 Messages: 743 Lieu: Lyon
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écrit le Saturday 16 Sep 06, 13:58 |
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Il y a d'autres acceptions du terme : bran de scie, par exemple, qui est une couche de colophane ; c'est, en boulangerie, la partie la plus grossière du son; c'est aussi un mot d'argot : la noix de bran, c'est une chique. |
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Jean de la Lune
Inscrit le: 14 Aug 2006 Messages: 12 Lieu: Liège
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écrit le Monday 18 Sep 06, 9:53 |
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azerty a écrit: | Or, il s'agit, selon toute vraisemblance, d'une survivance du mot gaulois bran dans son acception d'origine, c'est-à-dire celle d'excrément, de déjection.
Seul demeure aujourd'hui, du moins en français académique, le sens de: partie la plus grossière du son, donc le rebut, ce qu'on rejette. |
Quel est donc le sens original ?
dict. etym. de Dauzat a écrit: |
brin "fétu" est peut-être d'origine gauloise. Cfr. le gallois brwyn "jonc" |
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max-azerty
Inscrit le: 11 Jan 2006 Messages: 796 Lieu: arras
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écrit le Monday 18 Sep 06, 10:34 |
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le Littré atteste le bran comme déchet du son.
Et la langue populaire a gardé pour ce mot le sens d'excrément.
Ainsi, dans le Berry, on dit bren(prononcé brin), pour désigner les fèces.
Le brin d'herbe évoque une certaine homophonie, mais s'agit-il du même mot? |
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klimperei
Inscrit le: 04 Oct 2006 Messages: 1 Lieu: lyon
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écrit le Wednesday 04 Oct 06, 23:43 |
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ma grand-mère qui était chti et même flamande disait cha chin l'brin d'câ : ça sent la merde de chat
par ailleurs voir la définition du Littré |
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Jacques
Inscrit le: 25 Oct 2005 Messages: 6533 Lieu: Etats-Unis et France
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écrit le Wednesday 04 Oct 06, 23:52 |
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La Brenne ne tiendrait-elle pas son nom de cette nature du sol ? Il faudrait verifier. |
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max-azerty
Inscrit le: 11 Jan 2006 Messages: 796 Lieu: arras
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écrit le Thursday 05 Oct 06, 10:20 |
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à klimperei,
en parlant d'un importun, de quelqu'un avec qui l'on est fäché:
si qui vient m'vir y'aura du brin sul clinche. |
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Marden
Inscrit le: 16 Nov 2004 Messages: 468 Lieu: Seine-et-Marne, Ardennes
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écrit le Friday 13 Oct 06, 16:41 |
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La racine gauloise brenn désigne un chef de guerre).
Sur la Toile, il est fait référence à Bran le béni (bran/brannos désignant le corbeau).
Le mot bran se retrouve dans les sobriquets ardennais (Thilay : Brans, Balham : Balebrans, par assonance), sans qu'on puisse savoir s'il s'agit de corbeaux (qui se dit localement corpias) ou de déjections (laisses, fumées, moquettes, ... dans le vocabulaire cynégétique). |
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max-azerty
Inscrit le: 11 Jan 2006 Messages: 796 Lieu: arras
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écrit le Monday 30 Oct 06, 19:00 |
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en langage populaire, le bran ou le brin de Judas ce n'est rien d'autres que les taches de rousseur. La légende veut que le peu recommandable Judas, symboliquement associé au diable, ait déposé ces marques supposées d'infamie à la faveur d'un pet foireux, parfois appelé berneux, ce qui renvoie définitivement à la racine gauloise bren.Amis de la poésie et du bon goût, je vous salue. |
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Marden
Inscrit le: 16 Nov 2004 Messages: 468 Lieu: Seine-et-Marne, Ardennes
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écrit le Monday 30 Oct 06, 20:42 |
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azerty a écrit: | en langage populaire, le bran ou le brin de Judas ce n'est rien d'autres que les taches de rousseur... |
Après vérification dans mes deux ouvrages, c'est bien à ce sens qu'il faut rattacher les sobriquets sus-cités. Les taches de rousseur sont parfois appelées "taches de son".
Michel Tamine (Dictionnaire du français régional des Ardennes / Bonneton) renvoie aussi à "berneux" avec le sens de "boueux" et à l'expression "avoir le cul berneux" : se sentir gêné. Il confirme que le mot est dérivé de bren, bran, *brennus (à mon avis, vous avez les mêmes sources documentaires). |
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glgbzh44
Inscrit le: 06 Nov 2006 Messages: 1 Lieu: Bretagne
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écrit le Monday 06 Nov 06, 11:50 |
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En breton, le mot BREIN (je ne connais pas l'orthographe, je l'écris tel que je l'ai entendu de mes parents), signifie pourri, pourriture. |
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jacklouis
Inscrit le: 26 Dec 2006 Messages: 259 Lieu: Québec (canada)
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écrit le Monday 18 Feb 08, 23:13 |
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Bran, bren. bernaïe, bernou, bernique
Bran (bren) est aussi le mot anglais pour désigner le son, ou plus précisément un son débarrassé de ses dernières particules farineuses, ce qui en fait un déchet, et a valu à ce mot un autre sens, celui d'excrément
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La mouture des céréales, du blé en particulier, a pour but de séparer la farine des grains de leur enveloppe. Ce sont ces enveloppes qui constituent le son, et ce son contient encore assez de farine pour nourrir les animaux de ferme. Un second tamisage le débarrassera de ses dernières particules de farine. Ce qui reste, c'est le bran (ou bren).
Le "bran de scie"( on dit. À tort "brin de scie") désigne aussi cette fine poussière de bois qui tombe de la scie et qu'il ne faut pas confondre avec les copeaux.
Étymologiquement, Bran, et plus précisément "bren", serait tiré du latin "brennus" excrément. En passant par le normand-picard, écrit-on "le Garde-mot", ce mot aurait envahi toutes les régions de l'Ouest français. On le trouve en effet dans les parlers du Poitou, et particulièrement, en Vendée , sous la forme métathésiée de "bernaïe, bernou" et peut-être même "bernique", disent certains..
La bernaïe était une pâtée pour les porcs de la ferme. On désignait par là, ( je dis bien "désignait", car aujourd'hui, là, comme partout ailleurs les cochons sont nourris de moulées stérilisées et médicamentées ). Ce mot désignait donc un mélange "infecte", disons le tout de suite. Fait des eaux grasses de la vaisselle, de pommes de terre cuites, écrasées, et surtout de ce "bran" pour l'épaissir. La fermentation (car cette préparation, comme le levain pour la pain s'allongeait par des apports quotidiens) dégageait à la longue une odeur repoussante, mais les gorets en rafolllaient et s'engraissait avec... Vous comprendrez que son origine latine ne mentait pas.
"Bernou", (ce mot existe aussi en français, je crois, sous la forme breneux), se disait d'un jeune enfant, un "pepo", qui avait fait dans ses langes et sentait le caca et la pisse... : "Ton pepo é to bernou, i s'en é mémm, graissé la goule"...
Ce ne devait pas être en effet très ragoûtant à voir et sentir.
Certains lexicologues ont même écrit que le mot "bernique", un nom patois de la "patelle" (arapéde dans le Midi), serait venu de là. Il semble plutôt se rattacher à "bernaches", mais ce n'est plus de notre ressort.
Le"Bran d'agace" (de pie), est une gomme brunâtre, sécrétée généralement par les cerisiers et les pruniers. En Vendée, on le nommait "merde de coucou". Les enfants s'en servait comme colle pour l'école, et je me souviens d'en avoir mangé avec délice.
" Citation: | Le bran d'agace exsudé l'été précédent par l'écorce des merisiers et que l'hiver rendait dur comme berlingot (H. BAZIN, Lui, 1950, p. 7).
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Citation: | du TLFi
ÉTYMOL. ET HIST. 1. 1205-15 brent « partie grossière du son » (Aiol, 8979 dans GDF. Compl.), supplanté au XVIIIe s. par son; 1743 bran de scie « sciure » (Trév.); 2. début XIIIe s. bran [peut-être brau, v. T.-L., s.v. bren] « boue, lie » (Sermons St Grégoire sur Ezechiel, 72, 21 dans T.-L.);....Marque le mépris (RABELAIS, Pantagruel, éd. Marty-Lavaux, t. 1, p. 242); av. 1558 bran (MELIN DE SAINCT-GELAYS, Œuvr. Poet., II, 219 dans HUG.).
Du lat. vulg. *brennus « son » attesté sous la forme brin(n)a « son, nourriture pour chien »
DÉR. 1. Brenage, subst. masc., dr. féod. (supra A). Redevance en (bran de) son que doit un vassal pour la nourriture des chiens de son seigneur. Seule transcr. dans LITTRÉ :.... dér. de bren « partie grossière du son »; suff. -age*; la forme lat. corresp. brennaticum est déjà dans un cartulaire de Chartres en 845 (FEW t. 1, p. 513b); cf. même forme en 1081, Actes de Philippe I, no 104 dans NIERM. 2. Brener, verbe intrans., arg., péj. (supra B 2 a). Synon. de déféquer* (cf. MONTHERLANT, Le Démon du bien, 1937, p. 1298). 1re attest. 1937, id.; dér. de bren « excréments », dés. -er. Fréq. abs. littér. : 1. 3. Breneux, euse, adj., arg. Souillé de matière fécale. Une chemise breneuse. Deux corps terreux, sales, breneux (E. et J. DE GONCOURT, Journal, 1867, p. 395). |
Dernière édition par jacklouis le Saturday 01 Mar 08, 0:15; édité 1 fois |
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