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Maria Dolores
Inscrit le: 24 Feb 2007 Messages: 1 Lieu: Palma de Mallorca
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écrit le Saturday 24 Feb 07, 23:04 |
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En espagnol, il y a un certain nombre de mots d'origine sanscrit, comme "naranja", orange. Vient de NAGARANGA. Les gitans sont de provenance indienne. Ils les ont mis dans le castillan.
Un autre: "gili". Ça veut dire idiot. S'employe normalement, mais on le prolonge comme: "gilipollas", mot déjà avec des connotations sexuelles. Polla, en espagnol, c'est le pénis. Comme ça c'est plus offensif.
"Pirao", le même origine. Signifie un peu fou. Et de mots d'origine arabe, à centaines. Par exemple, la rivière Guadalquivir, veut dire la Grande Rivière, de "oued", le lit d'une rivière, et al-Kabir, le grand. Il y a une ville en Espagne, Guadalajara, semblable au mot précédent, mais pas si joli. "Guadalajara". Ça c'est complètement arabe et veut dire la rivière de la m... Je vis à l´île de Mallorca, et aussi partout on trouve. Le village de Binisalem, de beni, les fils, et salam, la paix. Les Fils de la Paix. Banyalfufar, petit village sur la côte, d'anciens matelots (maintenant touristes seulement), paraît qui vient de Beni- al Bahjr, Les Fils du matelot. Et beaucoup d'autres que je voudrais bien vous les écrire, si j´ai fait bien mes devoirs et suis entrée comme il faut. Pardon pour l'orthographe désastreuse. |
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Abdüssalâm
Inscrit le: 02 Jan 2007 Messages: 909 Lieu: Aiguillon
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écrit le Sunday 25 Feb 07, 0:29 |
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En fait nous avons fait grandement avancé ce sujet sur le forum espagnol...
Pour Guadalajara, tu as raison, après la transformation qu'a subi ce nom après son passage à la langue castillane, sonnerait, aujourd'hui, aux oreilles d'un arabophone comme la vallée de la merde, mais, en arabe, cet endroit se nommait "wâd-al-ħijârä" (la vallée des pierres),car, contrairement à ce qu'on lit souvent "wâd(in)" ne signifie pas "rivière" mais "vallée": trouée entre des montagnes ou des collines permettant le passage" dit le dictionnaire arabe (majânî li-t:-t:ullâb). Quant à "rivière", on le traduit par: nahr; pl.: anhâr
Dernière édition par Abdüssalâm le Monday 26 Feb 07, 3:29; édité 1 fois |
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Castells
Inscrit le: 07 Feb 2007 Messages: 260 Lieu: País Valencià
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écrit le Sunday 25 Feb 07, 15:12 |
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Je pense que il est mieux de pas ouvrir deux fils pour un même sujet, parce que les réponses restent séparées et ça ne résulte pas utile pour le sujet ni commode pour les Babéliens qui sont intéressés...
Si Nina Padilha copiait ici sa réponse de l'autre fil, vous poudriez l'éliminer.
Au Pays Valencian il y a aussi beaucoup de toponymes d'origine arabique!
Est-ce que tu les connais ? |
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Abdüssalâm
Inscrit le: 02 Jan 2007 Messages: 909 Lieu: Aiguillon
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écrit le Monday 26 Feb 07, 3:27 |
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@ Castells: effectivement, le País Valencià fut une des régions où la proportion d'Arabes fut la plus élevée si on la compare à celle d'autres régions de al-Andalus où les muwalladîn (hispaniques convertis à l'islâm) étaient plus nombreux. Si tu m'en citais quelques uns je pourrais te les traduire à condition que la phonétique actuelle ne soit pas trop éloignée, ce qui est parfois le cas. Mais peut-être faudrait-il que nous passions sur le forum espagnol où le sujet est déjà ouvert puisqu'apparemment nous sommes tous hispanophones (en cas où le sujet intéresserait des non-hispanophones nous pourions le rendre bilingue... |
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Castells
Inscrit le: 07 Feb 2007 Messages: 260 Lieu: País Valencià
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écrit le Monday 26 Feb 07, 18:27 |
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Abdüsseläm a écrit: | Si tu m'en citais quelques uns je pourrais te les traduire à condition que la phonétique actuelle ne soit pas trop éloignée, ce qui est parfois le cas. |
Uff Abdüsseläm, il y a beaucoup de toponymes arabiques ici!
Bon, allons! voilà quelques exemples:
Trois villages: Almussafes, Benifaió, Guadassuar
Une rivière: Guadalaviar (aussi Túria) |
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mansio
Inscrit le: 19 Feb 2005 Messages: 1125
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écrit le Saturday 03 Mar 07, 19:57 |
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Abdüsseläm a écrit: | Contrairement à ce qu'on lit souvent "wâd(in)" ne signifie pas "rivière" mais "vallée": trouée entre des montagnes ou des collines permettant le passage" dit le dictionnaire arabe (majânî li-t:-t:ullâb). Quant à "rivière", on le traduit par: nahr; pl.: anhâr |
Je me suis souvent demandé pourquoi les fleuves et rivières d'Espagne ayant un toponyme arabe comportent le mot wâd.
D'après les dictionnaires, ce terme signifie effectivement "vallée" mais également "lit de rivière ou torrent asséché, se tranformant en cours d'eau impétueux à la saison des pluies".
Je ne comprends pas pourquoi les conquérants berbéro-arabes auraient appelé tous les cours d'eaux du nom de vallée de ceci ou vallée de cela.
Il est possible qu'à l'époque le mot wâd était compris comme voulant dire "rivière" ou "fleuve" et non pas seulement "vallée". |
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José Animateur
Inscrit le: 16 Oct 2006 Messages: 10941 Lieu: Lyon
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écrit le Monday 05 Mar 07, 13:18 |
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Je trouve logique que wâd recouvre à la fois le sens de vallée et de rivière, la rivière creusant la vallée avec le temps.
Un beau souvenir de mon CE1, avec une strophe comportant rivière et val :
http://poesie.webnet.fr/poemes/France/rimbaud/3.html |
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Outis Animateur
Inscrit le: 07 Feb 2007 Messages: 3509 Lieu: Nissa
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écrit le Monday 05 Mar 07, 16:27 |
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D'accord avec José. Dans une culture qui connaît des cours d'eau temporaires, il n'y a, du point de vue géographique, aucune différence sémantique sérieuse entre vallée et rivière …
Je ne me souviens plus d'en quelle classe j'étais quand on m'a appris ce qu'était un oued, mais je ne devais pas être bien vieux. |
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Dino
Inscrit le: 09 Oct 2006 Messages: 479 Lieu: Αθήνα – Ελλάδα
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écrit le Monday 05 Mar 07, 16:56 |
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Donc, l'arabe "wad" (vallée et/ou rivière) peut très bien être accepté comme l'espagnol actuel "cañón", le portugais "canhão", l'anglais "canyon", etc. |
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José Animateur
Inscrit le: 16 Oct 2006 Messages: 10941 Lieu: Lyon
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écrit le Monday 05 Mar 07, 19:27 |
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Précision :
* en arabe standard/littéraire, واد = wâd [ouâd, avec un a long]
* en dialecte magrébin : oued, puisqu'au Maghreb on utilise volontiers le e, qui n'existe pas en arabe
ex : bled au lieu de bilad (pays) ou bent au lieu de bint (fille) |
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Abdüssalâm
Inscrit le: 02 Jan 2007 Messages: 909 Lieu: Aiguillon
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écrit le Tuesday 06 Mar 07, 1:24 |
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la citation que j'ai donné est celle du dictionnaire arabe traduite par mes soins. Le Coran que je cite ici comme d'un point de vue linguistique et non pas religieux et qui constitue la référence primordiale de la langue arabe connait les deux mots: nahr (pl. anhâr)>rivière, fleuve (qui a été emprunté par le turc sous la forme nehir/nehri) et wâd(in) > vallée:
-nahr pl.: Anhâr:جنّات تجري من تحتها الأنهار [jannât(un) tajrî min tahtiha-l-anhât]:...des jardins luxuriants sous lesquels coulent des rivières (description stéréotypée du Paradis apparaissant à diverses reprises dans le texte)
-wâd(in): ربّنا إنّي أسكنتُ من ذرّيّتي بواد غير ذي زرع عند بيتك المحرّم [rabbanâ innî askantu min durriyyatî bi- wâd(in) ġayri dî zar3(in) 3inda baytika-l-muħarram...]: O notre seigneur, j'ai établi une partie de ma descendance dans une vallée sans agriculture, près de ta Maison sacrée[la Ka3ba]...(XIV/37). Il s'agit là de le Mecque où ne coule aucune rivière.
هل أتاك حديث موسى إذ ناداه ربّه بالوادالمقدّس طوى [hal atâka ħadîtu mûsâ, id nâdâhu rabbuhu bi-l-wâdi-l-muqaddasi t:uwâ.]: le récit de Moïse t'est-il parvenu? Quand son Seigneur l'appela dans la vallée sanctifiée de Twâ. (LXXIX/15,16).
Il apparait donc nettement au regard de ces citations que les deux termes étaient nettement différenciés à l'origine. L'étaient-ils encore à l'époque de la conquête de al-Andalus? Je pencherais pour l'affirmative, puisqu'un livre arabe sur l'histoire de al-Andalus donne dans une carte illustrant le texte l'expression pour le Guadalquivir:"wâdi-n-nahri-l-kabîr"(la vallée du fleuve grand), de même Guadalajara [wâdi-l-ħijârä] se traduira plus logiquement par la vallée des pierres que par la rivière. Par la suite qu'il y ait eu, dans l'arabe parlé, un glissement de sens est incontestable puisqu'aujourd'hui, au Maroc, Wâd signifie tout bonnement rivière (permanente ou pas). Mais quand cette variation sémantique a-t-elle eu lieu (avant, pendant ou après al-Andalus)? je ne peux le dire puisqu'elle n'a jamais été sanctionnée par la langue écrite, seul témoin du passé. |
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Castells
Inscrit le: 07 Feb 2007 Messages: 260 Lieu: País Valencià
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écrit le Tuesday 06 Mar 07, 1:37 |
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Abdüsseläm, comment tu as trouvé les toponymes que je t'ai écrit?
Sont-ils trop éloignés des formes anciennes?
Je ne sais que la signification de guad et ben=ibn... |
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mansio
Inscrit le: 19 Feb 2005 Messages: 1125
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écrit le Tuesday 06 Mar 07, 12:24 |
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Merci Abdusselam pour ton explication détaillée.
Il est possible que les fleuves ibériques aient été nommés par l'expression "vallée du fleuve/rivière de quelque chose" pour se raccourcir ensuite en "vallée de quelque chose" mais avec le mot vallée semblant avoir pris la signification de rivière.
Il est quand même curieux que les envahisseurs berbéro-arabes n'aient pas simplement appelé les fleuves et rivières du nom de "nahr" sans passer par la case "vallée/wâd".
Il me vient à l'instant une autre hypothèse. Le mot "guad-", qui est la déformation de wâd, rappelle la forme hispanique du latin acqua. Est-ce cette similitude qui à fait croire que le mot wâd était aussi "humide" que le mot nahr?
D'après certains traducteurs les rivières qui passent sous les frondaisons des jardins du paradis sont plutôt des ruisseaux. |
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brahimasinisa
Inscrit le: 25 Feb 2007 Messages: 4 Lieu: maroc
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écrit le Sunday 01 Apr 07, 22:14 |
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En ce qui concerne la traduction du mot rivière par wad en arabe, je suppose que c'est vrai du fait qu'il y avaient pas mal de Nordafricains (Maghrébins) en Andalousie et qui appelaient une rivière "wed". Donc le mot ne provient pas de l'arabe classique mais plutôt du dialecte nordafricain qui était proche du dialecte parlé en Andalousie. Pour le "g" du début de "Guad", c'est fort probable que c'est pour l'adaptation du mot arabe à la tonalité de la langue espagnole; je peux citer comme exemple le mot guerre emprunté au germanique war (garantie et waranty). |
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Abdüssalâm
Inscrit le: 02 Jan 2007 Messages: 909 Lieu: Aiguillon
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écrit le Monday 02 Apr 07, 10:17 |
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Sans vouloir relancer une polémique somme toute assez stérile puisqu'une vallée est, en fait une tranchée creusée par une rivière, il me semble un peu aléatoire de juger de ce que furent les parlers arabes utilisés par les Andalous et même par les Maghrébins de cette époque (conquête et colonisation d'al-Andalus: VII°-VIII° s) qui s'exprimaient essentiellement en berbère ou qui étaient des Arabes fraîchement arrivés et les comparer (ces parlers) avec ceux que nous connaissons aujourd'hui et qui ont connu de nombreuses viscissitudes depuis cette époque (influence de plus en plus grande ddes Berbères arabisés, invasions hilaliennes et autre) puisque, malheureusement les auteurs arabes se sont peu ou pas du tout intéressés à fixer les dialectes de leur époque pour les quels, comme il était courant en ce temps-là, ils n'avaient pas une grande estime. Cette ouverture sur ce sujet me semble intéressante de savoir si nous pouvons établir à travers certains textes, notament dans la musique dite "andalouse", mais qui a subi, elle aussi des évolutions certaines ou dans les traditions populaires de ville comme Chefchaouen, un aperçu de ce que pouvait être le dialecte andalou. Je n'ai pas d'idées préconçue en ce domaine si ce n'est, comme je l'ai déjà dit, prendre en compte l'évolution particulière des dialectes maghrébins actuels et le fait, qu'au moins sous les Omeyades, la fusion entre Arabes, plus nombreux en Andalus qu'au Maghreb, Berbères et hispano-goths ne devait être encore qu'à ces balbutiements. A savoir aussi que lorsque les Almoravides bebères entreront en Andalus, ils seront perçus par certains comme des "etrangers" berbères, ce qui tenterait à démontrer, mais ce n'est pas certain car c'était des membres des élites qui écrivaient, pas le petit peuple, une plus forte arabisation de l'Andalus par rapport au Maghreb. En tout cas pour Wâd>guad, c'est bien vu. Et je suis heureux de connaitre un nouvel arabisant du Maroc. |
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