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Papou JC
Inscrit le: 01 Nov 2008 Messages: 11191 Lieu: Meaux (F)
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écrit le Friday 26 Jan 18, 18:11 |
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Quand le pacha est là, les houris dansent.
C'est ma trouvaille du jour. Joli, non ? |
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José Animateur
Inscrit le: 16 Oct 2006 Messages: 10945 Lieu: Lyon
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écrit le Tuesday 30 Jan 18, 21:01 |
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Joli, oui, mais il faut partager le savoir, sinon ça le fait pas :
- Les houris (masc. arabe حور, ḥūr, fém. arabe حورية, ḥūrīya, pl. ḥūrīyāt) sont selon la foi musulmane des vierges dans le paradis, qui seront la récompense des bienheureux. Ce sont des personnages célestes. [ Wikipedia ] |
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Papou JC
Inscrit le: 01 Nov 2008 Messages: 11191 Lieu: Meaux (F)
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écrit le Thursday 01 Feb 18, 21:42 |
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Wikipedia donne une étymologie qui n'est pas exacte, même carrément fausse, en fait n'importe quoi, et personne n'a corrigé !
La racine, oui, c'est juste, mais les mots, non. (Voir Kazimirski vol. I, p. 511, en bas de la première colonne.)
Mais le TLF, c'est déjà beaucoup mieux : Empr. au persan ḥūrī « id. », dér. avec le suff. d'unité persan -ī de l'ar. ḥūr « houris » (Coran 52, 20; 55, 72), plur. de ḥaurā', fém. de aḥwar « qui a le blanc et le noir des yeux très prononcés »
C'est même parfait. Rien à ajouter.
Edit : je reviens sur ce qui est dit dans Wikipedia. J'ai eu la grande surprise de trouver la même chose chez Reig et chez Wehr. Ces mots "fém. arabe حورية, ḥūrīya, pl. ḥūrīyāt" sont donc des néologismes, des créations post-coraniques en tout cas, probablement des arabisations du turc huri. Dans le Coran, on ne trouve que ḥūr. (J'ai vérifié par le très utile http://corpus.quran.com/qurandictionary.jsp?q=H).
Dernière édition par Papou JC le Friday 02 Feb 18, 18:53; édité 2 fois |
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Outis Animateur
Inscrit le: 07 Feb 2007 Messages: 3510 Lieu: Nissa
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écrit le Friday 02 Feb 18, 11:29 |
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Parfait ? Sans doute. Mais un détail me turlupine.
Je ne sais pas ce que c'est qu'un suffixe d'unité …
Mais ce que je sais, c'est que le persan est une langue indo-iranienne et que, soit par héritage commun, soit par influence culturelle de voisinage, il a des ressemblances avec le sanskrit (avestique et sanskrit védique sont quasiment comme deux dialectes d'une même langue).
Alors — mais les iranisants en saurons plus — je me demande si ce -ī long persan ne serait pas un frangin du -ī long sanskrit qui marque simplement le féminin, comme en témoigne tous les théonymes et anthroponymes féminins du panthéon (Lakṣmī, Śrī, Sarasvatī, etc.) ou de l'épopée (Draupadī, Kuntī, Mādrī, etc.). Il alterne avec le -ā long des mots thématiques (Sītā, héroïne du Rāmāyana, ahiṃsā « non-violence », etc.) et tous deux sont hérités du suffixe eurindien -h₂, formateur de féminins, que l'on connait bien dans les féminins en -α du grec et dans ceux en -ā long du latin transmis aux -a de l'espagnol ou de l'italien … |
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Papou JC
Inscrit le: 01 Nov 2008 Messages: 11191 Lieu: Meaux (F)
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écrit le Friday 02 Feb 18, 12:45 |
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Explication : je ne connais pas le persan, mais parlons de l'arabe. Tout collectif y a un nom d'unité dont la marque est identique à celle du féminin. Et ḥūr est un pluriel de comparatif qui a valeur de collectif. En fait, je pense que le nom d'unité persan se transcrit ḥūre, ce qui correspondrait à un arabe *ḥūra qui n'existe pas parce qu'il n'a ici aucune raison d'exister, étant donné qu'on a ce qu'il faut sous la forme ḥaurā'.
Suis-je clair ?
Une petite inexactitude dans le TLF : le pluriel ḥūr vaut pour le masculin et le féminin, il n'est pas propre à ce dernier. |
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embatérienne Animateur
Inscrit le: 11 Mar 2011 Messages: 3875 Lieu: Paris
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écrit le Friday 02 Feb 18, 16:55 |
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Mes études de persan ont été superficielles et sont trop lointaines pour que je me rappelle grand chose. Mais en parcourant la Toile, j'en viens à la conclusion que le "nom d'unité" dont il s'agit est plutôt ce qu'on appelle le suffixe d'indétermination -i ( ی ) qui permet de jouer le rôle de l'article indéfini "un", en version postposée et attachée au mot, rôle que peut jouer aussi le nom de nombre complet yek ( یک ) en version antéposée et détachée du mot.
Quelques références, la plupart en anglais, pour ceux que le sujet intéresse :
1)
https://books.google.fr/books?id=64u9CwAAQBAJ&pg=PA224#v=onepage&q&f=false
2)
https://books.google.fr/books?id=uCj3u2lpPBEC&pg=PR203#v=onepage&q&f=false
(aller page 203)
3)
https://books.google.fr/books?id=QQVAz3gT5zMC&pg=PA69#v=onepage&q&f=false
4) Citation: | A noun is said to be indefinite when it does not refer to a specific object. For example, in the sentence “I read a book”, the word “book” is indefinite because we don’t know which book it is talking about. On the contrary, when we say “I read the book”, the speaker and listener both know exactly which book is being referred to, and the word “book” is thus no longer indefinite. Whenever a noun is not referring to a specific object that we are already familiar with, we are dealing with an indefinite noun.
برایش یک کتاب خریدیم.
حسین چند خودکار دارد.
احسان دو برادر دارد.
سنگ بزرگی پشت دیوار بود.
We bought a book for him/her.
Hossein has some pens.
Ehsan has two brothers.
A big stone was behind the wall.
As you see in the last example above, one way for making a noun indefinite is attaching the suffix "ی" (usually meaning “one” and pronounced similar to the English "ee" as in the word "free") to it. The suffix can be attached either to the main noun or to its adjectives.
یک کتاب کوتاه دربارهی انقلاب فرانسه خواندم.
کتابی کوتاه دربارهی انقلاب فرانسه خواندم.
کتاب کوتاهی دربارهی انقلاب فرانسه خواندم.
I read a short book about the French revolution.
I read a short book about the French revolution.
I read a short book about the French revolution.
Among the three ways the above sentence can be expressed, the second form is used less often in today’s Persian. This suffix "ی", along with the words “یک” and “چند” and numbers are often said to be the Persian indefinite articles. There are no definite articles in written Persian; definite nouns are marked simply by not being indefinite. |
http://www.persiandee.com/view/showLesson/currentLesson/7
Je ne pense pas que ce suffixe soit en rapport avec le suffixe du féminin en sanscrit.
Sur le sens et l'étymologie de "houri", voir aussi un article en français mais qui semble un peu fourre-tout :
http://www.maria-online.com/home/article.php?lg=fr&q=Houri |
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Papou JC
Inscrit le: 01 Nov 2008 Messages: 11191 Lieu: Meaux (F)
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écrit le Friday 02 Feb 18, 17:04 |
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Le français a probablement emprunté le mot au turc huri. Voici ce qu'en dit Nisanyan (dictionnaire étymologique du turc) :
Çoğu kaynaklarda Aram #ḥwr "beyaz" kökünden türetilmişse de bu görüş dayanaksızdır. Karş. Jeffery sf. 117 vd ve Widengren 186. • Pehlevice sözcük, Zerdüşt kutsal metinlerinden Arda Viraz Nāmak iv.18'de dindar bireyi cennet bahçesinde karşılayan güzel yüzlü kadını tarif etmek için kullanılır. Barth sf. 1836.
Traduction google (revue par moi-même) :
"Dans la plupart des sources, mot dérivé de la racine araméenne # ḥwr "blanc", mais cette vue n'est pas fondée. Comp. Jeffery sf. 117 vd et Widengren 186. • Le mot pehlevi hurūst est utilisé pour décrire une belle femme que l'homme pieux rencontre au paradis dans Arda Viraz Nahmak IV 18 des écritures zoroastriennes. Barth sf. 1836."
Même étymologie chez Ali Nourai (dictionnaire étymologique du persan).
Je suis sceptique, le passage du pehlevi hurūst à l'arabe hūr me semble un peu forcé. La ressemblance formelle est toute relative. Les mots pehlevis passés à l'arabe sont généralement mieux conservés.
Voir le tout, en anglais, sur ETYMARAB.
Dernière édition par Papou JC le Saturday 03 Feb 18, 16:44; édité 5 fois |
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Papou JC
Inscrit le: 01 Nov 2008 Messages: 11191 Lieu: Meaux (F)
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écrit le Friday 02 Feb 18, 17:25 |
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Voilà, le mot du jour est créé. J'ai fait un peu le ménage, supprimé certains posts, modifié d'autres, y compris les miens. À relire depuis le début avant de poster quoi que ce soit d'autre.
Pour ceux qui lisent l'anglais, ETYMARAB est la meilleure lecture. Le site part du mot moderne dont il dit qu'il s'agit de "a secondary formation from the pl. ḥūr".
Pour les autres, le site donné par Embatérienne à la fin de son post est un peu fourre-tout, certes, mais finalement assez complet.
On verra que l'idée d'une origine pehlevi date de Jeffery 1938. Sauf erreur, Catherine Pennachio, qui, dans un bref article, est revenue récemment sur le travail de Jeffery, ne dit rien de houri, car elle ne traite que des emprunts à l'hébreu et au syriaque. Je pense qu'il serait temps de se repencher sur la question. |
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Azwaw
Inscrit le: 30 Aug 2010 Messages: 975 Lieu: Le Havre
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écrit le Monday 05 Feb 18, 15:50 |
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Dans le très polémique Lecture syro-araméenne du Coran. Contribution pour décoder la langue coranique, l'auteur considère le terme comme un emprunt au syriaque qui désignerait des raisins plutôt que des femmes. |
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Papou JC
Inscrit le: 01 Nov 2008 Messages: 11191 Lieu: Meaux (F)
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écrit le Monday 05 Feb 18, 16:32 |
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Oui, c'est dans le texte dont Embatérienne nous a donné la référence... Il faudrait connaître l'argumentation. |
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Azwaw
Inscrit le: 30 Aug 2010 Messages: 975 Lieu: Le Havre
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écrit le Monday 05 Feb 18, 16:50 |
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Au temps pour moi, ça m'a échappé !
A priori, il n'y a pas de réel argument au delà du constat posé par l'auteur que le Coran est en réalité un simple lectionnaire chrétien syriaque traduit en arabe pour les besoins des communautés chrétiennes locales et manipulé ensuite par les héritiers du Prophète pour en faire le livre saint de la nouvelle religion. Il part du principe que si c'est plus logique avec la lecture syriaque, c'est que c'est bon ! |
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Papou JC
Inscrit le: 01 Nov 2008 Messages: 11191 Lieu: Meaux (F)
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écrit le Monday 05 Feb 18, 17:40 |
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Ouais, je vois... |
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IdrissD
Inscrit le: 09 Mar 2018 Messages: 3
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écrit le Friday 09 Mar 18, 10:41 |
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Le plus important chez les houris du coran c'est surtout le fait qu'elles soient VIERGES.
c'est de ce côté qu'il faut creuser... |
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Papou JC
Inscrit le: 01 Nov 2008 Messages: 11191 Lieu: Meaux (F)
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écrit le Thursday 04 Oct 18, 8:54 |
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Dans Une lecture laïque du Coran, de Georges Bohas et Gérard Roquet, qui vient de paraître aux éditions Geuthner, les auteurs consacrent justement leur premier chapitre (p. 9 à 16) à la question de savoir si les houris sont des vierges ou des raisins. Ils tranchent : ce sont bien des vierges, texte copte à l'appui, ainsi qu'à l'appui d'une autre occurrence dans le Coran lui-même (LV, 72) où la traduction par "raisins" n'aurait aucun sens. |
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