Ceux qui arrivent des basses Cévennes : les Raïous

 

 

 

         Pour les gens de la plaine, les "Gavots" sont souvent tous ceux qui viennent de plus haut,... Cette démarche est inacceptable pour ceux qui ont des racines dans les basses Cévennes.

 

 

Dans la même banaste

 

         Fernand, était considéré comme un Gavot. Son fils, Jean, n’est pas de cet avis : « Mon père était un Raïou, il venait du côté du Vigan. Les Gavots c’est plus haut, c’est les Lozériens, ceux de Marvejols... » Paulette, la soeur de Jean, confirme :  « Non, on est pas des Gavots, on est des Raïous. Ceux de Saint-Hippolyte non plus, ne sont pas des Gavots. Ceux de la Haute-Loire, ça c’étaient des Gavots. »

         Quand Mélanie, qui habitait Théziers, non loin de Nîmes, a dit qu’elle voulait épouser un garçon de Générargues, du côté d’Anduze, sa mère lui a répondu : « Mais tu veux épouser un Gavot ? » Pourtant dans le pays d’Anduze, tout comme au Vigan, on ne se considère pas comme des Gavots, mais comme des Raïous.

         Comment distinguer un Gavot d’un Raïou ? Les gens d’ici n’en savent rien, sauf s’ils ont une origine cévenole ou, plus généralement, montagnarde. Mariette, âgée de 89 ans, parle de tel ou tel Gavot qui a habité son hameau de Saint-étienne d’Escattes. Et les Raïous ? « é ben, c’est les Gavots, ceux qui viennent de la montagne. » Marcel, bon connaisseur de la culture sommièroise, résume : « Ici, Gavot, Raïou, on met tout dans la même banaste» On met tout dans la même corbeille.

         Or, laisser entendre à quelqu’un qu’il est d’origine gavote, alors qu’il se considère comme un Raïou, c’est s’exposer à une mise au point, parfois assez ferme.

 

Source : R. Domergue, La parole de l'estranger, éd. L'Harmattan, p.43

(Etude de l'intégration des étrangers dans les villages du pays de Nîmes, Gard)

 

 

 

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