Le mariage des immigrés Italiens

 

 

 

Segur que volián pas un babi

 

         « On mariait pas les enfants, on mariait les propriétés. » Jusqu’à une date récente, au village, l’homogamie sociale est de règle. Les Italiens des années 40-50 sont généralement ouvriers maçons, ouvriers agricoles, ou petits fermiers dans le meilleur des cas. S’ils possèdent des terres, ce sont des cantounailles, des recoins. En clair, il est très mal vu qu’un enfant de propriétaire épouse un enfant de souche italienne. Aux premiers signes « les parents levaient leur enfant de là », qu’il s’agisse d’une famille de pélos ou même de petits propriétaires. « Saïque, mais tu vas pas prendre un babi ! » Saïque, il ne manquerait plus que ça.

         Et alors, « tout le monde s’y mettait, les parents, les grands-parents, les amis... » Marie-Jeanne s’en souvient : « Segur que volián pas un babi ! » Sûr qu’ils voulaient pas d’un Italien !

         En dépit de cela, certains mariages ont lieu.

 

Source : R. Domergue, La parole de l'estranger, éd. L'Harmattan, p. 98

(Etude de l'intégration des étrangers dans les villages du pays de Nîmes, Gard)

 

 

 

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