Précisions sur le vocabulaire

 

 

 

 

          Il est souhaitable de commencer par là avant de lire les extraits. Ceci afin de ne pas se méprendre sur le contenu du vocabulaire employé, notamment de ne pas voir des intentions à caractère raciste là où il n’y a qu’un souci de restituer la parole des gens, quelle que soit leur origine.

 

Les Maghrébins

          ‘Maghrébin’ ou ‘population d’origine maghrébine’ apparaîtront fréquemment. Ce qui, dans les représentations courantes, englobe non seulement ceux qui sont nés au Maroc, en Algérie, ou en Tunisie et vivent sur le territoire français, mais aussi leurs descendants. Une telle généralisation présente une bonne part d’arbitraire car la plupart de ces derniers sont de nationalité française et sont issus parfois de couples mixtes. Expression des aléas de l’intégration, les membres de cette population se trouvent étiquetés en fonction d’un ou plusieurs critères : leur nom, leur prénom, leur type physique, leur tenue vestimentaire, l’utilisation, courante ou résiduelle, de la langue de leurs ancêtres, certaines pratiques à connotation religieuse comme le ramadan ou la prohibition de la viande de porc. Étiquette qui peut aussi être revendiquée. Processus cumulatif, l’acceptation voire la revendication d’une appartenance peut constituer une réponse aux regards de l’extérieur, qui renvoient la personne à une certaine identité qu’elle ne percevait pas comme sienne a priori.

            Pour des Français, descendants de Marocains, d’Algériens ou de Tunisiens, et qui plus est de couples mixtes, il n’est pas évident d’accepter cette étiquette, et on comprend qu’elle en irrite certains.

 

Les Arabes

            À noter que beaucoup de ‘Maghrébins’, notamment ceux qui acceptent, voire revendiquent, une telle étiquette, se désignent comme ‘Arabes’, terme qu’Amel utilise spontanément. Pour autant, ce vocable n’a jamais été repris dans les analyses, car très connoté et porteur d’encore plus d’ambiguïtés que l’expression ‘Maghrébins’. L’origine de la plupart des ‘Maghrébins’ de nos villages est d’ailleurs plutôt berbère, c’est le cas pour Amel.

            Le grand avantage du mot Maghrébin réside dans le fait que tout le monde le comprend immédiatement et que son sens n’est pas aussi connoté que le mot Arabe. Il est mieux accepté par les personnes sensibles ou susceptibles, moins provocateur. En définitive, utilisé avec le souci de ne jamais blesser, il a permis de mener l’enquête dans de bonnes conditions.

 

Les Français, les Européens

            Le même processus qui conduit à désigner les ‘Maghrébins’ conduit aussi à désigner les ‘Français’. Ce terme est volontiers utilisé par ceux qui acceptent et même revendiquent leur étiquette de ‘Maghrébins’. Il renvoie à la notion couramment utilisée mais tout aussi ambiguë de ‘Français de souche’. Dans la bouche des personnes interrogées, il s’agit généralement de la population relativement ancienne sur le territoire (de l’ordre d’une génération, ou plus selon les cas) mais d’origine européenne. L’expression ‘les Européens’ est également utilisée, souvent par des interlocuteurs soucieux de marquer leur absence de préjugés.

 

            Afin de simplifier l’écriture, les termes Français, Européen, Arabe ou Maghrébin ne seront repérés par des ‘ ’ que lors de leur première occurrence dans les commentaires au sein de chaque partie. Ils ne seront jamais repérés ainsi lors des dialogues, sauf si la personne interrogée pointe le mot par une hésitation ou un changement de ton.

 

 

Source : L’intégration des Maghrébins dans les villages du Midi, René Domergue,  Autoédition , 2011. Extrait de l’introduction, p. 15-17.

 

 

 

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