Dans les vignes à bois

 

 

 

 

 La France demandait du travail

 

            La France des années 60 connaît une forte croissance. Même les travailleurs les moins qualifiés trouvent aisément un emploi. Malgré l’apparition des tracteurs, « le travail de la terre se fait encore beaucoup à bras » (Albert). Dans les domaines, le besoin de main-d’œuvre est considérable au moment de la taille et des traitements, ou encore pour déchausser (piocher) le pied des arbres ou entre les souches. Besoins accrus au moment des récoltes. Les employeurs doivent recourir aux travailleurs immigrés.

 

Encore aujourd’hui la récolte des asperges se fait ‘à bras’, même le dimanche

 

            Le flux migratoire en provenance d’Italie et d’Espagne s’amenuise puis se tarit en raison du décollage économique de ces pays. L’arrivée de travailleurs portugais se révèle insuffisante. Les gros exploitants ont les moyens de recruter plus loin. Du fait de la pauvreté et des relations mises en place par les gouvernements respectifs, le Maghreb fournit des opportunités. « La France demandait du travail » (Larbi, 75 ans). C’est ainsi que des travailleurs saisonniers en provenance du Maroc arrivent dans les zones agricoles dès les années 60, et surtout au début des années 70.

            L’accent mis sur le rôle des pépiniéristes, propriétaires de vignes à bois, s’inscrit dans cette logique.

 

Traces de publicité d’un important pépiniériste..

 

            « Là où j’étais, vingt ou trente Marocains tiraient les sarments et faisaient les fagots même quand il gelait. Les Français étaient à d’autres postes : emballage, manutention, préparation des greffons » (Michel). Le travail est très pénible, mais les ouvriers marocains viennent de campagnes très pauvres et sont habitués au rude travail des champs. De plus, ils sont motivés car l’activité se révèle très rémunératrice comparée aux salaires chez eux. Beaucoup reviennent l’année suivante. Certains finissent par être embauchés à l’année. « Au moment des creux, les pépiniéristes les emploient dans leurs vignes à vin », voire dans des vignes à vin qu’ils prennent en fermage afin « d’occuper leur personnel ». Les autorités sont conscientes du problème de pénurie de main-d’œuvre et ferment souvent les yeux sur les situations irrégulières. « Un jour, contrôle de gendarmerie dans la maison où habitait mon père avec d’autres saisonniers. Certains ne sont pas en règle, ils n’ont pas de contrat de travail. Les gendarmes ont rien dit » (Omar).

 

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Aujourd’hui encore quelques pépiniéristes poursuivent l’exploitation des vignes à bois  

 

            Parmi ces immigrés du Maghreb, les uns laissent leur famille au Maroc, d’autres la font venir en France. De grandes familles finissent par se reconstituer dans certains villages. « Beaucoup viennent du même endroit, ils sont cousins, un faisait venir l’autre » (Madame Salles)

 

 

Source : L’intégration des Maghrébins dans les villages du Midi, René Domergue,  Autoédition, 2011, p.23-25

 

 

 

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