La mixité sociale dans le foot

 

 

 

 

On jouait tous les jours

 

            Le foot est encore très pratiqué par l’ensemble des jeunes dans les années 70. « Tu venais même si tu étais mauvais, pour pas rester seul dans ton coin » (Georges). « On jouait tous les jours, on sortait pas comme aujourd’hui, il y avait pas internet » (Gilbert). Et on regardait pas l’origine, « on était jamais assez nombreux pour faire deux équipes, tous ceux qui voulaient venir venaient » (Jean-Pierre). Et comme il n’est pas besoin de savoir bien s’exprimer en français pour s’intégrer au jeu, on comprend que le foot joue un rôle efficace en terme de brassage social (...)

 

 

 

            [Mais quelle est la situation aujourd’hui dans les gros villages à forte minorité magrébine ?]   Jean-Louis s’occupe de l’important club de foot de son village depuis des décennies, il ne pratique pas la langue de bois.

- Est-ce qu’on peut parler d’intégration par le foot ?

- Sur certaines personnes oui, mais pas sur tous. Tous les ans, on a quatre ou cinq cas qu’on tâche de ne pas faire re-signer. Ils n’écoutent pas les conseils, sont agressifs. Mais, au Club, il y en a trois ou quatre [Maghrébins], assez âgés, très bien intégrés. Un ancien joueur fait maintenant partie des dirigeants.

            Après avoir pesé le pour et le contre, il conclut : « Pour l’intégration, le foot c’est marginal. Ceux qui se mélangent, ils sont plus souvent mélangés avant d’arriver au foot. Le foot ça continue de les intégrer. »

 

La mixité sociale existe dans des sports moins connus que le foot, c’est le cas notamment des sports de combat.

 

            Une supportrice, mère d’un joueur, mariée ‘à un Kabyle’, se montre dubitative à l’évocation d’un brassage social par le foot dans le contexte de clubs importants. Jusqu’alors, son fils jouait dans son petit village, avec une équipe de copains, ils sortaient ensemble. Comme il est doué, il a été recruté par le club de niveau supérieur. Le village est important, et les moyens sont sans commune mesure. Mais désormais « plus aucune relation entre les joueurs, quand les séances d’entraînement ou les matches sont finis, c’est chacun de son côté. » Deux dirigeants du club adverse tiennent les même propos : « Ensemble pendant le match et les entraînements. Après, c’est chacun de son côté. » (...) « Maintenant les joueurs viennent d’un peu partout. Et après le match, chacun prend sa voiture et s’en va » (Josef, entraîneur).

 

 

Source : L’intégration des Maghrébins dans les villages du Midi, René Domergue,  Autoédition, 2011, p.116-7

 

 

 

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