Les conflits avec certains jeunes

 

 

 

 

Ils s’atissent avec les voisins

 

            Au contraire des villes dotées de banlieues populaires, dans les villages à forte population maghrébine la visibilité des jeunes de cette origine s’impose à tous, jusque tard dans la nuit, souvent le long d’une artère passante ou sur une place.

 

Certains jeunes disent : Qu’est-ce qu’on fait de mal ? On reste assis tranquille sur un banc.

 

            Ces regroupements de jeunes sont dénoncés avec force. « Ils jouent au ballon contre le portail, l’été jusqu’à deux ou trois heures du matin » (Paul). « Ils se réunissent sous le porche, discutent une partie de la nuit, font du boucan. Ils s’atissent avec les voisins » (Yvonne). Ils s’énervent avec les voisins. « Les gens du coin sont excédés. Une femme les a dénoncés, ils le lui font payer » (Maryse). « Ils jouent au ballon jusqu’à onze heures du soir. Si le maire ou un autre responsable arrive, ils envoient le ballon dans une cour et se moquent de lui : Le ballon, quel ballon ? » (Corine).

            [Sans chercher à minimiser la gravité des nuisances pour ceux qui les subissent, il convient toutefois de noter plusieurs choses. La majorité des jeunes maghrébins ne causent aucun problème, cf p.... Les jeux de foot dans la rue, nuisances sonores et déprédations existent dans des villages où on ne compte aucun jeune maghrébin. Enfin, jusque dans les années 50 (donc avant l’arrivée des ‘Maghrébins’) les jeunes pouvaient faire de grosses bêtises lors de leurs soirées de beuveries, p...]

 

Ballons tombés dans la cour d’une grand-mère. A noter que dans ce village on ne compte pratiquement aucun jeune d’origine maghrébine.

 

            Parmi les nombreux adultes d’origine maghrébine rencontrés, pratiquement aucun n’a vraiment cherché à dédouaner les jeunes en invoquant le racisme (accusation courante, en revanche, de la part de ces derniers), ni même en avançant l’idée que leurs homologues français sont tout autant responsables du bruit et de la gêne. Certains font seulement remarquer que dans les groupes de jeunes « on trouve aussi des Français ».

 

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            (...) « Les parents s’occupent pas assez des enfants. À huit heures, le soir, les enfants, qu’est-ce qu’il font dehors ? » (Salim). « Mes enfants ne sortent pas, après l’école ils rentrent, ils font leurs devoirs. Il faut leur donner l’habitude très jeunes » (Yasser). Issu d’un milieu relativement favorisé Kader a fait des études au Maroc jusqu’au bac. Il a travaillé comme contremaître dans le bâtiment puis est devenu entrepreneur. « Chez moi, le soir, les enfants restent à la maison, ils font leurs devoirs. » Dans d’autres familles c’est différent parce que le cadre parental est ébranlé. « Les parents ont un sentiment d’échec. Ils croyaient s’enrichir et ils gagnent pas beaucoup ou sont au chômage, avec des enfants sans travail. » Il faut dire aussi que « beaucoup viennent de la montagne. Souvent ils ne savent ni lire ni écrire. Ils ne peuvent pas aider leurs enfants. Et puis, le père arrive du travail fatigué, il se met devant la télé, si les enfants font du bruit il dit : ‘Allez jouer dehors.’ Cinq familles à côté, ça fait au moins dix enfants dans la rue. »

 

 

Source : L’intégration des Maghrébins dans les villages du Midi, René Domergue,  Autoédition, 2011, p.93-96.

 

 

 

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