Le foulard

 

 

 

 

Son mari ne voulait pas qu’elle se voile

 

            Si le regroupement des femmes maghrébines est parfois évoqué, il n’est pas l’objet de fortes récriminations. D’une part cela ne gène véritablement personne, d’autre part ces regroupements sont peu visibles dans l’espace public, mis à part devant les écoles lorsque les enfants sont accompagnés, ou au marché. En revanche le ‘foulard’ est stigmatisé, implicitement le foulard islamique, celui qui ne laisse voir que l’ovale du visage (...)

 

Le foulard coloré de femmes âgées d’origine maghrébine fait rarement l’objet de remarques de la part des gens ‘d’ici’.

 

            Une opinion très répandue est que ces femmes et ces filles qui portent le foulard le font sous la contrainte, du mari, du père, des frères. Cela existe certes. Mais pour Saadia, dans la plupart des cas l’explication est ailleurs : «Il faut comprendre, dans la culture maghrébine la femme mariée appartient à son homme. Si on lâche ses cheveux et on se fait belle, c’est pour lui. Il y a aussi le Coran. Une femme sort sans le voile. Les anges l’insultent : tu vas attirer le regard des hommes ! » On peut trouver d’autres raisons de porter le voile (...)

            [Dans les villages, le niveau d’interconnaissance est élevé. Et l’on constate des choses difficilement perceptibles en ville] « Je connais une fille voilée, sa mère porte une minijupe » (Madame Mourgue). « Dans la même famille, on compte sept filles, et un garçon. La mère n’est pas voilée, mais quatre filles le sont » (Elsa). (...)

 

Pour cette femme, le port du foulard n’est pas incompatible avec le vie sociale.

 

            Anne-Marie anime divers ateliers et entretient des rapports amicaux avec plusieurs femmes qui la fréquentent depuis longtemps, l’invitent aux mariages et autres fêtes.

- À l’époque Saouda n’était pas voilée. Elle s’est voilée quand elle a eu marié sa fille. Son mari ne voulait pas qu’elle se voile.

- Qu’est-ce qu’il disait ?

- Il lui disait qu’il n’aimait pas, mais il l’a laissée faire. ‘Tu fais comme tu veux.’ C’est un mari très libéral.

- Comment vous pouvez être certaine qu’il est très libéral ?

- Parce que je le connais bien. Par exemple, lors du mariage d’un de ses enfants, il a annoncé son intention de faire venir, en cours de soirée, les jeunes gens [qui ordinairement sont séparés] pour danser avec les jeunes filles. Certains sont partis au moment de faire cela. D’autres tout simplement ne sont pas venus au mariage.

            Robert évoque la famille Benhadj.

- Les deux filles portent le foulard. D’après le père, elles sont pas obligées.

- Tu connais le père ?

- Très bien. Il est intégré à 100 %. Quand on discute, il se gêne pas pour critiquer les autres. Et puis une des filles porte un foulard bien serré, mais l’autre tantôt elle porte un foulard noué derrière la nuque, tantôt elle est en cheveux.

 

 

Source : L’intégration des Maghrébins dans les villages du Midi, René Domergue,  Autoédition 2011, p.150-151.

 

 

 

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