Trenta nòu ! Lo gardian

Saint-Claude !

Les pipes !

Trento-nòu ! Lou gardian

 

Trente-neuf ! Le gardian ! Il est du Cailar ! Ces expressions ne se retrouvent sur aucune liste ancienne, mais elles sont très répandues, au moins depuis les années 50, dans les lotos qui se déroulent en pays de culture camarguaise. Le Cailar est un village de petite Camargue, d’où la formule Lo cailarenc / Lou quilaren. Dans tous les cas, il s’agit de la même personne. Deux choses sont sûres, d’une part 39, prononcé tren-té-nau-ou, était le surnom d’un gardian, d’autre part, ce gardian était du Cailar.

 

Pourquoi ce surnom ?

Les interprétations divergent, j’en donne un aperçu dans le prolongement (Ne démarquez pas !). La version la plus proche de la vérité est la suivante : « C’était un gardian de Granon. Un jour qu’il passait au conseil, avec les copains ils sont allés dans une maison close. Il avait seulement 1 sou en poche, il lui manquait 39 sous pour la passe. Somme qu’on lui a prêtée. » Autre possibilité : il avait 39 sous, et il lui en manquait 1. Le nom du personnage est connu mais comme la famille se montre réticente, je ne fournirai que le prénom : Octave (à ne pas confondre avec Maxime, voir ct.lousanglie@gmail.com). Reste à tester la crédibilité de l’anecdote. Du temps de la jeunesse de Trentenau, c’est-à-dire vers 1900, un ouvrier gagnait entre 2 et 4 francs par jour de travail (de douze heures), soit 40 à 80 sous ; plutôt 40 pour un ouvrier agricole ou un gardian, métiers très mal rémunérés. Dès lors 40 sous pour les services d’une prostituée semble un prix très envisageable (Sur cette idée de complémentarité, voir aussi 59, pour Cinquanto-nòu !)

 

Précision tirée du prolongement : Ne démarquez pas !

L’existence de Trenta nòu / Trento-nòu ne fait aucun doute, comme cela a été montré dans le texte principal. Mais l’incertitude demeure sur la raison de ce sobriquet. J’ouvre une piste. La très gentille personne qui (à l’époque de mes 18 ans et en compagnie de mes copains de la classe 49)  s’est chargée de mon dépucelage tarifé a encaissé la somme prévue et m’a rendu une pièce. C’est, m’a-t-elle dit, la coutume lorsqu’un jeune se présente pour la première fois, une façon d’attirer la chance. Imaginons que la fille ait rendu 1 sou sur les 40 prévus, le prix payé devenait donc 39 sous, ce dont le gardian a pu parler d’une façon telle que l’anecdote ait été colportée. Je crois cette version aussi plausible que celle selon laquelle le gardian se serait rendu chez les filles avec un seul sou dans la poche, et à qui ses amis auraient dû en prêter 39. Ou la version selon laquelle le prix de la passe serait de 39 sous. Pourquoi pas 39,99 ?

(...)

 

Source : Avise, le loto ! Édité par René Domergue.

Texte : René Domergue. Illustrations : Eddie Pons.

 

 

 

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