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Jacques
Inscrit le: 25 Oct 2005 Messages: 6525 Lieu: Etats-Unis et France
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écrit le Sunday 03 Jun 07, 22:44 |
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Bobo ou bourgeois-bohème, qui semble parisien puisqu' il désigne certaines gens des arrondissements aisés ou nouvellement aisés de Paris, est en fait issu de l’anglais américain "bobo" ou "bohemian bourgeois", après le succès du livre "Bobos in Paradise" de David Brook (2000). Il désignerait une classe urbaine aisée, mais de gauche (angl. amér. "liberal").
Lire l'entretien ICI.
Les gens de Paris sont-ils d'accord avec cette définition ?
Indices que bobo vient de l'anglais :
En français, on aurait logiquement abrégé bourgeois-bohème en boubo, non pas en bobo, car en français, bourgeois commence par le son [bou], mais en anglais, bourgeois commence par le son [bo]. |
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Neldolas
Inscrit le: 23 May 2007 Messages: 5 Lieu: Tarbes
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écrit le Monday 04 Jun 07, 2:10 |
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Simple question d'un novice: est ce que le terme bobo n'a pas été préféré, pour une notion à la fois péjorative, esthétique et pratique? Boubo ne sonne pas bien, bobo est plus "joli", plus simple et donc plus aisé à se rappeler. De plus, étant donné que d'après ce que je sais, on parle des bobos de façon péjorative. N'y a-t-il pas une corrélation entre le terme infantile pour blessure, et le terme désignant les bourgeois-bohême? Je veux dire par là, et excusez d'avance le raisonnement extraordinairement tordu de mon esprit, mais est ce que le fait de rapprocher ces deux mots (le terme bobo, enfantin, qui désigne la plupart du temps un toute petite blessure peu importante, mais que les enfants montent en épingle, et le terme bobo pour désigner les bourgeois-bohême), ne sert-il pas à faire un parallèle entre l'enfant, forcément douillet, faible mentalement, et les bourgeois-bohême, qui seraient donc des "chochottes"? J'espère que mon raisonnement a été suffisamment clair, je ne dis pas qu'il est juste, c'est simplement une idée (folle) que j'ai eue. |
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Outis Animateur
Inscrit le: 07 Feb 2007 Messages: 3510 Lieu: Nissa
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écrit le Monday 04 Jun 07, 6:48 |
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Je serais plutôt d'accord avec ce raisonnement. J'ai le même sentiment d'un mélange de snobisme et de puérilité/futilité dans cette appellation que je trouve effectivement péjorative.
Et, sur le plan théorique, je considère que le « bobo » petite blessure a une part aussi importante que le bourgeois/bohème indiqué par Jacques dans l'étymologie du mot, d'autant plus que la seconde origine me semble démotivée (je l'ignorais avant de lire ce sujet). Ce que j'ignore en revanche, c'est si c'est volontaire ou non, autrement dit qu'elle est la part entre l'influence étazunienne et l'autodérision … |
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Jean-Charles
Inscrit le: 15 Mar 2005 Messages: 3124 Lieu: Helvétie
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écrit le Monday 04 Jun 07, 11:36 |
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Il me semble que ce mot circule depuis les années huitante, en tant que socio-style (groupe visé par la pub). Il désignait celui qui ne s'était pas fait laminer par le rouleau-compresseur idéologique qui a conduit au retour du complet-cravate presque obligatoire.
En fait, il désigne celui qui peut se permettre de ne pas endosser les salopettes du cadre et ses salamalecs, autrmeent dit: Plus grand monde, hormis les milieux créatifs ou lors des loisirs.
Je suis d'accord avec le fait qu'il y a une certaine jalousie envers la liberté de pouvoir s'affranchir de la contrainte qui existe entre apparence auquel on doit sacrifier afin de gagner sa vie et la vie elle-même.
Je veux bien croire que le mot soit étasunien, du fait de son usage dans le domaine mercatique.
Pour ce qui est de l'aire francophone, je crois que, en France, on confond la culture des années soixante, la mode hippie et les évènements de la fin de cette même en France.
Dernière édition par Jean-Charles le Monday 04 Jun 07, 11:38; édité 1 fois |
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Jacques
Inscrit le: 25 Oct 2005 Messages: 6525 Lieu: Etats-Unis et France
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écrit le Monday 04 Jun 07, 11:37 |
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Remarques :
1) Tout comme le bourgeois, le bobo, c'est toujours l'autre.
2) Comme c'est parfois difficile d'être écolo quand on est pauvre (une voiture hybride, c'est plus cher qu'une voiture ordinaire), il n'y a que les gens aisés (ou les pays riches) qui peuvent être écolos. Ceux-ci sont alors des bobos par définition.
3) Les hippies qui ont réussi ne sont-ils pas des bobos ? Aux E.U., il semble que beaucoup de hippies venaient déjà de classes moyennes aisées. Papa n’envoyait-il pas un chèque quand les revenus de l’élevage de chèvres étaient insuffisants ?
Dernière édition par Jacques le Monday 04 Jun 07, 11:45; édité 3 fois |
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Jean-Charles
Inscrit le: 15 Mar 2005 Messages: 3124 Lieu: Helvétie
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écrit le Monday 04 Jun 07, 11:40 |
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Je suis parfaitement d'accord avec ton analyse. |
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José Animateur
Inscrit le: 16 Oct 2006 Messages: 10945 Lieu: Lyon
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écrit le Monday 04 Jun 07, 12:48 |
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Je ne souscris pas à l'hypothèse de Neldolas sur le rapprochement avec le bobo enfantin. Hypothèse intéressante cependant.
Je ne partage pas non plus la présentation assez caricaturale de Patrick. Je trouve d'ailleurs que tu décris plus des nouveaux riches bien bourgeois que des bobos. Et surtout, je ne comprends pas cette hargne très tendance et pour tout dire moutonnière contre une nouvelle classe ou niche sociale...coupable de quoi au fait?!
Il n'y a d'ailleurs pas de définition du bobo qui fasse l'unanimité. Pour moi, le bobo est plutôt un cadre du tertiaire, vaguement créatif, branché Internet et bio, qui habite un quartier rénové, par ex. un local industriel réhabilité.
Celui qui résume très bien ce qu'est (à mes yeux en tout cas) un bobo, c'est RENAUD, dans Les Bobos :
http://www.dailymotion.com/video/xh4ed_renaud-les-bobos
En fait, bobo c'est déjà presque dépassé ou trop général :
Citation: | Source : WIKIPEDIA :
D'autres dérivés du terme ont fait leur apparition, par exemple les « beurgeois » (pour « beurs embourgeoisés »), les « bobas » (pour « bourgeois batignole »), les « bobouc » (« bourgeois bohème Upper middle Class »), les "beubeus" (pour les "beurgeois béhème" des banlieues), les « bobobo » (« bourgeois bohème bolcho»), les "biobos" (pour les bourgeois qui se déclarent particulièrement écologistes) etc. On parle également, des "botras" ("bourgeois traditionnels") pour les opposer aux "bobos", bien que ce soit un oxymore, ces derniers les qualifiant - non sans humour - de "bonobos" ("bourgeois no bohème"). |
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Jacques
Inscrit le: 25 Oct 2005 Messages: 6525 Lieu: Etats-Unis et France
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écrit le Saturday 16 Jun 07, 23:47 |
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À mon avis bobo ne semble pas une contraction naturelle de bougeois-bohème en francais.
On aurait plutôt :
boubo
bourge-bohème
bourgémien
En fait, "gauche-caviar" sonne bien mieux. |
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jef.L
Inscrit le: 14 Jun 2007 Messages: 84 Lieu: Bratislava / Slovaquie
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écrit le Sunday 17 Jun 07, 10:13 |
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Comme le dit José, pour beaucoup de gens, le bobo, c'est toujours l'autre.
Mais si on considère l'origine du mot comme américaine, désignant quelqu'un n'ayant pas de gros problème financier, ce qui ne veut pas dire riche, et "liberal" au sens américain, ça permet de regrouper une énorme catégorie.
Le bobo n'est pas forcément de gauche en Europe (gauche et droite dépendent de la géographie et de la date, mais on a tendance à l'oublier en France) : certains démocrates, comme l'ancien candidat Kerry, considèrent l'UMP comme plus à gauche que le Parti démocrate...
Je verrais dans le bobo quelqu'un qui n'a pas de gros soucis d'argent (bourgeois) mais qui ne fait pas partie de la vieille bourgeoisie (bohème). Il est plus ouvert au monde, voyage plus, a une conscience écolo (mais pas forcément politiquement vert), et ne respecte pas le code des vieilles familles bourgeoises (bohème).
Gauche-caviar est trop restrictif : le bobo n'est pas forcément de gauche, il est "liberal", et la gauche-caviar peut être de la vieille bourgeoisie.
Avec des critères comme ça, on doit être un paquet de bobos...
A la différence de beaucoup, je ne vois pas de mal à ce qu'on me considère comme bobo, surtout que j'ai vécu plusieurs années en Bohême...
Le péjoratif, c'est dans la bouche des autres. |
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Jacques
Inscrit le: 25 Oct 2005 Messages: 6525 Lieu: Etats-Unis et France
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écrit le Thursday 11 Oct 12, 14:21 |
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Jacques a écrit: | En fait, "gauche-caviar" sonne bien mieux. | Pourquoi pas "prolétaire d'opérette" ou "prolo d'opérette" ?
Cf. Pesenka proletarki ("Chanson d’une prolétaire", "chanson d’opérette"), de Mikhaïl Savoyarov, années 1920. |
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Moutik Animateur
Inscrit le: 06 Apr 2008 Messages: 1236
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écrit le Saturday 13 Oct 12, 4:38 |
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Jean-Charles a écrit: | Il me semble que ce mot circule depuis les années huitante, en tant que socio-style (groupe visé par la pub). |
Bourgeois-bohème appartenait effectivement au vocabulaire du marketing avant d’être assimilé par le vocabulaire sociopolitique. Et de devenir un anathème passe-partout.
Il désignait alors une catégorie de consommateurs ayant, d’une part des revenus suffisants pour devenir de « bons consommateurs », et d’autre part des désirs de consommation, des « pratiques culturelles », qui les distinguaient des générations précédentes ou de la masse des acheteurs.
Je suis quasi certain d’avoir lu le terme de bourgeois-bohème, acronymé en bobo, dans un numéro d’Actuel de la moitié ou de la fin des années 80 (Ce magazine a cessé de paraître en 1994.) En tous cas bien avant la publication du livre de David Brooks (2000) et la date de première attestation retenue par les dictionnaires comme Le petit Robert.
Je n’ai pas de collection d’Actuel sous la main pour vérifier. |
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embatérienne Animateur
Inscrit le: 11 Mar 2011 Messages: 3861 Lieu: Paris
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écrit le Saturday 13 Oct 12, 8:47 |
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Selon Wikipedia :
Citation: | On peut trouver un emploi précurseur dans le roman Bel-Ami, de Guy de Maupassant, publié en 1885 : « Ce fut elle alors qui lui serra la main très fort, très longtemps ; et il se sentit remué par cet aveu silencieux, repris d'un brusque béguin pour "cette petite bourgeoise bohème et bon enfant" qui l'aimait vraiment, peut-être. »
L'expression « Bourgeois Bohème » est également employée par Claire Bretécher dans le dernier strip du tome 3 de la bande dessinée Les Frustrés (publié en 1978). Les strips de Brétecher sont parus initialement dans le Nouvel Observateur et tournent en dérision les ex-soixante-huitards, les professions supérieures et les intellectuels de gauche des années 1970 qui étaient les principaux lecteurs de cet hebdomadaire, l'expression « Bourgeois Bohème » est alors employée par la dessinatrice pour designer cette figure centrale de la série Les Frustrés, dans un sens relativement proche de celui qu'on lui donne actuellement. |
Une recherche sur Google Livres montre que l'association "bourgeois bohême", "bourgeoise bohême" ou "bourgeoisie bohême" n'est pas rare tout au long du XXe siècle.
Pour l'acronyme, c'est évidemment moins ancien. Google Livres semble pointer un article de la Revue des deux Mondes de 1982, volume 6, page 77, qui contiendrait : "On ne manquera pas de relever la rencontre des deux termes, « bourgeois » et « bohème », par lesquels nous avons pris ... Dernier miroir embellissant que les « bobos » ont trouvé à se tendre de leur grande libération sexuelle : acheter, ..." Je ne parviens cependant pas à vérifier l'article et sa date. |
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Papou JC
Inscrit le: 01 Nov 2008 Messages: 11171 Lieu: Meaux (F)
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écrit le Wednesday 21 Nov 12, 8:06 |
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Jacques a écrit: | Je suis étonné de ne pas trouver embobosement sur le modéle d'embourgeoisement... | C'est parce qu'existent déjà les dérivés se boboïser et boboïsation. La langue a fait son choix, toute autre possibilité est désormais exclue. |
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Horatius Animateur
Inscrit le: 11 Apr 2008 Messages: 695
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écrit le Thursday 03 Jan 13, 11:32 |
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Citation: | "le cœur à gauche, le portefeuille à droite". |
"Les Français ont le cœur à gauche, le portefeuille à droite" : c'est une phrase d'Edouard Herriot (du moins habituellement attribuée à lui), prononcée dans les années 20, quand la politique économique du Cartel des Gauches, alors au pouvoir, provoqua une fuite des capitaux à l'étranger. |
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Xavier Animateur
Inscrit le: 10 Nov 2004 Messages: 4087 Lieu: Μασσαλία, Prouvènço
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écrit le Friday 04 Jan 13, 0:02 |
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Édouard Herriot a prononcé cette phrase à l'Assemblée en 1932 (3e gouvernement Herriot) pour justifier la nomination de Louis Germain Martin, radical indépendant (c'est à dire de droite) comme ministre des finances.
Herriot était radical (comme Mendès-France).
L'objectif était d'avoir un gouvernement assez large. |
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