Voir le sujet précédent :: Voir le sujet suivant |
Auteur |
Message |
Jacques
Inscrit le: 25 Oct 2005 Messages: 6525 Lieu: Etats-Unis et France
|
écrit le Saturday 30 Jun 07, 4:20 |
|
|
Un arbre têtard est un arbre dont le tronc a été coupé à 2 ou 3 m du sol et dont les branches qui repoussent de son sommet sont coupées périodiquement, souvent pour en faire du bois de chauffage. Le tronc forme alors une masse à son sommet, ressemblant à une tête, hérissée de branches, d'où le nom "têtard".
On parle de chênes têtards, de saules têtards etc.
Dernière édition par Jacques le Friday 15 Mar 13, 2:14; édité 1 fois |
|
|
|
|
felyrops
Inscrit le: 04 May 2007 Messages: 1143 Lieu: Sint-Niklaas (Belgique)
|
écrit le Sunday 01 Jul 07, 0:50 |
|
|
En flamand on dit 'tronk' ou 'stronk', qui viennnent peut-être du français tronc, ou d'arbre tronqué. (?)
Il y a aussi "kerststronk' = bûche de Noël. |
|
|
|
|
acdebombourg
Inscrit le: 30 Mar 2007 Messages: 225 Lieu: Viviers du Lac
|
écrit le Sunday 01 Jul 07, 17:26 |
|
|
Les arbres têtards étaient surtout destinés à faire :
1°) du petit bois dont on faisait des fagots pour allumer le feu dans la cheminée ou dans les fourneaux.
Bois d'un an, il ne lui fallait pas longtemps pour être sec et remplir sa fonction d'"allumette". Ceci explique l'emploi de beaucoup de saules et autres osiers, de vernes (aulnes) car poussant au bord de l'eau ou dans les milieux humides, ils avaient une croissance rapide.
2°) du fourrage pour les bêtes et en particulier les chèvres. Celles ci sont en effet très friandes de bois vert et de feuillage tendre. Leur essence préférée est le frêne car c'est un remède contre toutes sortes de maladies, surtout le feuillage de frêne est un antiseptique.
D'autre part, il est riche de certaines vitamines très utiles pour la santé et la confection du lait;
Il faut savoir qu'un arbre élagué très près du tronc donne des feuillages très gros et de limbes de feuilles très étalés, qui sont autant de matière nutritive verte.
Les arbres têtard ont donné de nombreux paysages typiques comme dans la Thiérache et dans l'Avesnois (près du Nouvion et de la Capelle en particulier (là ce sont surtout des charmes)), où ils forment des haies bizarres en limite des prés.
Ils sont aussi l'objet de nombreuses légendes et poèmes romantiques dont le plus célèbre est "Erlenkönig" (le roi des aulnes) car leurs silhouettes évoquent parfois des êtres fantasmagoriques.
Hélas tous les usages pastoraux et agronomiques de ces arbres tendent à disparaître et les têtards finissent par se partager en deux à cause d'une abondante couronne laissée à l'abandon, et pour le coup, on les coupe par le pied et on les dessouche. |
|
|
|
|
Groultoudix
Inscrit le: 05 Apr 2007 Messages: 137 Lieu: Lyon
|
écrit le Monday 02 Jul 07, 9:43 |
|
|
En Thiérache, je pense que les pousses étaient également utilisées pour faire ou consolider des clôtures. Ce type de structure de tiges souples tressées est également utilisé pour consolider les berges de cours d'eau (le fascinage ; mot apparenté à faisceaux).
Je me souviens de balades dans le bocage où l'on poiuvait rencontrer, sur un arbre têtard, d'autres arbustes (des ronces, notamment) qui poussaient sur le "sol" qui s'était reconstitué sur la plate-forme de la tête, protégé par les repousses en couronne.
et l'osier ? Ce matériau vient de saules : "jeunes pousses de saules souples obtenues par une coupe annuelle hivernale".
Est-ce que les saules en questions sont têtards ou est-ce que les souches demeurent au ras du sol ? |
|
|
|
|
Outis Animateur
Inscrit le: 07 Feb 2007 Messages: 3510 Lieu: Nissa
|
écrit le Monday 02 Jul 07, 10:09 |
|
|
Il est très possible que la fabrication des saules têtards à fin d'osier soit la plus ancienne culture de l'humanité. La vannerie était une industrie florissante au paléolithique, même si, évidemment, fort peu de traces nous en ont été conservées. Mais on en a quelques unes (déserts, tourbières).
La vannerie est antérieure à la poterie et on pense que celle-ci a commencé en enduisant de terre l'intérieur d'un panier pour en assurer l'étanchéité : à partir de là, le premier incendie accidentel entraîne invention. On a d'ailleurs trouvé des poteries à l'extérieur desquelles la marque des tiges entrelacées reste imprimée.
Si on pense que beaucoup d'objets usuels devaient être réalisés en vannerie et s'user assez vite, il est probable que les arbres voisins des campements ont du se tétardiser assez rapidement et que nos ancêtres n'ont pas trop tardé à réaliser l'aspect pratique de la chose … |
|
|
|
|
acdebombourg
Inscrit le: 30 Mar 2007 Messages: 225 Lieu: Viviers du Lac
|
écrit le Monday 02 Jul 07, 10:31 |
|
|
En effet, les tiges souples de l'année sont utilisées pour faire des fascines (de "faisceau" ).
Les fascines sont un "faisceau de branchages agglomérés en fagots" que l'on utilise de différentes manières.
La plus courante aujourd'hui est le confortement de berges. Pour cela les essences hygrophiles sont recommandées (saules, peupliers) car ils sont suceptibles de prendre racines et de fixer ainsi les terrains
On utilise aussi depuis longtemps les fascines pour adoucir les pentes des talus où, en les disposant longitudinalement, elles forment un mini soutènement qui permet de créer des petites banquettes moins pentues que le talus initial.
Les fascines ont été aussi longtemps utilisées dans les zones marécageuses ou dans les parcs et jardins pour remplir le rôle de ce qu'aujourd'hui on appelle des nappes de non tissé ( du "Bidim").
Ainsi, en Belgique, dans le parc du palais d'été du roi, le château de Laeken, l'allée principale (carrossable) qui traverse un étang, est construite sur un socle de fascines reposant sur le fond de l'étang. Les couches alternées de ces fascines font une sorte de matelas sur lequel la pression des matériaux est répartie sur l'ensemble. La route ne s'est jamais enfoncée depuis sa création...
Naturellement, ce dipositif n'est pérenne que s'il est en permanence immergé.
Le seul abaissement de la nappe phréatique lui causerait d'importants dommages. En cas d'assèchement, sa décomposition par la moisissure serait rapide.
Il y a aussi un autre usage du bois de têtard, c'est la confection de plessis qui autrefois (au moyen âge surtout) formaient des clôtures légères pour entourer basse-cour, jardins, soue des porcs.
Aujourd'hui, on use et on abuse de manière fallacieuse de ces plessis qu'on utilise dans la reconstitution de soi-disant jardins médiévaux.
Il était très rare que ces plessis fussent utilisés comme limite de plate-bandes, car, on leur préférait des planches. En effet, le procédé avec des planches en guise de bordures a été inventé et divulgué sous le nom de "Hochbretten" par le moine Walafried Stabo au 9ème siècle dans son évéché de Fulda d'abord, puis dans son île de Reichenau sur le lac de Constance ensuite.
Ce procédé a d'ailleurs donné en français dans l'usage courant le mot de "planche" (de légume ou de fleurs ou d'autre végétaux herbacés) qui signifie donc "plate-bande".
Ce qui est fait aujourd'hui au prieuré d'Orsan est donc une pure élucubration fantaisiste d'un jardinier contemporain très doué...
Quant aux osiers à vannerie, il est préférable pour alléger la pénibilité de la cueillette de les laisser pousser sur des troncs courts. mais il faut surtout veiller à les taiiler à la bonne lune de novembre. La taille à la lune tendre permet une repousse très allongée (presque le double de longueur qu'en lune dure) et une flexibilité garantie de l'osier durant tout l'hiver. La taille à la lune dure premet la confection de baguettes charpentières difficilement putrescibles. |
|
|
|
|
Groultoudix
Inscrit le: 05 Apr 2007 Messages: 137 Lieu: Lyon
|
écrit le Monday 02 Jul 07, 11:27 |
|
|
fascinant, tout ça... (y a-t-il un lien, même souple, entre fascinant et fascine ??).
Merci à Outis pour son petit exposé sur l'origine de la poterie. J'ai vu plusieurs fois des reconstitutions archéologiques de tours et fours de potiers ; je ne me souviens pas avoir entendu cette explication très convaincante.
Ce type d'objets se dégradent rapidement et disparaissent sans laisser de traces. Outre les empreintes sur poteries citées par Outils, j'ai entendu parler dans un documentaire archéologique de petits paniers en végétaux tressés retrouvés dans des fouilles en Amérique centrale ou du sud (je ne saurai hélas être plus précise...). Dans ce cas, ils ont été protégés de la putréfaction par leur enfouissement dans un sol aux propriétés sans doute particulières (anoxie ?) ce qui nous livre un témoignage rare sur l'artisanat et la vie quotidienne.
J'ai déjà entendu le mot "plessis" dans des noms de lieu : le "Plessis-Bourré" par exemple, mais je découvre seulement sa signification ce jour.
Personne n'a encore cité l'homologue animal têtard, larve aquatique des amphibiens (= batraciens), reconnaissable à sa grosse tête et sa 'queue natatoire'. |
|
|
|
|
acdebombourg
Inscrit le: 30 Mar 2007 Messages: 225 Lieu: Viviers du Lac
|
écrit le Monday 02 Jul 07, 11:59 |
|
|
Oui, et étrangement, de nombreux têtards de batraciens ont des "branchies" à l'extérieur de leur corps...
Quant aux sols qui conservent des restes d'osier, l'anoxie peut en effet être la raison de leur bonne conservation, mais un sol chargé d'alun garde aussi la matière organique dans un bon état ( Voir les momies vers La Chaise Dieu en Haute-Loire).
Aujourd'hui, une marque de mobilier urbain propose des moulages en béton de résine d'apparence "osier". Le produit de ces moulages donne des sièges, des bancs, des corbeilles et des pots peints ou teintés dans la masse qui ont à s'y méprendre vraiment l'allure d'osier.
Attention lors de leur utilisation, car la souplesse et la légèreté n'est pas la même. |
|
|
|
|
Outis Animateur
Inscrit le: 07 Feb 2007 Messages: 3510 Lieu: Nissa
|
écrit le Monday 02 Jul 07, 12:23 |
|
|
Pas très facile de faire une recherche sur vannerie, poterie sans tomber sur les centaines de stages proposés …
Mais quelques dates glanées çà et là, sous réserves (dates avant notre ère) :
-30000 fragments de terre cuite avec empreintes de vannerie (Tchéquie)
-11000 plus ancienne vannerie conservée (tourbières)
-10500 plus ancienne poterie autonome (culture Jômon, île de Kyushu)
-6000 plus anciens fours |
|
|
|
|
José Animateur
Inscrit le: 16 Oct 2006 Messages: 10945 Lieu: Lyon
|
écrit le Monday 02 Jul 07, 13:22 |
|
|
acdebombourg a écrit: | Les arbres têtards étaient surtout destinés à faire du fourrage pour les bêtes et en particulier les chèvres.
|
Ca fait bizarre, pour moi qui ai grandi à la campagne, d'entendre parler de "fourrage" à propos de petites branches poussant sur un tronc. Pour moi, le fourrage c'est du foin (herbe coupée) ou éventuellement de la paille. Je n'ai jamais entendu parler d'un type de fourrage ne provenant pas d'un pré ou d'une prairie. |
|
|
|
|
acdebombourg
Inscrit le: 30 Mar 2007 Messages: 225 Lieu: Viviers du Lac
|
écrit le Monday 02 Jul 07, 22:23 |
|
|
Pourtant, je ne vois pas quel autre mot pourrait convenir pour l'aliment vert fraichement coupé. J'ai entendu ce terme dans la bouche de paysans et d'éleveurs car j'ai presque toujours vécu et vit encore à la campagne.
Attention, ce fourrage n'était pas donné au quotidien. C'était surtout une pharmacopée utile pour purger de temps en temps les animaux de parasites intestinaux et les fortifier en leur donnant du "punch".
Dans les Monts d'or, au nord de Lyon, il y avait beaucoup de chèvres (voir les poésies de Pierre Dupont cet illustre auteur originaire de Rochetaillée sur Saône), et de nombreuses gouilles étaient bordées de frênes têtards. |
|
|
|
|
Outis Animateur
Inscrit le: 07 Feb 2007 Messages: 3510 Lieu: Nissa
|
écrit le Tuesday 03 Jul 07, 0:05 |
|
|
Pour « fourrage », TLFi dit : « Toute substance d'origine végétale, à l'exception des grains, servant à la nourriture et à l'entretien du bétail ».
Des racines peuvent même en être. |
|
|
|
|
Groultoudix
Inscrit le: 05 Apr 2007 Messages: 137 Lieu: Lyon
|
écrit le Tuesday 03 Jul 07, 9:47 |
|
|
acdebombourg a écrit: | de nombreuses gouilles étaient bordées de frênes têtards. | Qu'est donc une gouille ?
acdebombourg a écrit: | Dans les Monts d'or, au nord de Lyon, il y avait beaucoup de chèvres | Il en reste quelques unes dans les Monts du Lyonnais : au cours d'une manip de mesure de débit en rivière, un collègue a posé un appareil contre un piquet de clôture. Pendant que nous étions occupés un peu plus loin, un bouc a passé le museau entre les fils de fer et a grignoté le câble entre le boîtier et la sonde.
Ah, la banlieue de Lyon est pleine de vandales... |
|
|
|
|
José Animateur
Inscrit le: 16 Oct 2006 Messages: 10945 Lieu: Lyon
|
écrit le Tuesday 03 Jul 07, 13:49 |
|
|
Je reviens sur la définition de fourrage. La définition complète d'ATILF/TLS est :
Citation: | Toute substance d'origine végétale, à l'exception des grains, servant à la nourriture et à l'entretien du bétail, en particulier plantes, tiges, feuilles et racines fraîches ou séchées de prairies naturelles ou artificielles. |
Et plus loin, on distingue :
Citation: | - Fourrage vert. Herbe broutée sur le terrain ou coupée pour être mangée fraîche à l'étable.
- Fourrage sec. Foin récolté et séché pour être mangé en hiver. |
On ne parle à aucun moment de tiges ou branches provenant d'arbres, têtards ou non.
@ acdebombourg : Je ne mets aucunement en cause tes connaissances en la matière, j'exprime simplement ma surprise. |
|
|
|
|
Outis Animateur
Inscrit le: 07 Feb 2007 Messages: 3510 Lieu: Nissa
|
écrit le Tuesday 03 Jul 07, 14:31 |
|
|
Je crois que tu aurais dû souligner comme ça :
Citation: | Toute substance d'origine végétale, à l'exception des grains, servant à la nourriture et à l'entretien du bétail, en particulier plantes, tiges, feuilles et racines fraîches ou séchées de prairies naturelles ou artificielles. |
|
|
|
|
|
|