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Xavier Animateur
Inscrit le: 10 Nov 2004 Messages: 4087 Lieu: Μασσαλία, Prouvènço
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écrit le Saturday 06 Oct 07, 12:22 |
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nurse est un mot français d'origine anglaise
L'anglais nurse vient de l'ancien anglais nurrice, lui-même de l'ancien français norrice qui a donné nourrice
Ce terme vient du latin nutrix,-icis : nourrice, celle qui nourrit (allaite)
Celui qui est nourrit est un nourrisson.
La nurse est à l'origine une bonne d'enfant, d'origine anglaise.
Aujourd'hui, on n'emploie plus de bonnes, on confie ses enfants à une nourrice.
Curieusement, on n'emploie guère ce terme, on lui préfère, celui plus familier (et plus enfantin) de nounou. Comme si la nounou avait sa place à côté du papa et de la maman, termes qui font aussi partie du langage enfantin. |
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Liliane
Inscrit le: 20 Mar 2006 Messages: 785 Lieu: Côtes d'Armor
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écrit le Saturday 06 Oct 07, 12:58 |
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C'est vrai qu'aujourd'hui la "nounou", terme affectueux, a une importance certaine dans l'éducation des touts petits.
La nounou passe plus de temps quotidiennement avec les enfants que leurs propres parents qui les récupèrent le soir, après une journée de travail, au moment où tout le monde est un peu fatigué et qu'il est temps alors de leur faire prendre un bain, de les faire manger et de les mettre au lit.
Il y a donc forcément des liens d'affection qui se créent entre les petits enfants et "leur" "nounou" et je suppose que pour les parents, c'est plus rassurant de dire nounou plutôt que nourrice, rien qu'en prononçant "nounou" ils doivent sentir la "nourrice" plus proche de leurs petits, non ? car c'est surtout les parents qui parlent de la nourrice en disant la nounou. |
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Nina Padilha
Inscrit le: 15 Mar 2006 Messages: 548
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écrit le Saturday 06 Oct 07, 16:16 |
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Au Brésil, une nounou c'est babá. Accentuer la dernière syllabe. |
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ramon Animateur
Inscrit le: 13 Jan 2005 Messages: 1395 Lieu: Barcelone, Espagne
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écrit le Sunday 07 Oct 07, 14:07 |
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En espagnol, la personne qui s'occupe de l'enfant pendant l'absence des parents est un(e) canguro. En catalan cangur.
Oui, riez pas, Kangourou...
La femme qui nourrit le nourrisson d'une autre femme avec son propre lait est, en espagnol nodriza, même étymologie qu'en français.
En catalan est dida, dont l'étymologie est douteuse mais on pense au langage enfantin pour dire "teta" = mamelle |
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Jacques
Inscrit le: 25 Oct 2005 Messages: 6526 Lieu: Etats-Unis et France
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écrit le Sunday 07 Oct 07, 14:47 |
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Comme la lactation de la nourrice est provoquée par la naissance de son propre enfant, comme la nourrice nourrissait l'enfant de son employeur de son propre lait, et comme les autres aliments pour nourrissons étaient rarement propres et stériles, je me demande si la nourrice ne mettait pas son propre enfant en danger. |
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Outis Animateur
Inscrit le: 07 Feb 2007 Messages: 3510 Lieu: Nissa
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écrit le Sunday 07 Oct 07, 16:05 |
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Autant que je sache, une femme peut très bien allaiter plusieurs enfants. D'ailleurs, un enfant et celui de sa nourrice sont dits « frères de lait » … |
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José Animateur
Inscrit le: 16 Oct 2006 Messages: 10945 Lieu: Lyon
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écrit le Monday 08 Oct 07, 13:22 |
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Ma grand-mère avait été "placée en nourrice" par sa mère. Elle a toujours appelé la femme qui l'avait élevée sa "mère nourricière".
Une "épingle à nourrice" (on trouve aussi épingle de nourrice) est appelée ainsi car cette épingle sert à agrafer les langes d'un bébé.
Sur les nourrices dans l'Histoire, ce topo (lire à partir de la page 9) :
http://www.co-naitre.net/articles/histoire_allaitement_CR_mai2006.pdf
On distinguait les nourrices sur lieu (au domicile des parents) des nourrices à emporter (l'enfant était élevé chez la nourrice). Les nourrices de Bretagne ou du Morvan était "cotées" à Paris.
Dans l'Histoire de France, de nombreux fils et filles de rois ont été élevés par des nourrices. |
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Glossophile Animateur
Inscrit le: 21 May 2005 Messages: 2281
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écrit le Tuesday 09 Oct 07, 1:40 |
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Citation: | Une "épingle à nourrice" (on trouve aussi épingle de nourrice) est appelée ainsi car cette épingle sert à agrafer les langes d'un bébé. |
On les nomme aussi épingles de sûreté, car la pointe en est recouverte d'un petit capuchon.
Autrefois, les femmes se servaient des épingles pour ajuster leurs vêtements, de simples épingles de couturière.
Se rappeler le comte, dans le Mariage de Figaro « diantre soit des femmes qui mettent des épingles partout ! », la mariée du Chapeau de paille d'Italie, qui se plaint d'avoir une épingle dans le dos, ou encore cette nouvelle de Maupassant où une jeune femme pique ses épingles dans le bois du lit de son amant, et découvre un jour une épingle qui ne lui appartient pas...
Longtemps, on agrafa les langes des bébés avec de simples épingles de couturière. Puis on eut l'idée de l'épingle de nourrice, moins dangereuse. |
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Outis Animateur
Inscrit le: 07 Feb 2007 Messages: 3510 Lieu: Nissa
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écrit le Tuesday 09 Oct 07, 13:45 |
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Il me semble que dans « épingle à nourrice », « à » ne témoigne que de l'usage relâché qu'on entend dans « le cheval à Jules » ; sémantiquement, « épingle à nourrice » est clairement fautif …
Quant à l'invention de « l'épingle de sureté dite de nourrice » elle est peut-être récente mais il est évident qu'elle dérive de la fibule et ne s'en distingue que par la protection de la pointe. Il en existe aussi des modèles perfectionnés où un petit capuchon coulissant permet d'empêcher une ouverture accidentelle, assurant ainsi une sureté supplémentaire !
Je serais aussi bien curieux de savoir comment, en anglais, nurse est passé du sens de « nourrice » puis « bonne d'enfants » à « infirmière, garde-malade » mais, en attendant, j'aimerais revenir sur l'étymologie.
Le latin nūtrīx (< noutrīx au degré o) « nourrice » ne peut être séparé des deux verbes nūtriō (> fr. nourrir) et nūtrĭcō, tous deux au sens premier de « nourrir de son lait » puis, plus généralement, « nourrir » mais il apparaît que les verbes sont dérivés du nom, celui-ci étant formé avec le suffixe d'agent féminin -trīx qu'on retrouve ailleurs (genetrīx « mère », meretrīx « salariée > prostituée », obstetrīx « sage-femme (celle qui se tient devant) ») sur une racine *(s)neu- « couler goutte à goutte ».
Cette racine est attestée en grec au degré o dans une glose νόα· πηγή. Λάκωνες « nóa : source (laconien) » mais, surtout, dans le verbe sanskrit snu-, snauti « sortir goutte à goutte » qui se dit en particulier du lait de la mère.
Mais il y a des difficultés. D'une part, le au du sanskrit snauti suppose *eh₂u, *ēu ou *ōu, d'autre part, il est difficile d'écarter des cognats le verbe grec νάω [náō] « couler », en parlant de l'eau, qui reposerait sur *náuiō ou *náuō mais dont le vocalisme a reste inexpliqué. C'est un sujet sur lequel je travaille actuellement dans le but d'expliquer le nom de Dionysos (Διόνῡσος) par *diuo-nū-t-io- « celui qui fait couler pour Zeus », par analogie avec des rapports qui, en Inde, unissent Soma et Indra, mais je ne suis pas encore en mesure de compléter les aspects phonétiques de la démonstration. |
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Piroska
Inscrit le: 13 Sep 2005 Messages: 1067 Lieu: Basse-Marche (France)
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écrit le Tuesday 09 Oct 07, 14:48 |
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Citation: | Je serais aussi bien curieux de savoir comment, en anglais, nurse est passé du sens de « nourrice » puis « bonne d'enfants » à « infirmière, garde-malade » …
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Cela me paraît pourtant aller de soi. On aurait du mal à imaginer une nourrice qui se borne à donner son lait à un nourrisson, sans en “prendre soin” le reste du temps.
Prendre soin, soigner, soulager les douleurs, essayer de guérir… sont des tâches maternelles, nourricières, gratuites, sinon toujours instinctives, avant de devenir celles, apprises et rémunérées d’une infirmière de profession. |
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Outis Animateur
Inscrit le: 07 Feb 2007 Messages: 3510 Lieu: Nissa
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écrit le Sunday 14 Oct 07, 9:55 |
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Le glissement sémantique ne me posait pas de problème. Ce que j'aurais aimé savoir c'est le contexte social dans lequel l'évolution s'est produite, comment on est passé de la domestique s'occupant des enfants à l'infirmière des hôpitaux. Les mots ne sont pas seulement des entrées dans un dictionnaire mais ils reflètent la vie des gens. C'est toujours cet aspect qui sous-tend ma passion pour eux … |
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ssorgatem
Inscrit le: 18 Apr 2007 Messages: 65 Lieu: Calafell, Catalunya, España
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écrit le Tuesday 23 Oct 07, 14:26 |
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en espagnol existe aussi le mot "nodriza" |
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giòrss
Inscrit le: 02 Aug 2007 Messages: 2778 Lieu: Barge - Piemont
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écrit le Tuesday 23 Oct 07, 21:39 |
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En italien existe le mot "nutrice" = femme qui donne son lait au fils d'un autre femme.
La nutrice vivait à la maison des riches et des nobles
La "balia" etait la "nutrice" des pauvres... ne donnait pas seulement son lait, par-ce-que tenait le petit à sa maison.
« épingle à nourrice » = spilla di sicurezza
en piemontais: "ùia da baila" |
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Papou JC
Inscrit le: 01 Nov 2008 Messages: 11179 Lieu: Meaux (F)
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écrit le Sunday 14 Aug 11, 15:26 |
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Outis a écrit: | Le glissement sémantique ne me posait pas de problème. Ce que j'aurais aimé savoir c'est le contexte social dans lequel l'évolution s'est produite, comment on est passé de la domestique s'occupant des enfants à l'infirmière des hôpitaux. |
Etymonline nous dit ceci :
Citation: | Meaning "person who takes care of sick" in English first recorded 1580s; the verb is first attested 1530s in sense of "to suckle (an infant)," 1520s in the passive sense, alteration of M.E. nurshen (13c.; see nourish), originally "to bring up or suckle a child," sense of "take care of (a sick person)" is first recorded 1736. |
Autrement dit, la première attestation du nom au sens d'"infirmière" date de la fin du XVIe s., l'époque de Shakespeare et d'Elizabeth I. (Celle du verbe au sens de "soigner", du début du XVIIIe.) Le changement sémantique pour le nom, antérieur donc à celui du verbe, a dû se faire au cours des XIIIe - XIVe siècles. J'ai un peu oublié ce qui s'est passé en Angleterre à cette époque. On a probablement beaucoup guerroyé et souffert d'épidémies diverses. Les hommes étant de grands enfants, les préposées aux bébés auront été détournées de leur tâche originelle pour vaquer à d'autres occupations considérées comme plus urgentes. |
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flo
Inscrit le: 03 Oct 2010 Messages: 296 Lieu: La Rochelle
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écrit le Tuesday 16 Aug 11, 13:15 |
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Piroska a écrit: | C'est très bizarre, pour la Hongroise que je suis, ces références à la nourrice (mot qui ne devrait évoquer que la douceur), quand il s'agit d'un instrument (épingle) qui pique. |
Le rapprochement est lié à l'utilisation, l'épingle servant à maintenir les langes de bébé en place aux nourrices et plus communément aux mamans. Depuis l'invention de la couche à usage unique et de ses petits adhésifs, ce n'est plus si évident mais le nom d'usage est resté. |
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