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José Animateur
Inscrit le: 16 Oct 2006 Messages: 10945 Lieu: Lyon
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écrit le Friday 28 Sep 07, 17:49 |
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Comment fonctionnent les noms composés en vieil-anglais ?
Osborne est-il "le Dieu des ours" ou "l'ours divin" / des Dieux ?
Outis a écrit: | Que pouvaient être des « ours de Thor » ? des berserkar ? |
En te lisant Outis, j'ai pensé à l'expression anglaise :
to go berserk = devenir fou furieux, se déchaîner
Mes recherches dans différents dicos d'étymologie anglaise donnent ceci :
- berserk vient du vieux norrois berserkr, qui était un impétueux guerrier ("wild warrior") ou champion. Ces guerriers portaient des peaux d'ours (ou de loups ou de rennes), ce qui explique l'origine probable de berserkr, composé de :
bera : ours + serkr : chemise, manteau (= bearshirt)
- Pendant les batailles, ces "berserkers" se déchaînaient, hurlaient comme des animaux, l'écume à la bouche en mordant le bord de leur bouclier.
- Le suffixe -r marque en vieux norrois le masculin singulier.
- L'expression "to go berserk" n'est entrée dans le vocabulaire anglais qu'au XIXe (Walter SCOTT, 1822), bien après la disparition de ces guerriers. |
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semensat
Inscrit le: 20 Aug 2005 Messages: 863 Lieu: vers Toulouse
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écrit le Friday 28 Sep 07, 18:10 |
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Citation: | des berserkar ? |
On dit des berserkir.
En germanique, il semble qu'il y ait deux formes :
- *beran pour l'anglais et l'allemand.
- *bernuz pour le norrois et ses descendants : le norrois björn porte la trace d'une fracture en -u, ce qui permet de savoir que le -jö- était au départ un *-e-, et qu'il y avait un *-u- en syllabe atone.
Ces deux formes seraient un développement à partir de la racine *brunaz signifiant "brun, brillant", et qui remonterait à une forme eurindienne *bhru-.
On aurait donc une racine *bher- qui connaitrait plusieurs évolutions :
- *bher-on > *beran
- *bher-n-u-s > *bernuz
- *bhr-u-n-os > *brunaz
- *bhe-bhr-u-s > *bebruz > beaver
Cette racine serait étayée par le sanskrit bhalla-h < *bher-n- et par les langues slaves (cf. russe берло́га "tanière").
L'ours serait en fait "le brun" avec un phénomène de renommage par tabou, commun dans les sociétés du Nord, cf. le russe qui dit "mangeur de miel". |
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Sylvain B
Inscrit le: 30 Jan 2007 Messages: 7 Lieu: Languedoc
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écrit le Friday 05 Oct 07, 17:37 |
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Pour ce qui concerne l'expression le pavé de l'ours, on en trouve une explication (sans doute pas la seule) dans la fable l'Ours et l'Amateur des jardins de La Fontaine, dont voici les quelques vers de conclusion :
Citation: | L'Homme pouvait sans bruit vaquer à son ouvrage.
L'Ours allait à la chasse, apportait du gibier,
Faisait son principal métier
D'être bon émoucheur, écartait du visage
De son ami dormant, ce parasite ailé,
Que nous avons mouche appelé.
Un jour que le vieillard dormait d'un profond somme,
Sur le bout de son nez une allant se placer
Mit l'Ours au désespoir, il eut beau la chasser.
Je t'attraperai bien, dit-il. Et voici comme.
Aussitôt fait que dit ; le fidèle émoucheur
Vous empoigne un pavé, le lance avec roideur,
Casse la tête à l'homme en écrasant la mouche,
Et non moins bon archer que mauvais raisonneur :
Roide mort étendu sur la place il le couche.
Rien n'est si dangereux qu'un ignorant ami ;
Mieux vaudrait un sage ennemi. |
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José Animateur
Inscrit le: 16 Oct 2006 Messages: 10945 Lieu: Lyon
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écrit le Friday 05 Oct 07, 18:12 |
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Semensat a écrit: | *bhe-bhr-u-s > *bebruz > beaver |
Il y aurait donc une racine commune à l'ours et au castor ?! C'est vrai que quand on y pense, un castor peut être vu comme un ours miniature. Est-ce là l'explication ? |
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semensat
Inscrit le: 20 Aug 2005 Messages: 863 Lieu: vers Toulouse
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écrit le Friday 05 Oct 07, 18:25 |
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Je pense plutôt que notion initiale est celle de la couleur brun brillant, mais après, je n'ai aucune preuve de ce que j'avance. |
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José Animateur
Inscrit le: 16 Oct 2006 Messages: 10945 Lieu: Lyon
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écrit le Friday 07 Dec 07, 19:35 |
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En ancien :
- aorser = se conduire comme un ours : devenir furieux, attaquer
(Chrétien de Troyes, 1164) |
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Zwielicht
Inscrit le: 30 Jan 2007 Messages: 1227 Lieu: la rencontre des eaux
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écrit le Sunday 06 Jan 08, 3:50 |
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José a écrit: | expression : la moyenne des ours = la moyenne des individus
ex : Il a bien réussi, contrairement à la moyenne des ours | En écoutant en film hier, j'ai entendu une expression semblable en anglais:
smarter than the average bear
qui signifie : plus intelligent que l'ours typique.
"average bear" se traduit facilement par "ours moyen", et de là à "moyenne des ours", il n'y a qu'un pas à franchir. |
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Jacques
Inscrit le: 25 Oct 2005 Messages: 6525 Lieu: Etats-Unis et France
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écrit le Sunday 06 Jan 08, 5:29 |
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bear : policier (jargon de routiers quand ils communiquent en CB). litt. ours
I spotted a bear near mile-33 marker, pass it on (J'ai repéré un ours près de la borne du mile 33, fais passer) |
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Martin
Inscrit le: 08 Feb 2008 Messages: 1 Lieu: Bruxelles
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écrit le Friday 08 Feb 08, 21:17 |
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Citation: | Ce Séchard était un ancien compagnon pressier, que dans leur argot typographique les ouvriers chargés d'assembler les lettres appellent un Ours. Le mouvement de va-et-vient, qui ressemble assez à celui d'un ours en cage, par lequel les pressiers se portent de l'encrier à la presse et de la presse à l'encrier, leur a sans doute valu ce sobriquet. En revanche, les Ours ont nommé les compositeurs des Singes, à cause du continuel exercice qu'ils font pour attraper les lettres dans les cent cinquante-deux-petites cases où elles sont contenues. A la désastreuse époque de 1793, Séchard, âgé d'environ cinquante ans, se trouva marié. Son âge et son mariage le firent échapper à la grande réquisition qui emmena presque tous les ouvriers aux armées. Le vieux pressier resta seul dans l'imprimerie dont le maître, autrement dit le Naïf, venait de mourir en laissant une veuve sans enfants. L'établissement parut menacé d'une destruction immédiate : l'Ours solitaire était incapable de se transformer en Singe ; car, en sa qualité d'imprimeur, il ne sut jamais ni lire ni écrire. |
Balzac, Les Illusions perdues |
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Zwielicht
Inscrit le: 30 Jan 2007 Messages: 1227 Lieu: la rencontre des eaux
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écrit le Sunday 10 Feb 08, 0:44 |
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Glossophile avait écrit un commentaire à cet effet
J'en profite pour résumer les noms donnés à l'ours par les algonquiens et rapportés jusqu'ici :
Ojibwe: mako|g, makwa|g, mako-
Micmac: muin
Malécite: muwin
Abénaquis: awassos
Cri: maskwa
et rajouter :
Ojibwe (Ontario, Canada) : mukwuh(k)/mukwoh
Selon Johnston (1978), ce mot porte le sens de : celui qui se promène ici et là.
Il y a également noka chez les mêmes Ojibwe, qui désigne l'ours en tant que symbole totémique (rôle de gardien). |
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jacklouis
Inscrit le: 26 Dec 2006 Messages: 259 Lieu: Québec (canada)
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écrit le Sunday 10 Feb 08, 7:24 |
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Outis a écrit: | Des ours bizarres :
avoir ses ourses : avoir ses règles (vieilli)
Ça vient peut-être d'une allusion érudite aux rites de puberté de la Grèce. À l'époque de leurs premières règles, les fillettes athéniennes allaient « faire les ourses » au sanctuaire d'Artémis à Brauron (aujourd'hui Vravro, un joli petit sanctuaire, très frais, oublié des touristes). L'étiologie du rituel était l'expiation du meurtre d'une ourse consacrée à la Déesse. |
Serait-il possible de savoir en quoi consistait cette initiation des fillettes athéniennes.
D'un autre côté, il se pourrait que ours soit une confusion avec jours. C'est l'explication que donne le Dict. des Expres. et Locutions de Robert.
Au Canada, et particulièrement au Québec, les ours ont une réputation de paresse : "Ouser" veut dire travailler lentement, paresser.
Le mot "ours" désigne aussi, en argot, le sexe féminin, et plusieurs expressions s'y rattachent:
"Avoir vu l'ours" pour une fille c'était tomber enceinte, et "avoir mangé de l'ours" pour une femme, c'est le moment où elle ne peut plus cacher sa grossesse.
Quant à "guetter les ours", cela se disait du médecin ou de la matrone qui attendait le moment propice pour aider la parturiente. |
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Zwielicht
Inscrit le: 30 Jan 2007 Messages: 1227 Lieu: la rencontre des eaux
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écrit le Monday 11 Feb 08, 23:57 |
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jacklouis a écrit: | Le mot "ours" désigne aussi, en argot, le sexe féminin | Je ne suis pas convaincu. Il arrive que des noms d'animaux soient donnés à des filles, souvent de façon peu élogieuse, mais celui d'ours.. je ne me souviens pas d'un seul cas. jacklouis a écrit: | "avoir mangé de l'ours" pour une femme, c'est le moment où elle ne peut plus cacher sa grossesse. | En général, avoir mangé de l'ours signifie être de mauvaise humeur.. un peu comme avoir mangé de la vache enragée. jacklouis a écrit: | "Avoir vu l'ours" pour une fille c'était tomber enceinte | Encore ici, je ne connaissais pas d'usage québecois qui diffère de l'usage français général (l'homme / femme qui a vu l'ours = témoin oculaire, plus ou moins crédible, avec la possibilité de répéter .. qui a vu .. qui a vu.. etc). jacklouis a écrit: | Quant à "guetter les ours", cela se disait du médecin ou de la matrone qui attendait le moment propice pour aider la parturiente. | Y a-t'il des traces écrites de cela? Ça m'intéresse.
Une expression québecoise:
rêver aux ours (sommeil agité, faire de mauvais rêves) |
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jacklouis
Inscrit le: 26 Dec 2006 Messages: 259 Lieu: Québec (canada)
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écrit le Tuesday 12 Feb 08, 0:19 |
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Oui, vous irez les lire dans le Larousse, Dictionnaire des Canadianismes, de Gaston Dulong.
Quant à cette designation, pour le sexe féminin, vous la trouverez dans le livre de Léandre Bergeron. |
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Jacques
Inscrit le: 25 Oct 2005 Messages: 6525 Lieu: Etats-Unis et France
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écrit le Sunday 02 Mar 08, 15:49 |
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Les gardes royaux d'Angleterre portent un bonnet de peau d'ours noir (Ursus americanus), appelé "bearskin" (litt. "peau d'ours").
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Glossophile Animateur
Inscrit le: 21 May 2005 Messages: 2281
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écrit le Monday 03 Mar 08, 0:17 |
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La vue de ce bonnet confirme l'équivalence ours = sexe féminin, pas vrai ?
D'autre part, ces brillants militaires portent une tunique rouge, d'où l'expression « avoirs ses Anglais », ou « voir débarquer l'armée rouge » (qui n'était pas russe, autrefois, mais anglaise). Or, l'armée anglaise est coiffée de peaux d'ours, ce qui me conduit à penser que les ours métaphoriques n'ont rien à voir avec le culte d'Athéna, et tout à voir avec les Anglais.
Hypothèse personnelle.
En France, les filles qui ont perdu leur trésor ont vu le loup, animal tout de même plus répandu ; l'image du fauve prédateur est identique. |
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