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dubsar
Inscrit le: 07 May 2007 Messages: 448 Lieu: Altkirch (F68)
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écrit le Friday 21 Mar 08, 11:57 |
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Pâques vient de l'hébreu pesaḥ, פֶּסַח
La racine signifie : sauter(d'où aussi boîter, sautiller), passer sur, (d'où aussi : ménager, épargner)
En arabe : fasaḥa, فسح allonger le pas, faire place à.
Pesaḥ, Pâquer, Passover c'est la fête du passage. D'abord celle du passage de l'hiver au printemps. Toutes les sociétés ont une fête du printemps.
Avec l'arrivée de la tradition biblique c'est le passage de Y" au dessus du linteau des portes des Israëlites marqués du sang de l'agneau :
Ex 12-23 : " Lorsque Y" s"avancera pour frapper l'Egypte, il regardera le sang appliqué aux linteaux et aux deux poteaux, et il passera au dessus de la porte, et il ne permettra pas au fléau d'entrer dans vos maisons pour sévir"
Puis il y a le passage de la Mer Rouge (Yam Suph, la "mer des roseaux") avec les tribulations des Hébreux et le divers rites qui se mettent en place dans la tradition israëlite.
Pour les chrétiens le passage est celui de la mort à la vie (de la mort du Christ à sa résurrection, de la mort dans le péché à la vie éternelle, etc) avec la reprise symbolique du sacrifice de l'agneau (agnus dei,etc dans la liturgie, agneau du repas pascal, agneaux en brioche des traditions alsaciennes, etc).
Le sacrifice de l'agneau comme rite de passage existe d'avant le monothéisme hébraïque : le sacrifice d'Isaac remplacé par un bélier (Gen 22) rappelle certainement une tradition très ancienne. Il marque le passage à une nouvelle ère.
Les musulmans reprennent cette tradition et je trouve tout à fait significatif qu'ils fêtent le mulud, l'anniversaire de la naissance du prophète, au même moment que les fêtes pascales des deux autres religions du livre. |
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Patrick
Inscrit le: 03 Apr 2007 Messages: 598 Lieu: Βέλγιο: Βαλλωνία
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écrit le Friday 21 Mar 08, 12:05 |
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En effet, Pâque [ פּסח PèSaKh] (la Pâque au singulier) est un mot d'origine hébraïque et signife "passage" en référence au passage des anciens Hébreux (tribus sémites) de la mer sous la conduite de Moïse (cf. livre de l'Exode dans la Torah). Le mot désigne aujourd'hui la Pâque juive:fête annuelle qui commémore l'exode.
Le verbe au Qal signifie "passer un endroit sans s'y arrêter", "passer par-dessus quelqu'un sans le toucher, l'épargner"... prélude au quarante années passées au désert avec Moïse.
cf. Exode 12:13 On se souvient qu'un ange passe et épargne les tribus d'Israël qui ont badigeonné du sang d'agneau les linteaux de leur porte avant le grand départ pour 'inconnu et la liberté. Les Hébreux sont alors esclaves en Egypte et c'est le signe de leur "exode" et libération...
Pâques (au pluriel): à la référence biblique rappelée ci-dessus, les chrétiens (tous les chrétiens et pas seulement les catholiques romains!!) se souviennent que Jésus de Nazareth meurt sur la croix à Jérusalem , un jour de Pâques (14 nisan) et ressuscite "au troisième jour !
La fête de Pâques est célébrée par tous mais le décorum est "catholique romain" (Pâques le 23 mars) et surtout orthodoxe (Pâques 27 avril, cf. http://projetbabel.org/forum/viewtopic.php?t=12053). Pâques est LA fête chrétienne par excellence !
Chez les Protestants , les usages sont assez divers mais en principe, comme on le dit souvent en milieu protestant, c'est "Pâques tous les dimanches". Le culte de Pâques sera un peu plus travaillé que d'habitude sans doute car c'est dans l'air du temps (oecuménique) qui veut ça ! |
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dubsar
Inscrit le: 07 May 2007 Messages: 448 Lieu: Altkirch (F68)
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écrit le Friday 21 Mar 08, 12:28 |
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racine germanique :
allemand Ostern
anglais Easter
mittelhochdeutsch : österen
alterhochdeutsch : östarun
anglosaxon : ëastron
allémanique (alsacien) : Oschtre
Cognats :
ieil indien usrà, aurore
latin : aurora
Explication : Aurora serait le nom de la déesse germanique de la lumière, Eastre, Eostra en saxon occidental, mais l'attestation de cette déesse est douteuse.
L'origine gallo-franque est plus plausible : *austrō, aurore, d'après le latin albae paschales.
Donc toujours le même sens général : passage de l'obscurité de l'hiver à la lumière du printemps, et id au sens théologique. |
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Adhyaapak
Inscrit le: 27 Dec 2007 Messages: 88 Lieu: New Delhi
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écrit le Sunday 23 Mar 08, 14:27 |
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dubsar a écrit: | Les musulmans reprennent cette tradition et je trouve tout à fait significatif qu'ils fêtent le mulud, l'anniversaire de la naissance du prophète, au même moment que les fêtes pascales des deux autres religions du livre. |
"Significatif", est-ce bien le mot ? Lunaire, l'année musulmane ne suit pas le cycle des saisons. Si la fête de la naissance de Mahomet tombe au moment de Pâques en ce moment, elle coïncidera avec Noël dans quelques (dizaines d') années ! |
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Glossophile Animateur
Inscrit le: 21 May 2005 Messages: 2281
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écrit le Sunday 23 Mar 08, 21:08 |
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Patrick a écrit: | comme on le dit souvent en milieu protestant, c'est "Pâques tous les dimanches" |
Ce que c'est que l'ignorance mutuelle !
Chaque dimanche, c'est Pâques, c'est une affirmation catholique. Feu Jean-Paul II a naguère consacré une encyclique à le rappeler.
Bref, voilà un point (un de plus) où les confessions chrétiennes sont d'accord. Un accord qu'il ne faut pas masquer en en faisant une spécialité de sa propre chapelle.
Si les chrétiens fêtent Pâques un dimanche, c'est parce que le jour où Jésus a été relevé d'entre les morts est le premier jour de la création nouvelle.
Or le premier jour de la création, celui où fut créée la lumière, c'est dimanche, puisque samedi est le septième (et dernier) jour.
Premier jour de la nouvelle création, d'aucuns disent huitème jour, ou jour de Dieu, jour de la lumière, d'où la bénédiction du feu nouveau qui ouvre la cérémonie.
Cela s'appuie cependant sur l'Evangile qui dit que Jésus est mort un vendredi et qu'il a fallu se dépêcher de l'ensevelir avant le sabbat. Mais le souci du symbole l'emporte sur le souci de reconstitution historique. |
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Piroska
Inscrit le: 13 Sep 2005 Messages: 1067 Lieu: Basse-Marche (France)
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écrit le Friday 02 May 08, 16:12 |
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Les orthodoxes russes n'ont pas besoin d'insister à dire que c'est Pâques tous les dimanches, puisque depuis toujours le nom du dimanche est "Résurrection" chez eux.
D'autre part, la Tradition bimillénaire chez les orthodoxes de tous pays montre la même chose :
dans la mesure du possible on assiste debout à tous les offices liturgiques, et le dimanche il est même interdit de se prosterner et de s'agenouiller !
La station debout symbolise la Résurrection du Christ et l'attente de la Résurrection générale. |
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PaulH
Inscrit le: 30 Mar 2008 Messages: 28 Lieu: Lille
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écrit le Friday 02 May 08, 19:13 |
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On peut même dire que dans la tradition catholique romaine, et je pense aussi orthodoxe, c'est Pâques tous les jours puisque l'eucharistie (célébration de la mort et de la résurection du Christ par le repas pascal) est célébrée chaque jour sauf symboliquement le vendredi saint dans le rite latin et pendant les jours de semaine du carême dans les rites orientaux. |
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Papou JC
Inscrit le: 01 Nov 2008 Messages: 11202 Lieu: Meaux (F)
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écrit le Thursday 21 Apr 11, 17:11 |
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dubsar a écrit: | Pâques ... En arabe : fasaḥa, فسح allonger le pas, faire place à. |
Désolé de te contredire, cher Dubsar, mais la sifflante médiane est emphatique. Pâque(s) en arabe, c'est donc فصح [fiṣḥ], et le mot ne signifie rien d'autre. Il est en effet peu probable qu'il ait un rapport quelconque avec la racine فصح [fṣḥ], "être clair, éloquent, intelligible".
Quant au verbe فسح [fasaḥa], il ne signifie "allonger le pas" qu'à condition d'avoir en complément d'objet direct le mot "pas", خطو [ẖaṭw]. Sinon, il signifie "être ample, spacieux, découvert, dégagé, étendu, ..." |
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dubsar
Inscrit le: 07 May 2007 Messages: 448 Lieu: Altkirch (F68)
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écrit le Thursday 21 Apr 11, 17:52 |
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En reprenant mes dictionnaires je trouve effectivement فسح avec la signification d'allonger le pas (sans complément), ouvrir le passage, faire de la place, boiter, se faire un entorse, et tous ses dérivés. Le sin de l'arabe correspond bien au samekh de l'hébreu.
Par contre l'arabe en empruntant le nom de la fête juive et chrétienne l'orthographie فصح avec une emphatique sad qui correspondrait à tsade en hébreu. Ce n'est donc qu'un effet d'emprunt, sans raison étymologique.
La recherche dans les racines de l'akkadien ne donne rien. |
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Jacques
Inscrit le: 25 Oct 2005 Messages: 6533 Lieu: Etats-Unis et France
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écrit le Friday 29 Mar 13, 13:30 |
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pleine lune pascale : pleine lune qui précède Pâques.
angl. paschal full moon
Par convention, Pâques est célébrée le dimanche qui suit la pleine lune qui suit l'équinoxe de printemps; la pleine lune en question s'appelle alors la pleine lune pascale. |
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Papou JC
Inscrit le: 01 Nov 2008 Messages: 11202 Lieu: Meaux (F)
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écrit le Friday 29 Mar 13, 14:13 |
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dubsar a écrit: | La recherche dans les racines de l'akkadien ne donne rien. |
Notre ami Dubsar n'avait pas bien cherché ... et moi j'avais dit un peu trop vite "Il est en effet peu probable qu'il ait un rapport quelconque avec la racine فصح [fṣḥ], "être clair, éloquent, intelligible".
En effet :
Akkadien : peṣû, "être blanc ; être dégagé (terrain)"
Comparaison avec d'autres langues sémitiques :
Proto-Sémitique : *paṣāḥ «être brillant»
Arabe : faṣaḥa فَصَحَ "apparaître à qqn dans tout son éclat" (Kazimirski)
Syriaque : pǝṣīḥ ܦܨܝܼܚ «joyeux»
Hébreu : pāṣaḥ פָצַח «être joyeux»
Source : Dictionnaire akkadien de l'Association Assyrologue de France.
J'ajoute que je ne crois pas beaucoup à cette histoire de rapport avec le passage de la Mer Rouge. Je vois plutôt dans cette fête la prolongation d'une vieille fête païenne du printemps, reconvertie par chaque religion en une fête ayant un nouveau sens en rapport avec le nouveau mythe. S'il y a passage, c'est celui de l'ombre à la clarté, de l'hiver au printemps, du sommeil de la nature à son réveil, bref, de la mort à une résurrection générale et de la tristesse à la joie. À partir de là, tous les mots ci-dessus prennent sens. |
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telephos
Inscrit le: 13 Feb 2008 Messages: 341 Lieu: Montréal
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écrit le Friday 03 Apr 15, 19:01 |
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Il n'y a curieusement personne pour rappeler que le grec πάσχειν veut dire "souffrir". |
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Xavier Animateur
Inscrit le: 10 Nov 2004 Messages: 4087 Lieu: Μασσαλία, Prouvènço
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écrit le Friday 03 Apr 15, 22:21 |
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Il n'y a cependant aucun rapport entre ces deux termes.
Le mot utilisé dans la Bible, c'est παθεῖν, lié à ce verbe πάσχω
Je note qu'en grec moderne la passion s'écrit : Άγια Πάθη (cf. sympathie, pathos, pathétique etc...) littéralement : sainte passion
Il ne faut pas oublier que le terme πασχα traduit l'hébreu פֶּסַח dans la Septante : il s'agit de la Pâque juive. |
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telephos
Inscrit le: 13 Feb 2008 Messages: 341 Lieu: Montréal
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écrit le Friday 03 Apr 15, 23:27 |
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Ceci veut-il dire que, lorsque le terme hébreu a été traduit en grec, il n'y a pas eu de jeu de mots motivé pour évoquer la souffrance endurée par les Hébreux à la sortie d'Égypte ? Sans jeu de mots motivé, n'aurait-on peu eu *πέσαχ ?
Le radical du présent est occasionnellement utilisé dans le grec de la Septante.
Citation: | ἐφ’ οἷς γὰρ αὐτοὶ πάσχοντες ἠγανάκτουν ἐπὶ τούτοις οὓς ἐδόκουν θεούς ἐν αὐτοῖς κολαζόμενοι ἰδόντες ὃν πάλαι ἠρνοῦντο εἰδέναι θεὸν ἐπέγνωσαν ἀληθῆ διὸ καὶ τὸ τέρμα τῆς καταδίκης ἐπ’ αὐτοὺς ἐπῆλθεν.
Sur ces êtres qui les faisaient souffrir et contre lesquels ils s'indignaient, ces êtres qu'ils tenaient pour dieux et par lesquels ils étaient châtiés, ils virent clair, et celui que jadis ils refusaient de connaître, ils le reconnurent pour vrai Dieu.
Sagesse 12:27 |
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Xavier Animateur
Inscrit le: 10 Nov 2004 Messages: 4087 Lieu: Μασσαλία, Prouvènço
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écrit le Saturday 04 Apr 15, 10:24 |
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Quand on étudie l'étymologie d'un mot, il faut toujours se méfier des apparences. Ce n'est pas parce que deux termes se ressemblent qu'ils ont forcément une relation sur le plan étymologique.
Surtout dans la traduction.
Ce n'est pas impossible qu'un terme ait une influence sur un autre terme, mais il faut être très prudent dans ce domaine.
Si on commence à faire des rapprochements avec des termes, et on en a eu pas mal sur ce forum, on s'y perd !
Dans ce cas, l'idée de souffrance me semble quand même bien secondaire. C'est surtout l'idée de délivrance qui prévaut.
Pourquoi n'avons-nous pas πέσαχ ? Je pense que la raison essentielle, c'est de proposer une forme hellénisée. Il faudrait comparer avec tous les noms hébreux transcrits en grec. |
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