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jacklouis
Inscrit le: 26 Dec 2006 Messages: 259 Lieu: Québec (canada)
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écrit le Tuesday 25 Mar 08, 5:02 |
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Les cossins sont des choses sans valeur, des rebuts, des bagatelles, des fanfreluches pour femme. On entend parfois "coussins" (sans doute pour un mot mal entendu).
Ce terme serait régional disent ces trois ouvrages que j'ai déjà cité à propos du fil "Ours".
Ces trois sources s'accordent pour donner la même définition : "rapaille tes cossins et va-t-en". ce qui serait l'équivalent de "ramasse tes hardes et fais du vent". "Sa cour de maison est remplie de cossins".
Le Glossaire du parler français au Québec indique que ce mot serait régional, et qu'il serait venu du parler de plusieurs régions de France, de ces régions d'où sont arrivés certains groupes fondateurs du Québec : Berry, Bretagne, Nivernais, Orléanais, Savoie,...
Il serait intéressant de retrouver ce mot encore vivant dans ces régions de France.
Le Larousse des Canadianismes signale un synonyme : chenicot, pour désigner, au pluriel, ces menus objets sans valeur, que chérissent les femmes. Il y avait même à Montréal, autrefois, (peut-être aujourd'hui encore) un magasin intitulé : "Les chenicots d'ici et d'ailleurs".
Cossin a aussi le sens de "paresseux", correspondant ainsi à notre "cossard" français : "Ne l'engagez surtout pas, c'est un cossin".
Ce mot de "cossard" se retrouve aussi dans le patois vendéen, mais avec un tout autre sens, pour désigner un oiseau de proie, buse, épervier, autour.... Seraient-ils aussi des oiseaux paresseux, vivants des autres oiseux ? .
L'origine, au moins pour ce qui est de son sens de paresse, serait en relation disent certains étymologistes avec "cossu", riche.... Si riche même qu'on peut se permettre de ne rien faire.
Dernière édition par jacklouis le Wednesday 26 Mar 08, 21:59; édité 3 fois |
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giòrss
Inscrit le: 02 Aug 2007 Messages: 2778 Lieu: Barge - Piemont
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écrit le Tuesday 25 Mar 08, 15:02 |
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Pour ce qui concerne la phrase:
"rapaille tes cossins et va-t-en"
me fait penser à la piémontaise:
"ëmpàia toi tount e va-t-ne" (= "rapaille tes assiettes et va-t-en". En Piémont la "siéta" est seulement l'assiette grande de portée).
Il y a toujours quelques choses à "rapailler", parce-que, quand on changeait de maison, les bien meubles de famille venaient "rapaillés" (mis dans la paille sur le char). |
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jacklouis
Inscrit le: 26 Dec 2006 Messages: 259 Lieu: Québec (canada)
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écrit le Wednesday 26 Mar 08, 21:22 |
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Giòrss a écrit: | Il y a toujours quelques choses à "rapailler", parce-que, quand on changeait de maison, les bien meubles de famille venaient "rapaillés" (mis dans la paille sur le char). |
Ce serait une étymologie facile et bien tentante que de faire venir ce mot de "palle", surtout quand on a été témoin, comme vous sans doute de ces déménagement de l'ancien temps. On garnissait de paille le fond d'une charrette à bœufs, un matériau abondant et bien protecteur, pour les quelques meubles de la famille, surtout pour ce qu'elle avait de plus précieux : ses écuelles de terre cuite.
Je l'ai vu moi-même, enfant, ces déménagements de pauvres métayers, que le "maître", le propriétaire de la ferme, jugeait trop peu productifs et qu'il mettait dehors, sans pitié... Ah ces temps de misère, oubliés !.
Je ne crois pas qu'il faille chercher là l'origine de ce mot québécois, un mot des plus fréquents encore, si j'en juge par les nombreuses citations données par les lexiques québécois : Le Lexique du français au Québec de Serge Fournier et Rabaska Multimédia ou le tresor de la L. Fr. au QuébeC).
Je serais tenté d'ouvrir un nouveau fil pour en parler.... Rien de certain bien sûr, car pour ces parlers provinciaux d'autan, il n'y a pas ou peu de chercheurs étymologiques qui s'y soient risqué, à moins que ces mots ne soient que des vocables du français actuel, non encore évolués.
Peut-être, des Canadiens pure laine du Québec pourraient nous dire ce qu'ils en pensent. Je vais attendre avant de créer ce nouveau fil sur rapailler.
Dernière édition par jacklouis le Wednesday 26 Mar 08, 22:01; édité 1 fois |
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jacklouis
Inscrit le: 26 Dec 2006 Messages: 259 Lieu: Québec (canada)
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écrit le Wednesday 26 Mar 08, 21:54 |
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cossin :
- Étymologie : un texte du "Lexique du français au Québec" de Serge Fournier et Rabaska (Multiedis).
Citation: | Cossin est le produit de la transformation phonétique de "coussin". Le mot en est venu à désigner des objets de peu de valeur probablement parce que les coussins étaient rembourrés à partir de vieux linge, de guenilles et de chiffons. Cossin, "coussin", a vécu en Normandie, en Bretagne et en Wallonie.
Le mot est fréquemment employé en Mauricie et dans la région de Portneuf. Il arrive, occasionnellement, de le retrouver dans d'autres régions du Québec. |
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Zwielicht
Inscrit le: 30 Jan 2007 Messages: 1227 Lieu: la rencontre des eaux
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écrit le Thursday 27 Mar 08, 3:30 |
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jacklouis a écrit: | Je ne crois pas qu'il faille chercher là l'origine de ce mot québécois, un mot des plus fréquents encore, si j'en juge par les nombreuses citations données par les lexiques québécois : Le Lexique du français au Québec de Serge Fournier et Rabaska Multimédia ou le tresor de la L. Fr. au QuébeC). | Le poète Gaston Miron en a fait le titre d'une de ses oeuvres:
"L'homme rapaillé" paru en 1970.
On retrouve rapailler dans des textes québecois dès 1913. Il a un peu le sens de rapatrier, rassembler, ramener.. dans Miron, je pense que c'est plutôt reconstituer.
Quant à cossin, je suis d'accord pour dire que, durant mon enfance du moins (1975-1985), il n'était pas répandu dans toutes les régions du Québec. J'ai entendu ce mot pour la première fois vers l'âge de 11 ans, d'un cousin qui vivait dans une autre région. Mais avec le travail de la télévision et tout.. il est probablement rendu partout ou presque. |
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rejsl Animatrice
Inscrit le: 14 Nov 2007 Messages: 3664 Lieu: Massalia
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écrit le Thursday 27 Mar 08, 11:29 |
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rapailler me fait penser aux expressions provençales: à la rabaille! (variantes: à la raspaille, à la raspaillette) avec le même sens de ramasser, entraîner , rafler qui viendrait du provençal rabaia
Lors de jeux d'enfants, il s'agissait de jeter un objet au milieu d'un groupe en criant «à la rabaille», afin que le plus prompt le ramasse. A la pétanque, tirer à la rabaillette (ou raspaillette) correspond au tir de rafle. C'est aussi (rasbaille) un jeu de billes.
Le rabailleur c'était celui qui récupère les restes sur un marché, le rabaille-merde l'éboueur. |
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jacklouis
Inscrit le: 26 Dec 2006 Messages: 259 Lieu: Québec (canada)
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écrit le Thursday 27 Mar 08, 23:05 |
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Très intéressant ce que vous dites tous les deux, Zwielicht et rejsl.
Content de savoir que ce mot curieux de "cossin", probablement dérivé de "coussin". L'explication est bonne.
Quant à "rapaille", il faudra que nous ouvrions un nouveau fil pour en parler. Ce mot vient sans foute de pas mal loin. |
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giòrss
Inscrit le: 02 Aug 2007 Messages: 2778 Lieu: Barge - Piemont
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écrit le Thursday 27 Mar 08, 23:45 |
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Bon, la suggestion est interessante...en piémontais existe le verbe "rabalé" et signifie "prendre tout sans laisser rien".
On l'outilise dans les jeux de cartes (rabalé tut ël piat).
Et aussi comme exortation, quand on mange: "Rabàla bin tut!".
Dernière édition par giòrss le Friday 28 Mar 08, 0:10; édité 1 fois |
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Luc de Provence
Inscrit le: 11 Jul 2007 Messages: 682 Lieu: Marseille
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écrit le Thursday 27 Mar 08, 23:58 |
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En vieux-français on disait "faire ripaille". |
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jacklouis
Inscrit le: 26 Dec 2006 Messages: 259 Lieu: Québec (canada)
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écrit le Friday 28 Mar 08, 0:18 |
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Giòrss a écrit: | Bon, la suggestion est intéressante...en piémontais existe le verbe "rabalé" et signifie "prendre tout/enlever". On l'outilise dans les jeux de cartes. |
Très intéressant ce mot de "rabale", un genre de râteau mais dont les doigts sont remplacés par une planche. emmanchée perpendiculairement sur son manche, pour ramasser les graines, ou toutes autres choses. éparses sur le sol.
Il est passible, en effet, qu'il y aie là une relation avec "rapaille,rapailler". Nous allons en reparler dans ce fil que je projette sur "rapailler".
@ Luc de Provence : Je ne croirais pas qu'il y aie un quelconque rapport avec "ripaille"... Et encore ? Sait-on jamais ! . |
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Mathidou
Inscrit le: 19 Aug 2021 Messages: 1 Lieu: Toronto
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écrit le Thursday 19 Aug 21, 5:44 |
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jacklouis a écrit: | Les cossins sont des choses sans valeur, des rebuts, des bagatelles, des fanfreluches pour femme. On entend parfois "coussins" (sans doute pour un mot mal entendu). |
Des babioles |
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Papou JC
Inscrit le: 01 Nov 2008 Messages: 11175 Lieu: Meaux (F)
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écrit le Friday 20 Aug 21, 4:50 |
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Je ferais dériver cossin de cosse (de certaines graines) plutôt que de coussins. Un coup d'oeil au TLF m'a appris l'existence de l'expression Laisser les cosses "s'attribuer la meilleure part" (Lar. Lang. fr.). Bref. les cosses, ça ne vaut pas grand chose. En milieu rural d'autrefois, on connaissait mieux les cosses que les coussins...
Quant à rapailler, après avoir lu les diverses propositions, je le rapprocherais aussi de remballer. Mais la dérivation à partir de paille est tout de même la plus probable. |
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dawance
Inscrit le: 06 Nov 2007 Messages: 1889 Lieu: Ardenne (belge)
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écrit le Sunday 22 Aug 21, 17:35 |
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Le mot wallon cossin désigne un coussin, du latin pop. *coxinus, quelque chose qu'on met sous la cuisse. Je ne tiendrai aucune hypothèse. |
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