Invidia
Inscrit le: 24 Jul 2008 Messages: 441 Lieu: Gasconha (França)
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écrit le Wednesday 02 Dec 09, 2:27 |
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Le pays de Rustan est un petit pays de coteaux impressionnants au NE de Tarbes, découpé par des vallées fluviales dont l'Arros. La toponymie de ce pays est fortement bascoïde : Mun (bun/mun=sommet en basque), Osmets, Bugard, Lustar, ... comme l'est également la plaine de l'Adour et les coteaux adjacents : Bours (bortz=quatre en basque), Sabalos (zabal=plateau), Lescurry (lats gorri), Orleix, Andrest (formé sur andere), Lizos, Louit (lohieta ?), ...
Ce qui semble clair, c'est que le pays de Rustan ne peut pas être tiré d'autre chose que du pays de Russitania (pagus Russitanensis au XIème siècle). C'est vraiment le pays de l'Arros (Russa fluvius en 1087). -tania est un suffixe utilisé pour désigner des peuplades antiques en Aquitaine et en Hispanie.
La question qui se pose au final, c'est celle de l'étymologie de "Arros" et son lien avec l'"Arrats". Les attestations anciennes pour l'Arros ne font pas état du ar- initial avant le XIVème siècle (lo flube l'Arros) et on peut penser dès lors à un ar- prosthétique. C'était la position de Grosclaude qui reliait cette racine à un hydronyme hypothétique ros/rod qui aurait donné le Rhône également. Bof. Il y a tellement d'Arros en Gascogne formé sur la racine basque harri=pierre. A voir.
L'énigme vient du fait qu'il existe au Moyen-Age un prénom Roustaing, noté Arrostanh dans les textes médiévaux gascons bordelais. Ce même prénom existait en Provence : c'est Rostaing. Si la forme Roustaing indique le n vélaire final, commun au gascon et au provençal, une forme Arrostanh n'est-elle pas plus difficile à concevoir ?
On sait qu'un -nh final est souvent réinterprété -ing à l'écrit, et ce depuis les textes médiévaux : Estanh donne Estaing, ce même pays de Rustan, Arrostanh en gascon, est écrit Rustaing dans Lamarque-Rustaing et Sère-Rustaing.
Ce sont vraiment des questions problématiques car le gascon fait clairement la différence entre un n mouillé final (issu généralement d'une finale latine -niu, -neu) et un n vélaire final (muet ou nasillé en Béarn). Par exemple, le domaine noble de Rostan à Bérenx est Arrostaa en 1385, Arrostanh en 1538.
Bref, on ne comprend pas pourquoi le prénom Rostan aurait eu une finale mouillée. J'ajoute qu'on comprend difficilement également pourquoi Russitania n'a pas donné une forme féminine comme "Arrostanha" (cela rejoint la question du Lavedan, issu du Lavetania). Il faut supposer une chute du n intervocalique précoce :
arrosita(n)ia > arrostang (contexte nasal et réfection de la finale comme le latin lana=laine donne lan en gascon).
Mun
La signification du nom de ce village du Rustan ne fait aucun doute (attesté Munio) : à 350 mètres d'altitude, dominant de 100 mètres la petite vallée du Chella, on ne peut pas échapper au basque bun/mun (hauteur) d'autant plus que le nom est encore prononcé en gascon "Munn" avec n dental.
Dans le bourg, le toponyme Maillo, noté également Mailho, doit être un doublet du nom du village, formé sur l'oronyme pré-indo-européen malh.
Comme le dit Jacques Longué, la sensation de bout du monde est réelle d'où que l'on vienne.
Honte à la municipalité qui a autorisé la construction d'une maison provençale sur la place de l'église. C'est tellement hors contexte, et laid dans le Rustan, hésitant entre la maison pyrénéenne bigourdane et la maison vasconne de la Gascogne centrale. |
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