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L'aljamiado - Forum espagnol - Forum Babel
L'aljamiado
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Abdüssalâm



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Messageécrit le Friday 05 Feb 10, 16:44 Répondre en citant ce message   

D'abord, définissons bien les termes que nous allons employés:
- Andalus (ou al-andalus) : désigne la partie de l'Ibérie dominée par les musulmans. Son étendue varie au cours des siècles.Quand il ne restera plus, dans le domaine musulman que Royaume de Grenade, on ne parlera plusd'Andalus.
- Mozàrabe (de l'ar. musta3rab : "arabisé") : Ce terme s'applique à la communauté chrétienne demeurée sous la domination musulmane.
- Muladí ( de l'ar. muwallad: "affilié") : autochnone hispanique converti à l'Islâm dans al-Andalus.
- Mudejar : Musulman passé sous la domination chrétienne lors de la Reconquista et bénéficiant, au moins en théorie, d'un pacte de libertés religieuses avec le pouvoir.
Morisco: désigne les Musulmans demeurés en Espagne après la chute de Grenade et la pragmatica du 14 février 1509(édit royal préconisant la conversion en masse des Musulmans), plus ou moins tolérés ou réprimé selon les époques et les endroits, ils ne seront que trés superficiellement convertis au catholicisme et expulsés d'Espagne en 1609.
-Aljamiado ou aljamía (de l'ar. al-3ajamiyya : "la (langue) non-arabe) : à l'origine, ce nom est appliqué à toutes las langues non-arabes, en premier lieu au persan. En Espagne (j'utiliserai pour faire court ce terme qui, dans ce sujet, comprend aussi le Portugal), il semble désigner ( selon wikipédia qui semble se contrdire sur plusieurs points) deux réalités linguistiques distinctes: la langue néo-romanes parlées, à une certaine époque (plus ou moins le premier siècle, voire un peu au-delà de al-Andalus), par les Mozarabes et, sûrement par une partie de leurs compatriotes muladies qui se serait écrite à l'aide de l'alphabet arabe et la forme écrite du castillan (ou aragonais) utilisée par les Morisques et se servant de ce même alphabet.
Le premier problême soulevé ici est le suivant : Quelle(s) langue(s) parlait-on en Andalus?
Il s'agit de définir un état des lieux linguistique concernant une entité située au Moyen-âge, donc à une époque dont les documents écrits émanent principalement d'une élite de lettrés qui ne se soucient que des langues considérés comme "nobles" (arabe, latin,grec et éventuellement hébreu) et n'ont que peu d'intérêt pour les formes parlées par les populations qu(il s'agissent de dialectes arabes ou néo-romans, ce qui explique le peu de documentation provenant de ces sources.

1°/ expansion de l'arabe
Les contingents musulmans (composés d'Arabes, mais, surtout de Berbères) débarquent en Espagne en 711 et atteignent le monts cantabriques en même pas trois ans, ne laissant qu'une étroite bande territoriale aux Chrétiens:
On peut logiquement penser qu'au début de la domination arabe, les parlers néo-romans qui avait cours à cette époque ont continué à être utilsés. Mais F. Garcia de Cortazar dit dans son "historia de España" (p.50):
" [...]Pero a diferencia de los judios que se acomodaron a la nueva situacion y hallaron en Al Andalus un clima de convivencia del que no habian podido disfrutar en el reino visigodo, los mozarabes encabezaron posturas de rechazo contra las autoridades musulmanes y incluso a veces buscaron el martirio. Conversos y no conversos,todod
ellos vivieron una fuerte arabizacion, ya que las costumbres y el idioma de los nuevos inquilinos echaron raices en el alma de los habitantes
de al-Andalus
".
Il y aurait donc eu, selon cette thèse, non seulement une arabizacion rapide des muladies, mais aussi des mozarabes.La composition de al-Andalus, au début, était hétérogène: Arabes dans la vallée du Guadalquivir, le levante et la vallée de l'Ebre; Berbères dans la Meseta, les monts de Ronda et l'Algarve, mais beaucoup d'entre eux retourneront en Afrique du nord, après 740. Un important contingent de Syriens arabophones viendront s'installer après 741. Les mozarabes et les muladies, ainsi que les Juifs devaient être installés un peu partout. S'il a fallu une langue commune à tous ces peuples, cela n'a pu être, très vite, qu'une forme d'arabe parlée, ayant sûrement intégrée un certain nombre de termes néo-romans.

De plus al-Andalus a donné à la littérature arabe un grand nombre d'auteurs prestigieux dans tous les domaines (théologie, plilosophie, poésie, etc).Il est parmi les pays du monde arabe les plus prestigieux en ce domaine et ces auteurs ont écrit dans un arabe qui ne se différencie pas de celui des auteurs de Moyen-Orient. Comment, si il n'avait s'agit que d'une arabisation superficielle ce pays aurait pu être une telle pépinière d'écrivains arabes prestigieux? et pour quel public?. Prenons le cas de deux autres régions du monde musulman à la même époque: la Perse et le Maghreb. En Perse, l'arabisation n'a été que superficielle, et même si l'arbe fait partie du bagage normal de tout lettré 'surtout en sciences religieuses) on verra très vite s'épanouir une littérature nationale, très influencée par l'arabe mais en langue iranienne. Le Maghreb, quant à lui, ne connaitra jusqu'aux invasions hilaliennes qu'une arabisation urbaine (en partie dûe, à Fès, à une importante colonie andalouse), laissant les campagnes au berbère. Or cette langue n'avait pas de tradition écrite et les lettrés du Maghreb utilisaient l'arabe comme langue écrite. Le résultat est que cette région ne donnera des auters prestigieux que très tard, soit sous l'influence des Andalous immigrés, soit de descendants d'Andalous (Ibn Khaldoun, el-Qarawânî). Il faut donc pour que surgissent de grands écrivains dans une langue qu'il y ait un terreau linguistique prospice à cela et non simplement quelques écoles dispensant un enseignement figé.
Mais il y aurait-il eu une langue romane, nommée, mozarabe à côté de l'arabe?:Afin de ne pas alourdir ce pavet, je ne donnerai pas toutes les citations que j'ai à ma dispositions. Selon le tournant que prendra le débat, il me sera topujours possible de les délivrer (éviter le plus possible Wikipédia aux données parfois contradictoires et à la terminologie vague.cf; l'utilisation de al-andalus dans la citation donnée par Giorss. Ces données doute, au moins à partir du X° s d'une langue néo-latine parlée par les populations chrétiennes ou autres en Andalus (mais à partir de cette date les populations chrétiennes vont sérieusement diminuer). L'arabe dialectal teinté de latinismes est devenu dés cette date la langue des habitants musulmans ou non de al-Andalus.
Ce sont d'ailleurs les Mozarabes et les Juifs qui assureront au XII° et XIII° s., la persistance de l'arabe dans la Tolède reconquise.
Cet arabe qui reste si présent, même après la reconquête, que Cervantès écrit dans le Don Quijote:

Estando yo un día en el Alcaná de Toledo, llegó un muchacho a vender unos cartapacios y papeles viejos a un sedero; y como yo soy aficionado a leer, aunque sean los papeles rotos de las calles, llevado desta mi natural inclinación, tomé un cartapacio de los que el muchacho vendía, y vile con caracteres que conocí ser arábigos. Y puesto que aunque los conocía, no los sabía leer, anduve mirando si parecía por allí algún morisco aljamiado que los leyese, y no fue muy dificultoso hallar intérprete semejante, pues aunque le buscara de otra mejor y más antigua
lengua, le hallara. En fin, la suerte me deparó uno, que, diciéndole mi deseo y poniéndole el libro en las manos, le abrió por medio, y leyendo un poco en él, se comenzó a reír. Preguntéle yo que de qué se reía, y respondióme que de una cosa que tenía aquel libro escrita en el margen por anotación. Díjele que me la dijese y él, sin dejar la risa, dijo:
-Está, como he dicho, aquí en el margen escrito esto: «Esta Dulcinea del Toboso, tantas veces en esta historia referida, dicen que tuvo la mejor mano para salar puercos que otra mujer de toda la Mancha».Cuando yo oí decir «Dulcinea del Toboso», quedé atónito y suspenso, porque luego se me representó que aquellos cartapacios contenían la historia de don Quijote. Con esta imaginación, le di priesa que leyese el principio, y, haciéndolo ansí, volviendo de improviso el arábigo en castellano, dijo que decía: Historia de don Quijote de la Mancha, escrita por Cide Hamete Benengeli, historiador arábigo. Mucha discreción fue menester para disimular el contento que recebí cuando llegó a mis oídos el título del libro; y, salteándosele al sedero, compré al muchacho todos los papeles y cartapacios por medio real; que si él tuviera discreción y supiera lo que yo los deseaba, bien se pudiera prometer y llevar más de seis reales de la compra. Apartéme luego con el morisco por el claustro de la iglesia mayor, y roguéle me volviese
aquellos cartapacios, todos los que trataban de don Quijote, en lengua castellana, sin quitarles ni añadirles nada, ofreciéndole la paga que él quisiese. Contentóse con dos arrobas de pasas y dos fanegas de trigo, y prometió de traducirlos bien y fielmente y con mucha brevedad; pero yo, por facilitar más el negocio y por no dejar de la mano tan buen hallazgo, le truje a mi casa, donde en poco más de mes y medio la tradujo toda, del mesmo modo que aquí se refiere.


Même s'il utilise le qualificatif de "morisco aljamiado" c'est bien un texte en arabe que celui-ci va lui traduire sans trop de difficultés.

De plus, cette langue restera dans la communauté "morisca" valenciane (33% de la population) encore pratiqué régulièrement jusqu'à leur expulsion. C'est peut-être la raison pour laquelle, il n'existe pas de textes en "aljamiat català".
Néanmoins, il est possible que dans les régions les moins colonisées par les Arabes ait subsisté des formes de néo-roman, comme a subsisté tardivementdans certaines régions de la Gaule, des formes parlées du gaulois.Mais, selon certains historiens les quelques coplas en langue néo-romane mêlée de terlmes arabes qui nous sont parvenues ne sont pas à mettre aucrédit de ces parlers. Il s'agirait plutôt de textes chantés par des esclaves chrétiennes dans leur langue d'origine, agrémentés de mots arabes en direction de l'auditoire ("el meu habîb" : mon amoureux).
Ainsi du X° siècle au moins (peut-être même un siècle plus tôt) et jusqu'aux prises de Cordoue (1236) et de Séville (1248) qui marque la fin de al-Andalus (alors que ne subsiste que le Royaume de Granade), l'arabe est sous sa forme parlée originale dite hispano-arabe (mais pas très différente de l'arabe maghrébin pré-hillalien) la langue commune de l'immense majorité de ses habitants. Sous sa forme écrite, l'arabe est l'unique langue des Andalusîs depuis plus longtemps encore, si on excepte le latin d'église et l'hébreu des synagogues.
2°/: L'aljamiado: Les seuls textes que j'ai eu sous les yeux de cette forme d'écriture du castillan (ou aragonais?) et que j'espère pouvoir présenter dans un prochain message sont des textes écrits par des Morisques d'Espagne (on ne parle plus ici d'Andalus). Je dis "forme d'écriture" car c'est tout bonnement du castillan, avec de ci, de là, un mot "arabe" que le lexique castillan n'a pas intégré.
Le XVI° s sera une époque d'acculturation pour les Morisques (pour ceux installés dans le royaume de Castille, hors de l'ex-royaume de Grenade, ce phénomène aura commencé bien plus tôt). Les elites ont émigrés dans le monde musulman et ne sont restés en Espagne que les plus humbles, artisans ou paysans. La langue arabe se perd mais, certains afin de ne pas tout oublier vont élaborer une écriture du castillan à partir de l'alphabet arabe et qui sera nommé "aljamiado" et que je traiterai plus en détail dans un prochain message.

EDIT : une traduction des textes castillans est possible à la demande


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giòrss



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Messageécrit le Friday 05 Feb 10, 18:59 Répondre en citant ce message   

....

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Abdüssalâm



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Messageécrit le Friday 05 Feb 10, 19:22 Répondre en citant ce message   

Si le texte que traduit le morisque me semble être en arabe, c'est que s'il avait été en "aljamiado", il n'aurait eu qu'à lire tel qu'il était écrit et non pas à le traduire. Mais j'admets que le mot "aljamiado" peut amener un certain doute sur la langue utilisée.
Quant à l'argument d'idéologisation, laissons là, une bonne fois pour toute, ce genre d'argument massue, car je pourrais tout aussi bien te la retourner, ça porte même un nom: le continuisme. Et c'était très à la mode dans les milieux catholico-franquistes. Je prends mes références auprès d'historiens qui me semble sérieux (après tout je ne les connais pas personnellement) et, le moins possible chez Wikipédia. Je peux avoir des lacunes, mal me diriger dans certains développement, et quand c''est le cas, j'accepte tout à fait le débat et à en apprendre un peu plus.

Quant au côté arquaïque de ces textes. Desquels parles-tu?


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Abdüssalâm



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Messageécrit le Friday 05 Feb 10, 19:29 Répondre en citant ce message   

Ça va vite !
Non, je pense que mon premier message ne surestime pas la présence "arabe" en al-Andalus. La majorité de la population n'était pas arabe au sens strict du mot, mais arabisée. Que ce soit les éléments berbères, qui avaient perdu le contact étroit avec le lien tribal ou la masse des muladíes. Il ne s'agit pas d'ethnicité arabe, mais de langue, ce qui n'est pas la même chose.
Je pense qui serait bon que je cite mes sources. Mais pas aujourd'hui...


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giòrss



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Messageécrit le Friday 05 Feb 10, 22:55 Répondre en citant ce message   

...

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Abdüssalâm



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Messageécrit le Saturday 06 Feb 10, 11:59 Répondre en citant ce message   

Moi non plus, je n'ai rien contre toi.
et je ne suis pas plus musulman (au sens religieux du terme) et nassérien que tu n'est catholique et franquiste. C'était juste pour couper court à toute suspiscion d'impartialité.

Giòrss a écrit:
Citation:
Il y a beaucoup dans ton message qui me sonne un peu "idèologisé


Ceci dit: J'ai lu les références que tu as donné dans ton dernier message: Dans le premier, j'ai pris le texte tel qu'il était, regrettant simplement l'absence du texte en graphie arabe afin de me faire une meilleure idée de la transcription. Le seul mot réllement arabe qu'on y trouve est "chamila" de l'arabe "jamîla" (belle), d'ailleurs en concurrence avec "belo". Mais, ainsi orthographié ce mot, en arabe, se confond avec "shamîla " (englobante) et, de plus, il n'est pas d'usage dans les dialectes du Maghreb, où on utilise : zwîna. Mais passons!
La suite, par contre, c'est quoi cette blague ???
On a pris des éléments de toutes les langues latines, un peu du patois andalou queques mots d'arabe pour faire couleur locale et on les a mélangés?.
Sur quels textes se basent-ils?
Soyons sérieux! La présence de parlers romans avant le X° siècle en Andalus, quoique nous ayons aucun texte l'attestant, car les rares textes chrétiens provenant de cette région sont en latin ecclésiastique, ne peut être sérieusement mis en doute. Car on voit mal comment l'élément autochtones aurait perdutotalement sa langue en un seul siècle. Le seul texte chrétien de cette époque (malheureusement, je ne sais plus dans quel livre et je ne peux donc le dater, mais promis, je vais chercher) émane d'un évêque qui se plaint du peu d'intêret de la jeunesse chrétienne d'al-Andalus pour les lettres latines et leur engoûement pour la poésie arabe, certaines de leur production dépassant même celle des Arabes natifs eux-mêmes. Après 20 ans passés à cotoyer cette langue, je ne comprends pas encore toute la poésie arabe, il fallait donc qu'ils baignassent déjà dans un bain assez dense d'arabe.

A.l de Premare (c'est moi qui souligne): "[...] une partie non négligeable (ceux qu'on appelera les Mozarabes) restera d'appartenance chrétienne, tout en s'arabisant dans le langage mais aussi dans les mœurs;"
Par contre le même auteur écrit plus loin:" [...]par ailleurs, la fin du X° s et le XI°, dès avant la fin du califat, révèleront la permanence plus ou moins souterraine
de la langue hispano-latine, le romance, non seulement dans le petit peuple des muwalladîn (muladíes), mais jusque dans ses élites religieuses; aux dires d'al-ẖušaynî [...] nombre de cadis de la région cordouane sont d'origine espagnole [...] connaissent le romance.[...]Le romance se taillera même sa place d, mêlé à l'arabe parlé dans l'expression poétique typiquement andalouse qu'est le "zaǧal", genre dit "populaire", mais auquel s'adonneront aussi des lettrés."

Mais un autre auteur, dont je ne trouve plus la référence affirme que ces zaǧal était en fait produit par des esclaves provenant du monde franc.

Un autre fait semble étrange: qu'il y ait dans le petit peuple autochtone et ce jusqu'à une époque avancée des formes parlées de romance (dans quel état?), que celles-ci persistent dans les régions les moins influencées par la culture arabe, soit! Mais alors, comment expliquer que dans ce bouillon de culture qu'est, pour l'époque al-andalus la production chrétienne en latin ou en romance provenant de cette région soit pour ainsi dire inexistante? la culture arabe mais aussi juive médiévale (souvent d'expression arabe; cf: Maïmonide) s'y épanouira d'une manière pratiquement inégalée.

Même pas de production "muladie", puisqu'à cette époque l'élément mozarabe commence à décroitre et devenir très minoritaire (émigration vers les royaumes chrétiens du nord) n'existe pas alors qu'à l'autre bout du monde islamique, les Persans n'hésitent pas à délaisser l'arabe pour leur propre langue.

Il fallait bien, je suppose, qu'il ne resta de ces langues que des "patois" ne pouvant se hisser au statut de langue littéraire.
Mais c'est une présence marginale dès le x° s, l'arabe sous sa forme écrite et parlée s'imposera à tous jusqu'à l'arrivée des conquérants chrétiens et parfois au-delà, comme les mozarabes de Tolède qui conservèrent pendant plus d'un siècle comme langue communautaire ou les mudejars puis Morisques (puisque seul un changement de statut a fait des mudejars des Morisques) du royaume de Valence capable pour un grand nombre de s'exprimer en arabe à l'époque de leur expulsion (1609).

Donc, tout ceci pour dire que l'aljamiado dont nous pouvons lire aujourd'hui n'ont rien à voir avec un quelconque "romance", probablement disparu dans la majorité d'al-Andalus au moment de la "reconquista" plus au Sud de la sierra de Guadarrama, mais avec le castillan ( ou le castillano-aragonais ou l'aragonais tout simplement) parlé à partir des XII°/XIII° s dans les régions "reconquises" au fur et à mesure de l'abandon de la langue arabe par les Mudejars en Castille (0,5%), puis en Aragon et en Andalousie (une grande partie d'entre eux sera expulsée vers le "dâr-al-islâm"), mais surtout par les Morisques lors du XVI°S.
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giòrss



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Messageécrit le Saturday 06 Feb 10, 12:38 Répondre en citant ce message   

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Abdüssalâm



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Messageécrit le Saturday 06 Feb 10, 16:01 Répondre en citant ce message   

Bon, démêlons l'écheveau.
1) Temoignage d'un parler roman au Maghreb. Où et lequel?
2) la lingua franca dont tu parles peut-être le fait des Morisques installés en nombre à Oran, Béjaïa et Tunis.
3) L'archaïsme des textes morisques est peut-être le fait du peu d'éducation de leurs auteurs (les textes en graphie arabe n'ont d'ailleurs pas la tenue des textes ottomans ou , à plus forte raison, persan, l'orthographe est très aléatoire) qui sont des gens humbles pas des savants. C'est peut-être aussi une forme locale de la langue.
D'ailleurs les as-tu lus dans leur graphie d'origine?
4) Pour ce qui est du machin sur le "romanze", c'est n'importe quoi.d'ailleurs, on ne dit pas:
de la llingua del català, mais de la llengua catalana ou del català
Citation:
La nostra organizació, està en defensa, de la llingua del català.

Et sa transcription de l'arabe vaut ce que vaut le reste.

Citation:
Malgrà che el roumanze remane in certos locos da Maurrocos

Il a vu ça où? ça fait bientôt trente ans que je fréquente des marocains, que je me ballade au Maroc de Tanger à Goulimine de Rabat à Oujda, jamais je n'ai entendu parler d'un tel truc. Même pas à Chefchaouen, la plus "andalouse" des villes du Maroc. Sinon, ça m'aurait beaucoup intéressé.
De plus comme beaucoup, il s'embrouille entre mudejar et morisque, comme si c'était deux entités différentes et parallelles, alors que ce ne sont que deux situations "contractuelles différentes et se suivant dans la chronologie.
Sinon, je dois admettre qu'en toute logique, il soit difficile de penser que le petit peuple hispanique ait tout à fait abandonner sa langue en si peu de temps (quelques générations). Je ne nie pas qu'il semblerait logique que une ou des formes de roman ait perduré parmi les masses (les élites étant passées à l'arabe pour des raisons sociales souvent répétées dans l'histoire : occitan > français, par exemple), mais ce que je critique n'est pas sa possibilité, mais l'absence de documents qui l'attestent (tout au moins en ma possession), alors que nous avons des preuves multiples de documents contemporains d'un usage courant et étendu de l'arabe, ce qui j'en conviens ne contredit pas la possibilité d'un roman populaire. Mais pas de langues littéraire, rien que des bribes dont on n'est même pas sûr qu'elles ne proviennent pas de ressortissants allogènes (Hispaniques, "Francs ou autres).


Dernière édition par Abdüssalâm le Monday 08 Feb 10, 18:34; édité 1 fois
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giòrss



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Messageécrit le Saturday 06 Feb 10, 17:22 Répondre en citant ce message   

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Messageécrit le Sunday 07 Feb 10, 8:03 Répondre en citant ce message   

Là, ce sont quand même des références plus sérieuses!(malheureusement, je ne peux toutes les lire ne comprenant ni l'allemand, ni le latin et très peu l'anglais)
petite précision: en arabe, on ne dit pas afrîqî mais ifrîqî, ce qui d'aileurs, à l'époque ne veut pas dire "africain" mais correspond, plus ou moins au territoire de la Tunisie actuelle: al-ifriqiyâ' الإفرقياء
Citation:
Citation:
la lingua franca dont tu parles peut-être le fait des Morisques installés en nombre à Oran, Béjaïa et Tunis.

Non , parce-que sa diffusion ne se limitait pas à ces lieux là.


Ce que j'émettais est une supposition sans fondement historique (tout comme la tienne), mais toute langue (parler, dialecte, etc) a souvent une zone de pratique dépassant largement son bercau initial.
Citation:
L'archaïsme est un phénomene qu'à rien à faire avec la faute d'éducation

Quand je parlais d'éducation, c'était d'éducation proprement scolaire. Il est clair que longtemps les campagnes, le petit artisanat des bourgs ont constitué des milieux de conservation et d'archaïsme linguistiques. Surtout à cette époque (XV°/XVI° s) de profond remaniement des langues européennes qui, un peu partout remplaçaient le latin comme langue de culture. On lit assez bien Ronsard, il n'est pas certain du tout qu'on eût compris un laboureur du Berry.

Bon ceci étant dit, j'aimerais quand même qu'on avance. J'ai exposé, je crois, ma conception du milieu dans lequel va se développer l'aljamiado (car c'est le but de tout ce qui précède) Quant à toi, tu t'es posé en contradicteur. Les quelques éléments sérieux que tu apportes arrivent dans ce dernier message? (je le répète au passage le "romanze" dont tu donnes le lien est, de l'aveu de son propre auteur une "reconstitution" ce que nous pouvons tous faire à partir des langues de notre choix, j'en ai même une sous le coude que j'appelle "néo-aljamía" ).
Citation:
Este es el primero de los libros que el alpujarreño Ferraman Aben Vela ed Ruiz (Fernando Vela Ruiz) publicó cuando era profesor en un instituto de Baza (Granada). Ferramán (que murió en Granada en 1986) se basó para la reconstrucción del andaluz en el Aljamía medieval

Mais tout cela reste anecdotique, le but étant de donner, en introduction, le décor dans lequel va prendre forme l'aljamiado. La conception que j'ai largement développée ci-dessus peut se résumer en ceci: l'aljamiado qu'on peut lire aujourd'hui est le produit de la désarabization des masses musulmanes demeurées dans les territoires conquis par les Chrétiens.
Donc, il serait bon que tu développes un peu afin qu'on se fasse une idée, car poser des contradictions lapidaires et, non seulement facile, mais brouille le message plus qu'il ne le clarifie. Je pense, pour que nous soyons à égalité du point de vue de l'expression, que personne ne trouvera à redire, si ton message est un peu long que tu écrives en italien (après tout nous sommes dans un forum de cousins), nous pourrons le faire traduire, au besoin, et s'il le veut bien par Luc de Provence, qui semble manier avec habilité les deux langues.
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Abdüssalâm



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Messageécrit le Sunday 07 Feb 10, 14:19 Répondre en citant ce message   

Ana Areces Gutiérrez (universidad autónoma de Madrid)

Citation:
En su evolución, porque mientras el castellano llegó a Andalucía en el siglo XIII, en un período de regulación idiomática, el haz dialectal andalusí reflejaba su madurez lingüística a través del desarrollo de una etapa de monolingüismo que, en respuesta a la presión castellana, relegó el uso del romance, salvo como lengua aprendida por las exigencias de la situación político-económica.


Autre élément non-pris en compte dans l'élaboration de la lingua franca médétérranéenne: les Renégats (convertis à l'Islâm au service de l'empire ottoman), la plupart d'origine italienne, qui au milieu de XVI° s constituent la moitié de la population d'Alger (pas de chiffre pour les autres villes) [P.Boyer].
Bien sûr, je ne discute pas ici de la sincérité ou de l'opportunisme de leurs conversions.
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giòrss



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Messageécrit le Sunday 07 Feb 10, 17:53 Répondre en citant ce message   

...

Dernière édition par giòrss le Sunday 07 Feb 10, 23:09; édité 2 fois
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Abdüssalâm



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Messageécrit le Sunday 07 Feb 10, 18:19 Répondre en citant ce message   

Disculpo pero el error está en la transcripción si miras bien la escritura árabe sobre la tapa del libro : ليون الإفريقي la إ nota la vocal i (créame, llevo ya bastante años estudiando esta lengua para saber sobre un tema tan sencillo de qué estoy hablando. Y no te hagas negativo por el placer de serlo.

Citation:
¿De verdad piensas que en una tierra donde los artesanos y otras clases populares son conservadores, linguisticamente hablando, los ricos puedan completamente destacarse hasta el punto de no conócer más la lengua del pueblo?
No, por qué sería raro...

Si en algunos casos puede ser (pero has exagerado la cosa a propósito). El imperio ottomán conció una situación parecida ya que los escritos aljamiados que yo he podido leer en su escritura original no cambian tanto del don Quijote que leí tambien como lo escribió Cervantés.
A.Vatin:
Citation:
Il y avait sans doute une langue ottomane vivante et riche mais elle n'avait plus grand-chose à voir avec ce que parlait le peuple, dans le théâtre d'ombre turc, Karagöz était incapable de comprendre le discours fleuri de Hacivat, le lettré stambouliote.
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giòrss



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Messageécrit le Sunday 07 Feb 10, 20:24 Répondre en citant ce message   

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Dernière édition par giòrss le Sunday 07 Feb 10, 23:09; édité 1 fois
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Chusé Antón



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Messageécrit le Sunday 07 Feb 10, 21:55 Répondre en citant ce message   

Abdüsseläm, Giòrss, os felicito encarecidamente por vuestras aportaciones sucesivas. Me encuentro, al leeros, en la situación de que el último que escribe parece que tiene más razón y eso es consecuencia del elevado nivel de las argumentaciones: una auténtica lección de literatura, lingüística e historia. Merci tous les deux.
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