AdM Animateur
Inscrit le: 13 Dec 2006 Messages: 896 Lieu: L-l-N (Belgique)
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écrit le Friday 30 Jul 10, 20:22 |
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Quelques notes de lecture…
Citation: | Louis Quievreux, Dictionnaire du dialecte bruxellois, Bruxelles, (Ed. Nélis) , réimpr. Libro-Sciences, 1991.
(2.1, v°, p.147.) [pistolet ne vient pas de pistole, celle-ci valait environ 10 livres, trop cher.]
D’après le latin pistus in oleo, pistolet = *pist-au-laict “pétri au lait”. (!!?)
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Citation: | André Goosse, « Façons de parler. Ces pistolets pacifiques » in La Libre Belgique, Bruxelles, 8/11/1971 et 22/11/1971.
[Le célèbre grammairien tenait alors une chronique bimensuelle dans ce quotidien.]
[…] Des esprits aventureux ont cherché l’origine du mot pistolet, au sens de petit pain, dans le latin pistor, qui voulait dire « boulanger » ni la chronologie, ni les lois phonétiques du français et du provençal ne s’accomodent de cette explication : pistor a donné pestour en ancien français, pestor en ancien provençal, et tous deux ont disparu depuis longtemps quand apparaît notre pistolet pacifique. Il y aurait d’autres difficultés : un petit boulanger n’est pas normalement un petit pain.
Plus surprenant encore, le composé (panis) pistus in oleo, « (pain) pétri dans l’huile » que Paul Burguière [1], “déjà cité il ya quinze jours”, “a raison d’écarter” : la phonétique n’est pas plus satisfaite et que vient faire l’huile ?
Pourquoi ne pas songer à l’espagnol ? demande un de mes étudiants, frappé par le fait que pistola désigne un pain allongé dans la province d’Alava. Il ne faut pas surfaire l’influence de l’espagnol sur le français de nos régions, et surtout l’influence d’un terme dialectal.
[1] Paul Burguière, « De pistolet “arme à feu” à pistolet "petit pain” » in Vie et Langage (Paris), 1954, 25, pp.158-160; 29, p.346.
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Citation: | de Caix de Saint-Aymour, “Belgicismes” in Annales de l’Académie royale d’Archéologie de Belgique, LXIII, 6e série, t. III, p.464, s. vo pistolet.
Pistolet, petit pain rond en ovale, façonné à la française et moins lourd que le pain belge ordinaire, et particulièrment un petit pain au lait que l’on prend surtout au premier déjeuner.
L’étymologie de ce mot est assez obscure. La plus vraisemblable est celle qui lui fait tirer son nom de sa petitesse.
On appelait, en effet, pistolet une petite pistole, une demi-pistole. La pistole d’Espagne, monnaie courante dans les Pays-Bas pendant la domination espagnole, étant plus petite que les autres, on eut tendance à donner, par assimilation, le nom de pistolet à des objets plus petits que leurs congénères. C’est du moins ce qu’on peut inférer du passage suivant d’un ouvrage du XVIe siècle, les Bigarrures du Seigneur des Accords (p. 89) : « Depuis encore, on appelle les écus d’Espagne pistolets, pour ce qu’ils sont plus petits que les auttres, et comme dit Henry Estienne, quelque temps viendra qu’on appellera les petis hommes pistolets et les petites femmes pistolettes. » La prédiction s’est en partie réalisée, puisqu’on appelle pistolet, encore aujourd’hui, les hommes petits ou qui prêtent à la moquerie : Quel singulier pistolet ! Il n’y a donc pas lieu de s’étonner qu’on ait donné le nom de pistolets. à des petits pains dont la forme ronde primitive rappelait encore plus ou moins celle des pistoles.
[Suit une étymologie de pistolet au sens d’arme tirant son nom de petits poignards de la ville de Pistoie (Toscane), explication dont Deharveng dit, p. 208, qu’outre d’être “intéressante” et “savoureuse”, elle “a le mérite d’être vraie”.]
— Tout ce texte est cité dans Joseph Deharveng, s. j., Corrigeons-nous ! Récréations philologiques et grammaticales, première série, Bruxelles, (1923), p. 132, note II, qui ajoute aussi :
(p. 130) Pistolet est rangé par le comte de Caix parmi les belgicismes — Revue Hebdomadaire, 12 août 1911, p. 268. — Ce mot se trouve cependant dans le dictionnaire de Hatzfeld et Darmesteter. Il est vrai qu’il est donné comme étant une forme dialectale. |
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dawance
Inscrit le: 06 Nov 2007 Messages: 1888 Lieu: Ardenne (belge)
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écrit le Sunday 01 Aug 10, 9:20 |
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Le latin pisto, āre : piler a donné pistŏr, d'abord, celui pile, puis qui pétrit, ensuite le boulanger.
En ancien français, ça donna généralement pestor, mais le i était très souvent conservé: pister, pistor, pisseteur, pistrix, pystre (Hemricourt) et au féminin pisteresse...
Le pistillum (même racine), le pilon, a donné pestoil, pestot et pestoler, écraser avec un pilon. Coïncidence troublante!
Dernière édition par dawance le Wednesday 16 Feb 11, 10:38; édité 1 fois |
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Papou JC
Inscrit le: 01 Nov 2008 Messages: 11176 Lieu: Meaux (F)
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écrit le Monday 11 Oct 10, 5:20 |
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Il y a un sens par analogie de forme que nous avons jusqu'ici négligé, heureusement répertorié par le TLF, à savoir :
Citation: | Urinal pour malade alité, de forme allongée et renflée, à l'ouverture tubulaire relevée. [L'infirmier à Arthur]: Si vous avez besoin du «pistolet», vous le demanderez au surveillant de nuit (H. Bazin, Tête contre murs, 1949, p.52). |
Je me demande s'il n'y a pas en outre un jeu phonique avec "pissent au lit" (faire la liaison).... |
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