Moutik Animateur
Inscrit le: 06 Apr 2008 Messages: 1236
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écrit le Sunday 27 Feb 11, 4:52 |
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Un cameo, ou caméo, est l’apparition très fugace et souvent furtive d’une personne dans un film. Cette personne peut être un acteur célèbre, mais aussi le metteur en scène, le producteur, l’auteur, ou toute autre personne bien connue par ailleurs dans un autre contexte. C’est une sorte d’allusion, de citation, de clin d’œil… Hitchcock était familier des caméos dans ses propres films.
Le terme s’utilise aussi à propos de théâtre ou de littérature, où le caméo est la réapparition, dans une œuvre, d’un personnage déjà rencontré dans une œuvre antérieure.
Ce cameo est anglais. L’on dit aussi cameo appearance. C’est une acception particulière du mot cameo « camée », qui vient de l’italien cammeo, ou cameo, même sens. On pourrait rapprocher ce sens de certaines acceptions de médaillon, ou de vignette en français.
Cammeo (it.) et camée (fr.) viennent du bas latin camaheus, l’italien peut-être par l’ancien français. Littré retenait comme étymon le grec κάματος (kamatos) « travail pénible, effort », cf. κάμνω « travailler, prendre de la peine, fournir un effort, se fatiguer ». La fabrication des camées demandant en effet beaucoup de travail et de temps. En grec d’aujourd’hui le μεροκάματο (merokamato) est le salaire journalier, cf. ημέρα ou μέρα (mera) « jour ». Mais certains évoquent l’arabe qămāʾil, pluriel de qumʾūl(a) « bourgeon, bouton de fleur », ou le persan chumahan « agate », ou le grec κόμμα « incision, frappe de la monnaie », ou le latin gemma « gemme, pierre précieuse », etc.
Camée et camaïeu sont apparentés et ont pu se confondre dans le passé.
Le camée est sculpté en relief, en bas-relief, dans une pierre, une pierre fine. À l’inverse de l’intaille, elle, gravée en creux.
Les camées sont souvent gravés dans des agates, en particulier dans la sardonyx, mais aussi dans la calcédoine, la sardoine, la sarde, la cornaline, l’opale, la serpentine, la stéatite, l’hématite, la pierre lithographique, etc. Certains camées, beaucoup plus rarement, dans des quartz hyalins, l’améthyste, l’émeraude, le grenat, la fausse topaze, autre nom de la fluorite jaune. Et l’on taille des camées dans des valves de coquillages aussi.
Les pierres multicouches, faites de plusieurs couches de couleurs différentes, comme la sardonyx, ont permis aux lithoglyphes des effets de plans, de contrastes.
La glyptique est l’art de graver les pierres fines.
Le lithoglyphe est l’artisan, ou l’artiste plutôt, qui grave les pierres fines.
Les pierres fines sont les pierres dures, transparentes ou translucides.
« D’un tiroir d’ébène elle extrayit un olisbos éburnéen dont la tranche, un fin camée de sardonyx, rose, blanchâtre aux nuances bleues, et en pourtour d'un cuivre presque bronze, figurait le rapt d’Amymoné. »
Françoise de Saint-Pierre, Le plaisir objet, Jean-Jacques Pauvert, Paris, 1967 |
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Papou JC
Inscrit le: 01 Nov 2008 Messages: 11195 Lieu: Meaux (F)
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écrit le Sunday 27 Feb 11, 8:45 |
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Moutik a écrit: | Cammeo (it.) et camée (fr.) viennent du bas latin camaheus, l’italien peut-être par l’ancien français. Littré retenait comme étymon le grec κάματος (kamatos) « travail pénible, effort », cf. κάμνω « travailler, prendre de la peine, fournir un effort, se fatiguer ». La fabrication des camées demandant en effet beaucoup de travail et de temps. En grec d’aujourd’hui le μεροκάματο (merokamato) est le salaire journalier, cf. ημέρα ou μέρα (mera) « jour ». Mais certains évoquent l’arabe qămāʾil, pluriel de qumʾūl(a) « bourgeon, bouton de fleur », ou le persan chumahan « agate », ou le grec κόμμα « incision, frappe de la monnaie », ou le latin gemma « gemme, pierre précieuse », etc. |
Il faut faire précéder tout ce paragraphe du très important "Origine obscure" et parsemer la suite de "peut-être" car il ne s'agit que d'hypothèses dont aucune ne doit être privilégiée, en l'absence d'arguments définitifs. Celle de Littré est passée à la trappe, et l'arabe sérieusement mise en doute.
NB : Le mot arabe se transcrit qum3ūla, pl. qamā3il, et est lui-même probablement d'origine étrangère, si l'on en juge par sa structure consonantique. (Je n'en sais pas plus pour le moment. Pour les amoureux de l'écriture arabe : قمعولة ج قماعيل )
A part ça, le passé simple du verbe extraire est inusité. Le « elle extrayit » de la citation est un barbarisme assez savoureux, noyé qu'il est dans une masse de termes rares donnant une impression de science et d'érudition consommées ... |
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Moutik Animateur
Inscrit le: 06 Apr 2008 Messages: 1236
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écrit le Thursday 03 Mar 11, 2:40 |
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Ce qui est rigolo c’est que la première attestation d’un « camée/camaïeu » en français, cachmahief, première moitié du XII°, pourrait être plus ancienne que la première attestation en latin, qui ne remonte qu’au début du XIII°.
Les Romains utilisaient le terme gemma pour une gemme, taillée ou non. Ou encore ectypa sculptura et ectypa imago pour un travail sculpté en relief, mais indifféremment dans une gemme, ou dans le marbre, ou dans la terre cuite.
J’y reviendrai… |
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