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MiccaSoffiu
Inscrit le: 24 Jun 2008 Messages: 463 Lieu: Capicursinu-Sophia
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écrit le Saturday 25 Sep 10, 7:04 |
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Corsica a écrit: | -citrò, qui bien que ressemblant à citron, désigne l'orange dans certaines micro régions ; | Nouveau témoignage : selon l’un des co-auteurs du dictionnaire français corse U MAIÒ : si il devait en choisir une, l’appellation de l’orange serait pour le corse « citrò » du latin citrus et celle du citron « limone » de l’arabe laymun, du perse limu(n), là rien de bien original par rapport à l’italien et l’anglais.
(Le cédrat se dit en corse "alimea" en italien "cedro" et en latin "citrus") |
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José Animateur
Inscrit le: 16 Oct 2006 Messages: 10945 Lieu: Lyon
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écrit le Friday 26 Nov 10, 13:49 |
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Lire ICI le Mot du Jour mandarine / clémentine. |
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José Animateur
Inscrit le: 16 Oct 2006 Messages: 10945 Lieu: Lyon
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écrit le Friday 26 Nov 10, 16:22 |
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melangolo : autre nom pour désigner l'orange amère (= arancio amaro)
melangolo [melàngolo] :
du lat. médiév. melangolus, d'origine gréco-byzantine
composé du grec μῆλον "pomme" (= mela) et de ἄγγουρον "concombre" (= cetriolo)
renvoi à cedrangolo
cedrangolo (ou cetrangolo) :
un autre nom pour désigner l'orange amère
mot du Sud de l'Italie (= voce meridionale)
composé de cedro (= citron) (du latin cĭtrus) et du grec ἄγγουρον (= cetriolo : concombre)
Source : l'encyclopédie en ligne Treccani
La mention du concombre me laisse songeur.
On trouve le mot melangolo dans le titre d'un tableau de Caravaggio (oeuvre de jeunesse) :
- Ragazzo che sbuccia il/un melangolo / Ragazzo che monda un frutto
- Jeune garçon pelant un fruit / Garçon pelant un fruit
On remarquera que la traduction en français n'est pas fidèle. On aurait "dû" avoir : "Jeune garçon pelant une orange".
La diversité des titres vient du fait que Caravaggio a peint plusieurs tableaux sur le même thème. |
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felyrops
Inscrit le: 04 May 2007 Messages: 1143 Lieu: Sint-Niklaas (Belgique)
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écrit le Friday 26 Nov 10, 16:26 |
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Mon renvoi du 23/9/10, pour dire que le latin n'a pas vraiment de mot pour désigner la couleur orange, n'a pas permis d'évoquer les princes d'Orange, dont Guillaume le Taciturne (1533-1584), chevalier de la Toison d'Or, fut le fondateur du Royaume des Pays-Bas.
Je me permets humblement de lui porter un toast posthume! |
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Geremi
Inscrit le: 12 Jan 2006 Messages: 181 Lieu: Nissa
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écrit le Friday 26 Nov 10, 23:51 |
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MiccaSoffiu a écrit: | Corsica a écrit: | -purtugallu ou portugallu dans l'extrême sud de l'île, en alternance avec aranciu. | Une confirmation selon deux témoignages que je viens d’avoir sur un forum en langue corse :
« partagallu » se dit effectivement dans la région d’Ajaccio, je ne comprends pas du tout cette répartition géographique très spécifique et réduite, pour la région d’Ajaccio ou le Piedmont … sans que la Toscane ni le Cap Corse soient concernés ? … |
Piémont, Ajaccio et... Nice.
En Niçois, orange se dit Pourtegal. |
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MiccaSoffiu
Inscrit le: 24 Jun 2008 Messages: 463 Lieu: Capicursinu-Sophia
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écrit le Saturday 27 Nov 10, 9:46 |
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Outis a écrit: | ... À noter que l'huile essentielle des fleurs du bigaradier est appelée néroli. Un mot que j'aurais volontiers décomposé ner… + oli (huile) mais le TLF dit : « Du nom d'Anne-Marie de la Tremoïlle, femme du prince de Nerole, qui aurait introduit cette essence en France ». Décevant.
@ Piroska : oui, orange de Séville et orange amère sont deux noms usuels du fruit du bigaradier, la bigarade (< prov. bigarrado « bigarré »). | Le bigaradier se nome en corse : aranciu «stuppone » d’étymologie indéfinie, pensant qu’il s’agissait d’une dénomination spécificique de mon village(j’ai cet arbre dans mon jardin) je ne l’avais pas mentionné, or en partant de la référence INFCOR :
corse : stuppone, stumbone = bigaradier; bigarade : oranger bâtard qui produit un fruit amer. italien : melangolo; melangola
Pour le français e retrouve sur wiki : Citation: | ... Le bigaradier (Citrus aurantium) est un arbre de la famille des Rutacées (agrume). Le fruit, les feuilles, les rameaux et la fleur ont de nombreuses applications alimentaires et en parfumerie… |
Pour l’italien le "bigaradier" serait donc :
José a écrit: | melangolo : autre nom pour désigner l'orange amère (= arancio amaro) … |
Vocabolario degli accademici della Crusca
Citation: | ... MELANGOLO, e MELANGOLA.
Definiz: Sorta d'agrume. Lat. malum aurantium.
Esempio: Dav. Colt. 172. È propria foggia de' melaranci, cedri, limoni, e melangoli.
Esempio: E Dav. Colt. 184. Semina melaranci, limoni, e melangoli in questa maniera.
Esempio: E Dav. Colt. 199. Annesta aranci, cedri, limoni, melangoli, e gli altri frutti a bucciuolo, e scudicciuolo.
Esempio: Buon. Fier. 5. 5. 2. Avea per occhi due mezze melangole. … |
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rejsl Animatrice
Inscrit le: 14 Nov 2007 Messages: 3664 Lieu: Massalia
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écrit le Sunday 25 Sep 11, 19:02 |
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Citation: | En allemand du 15e siècle "Pomeranze" (orig.: latin du moyen-age: "pomarancia").
(Felyrops) |
Le terme Pomeranze est toujours utilisé, en Autriche par exemple, mais il désigne une variété d'oranges amères. On dit aussi Bitterorange ( orange amère) ou Sevilla-Orange: orange de Séville. |
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Papou JC
Inscrit le: 01 Nov 2008 Messages: 11176 Lieu: Meaux (F)
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écrit le Sunday 25 Sep 11, 19:41 |
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Remercions Wikipedia pour un article exhaustif qui fait le point sur les diverses dénominations de l'orange :
Citation: | Les noms de l'orange, dans les langues d'Europe et de Méditerranée, laissent reconnaître les diverses pérégrinations qu'a connues ce fruit au cours de son histoire. On y retrouve les deux grandes routes suivies par l'orange : d'un côté, l'orange amère qui passa des Perses aux Arabes, puis aux pays méditerranéens ; de l'autre, l'orange douce que les Portugais rapportèrent de Chine au xvie siècle.
Un premier groupe de termes est emprunté à l'arabe médiéval نرنجة [naranjah], lui-même emprunté au persan نارنج [nāranj]. Certaines langues conservent le n initial, comme l'espagnol naranja, le vénitien naranza, le grec νεράντζι [nerantzi] (‘orange amère’), le serbo-croate наранџа/narandža ou encore le hongrois narancs.
D'autres ont modifié cette consonne, comme le portugais laranja, le yiddish מאַראַנץ [marants] ou le catalan taronja.
D'autres, enfin, ont perdu la consonne initiale, comme l'italien arancia (ou ses dérivés anciens mel-arancia et pom-arancia) ou le provençal auranja. Le français orange a subi en outre une modification de voyelle, peut-être – dit-on – sous l'influence de la ville d'Orange.
L'allemand Orange et l'anglais orange sont empruntés au français. Le gallois oren et le japonais オレンジ [orenji] sont empruntés à l'anglais. L'occitan, à l'ouest du Rhône, employait une variante irange [i'rantgé]. Le polonais pomarańcza et le tchèque pomeranč sont empruntés à l'ancien italien pomarancia, lui-même combinaison du latin pomum ‘fruit’ et de arancia. Une autre étymologie propose de rapprocher l'italien pomarancia du latin pomum aurantium ‘fruit/pomme d'or’. Une expression comparable se retrouve en hébreu, où תפוז tapouz (orange) est une contraction de tapoua'h zahav, « pomme d'or ».
Plusieurs langues des Balkans et de Méditerranée nomment l'orange par le nom du Portugal. C'est le cas avec le napolitain portogallo, le grec πορτοκάλι [portokali], l'albanais portokalli, le bulgare портокал [portokal], le roumain portocală ; ainsi que le turc portakal, le géorgien ფორთოხალი [phortokhali], l'arabe برتقال [burtuqāl], le persan moderne (farsi) پرتقال [porteghal], l'amharique ብርቱካን [birtukan].
Un troisième groupe de langues, au nord de l'Europe, emploie une périphrase signifiant ‘pomme de Chine’. C'est le cas de langues germaniques et scandinaves : allemand du nord Apfelsine ; danois, norvégien et suédois appelsin ; ou dans l'ordre inverse, néerlandais sinaasappel. Enfin, le finnois appelsiini, le lituanien apelsinas, le russe апельсин [apelsin] et le biélorusse апельсін [apelsin] ont emprunté leurs formes aux langues scandinaves.
Au côté des mots arabes [burtuqāl] et [leymoune] (de l'espagnol Lemon, citron) utilisés au Maroc pour désigner les oranges, certaines régions nomment ce fruit latchine (du fr. la Chine) pour indiquer son origine ; en Algérie, on dit parfois tchina. À Santo Domingo, un jus d'oranges se dit "jugo de china".
Enfin, d'autres langues du monde emploient des racines différentes. Par exemple, en indonésien, l'orange s'appelle jeruk. |
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Papou JC
Inscrit le: 01 Nov 2008 Messages: 11176 Lieu: Meaux (F)
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écrit le Sunday 25 Sep 11, 19:51 |
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Outis a écrit: | Le turc turunç est un emprunt à l'iranien turşī, issu lui-même de turş « acide » mais, probablement, en parlant d'une boisson rafraîchissante car le mot semble apparenté à l'avestique tṛšna- « bouche sèche ». |
On me permettra d'en douter. Je croirais plus volontiers que le turc turunç fait partie des mots issus du persan nāranj qui, comme le portugais, le yiddish et le catalan, ont modifié la consonne initiale. (Voir mon post précédent.) |
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Outis Animateur
Inscrit le: 07 Feb 2007 Messages: 3510 Lieu: Nissa
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écrit le Monday 26 Sep 11, 9:19 |
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Bon, pourquoi pas …
Mais :
Citation: | turunç [orange amère, bigarade] YusZ <1377 türünc ~ Fa [farsi] turung/turunc ترنگ/ترنج turunç, citrus medica veya [ou] citrus vulgaris |
me conduit à maintenir mon point de vue tant qu'on ne m'aura pas expliqué comment et sous quelle influence les consonnes initiales se modifient aléatoirement au gré des besoins.
Comme l'article de Wikipedia le signale également, la bigarade vient de Perse et tout ce que je lis bêtement ne me fait penser qu'à une chose : les Perses avaient sans doute plusieurs mots pour la désigner, la relative paronymie de nāranj et turunc étant peut-être en rapport avec la forte tradition poétique iranienne.
En tout cas, on ne gagne rien à rejeter un témoignage … |
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Papou JC
Inscrit le: 01 Nov 2008 Messages: 11176 Lieu: Meaux (F)
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écrit le Monday 26 Sep 11, 9:37 |
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C'est bien vrai, et c'est bien pourquoi personne ne rejette rien. Ni "commenter" ni "douter" ne sont synonymes de "rejeter".
Pour répondre à ta question, je tente une explication : les consonnes radicales du mot persan étaient peut-être RNJ (j'écris ainsi pour faire court et simple). La consonne ajoutée en tête serait alors d'origine classificatoire (douce / amère, cf. le cas castillan) ou morphologique, une trace d'article, par exemple (cf. le cas marocain latchine). D'où des choix différents selon les pays, y compris l'absence de consonne.
Sauf dans le cas catalan, le N initial semble dénoter la douceur et le T l'amertume. |
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gilou
Inscrit le: 02 Jan 2007 Messages: 1528 Lieu: Paris et Rambouillet
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écrit le Monday 26 Sep 11, 11:16 |
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Citation: | Je croirais plus volontiers que le turc turunç fait partie des mots issus du persan nāranj | J'en doute un peu, pour des raisons phonétiques.
Il est vrai qu'en turc, les mots d'origine turque ne commencent pas en principe par m, n, l, r, f, z, j, c, et donc en particulier par n (exception, la particule interrogative ne "quoi?"). Mais le n est une consonne en général stable a l'initiale (les conditions de sa disparition après un article en n dans les langues romanes citées sont claires: une assimilation au n précédent suivi d'une resyllabification, et on ne voit pas pourquoi cela s'appliquerait au turc, ou on n'a pas un tel article), et il semble bien l'être au vu des termes importés suivants: nane (menthe, de l'arabe nana [النعناع], peut être par le biais du persan, nana), nar (grenade, du persan anar ou enar), nohut (pois chiche, du persan nokhod).
Bon, en plus de cette modification de la consonne initiale, il faudrait aussi justifier un passage des voyelles (au moins de la première), de a à u, ce qui la encore, n'a aucune raison particulière d'être.
Les lois des évolutions phonétiques sont dures, mais ce sont les lois... |
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Papou JC
Inscrit le: 01 Nov 2008 Messages: 11176 Lieu: Meaux (F)
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écrit le Monday 26 Sep 11, 12:29 |
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Gilou, j'ai été trop rapide. Pour comprendre mon dernier post, il faut aussi tenir compte de celui d'Outis qui a relevé le farsi turunç, preuve, je crois, que l'Iran connaissais les deux variétés d'oranges, les douces et les amères. Le turc vient donc de turunç, non de nāranj. Mais on voit, me semble-t-il, que turunç et nāranj ont trop de ressemblances pour ne pas relever d'un même étymon. |
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gilou
Inscrit le: 02 Jan 2007 Messages: 1528 Lieu: Paris et Rambouillet
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écrit le Monday 26 Sep 11, 12:42 |
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Oui, c'est nettement plus clair la.
C'est une hypothèse plausible en effet. |
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Outis Animateur
Inscrit le: 07 Feb 2007 Messages: 3510 Lieu: Nissa
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écrit le Tuesday 27 Sep 11, 23:47 |
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Papou JC a écrit: | Mais on voit, me semble-t-il, que turunç et nāranj ont trop de ressemblances pour ne pas relever d'un même étymon. |
J'en suis sidéré. De telles alternances en indo-iranien m'étaient totalement inconnues … |
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