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José Animateur
Inscrit le: 16 Oct 2006 Messages: 10941 Lieu: Lyon
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écrit le Friday 16 Nov 07, 14:00 |
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Cet article paru récemment dans COURRIER INTERNATIONAL met en évidence la terminologie culinaire utilisée par les journalistes britanniques ou américains. Certains termes sont de vraies trouvailles (to kebab), le jeu de mot sur Turkish delight n'est pas mal non plus.
Je cite l'article dans son intégralité car les liens Courrier International sont plus qu'éphémères.
Citation: | Pour rendre les réalités sociopolitiques plus appétissantes, la presse britannique et américaine a volontiers recours à des métaphores culinaires. La chronique de Jean-Claude Sergeant, professeur de civilisation britannique à l'université Paris-III.
L'écriture de presse se nourrit de métaphores. Chargé de rendre compte de l'événement – cette déchirure du quotidien, selon l'ancien directeur du Monde Jacques Fauvet –, le journaliste est naturellement porté à en transcrire la réalité sous une forme imagée, autant par souci pédagogique que pour en renforcer la potentialité dramatique. Il ira ainsi puiser dans le registre de la compétition sportive ou de l'antagonisme guerrier les parures métaphoriques qui, à force d'usage, finissent par s'affadir en clichés.
Le rayon alimentaire, moins sollicité que celui de la guerre, n'en alimente pas moins l'inspiration métaphorique des journalistes anglo-saxons et français, qui s'échangent d'ailleurs volontiers les recettes.
Si l'on a vu très tôt la "tasse de thé" érigée en symbole des intérêts et des compétences individuelles, le plus souvent d'ailleurs sous une forme négative ("ce n'est pas ma tasse de thé"), la "patate chaude" (hot potato) n'a pas tardé à s'afficher comme spécialité des chroniqueurs français. Evoquant le style de gestion politique de François Mitterrand, Franz-Olivier Giesbert écrivait déjà en 1990 : "Artiste de l'esquive, il s'est empressé de renvoyer la patate chaude au gouvernement" ( Le Figaro du 14 novembre 1990). Quinze ans plus tard, un journaliste britannique qualifiait le jeu d'un Peter O'Toole vieillissant de "histrionic charcuterie" (supplément Culture du Sunday Times du 20 mars 2005). La métaphore alimentaire n'est pas sans lettres de noblesse. Arnold Wesker, célèbre dramaturge anglais qui s'est fait connaître par une pièce intitulée The Kitchen (1958, La Cuisine), livre quatre ans plus tard une nouvelle pièce dont le titre – Chips with Everything (Des frites, des frites, des frites…) – célèbre les frites anglaises, qui n'ont rien de commun avec leurs consœurs françaises – French fries –, un temps bannies des cuisines américaines par mesure de rétorsion lors de la crise irakienne. Avant lui, George Bernard Shaw avait conquis en 1929 le public londonien avec sa pièce The Apple Cart (La Charrette de pommes), parabole politique dont le titre faisait référence à la locution populaire to upset the apple cart, en usage depuis le milieu du XVIIIe siècle, évoquant l'anéantissement d'équilibres patiemment construits.
Plus spécifiquement britannique, le terme pie occupe une place de choix dans le registre métaphorique. On le retrouve notamment dans l'expression to eat humble pie, dont l'origine remonte à la coutume consistant à servir aux compagnons de chasse du prince un pâté confectionné à partir des parties les moins nobles – umbles – du gibier abattu. Dans l'usage actuel, to eat humble pie signifie "faire amende honorable", "aller à Canossa" : "Labour must eat humble pie" (titre d'une chronique de Polly Toynbee consacrée à l'incapacité du gouvernement à réformer le système de santé, The Guardian du 21 novembre 2006).
Si l'origine culinaire de hotchpotch (qui renvoie au français "hochepot") n'est plus guère perceptible, le terme, dans son emploi figuré, est très attesté dans la presse contemporaine : "A hotchpotch of loosely related ideas", écrit le chroniqueur de The Economist (du 22 octobre 2007) à propos du nouveau livre du cogniticien américain Steven Pinker, The Stuff of Thought. La soupe, souvent élaborée à partir de restes de viande joints à des légumes, évoque d'ailleurs généralement la confusion et l'embarras (voir l'expression to be in the soup), surtout lorsqu'on y ajoute des pâtes représentant les lettres de l'alphabet. A propos des prochaines élections au Danemark, la prolifération des partis et des sigles conduit The Economist (du 3 novembre 2007) à écrire : "With so many parties joining in, newspaper headlines resemble alphabet soup."
L'anglais des Etats-Unis conserve lui aussi la trace de pratiques anciennes d'ordre alimentaire, notamment celle du pork barrel, désignant une forme de clientélisme pratiqué par les hommes politiques qui s'attachent à obtenir des fonds fédéraux en faveur de l'Etat dont ils sont les élus. S'ouvrant à la diversité des cuisines du monde, la presse a récemment incorporé le verbe to kebab pour traduire de façon figurée la perte de toute crédibilité. Evoquant la stratégie de campagne de Hillary Clinton, The Economist (du 22 octobre 2007) écrit ainsi : "The last few days have seen Hillary Clinton revisiting health care, the subject that kebabbed her husband's first term" ("[…] le sujet qui avait carbonisé le premier mandat de son mari").
La métaphore alimentaire, précisément en raison de son rapport improbable au monde sociopolitique, fournit aux secrétaires de rédaction matière à des titres cocasses que ne dédaignent pas les journaux les plus respectables. Ainsi le Financial Times n'a-t-il pas hésité à assortir le compte rendu d'une visite de Margaret Thatcher en Turquie du titre "Thatcher delights the Turkish" (8 avril 1988), dont la traduction littérale en français – "La visite de Mme Thatcher ravit les Turcs" – ferait l'impasse sur la référence au loukoum (Turkish delight), tentation à laquelle le Financial Times n'a pas voulu résister. |
Dernière édition par José le Friday 08 Mar 13, 13:26; édité 3 fois |
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Chusé Antón
Inscrit le: 25 Feb 2005 Messages: 740
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écrit le Saturday 24 Nov 07, 21:55 |
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En espagnol on peut dire:
Lechuga (laitue), ser un lechuguino: Celui qui est un innocent.
Tomate, hay aquí mucho tomate: Il y a beaucoup de travail à faire.
Chorizo, ser un chorizo (saucisson): Être un larron.
Patata (pomme de terre), cero patatero: Rien de rien.
Castañas (châtaignes), sacar las castañas del fuego: Aider un autre ressoudre ses problèmes.
Cebollo (oignon), ser un cebollo: Celui qui est un idiote.
Jamón, jamona (jambon), estar jamón o estar jamona: Celui ou celle qui est atractif/ve.
Ajo (ail), estar en el ajo: Celui qui est bien informé.
Pimiento (poivron), me importa un pimiento: Ça n´importe rien.
Huevo(oeuf), me importa un huevo: Idem
Empanada (vol-au -vent avec du poisson et verdures), menuda empanada tienen: Une grande complication.
Pollo (poulet), montar un pollo: Discuter.
Acelga(blète), cara de acelga: Être malade, sérieux.
Habas(fèves), ser más serio que un plato de habas: Être très,très sérieux -comme un assiette de fèves-.
Garbanzo(pois chiche), ser el garbanzo negro: Ètre l´exception -dans le mauvais sens-. |
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José Animateur
Inscrit le: 16 Oct 2006 Messages: 10941 Lieu: Lyon
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écrit le Thursday 27 Oct 11, 11:44 |
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- (...) complementary measures that might help to sweeten the pie for the bankers
= des mesures complémentaires qui pourraient contribuer à adoucir la note pour les banquiers
The International Herald Tribune - 26.10.2011
to sweeten the pie : adoucir la tarte / tourte |
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embatérienne Animateur
Inscrit le: 11 Mar 2011 Messages: 3875 Lieu: Paris
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écrit le Thursday 27 Oct 11, 11:55 |
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Il me semble que c'est une adaptation du plus ancien "to sweeten the pill", faire passer la pilule, dorer la pilule. |
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Papou JC
Inscrit le: 01 Nov 2008 Messages: 11202 Lieu: Meaux (F)
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écrit le Thursday 27 Oct 11, 12:52 |
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Je dis merci à Chusé Antón et lui demande pardon car je reprends avec grand plaisir - tellement elles sont drôles - ces expressions afin de corriger un peu la traduction de quelques-unes d'entre elles (avec l'aide de mon épouse, castillane 100%) :
Acelga (blète), tener cara de acelga : avoir mauvaise mine.
Ajo (ail), estar en el ajo : être dans le secret.
Castañas (châtaignes), sacar las castañas del fuego : tirer les marrons du feu.
Cebollo (oignon), ser un cebollo : être un pèquenot.
Empanada (vol-au -vent avec du poisson et légumes), menuda empanada (tienen) : une grande confusion mentale (ils ont).
Garbanzo (pois chiche), ser el garbanzo negro: être la brebis galeuse.
Habas (fèves), ser más serio que un plato de habas : être gracieux comme une porte de prison.
Jamón, jamona (jambon), estar jamón : être sexy, mais estar jamona : être un peu trop bien en chair, être grosse
Lechuga (laitue), ser un lechuguino : être un freluquet.
Pollo (poulet), montar un pollo : faire toute une histoire.
Dernière édition par Papou JC le Sunday 30 Oct 11, 6:51; édité 1 fois |
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embatérienne Animateur
Inscrit le: 11 Mar 2011 Messages: 3875 Lieu: Paris
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écrit le Thursday 27 Oct 11, 13:27 |
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Papou JC a écrit: | Castañas (châtaignes), sacar las castañas del fuego : tirer les marrons du feu.
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Et quel est le sens exact de l'expression en castillan ? En français, il y a ambiguïté entre la signification ancienne et la signification nouvelle. |
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dawance
Inscrit le: 06 Nov 2007 Messages: 1897 Lieu: Ardenne (belge)
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écrit le Thursday 27 Oct 11, 16:21 |
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Sur les menus figurent beaucoup de métaphores, pas nécessairement journalistiques.
En Belgique existe les "Sauteuses des prés", pour désigner les cuisses de ces batraciens coassants.
Parenthèse : La règlementation l'interdit encore, je pense. Il faut dire que les braconniers y sont allé un peu fort en vidant les étangs des châtelains du village, pour plus de facilité. Actuellement, les restos s’approvisionnent en Pologne, mais c'est pas la même chose: plus charnues mais moins goûteuses. |
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Papou JC
Inscrit le: 01 Nov 2008 Messages: 11202 Lieu: Meaux (F)
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écrit le Thursday 27 Oct 11, 17:44 |
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embatérienne a écrit: | Papou JC a écrit: | Castañas (châtaignes), sacar las castañas del fuego : tirer les marrons du feu.
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Et quel est le sens exact de l'expression en castillan ? En français, il y a ambiguïté entre la signification ancienne et la signification nouvelle. |
Il y a deux sens, aussi bien en français qu'en espagnol, selon la présence ou non d'un complément d'attribution. Tirer les marrons du feu pour soi est une chose, et les tirer pour quelqu'un d'autre en est une autre. Je pense qu'en espagnol c'est toujours pour quelqu'un d'autre. Et il me semble qu'en français, c'est le contraire. A vérifier sur corpus. |
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giòrss
Inscrit le: 02 Aug 2007 Messages: 2778 Lieu: Barge - Piemont
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écrit le Thursday 27 Oct 11, 19:21 |
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En italien: togliere le castagne dal fuoco a qualcuno = Entreprendre quelque chose de risqué ou dangereux pour le profit de quelqu'un d'autre.
En piémontais:
- gavé le castagne dal feu = entreprendre quelque chose de risqué ou dangereux pour le profit de quelqu'un d'autre.
- gavésse soe rave = tirer avantage d'une situation pour soi-même |
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Papou JC
Inscrit le: 01 Nov 2008 Messages: 11202 Lieu: Meaux (F)
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écrit le Sunday 30 Oct 11, 6:44 |
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Ces expressions n'étant pas propres au journalisme, je propose de renommer le sujet "Métaphores culinaires", tout simplement.
En voici quelques autres :
- traîner des casseroles derrière soi : avoir eu dans son passé des comportements qui entachent sa réputation.
- faire tout un plat de qqch : donner une importance démesurée à qqch.
- être la cerise sur le gâteau : être le petit complément agréable ajouté à quelque chose qui était de toutes façons déjà très positif.
- servir la soupe à qqn : aller au devant de ses désirs. Se dit notamment des journalistes qui posent à un homme politique les questions pour lesquelles il a bien préparé les réponses, et seulement celles-là.
- être soupe au lait : se mettre facilement en colère.
- être la tarte à la crème : être une formule creuse, un lieu commun.
- ne pas y aller avec le dos de la cuillère : faire ou dire les choses sans retenue, carrément.
- permettre de mettre du beurre sur les épinards : augmenter un peu le niveau de vie.
En espagnol :
- (Éstas) son lentejas, si las quieres las tomas, y si no, las dejas : c'est à prendre ou à laisser. (littér. : c'est des lentilles, si tu en veux, tu en prends, et sinon tu les laisses.) |
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flo
Inscrit le: 03 Oct 2010 Messages: 302 Lieu: La Rochelle
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écrit le Sunday 30 Oct 11, 21:00 |
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Faire un fromage peut remplacer faire tout un plat
Faire son beurre : faire des profits
Faire l'andouille : faire l'imbécile
Mettre à toutes les sauces : utiliser à tout propos une expression, une excuse... en abuser.
Mettre les petits plats dans les grands : faire de son mieux pour accueillir quelqu'un
Se faire cuire un oeuf, ce dont il faut se contenter si on a refusé une offre généreuse d'autrui
Avoir un pépin : avoir des ennuis
être pris pour une poire : pour un imbécile
avoir la banane : être heureux, du moins très souriant
avoir la pêche : être en pleine forme
être mi figue mi-raisin : d'humeur indécise
en deux coups de cuiller à pot : très vite
tourner la cuiller autour du pot : hésiter longuement
Ne pas y aller avec le dos de la cuiller : sans aucun égard
Faire choux blanc : échouer
Prendre une prune : être verbalisé
La moutarde monte au nez : se mettre en colère
La mayonnaise prend : les personnalités sont compatibles
C'est du gâteau ! : trop facile
plus trivial, mouler un cake : aller à la selle
Hors expression, pas mal de mots isolés :
châtaigne ou marron et pain ou encore patate ou beignet pour un coup de poing. Ratatouille pour plusieurs gros coups
pomme ou poire sont le visage
brochette désigne un ensemble de choses ou de gens
boeuf-carotte désigne l'inspection de la police
le bouillon de onze-heure est un poison
pomme et cornichon désignent une personne pas finaude
la salade est un mensonge
Pur l'instant, mon imagination s'épuise mais il en existe sans doute plein d'autres
Dernière édition par flo le Monday 31 Oct 11, 9:00; édité 1 fois |
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Papou JC
Inscrit le: 01 Nov 2008 Messages: 11202 Lieu: Meaux (F)
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écrit le Sunday 30 Oct 11, 21:15 |
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Je bois du petit lait = je constate avec grand plaisir que j'avais raison, je savoure ma vengeance.
Je bois la tasse = j'avale de l'eau par accident en me baignant.
J'ai mangé mon pain blanc en premier = j'ai été plus heureux au début de ma vie qu'à la fin, souvent par imprévoyance. |
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flo
Inscrit le: 03 Oct 2010 Messages: 302 Lieu: La Rochelle
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écrit le Monday 31 Oct 11, 9:19 |
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être tout sucre tout miel : hypocrite, simplement mielleux
faire vinaigre : faire vite
On n'attire pas les mouches avec du vinaigre : il faut être sociable pour être apprécié
mettre de l'huile : apaiser une tension
Et puis des verbes aussi :
boudiner : serrer de très près, surtout pour les vêtement (être boudiné dans un pantalon)
larder : couvrir de multiples plaies (lardé de coups de couteau)
mijoter : penser longuement à un plan
saler : trop excessif (une facture salée, une punition salée)
se poivrer : s'enivrer
emmieller : embêter |
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rejsl Animatrice
Inscrit le: 14 Nov 2007 Messages: 3672 Lieu: Massalia
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écrit le Monday 31 Oct 11, 11:09 |
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Quelques locutions allemandes autour de la poire: die Birne
- die Birnen reif werden lassen: ( laisser mûrir les poires) = attendre le bon moment.
- Er ist keine faule Birne wert = ( = il ne vaut même pas une poire pourrie) = il ne vaut rien.
-Mehr können als Birnen braten = ( littéralement: ne pas savoir uniquement faire cuire des poires, être capable de plus) = être malin, rusé.
- Aus teigen Birnen böhmische Feigen machen ( = faire passer des poires pourries pour des figues de Bohême) = faire prendre des vessies pour des lanternes. Présenter une chose de mauvaise qualité comme s'il s'agissait du meilleur. |
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giòrss
Inscrit le: 02 Aug 2007 Messages: 2778 Lieu: Barge - Piemont
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écrit le Monday 31 Oct 11, 19:39 |
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Non capire un fico secco (lit. "Ne pas comprendre une figue sèche") = ne rien comprendre
Non fare un fico (lit. "ne pas faire une figue") = ne rien faire
Importare un fico = s'en ficher pas mal {fam.}; s'en ficher comme de l'an quarante {fam.}; s'en foutre comme de sa première chemise {fam.}. |
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