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Tomaz
Inscrit le: 17 Jan 2006 Messages: 44 Lieu: Breten Vyghan
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écrit le Thursday 15 Jun 06, 3:10 |
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J'utilise pas mal ce genre de construction, pour insister. (Comme la plupart des gens autour de moi je pense.)
J'ai qu'un exemple qui me passe par la tête par contre : l'autre je disais à un ami que mon rapport était fini, mais pas fini fini. À comprendre : il est tapé, mais il faut encore le relire, le corriger, faire de la mise en page, etc. Une fois qu'il est vraiment terminé et lancé à l'impression, là il est fini fini. |
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gilou
Inscrit le: 02 Jan 2007 Messages: 1528 Lieu: Paris et Rambouillet
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écrit le Saturday 28 Jan 12, 21:41 |
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La réduplication de la première syllabe radicale est un procédé courant en nahuatl classique:
Noter qu'en nahuatl, la réduplication ne concerne en fait que début (C)V du radical, la consonne finale de la syllabe initiale n'est pas concernée.
On distingue trois types de redoublement:
- redoublement avec allongement de la voyelle (si elle est brève) que je noterais Rē-
- redoublement avec abrègement de la voyelle (si elle est longue) que je noterais Re-
- redoublement suivi de l'occlusive glottale (ce qui déclenche un abrègement automatique d'une voyelle longue) que je noterais Reh- [h note la consonne occlusive glottale sourde [ʔ]]
A. Le redoublement le plus courant est le redoublement avec allongement de la voyelle Rē-
1) On le trouve utilisé dans la formation du pluriel des noms.
En nahuatl, seuls les noms animés sont ordinairement pluralisables (font exception certains noms comme tepētl "montagne" ou citlālin "étoile", pour des raisons culturelles).
Le pluriel se forme par suffixation au radical d'un suffixe de pluriel nominal en -h, -meh ou -tin (le choix est lexical, mais pour des raisons propres à la phonologie nahuatl, -h ne peut apparaître qu'après voyelle. On a de nombreux doublets, et en général, -tin a plutôt tendance a suivre une consonne et -meh une voyelle [cette tendance s'est poursuivie dans les dialectes modernes])
En plus du suffixe de pluriel, les noms qui font leur pluriel avec un autre suffixe que -meh peuvent avoir au pluriel un redoublement avec allongement de la voyelle Rē-. La encore, la distribution est lexicale, il n'y a pas de critère permettant de savoir si un nom va former son pluriel avec ou sans réduplication.
On a donc au final cinq types de formation du pluriel en nahuatl:
- pluriel en -meh: tōtōtl /tōtō-λ/ "oiseau" -> tōtōmeh /tōtō-meh/ oiseaux
- pluriel en -h: cihuātl /siwā-λ/ "femme" -> cihuah /siwā-h/ "femmes"
- pluriel en Rē-h: coyōtl /koyō-λ/ "coyote" -> cōcoyoh /Rē-koyō-h/ "coyotes"
- pluriel en -tin: nāntli /nān-λ(i)/ "mère" -> nāntin /nān-tin/ "mères"
- pluriel en Rē-tin: pilli /pil-λ(i)/ "enfant, noble" -> pīpiltin /Rē-pil-tin/ "enfants, nobles"
Je me suis limité pour mes exemples à des mots prenant le suffixe dit absolutif -tl(i) caractéristique de la très grande majorité des noms singuliers, mais c'est vrai aussi pour les noms à suffixe de singulier -in (chapōlin /čapōl-in/ "sauterelle -> chapōltin /čapōl-tin/ "sauterelles", michin /mič-in/ "poisson" -> michmeh /mič-meh/ "poissons") ou sans suffixe au singulier (chichi /čiči/ "chien -> chichimeh /čiči-meh/ "chiens")
2) On le trouve dans la formation de verbes dérivés:
Ces verbes dérivés dits "intensifs" de sens variable, mais marquant en particulier le fait de faire l'action fréquemment, fortement, avec application, avec une intention particulière, etc.
Huel tzahtzi. /wel Rē-cahci/ <fort il-crie>: "Il crie fort" Huel tzātzahtzi. /wel Rē-cahci/ "Il crie très fort".
Nonīichtequi in cuezcomac /n-on-(Rē-ičteki) in kʷeskoma-k/ "Je vais fréquemment commettre des vols dans les greniers", ou cuezcomac est le nom locatif tiré de cuezcomatl, grenier, et ou on peut reconstruire la forme verbale ainsi:
Radical ichtequi verbe intransitif "voler", et semi-transitif (ie qui ne prend pas le préfixe d'objet indéfini lors d'un emploi transitif avec un objet indéfini) "voler quelque chose".
ichtequi "il vole (quelque chose)"
īichtequi "il vole fréquemment (quelque chose)". On notera que le redoublement provoque la succession de la voyelle longue puis brève.
onīichtequi "il va fréquemment commettre des vols". Préfixe directif on- qui marque un éloignement de l'action.
nonīichtequi "Je vais fréquemment commettre des vols". Préfixe sujet de la première personne n-
3) On le trouve sur les noms de nombre, ou il a un sens distributif:
nāhui /nāwi/ "quatre" -> nānāhui /Rē-nāwi/ "chacun quatre" ou "quatre chacun"
caxtōlli oncē /kaštōl-λ(i) om-sē/ <quinze plus un> "seize" -> cācaxtōlli oncēcē /Rē-kaštōl-λ(i) om-Rē-sē/ "chacun seize" On notera que le redoublement affecte chacun des constituants.
Noter la nuance qu'implique le redoublement avec le nom cem- (un) en composition avec un nom temporel:
Sans redoublement:
Cenyohual ōchōchōcac in tecolōtl /sem-yowal ō-(Rē-čōka)-k in tekolō-λ/ <une-nuit (-entière) il a ululé le hibou> "Le hibou a ululé toute la nuit" (ou ōchōchōcac est le parfait de chōchōca "ululer" formé par redoublement sur chōca "pleurer")
et avec redoublement:
Cēcenyohual huālchōchōca in tecolōtl /Rē-sem-yowal wāl-(Rē-čōka) in tekolō-λ/ <chaque-nuit il vient ululer le hibou> "Le hibou vient ululer toutes les nuits" (ou huāl- est le préfixe directif qui marque un rapprochement de l'action, l'opposé du préfixe on- vu plus haut)
4) On le trouve sur certains noms locatifs, ou il indique une relation spatiale entre des objets les uns par rapport aux autres:
Netech cah in nomīl /neteč kah in no-mil/ <près il est situé mon-champ> "mon champ est proche" (nomil est la forme possédée de milli, "champ", avec un possesseur a la première personne du singulier, indiqué par le préfixe no-)
Nēnetech cah in nomīl /Rē-neteč kah in to-mil/ <près l'un de l'autre il sont situés nos-champs> "nos champ sont proches l'un de l'autre" On notera que comme milli est un nom inanimé, il reste au singulier et que le verbe, par accord, aussi.
B. Le redoublement suivi de l'occlusive glottale Reh-
1) On le trouve dans la formation de verbes dérivés:
C'est un procédé analogue au redoublement Rē- pour les verbes et plus fréquent. Il forme des verbes dérivés, marquant une dispersion: les effets du processus sont répartis sur divers objets ou dans divers lieux.
Comparer
Nicxeloa in nacatl /ni-k-šeloa in naka-λ/ <je la découpe la viande> "Je découpe la viande"
Nicxēxeloa in nacatl /ni-k-(Rē-šeloa) in naka-λ/ "Je découpe la viande (en grande quantité)"
Nicxehxeloa in nacatl /ni-k-(Reh-šeloa) in naka-λ/ "Je découpe la viande (pour la distribuer à diverses personnes)"
On a vu tout à l'heure nonīichtequi "Je vais fréquemment commettre des vols", par contre, nonihichtequi signifie "Je vais commettre des vols un peu partout".
Le sens du verbe peut profondément changer et ne plus être immédiatement prévisible: poloa "faire disparaitre, perdre, détruire" et pohpoloa "pardonner".
Une chose assez remarquable: pour intensifier l'aspect dispersif, on peut répéter ce redoublement:
nehnehnemi /Reh-(Reh-nemi)/ "il va de-ci de-là" (nemi "se mouvoir" [mais employé seul, ce verbe a pris le sens de "vivre"])
2) Sur des noms et locatifs:
On le trouve plus rarement, la encore le sens est dispersif:
Comparer
Īnchān ōyahqueh /īm-čān ō-yā-h-k-eh/ <leur demeure ils sont allés> "Ils allèrent chez eux" (sous entendu: ils habitent au même endroit) (chāntli: "la demeure")
Īnchahchān ōyahqueh /īm-Reh-čān ō-yā-h-k-eh/ <leurs demeures respectives ils sont allés> "Ils allèrent chacun chez soi"
Parfois, employé sur un adjectif, et en particulier sur huēyi, c'est la seule indication de la pluralité d'un nom inanimé, comparer:
Huēyi in cuahuitl /wēyi in kʷawi-λ/ <grand l'arbre> "L'arbre est grand" ou "Les arbres sont grands"
Huehhuēyi in cuahuitl /Reh-wēyi in kʷawi-λ/ "Les arbres sont grands"
C. Le redoublement avec abrègement de la voyelle Re-
Il est moins courant que les précédents. Il apparaît dans la formations de verbes expressifs indiquant le plus souvent des phénomènes physiques (en particulier lumineux ou acoustiques).
Le plus souvent, on a un radical dissyllabique avec une voyelle finale, qui donne
- un verbe dérivé intransitif en -ni, avec allongement de la voyelle radicale finale, et sans redoublement.
- un verbe dérivé intransitif en -ca, avec redoublement Re- (avec un sens plus intensif que le précédent)
- un verbe dérivé transitif "faux causatif" en -tza, avec redoublement Re-
exemple: radical chipi, verbes dérivés chipīni, chichipica, chichipitza
Chipīni in ātl /čipī-ni in ā-λ/ "l'eau tombe goutte à goutte."
Chichipica in ātl /Re-čipi-ka in ā-λ/ "l'eau tombe goutte à goutte (et en abondance)."
Xitlachichipitza /š(i)-λa-(Re-čipi-ca)/ "Verse goutte à goutte" (x(i)- est le préfixe de l'impératif, et tla- celui de l'objet indéfini. mot à mot, le construction signifie à peu près "fais en sorte que ça coule goutte à goutte")
Dernière édition par gilou le Monday 30 Jan 12, 15:56; édité 1 fois |
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Aiatshimunanu
Inscrit le: 24 Oct 2007 Messages: 307 Lieu: [Québec]
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écrit le Monday 30 Jan 12, 10:25 |
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Mik a écrit: | En français on a l'expression ironique ce n'est pas joli joli, ou il n'est pas futé futé. Apparemment, ce genre d'expression est toujours à la forme négative.
[...] |
On utilise souvent l'expression «c'est pas fort fort» au Québec. En gros, ça veut dire «c'est décevant, c'est mauvais».
(Il existe a aussi l'interjection «Pas fort!», avec le même sens.)
Proche de «ce n'est pas joli joli», ici on dit plutôt «c'est pas beau beau», mais «c'est pas ben beau» est probablement plus fréquent.
Dans la même logique, «y est pas fin fin» (il n'est pas très gentil) est moins courant que «y est pas ben fin».
«il n'est pas futé futé» devient «y est pas vite vite» chez nous.
Ces tournures de phrase redoublant un adjectif semblent courantes en français. |
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Azwaw
Inscrit le: 30 Aug 2010 Messages: 975 Lieu: Le Havre
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écrit le Monday 30 Jan 12, 14:43 |
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En kabyle :
mara-mara : de temps en temps de "mara" = fois
swa-swa : juste (en parlant de la valeur de quelque chose) de "swa" = valeur/coût/coûter
et le célèbre kif-kif : pareil de "kif" = comment |
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Feintisti
Inscrit le: 09 Oct 2005 Messages: 1591 Lieu: Liège, Belgique
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écrit le Monday 30 Jan 12, 17:20 |
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makrook a écrit: | en chinois, redoubler un verbe d'action donne une nuance de légèreté, atténue le sens, un peu dans le sens de "faire un peu". |
Dommage qu'aucun exemple n'ai été donné sur ce fil, car il est très courant en chinois d'entendre un verbe redoublé.
慢慢吃 (Màn man chī) = bon appétit (mangez bien lentement)
他教教我 (Tā jiào jiào wǒ) = Il me donne quelques leçons (il m'enseigne un peu)
休息休息 (xiūxí xiūxí) = se reposer un peu
散散步 (Sàn sànbù) = faire un petit tour (se promener un peu) |
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Jacques
Inscrit le: 25 Oct 2005 Messages: 6529 Lieu: Etats-Unis et France
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écrit le Saturday 04 Feb 12, 6:13 |
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angl. no-no : n. interdit (n)
it's a no-no : c'est interdit, cela ne se fait pas. |
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rorozuna
Inscrit le: 14 Mar 2007 Messages: 105 Lieu: ROUEN
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écrit le Sunday 05 Feb 12, 0:00 |
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@ Feinstiti :
Et le célèbre 谢谢 (xiè xiè) : remercier/merci. C'est la forme redoublée de xiè qui a plusieurs sens : 1. remercier, 2. s'excuser, 3. refuser, 4. se flétrir/dépérir. |
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