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Jacques
Inscrit le: 25 Oct 2005 Messages: 6529 Lieu: Etats-Unis et France
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écrit le Friday 28 Jan 11, 4:53 |
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angl. to go on a spree : faire la bringue (en parlant surtout de consommation d'alcool)
angl. to go on a shopping spree : faire des folies en achats (souvent péj.)
angl. to go on a spending spree : faire des folies en dépenses (souvent péj.)
angl. to go on a killing spree : être pris d'une folie meurtrière
1804, arg. peut-être dérivé du fr. esprit
ir. spre semble être un emprunt au vieux norois sprakr.
(etymonline.com)
angl. spree : origine obscure (Oxford Eng. Dict.)
Dernière édition par Jacques le Friday 11 Feb 11, 13:40; édité 1 fois |
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José Animateur
Inscrit le: 16 Oct 2006 Messages: 10945 Lieu: Lyon
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écrit le Friday 28 Jan 11, 13:05 |
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Les expressions avec spree sont d'usage courant dans la presse anglophone, tant dans le domaine des faits-divers (1) que de l'économie (2).
Voici quelques variantes :
1. to go on a killing spree : être pris d'une folie meurtrière
= to go on a shooting spree
2. to go on a shopping spree : faire des folies en achats
= to go on a buying spree |
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Papou JC
Inscrit le: 01 Nov 2008 Messages: 11191 Lieu: Meaux (F)
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écrit le Friday 28 Jan 11, 13:36 |
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Calvert Watkins rattache spree à la racine *ghend-, l'apparentant de facto aux mots français proie et prédateur (< lat. praeda), et donc à emprise, qui me semble en être au moins une bonne traduction. |
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José Animateur
Inscrit le: 16 Oct 2006 Messages: 10945 Lieu: Lyon
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écrit le Thursday 10 Feb 11, 14:04 |
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- At investment bank Greenhill & Co., a three-year hiring spree of managing directors and increased deal activity fueled a 16% jump in compensation and benefits
= (...) l'embauche à tout-va de directeurs généraux pendant 3 ans (...)
(The Wall Street Journal - 02.02.2011) |
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Outis Animateur
Inscrit le: 07 Feb 2007 Messages: 3510 Lieu: Nissa
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écrit le Friday 11 Feb 11, 12:22 |
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Papou JC a écrit: | Calvert Watkins rattache spree à la racine *ghend-, l'apparentant de facto aux mots français proie et prédateur (< lat. praeda), et donc à emprise, qui me semble en être au moins une bonne traduction. |
Je ne suis pas persuadé, à voir les usages cités par Jacques et José ainsi que le banal Robert & Collins (spree « fête ») que « emprise » soit une bonne traduction. Quant à l'hypothèse de Watkins, elle manque un peu d'explications (et, pour moi, de crédibilité).
Il est difficile, bien sûr, de faire autre chose que des hypothèses quand il s'agit d'un mot d'argot ancien mais on peut au moins tenter de les faire vraisemblables, de commencer par la sémantique et de chercher d'éventuelles matrices métaphoriques.
Ce que je comprends des exemples donnés, c'est que le premier sème de spree est celui de l'excès, teinté par des sentiments plutôt positifs (pour l'actant) de liberté et/ou d'insouciance pouvant aller jusqu'à la perte du contrôle. Un peu ce qu'on traduirait en français populaire par « se lâcher » ou que, plus comportementaliste, on décrirait comme un spasme orgasmique. Finalement, compte tenu de l'importance de la sexualité dans les champs sémantiques de l'argot, on pourrait donc y voir comme une éjaculation de pouvoir (d'achat, de meurtre, etc.).
Or il est un thème eurindien tout-à-fait banal de l'éjaculation, c'est *(s)per-g/gʰ-. On le trouve dans le nom de dieux de l'orage (skr. Parjanya-, lit. Perkunas, nor. Fjörgyn, gr. Σπέρχειος) comme dans tous les verbes de la famille sprinkle, asperger, etc. L'image est banale et, il me semble, plus satisfaisante que le recours au français esprit ou au latin praeda. |
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Papou JC
Inscrit le: 01 Nov 2008 Messages: 11191 Lieu: Meaux (F)
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écrit le Friday 11 Feb 11, 13:04 |
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Complètement d'accord avec toi. Ce n'est d'ailleurs pas la première fois que je constate des hardiesses coupables chez C. Watkins, que j'avais cité sans être bien convaincu, comme je le laissais entendre. |
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Outis Animateur
Inscrit le: 07 Feb 2007 Messages: 3510 Lieu: Nissa
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écrit le Sunday 13 Feb 11, 9:41 |
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Papou JC a écrit: | Calvert Watkins rattache spree à la racine *ghend-, l'apparentant de facto aux mots français proie et prédateur (< lat. praeda). |
J'ai oublié d'indiquer les intermédiaires omis dans ce message. Mais, même si je/nous ne suis/sommes pas favorable(s) à cette hypothèse, il peut être bon d'éclairer pour les non-spécialistes l'étrangeté apparente de cette dérivation.
Le latin praeda « choses prises à l'ennemi, butin, proie », mis en parallèle avec praemium « part de butin réservée à la divinité ou au général vainqueur » (< *prai-emium « ce qui est pris avant [le partage équitable] » de emō « prendre »), est considéré comme issu d'une contraction d'un *prai-heda en relation avec praehendō « prendre » (< *prai-hendō), une graphie peut-être simplement étymologique du plus commun prēndō.
On aurait donc en latin les deux formes, avec et sans infixe nasal, d'une racine *gʰe(n)d- « prendre » qui n'est attesté que
— sans la nasale en germanique : v.island. geta « atteindre », got. bi-gitan « trouver », angl. get « obtenir » ;
— avec la nasale en grec, et toutes les alternances vocaliques : χανδάνω « contenir, être capable de », présent refait d'après le futur χείσομαι (< *χενδ-σομαι, *gʰend-), aoriste ἔχαδον (*gʰnd-), parfait κέχονδα (*gʰe-gʰond-). |
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Papou JC
Inscrit le: 01 Nov 2008 Messages: 11191 Lieu: Meaux (F)
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écrit le Sunday 13 Feb 11, 22:10 |
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Merci, Outis, de me compléter, à juste titre.
Pour revenir à l'équivalent français de spree, que pensez-vous de bouffée ? Il me semble que dans certains cas, le mot conviendrait assez bien. |
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Jacques
Inscrit le: 25 Oct 2005 Messages: 6529 Lieu: Etats-Unis et France
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écrit le Monday 14 Feb 11, 1:19 |
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spree se distingue de binge.
angl. binge [drinking] : 1854, consommation d'une grande quantité d'alcool en peu de temps, en général afin être saoûl le plus vite possible.
"Binge drinking" semble être une forme inhabituelle d'alcoolisme qui tend à gagner en popularité. Le "binge drinker" peut ne rien consommer pendant des semaines, ce qui suggère une absence de dépendance, mais boire une très grande quantité d'alcool en une soirée.
À l'origine, le mot binge est noté dans le dialecte de Northampton, ville située à 100 au nord de Londres. (d'apr. Etymonline.com)
wikipedia a écrit: | Le binge drinking, anglicisme que l'on peut traduire par « hyperalcoolisation », « intoxication alcoolique aiguë[1] », « alcoolisation paroxystique intermittente »[2] ou bien par « alcoolisme périodique »[3], [...] |
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José Animateur
Inscrit le: 16 Oct 2006 Messages: 10945 Lieu: Lyon
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écrit le Wednesday 05 Sep 12, 11:56 |
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Jacques a écrit: | spree se distingue de binge. |
Mais on peut les employer de la même manière également.
- (The president went on a stimulus-fueled) spending binge...
= ... la folie dépensière ...
[ The NY Post - 05.09.2012 ] |
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