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Feintisti
Inscrit le: 09 Oct 2005 Messages: 1591 Lieu: Liège, Belgique
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écrit le Tuesday 06 May 14, 22:47 |
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Pour le turyoyo, je ne comprends pas comment analyser les verbes cités.
On ne conjugue donc pas avec un préfixe pronominal et le verbe à la forme inaccomplie ? Ici je vois la structure k(o)-...-no. |
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Mr M
Inscrit le: 15 Aug 2012 Messages: 372
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écrit le Tuesday 06 May 14, 22:56 |
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En arabe algérien on utilise également quelque fois l'expression 'a + pronom personnel' pour exprimer le présent, par exemple ' ani ndir' ( je suis en train de faire), ou bien ' ahou djay' ( il arrive). |
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Kugulistan
Inscrit le: 09 Aug 2010 Messages: 190
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écrit le Tuesday 06 May 14, 23:40 |
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Feintisti a écrit: | Pour le turyoyo, je ne comprends pas comment analyser les verbes cités.
On ne conjugue donc pas avec un préfixe pronominal et le verbe à la forme inaccomplie ? Ici je vois la structure k(o)-...-no. |
Non le -no est le suffixe de la première personne.
En prend le verbe kṯowo : écrire
j'écris / je suis entrain d'écrire : ko-koṯawno (m) / ko-kuṯwono (f)
tu écris / tu es entrain d'écrire : ko-koṯawat (m/f)
il écrit / il est entrain d'écrire : ko-koṯuw
elle écrit / elle est entrain d'écrire : ko-kuṯwo
nous écrivons / nous sommes entrain d'écrire : ko-kuṯwina
vous écrivez / vous êtes entrain d'écrire : ko-kuṯwutu
ils écrivent / ils sont entrain d'écrire : ko-kuṯwi(n)
La particule serait à l'origine pour exprimer le présent continue, le présent dans l'action. Mais il se traduit aussi par le présent "normal" français. Sans cette particule il prend un sens plus général. |
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Feintisti
Inscrit le: 09 Oct 2005 Messages: 1591 Lieu: Liège, Belgique
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écrit le Wednesday 07 May 14, 1:19 |
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Kugulistan a écrit: | Non le -no est le suffixe de la première personne. |
Il me semblait bien...
En fait, si le syriaque a changé les formes verbales marquant l'aspect en formes marquant le temps :
- aspect imperfectif/inaccompli = futur
- aspect perfectif/accompli = passé
Même chose en hébreu, mais en arabe, l'imperfectif est le plus souvent un présent.
Pour un temps présent, l'hébreu et le syriaque utilisent un participe présent (un peu comme "I am doing" en anglais), mais je viens de lire que le syriaque ajoute un suffixe pronominal au participe pour le conjuguer (sauf pour la troisième personne où il est sous-entendu), ce qui n'est pas le cas en hébreu, où l'on peut l'utiliser seul ou précédé d'un pronom sujet.
Et visiblement, en turyoyo, on ajoute aussi le préfixe ko-, sans doute pour renforcer le côté "en train de", différent d'un présent général.
Donc si on compare :
ko-kotawno / ko-kutwono = anâ kâtib / kâtiba(t) = ani kôtev/kôtevet
-no correspond à l'arabe -(n)î, je suppose
Mais je ne comprends pas pourquoi à la deuxième personne, on a :
tu écris / tu es entrain d'écrire : ko-koṯawat (m/f)
vous écrivez / vous êtes entrain d'écrire : ko-kuṯwutu
Je pensais que le préfixe de 2e personne du singulier était -(e)kh (ex. shlom lekh). Pourquoi utilise-t-on un -t (et -tu au pluriel) ? |
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Kugulistan
Inscrit le: 09 Aug 2010 Messages: 190
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écrit le Wednesday 07 May 14, 3:19 |
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Feintisti a écrit: |
Donc si on compare :
ko-kotawno / ko-kutwono = anâ kâtib / kâtiba(t) = ani kôtev/kôtevet
-no correspond à l'arabe -(n)î, je suppose
Mais je ne comprends pas pourquoi à la deuxième personne, on a :
tu écris / tu es entrain d'écrire : ko-koṯawat (m/f)
vous écrivez / vous êtes entrain d'écrire : ko-kuṯwutu
Je pensais que le préfixe de 2e personne du singulier était -(e)kh (ex. shlom lekh). Pourquoi utilise-t-on un -t (et -tu au pluriel) ? |
Justement, ce dialecte est assez spécial. De ce que je lis et de ce que je sais des langues de cette région, ce sont des suffixes du verbe être qui sont eux-même dérivés des pronoms :
1e p.s. : ono
2e p.s.m : hat
2e p.s.f : hate
3e p.s.m : huwe, hiye
3e p.s.f : hiya
1e p.p. : aḥne
2e p.p. : hatu
3e p.p. : hinne, hinnik
Le verbe être qui en dérive :
1e p.s. : -no
2e p.s.m : -hat
2e p.s.f : -hat
3e p.s.m : -yo
3e p.s.f : -yo
1e p.p. : -na
2e p.p. : -hatu
3e p.p. : -ne
Cette formation du verbe être influença le dialecte arabe de Mardin qui replace le pronom après le nom : ana ʿarabī ana (je suis arabe).
exemples :
turoyo suryoyo-no : je suis syriaque
turoyo lat-na suryoyo : nous ne sommes pas syriaques
Pour en revenir à la formation du présent, ce dialecte la forme de cette manière : préfixe temporel + radical inaccompli + suffixe pronominal (cette manière de former me fait penser au kurde) :
turoyo : hat ko-koṯaw-at
kurde : to da-nûs-ît
Grigore écrit à ce propos : "En dépit de toutes les différences qui les séparent, les codes linguistiques de Mardin, le mardini [arabe dialectal régional], le kurde, le turc, le néo-araméen, ont « un air de famille », car ils ont subi des influences similaires."
Le futur se forme, à titre de comparaisons,ainsi : gid-koṯawno.
Le préfixe dont tu parles est utilisé pour le passé avec -l- + suffixe pronominal :
kṯuwleẖ : tu as écris (f).
Paix sur toi se dit : šlomo ʿaloẖ |
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