Voir le sujet précédent :: Voir le sujet suivant |
Auteur |
Message |
davidsudest
Inscrit le: 17 Jun 2005 Messages: 85 Lieu: bourg lès valence
|
écrit le Wednesday 23 Nov 05, 1:27 |
|
|
L'expression est fort ancienne : elle est datée du XVème siècle. C'est peut-être la raison pour laquelle de nos jours il est bien difficile de prime abord de faire le lien entre le fait d'écorcher un renard, et celui de vomir...
Rey et Chantreau nous informent que plusieurs explications sont communément admises :
- Tout d'abord, le bruit qu'un homme fait lorsqu'il vomit () serait voisin de celui que fait un renard lorsqu'il se râcle la gorge...
(Car, oui Messieurs, oui Mesdames, sachez qu'avant de s'exprimer, un renard, malgré son caractère sauvage, se râcle la gorge afin d'avoir voix pure et claire... )
- Ensuite, l'odeur d'un renard qu'on écorche est fort désagréable, tout comme celle qui émane des matières rejetées lors d'un vomissement.
- Pour terminer, nous apprenons que dans le cadre d'un dépeçage, la peau du renard, avant d'être retournée, est disposée de telle manière que la queue est placée à l'intérieur de la gorge.
Je ne saurais vous expliquer pour quelle raison cette opération était effectuée, mais selon toutes vraisemblances j'avancerais l'hypothèse qu'il s'agissait peut-être ainsi de protéger les poils généralement fournis et longs de la queue.
Si l'on tente de visualiser l'ensemble, on se rend compte que l'image peut donner l'impression d'une gueule, et donc d'une bouche, de laquelle s'échappe de la matière (en l'occurence les poils de la queue touffue du renard), et donc rappeler le vomissement.
SOURCE : francparler.com |
|
|
|
|
winnoloursin
Inscrit le: 17 Oct 2005 Messages: 710 Lieu: marseille
|
écrit le Wednesday 23 Nov 05, 7:52 |
|
|
Je ne connaissais pas cette expression,mais maintenant chaque fois que j'entendrai un renard se racler la gorge,j'y penserai.
A Marseille, on dit "J'ai le bômi!" |
|
|
|
|
Morand
Inscrit le: 03 Oct 2005 Messages: 550 Lieu: Zürich, Sundgau, Alsace, Zuid-Holland,
|
écrit le Wednesday 23 Nov 05, 10:45 |
|
|
Disons quand même que cela est bien barbare de traiter un renard comme cela.
On devrais faire la même aux personnes qui font ce genre de chose, mais bon il y aurait moin de poil dans la gorge... |
|
|
|
|
Glossophile Animateur
Inscrit le: 21 May 2005 Messages: 2281
|
écrit le Wednesday 23 Nov 05, 21:05 |
|
|
Barbare ?
Il s'agit de tannerie : on écorche un renard préalablement tué pour utiliser sa peau en cols, manchettes, et manteaux.
Il me semble que l'origine la plus probable, c'est bien celle du geste du fourreur qui passe la queue par la gueule du renard le temps que séche la peau qu'il va travailler.
Au XIXe siècle, on disait aussi : « aller au renard. »
Mais la plus jolie façon de dire la chose, à mon sens, est celle-ci :
« mettre cœur sur carreau ». |
|
|
|
|
Andrew
Inscrit le: 14 Aug 2012 Messages: 139 Lieu: Isère rhodanienne
|
écrit le Saturday 14 Jun 14, 12:18 |
|
|
Le prénom "Renard" donné au "Goupil" du célèbre roman vient - selon Alain Rey - de l'allemand Reinhardt, Rheinhold, Rainer, aussi de Reynaud, Renaud, Raynold ou encore Raymond...
Ce qui traduit la force, le volume et, par voie de conséquence, la puissance de la queue du goupil.
Des germanophones pourraient-ils nous être de quelque secours ?
Le renard est l'animal qui se faufile dans les terriers, se joue de la vigile, s'en vient piller les poulaillers...
Son nom nous est parvenu sous le mot "goupillon" qui désigne un outil intrusif, garni de poils, volumineux, capable de décrasser jusqu'aux plus anciennes carafes culottées par des années d'usage...
On a retenu aussi "goupille, goupiller, dégoupiller, goupillonner" qui traduisent l'action de s'introduire, d'arrêter, de bloquer et contrôler une situation... Pénétrer. |
|
|
|
|
Moutik Animateur
Inscrit le: 06 Apr 2008 Messages: 1236
|
écrit le Saturday 14 Jun 14, 13:52 |
|
|
renarder, v.
1. Imiter les finesses du renard (Littré),
2. Pop. Vomir,
3. Arg. Puer, sentir mauvais (Bob),
4. Arg. Dénoncer, trahir (Bob).
Le TLFi donne les locutions synonymes :
aller au renard,
écorcher le renard,
piquer un renard. |
|
|
|
|
Andrew
Inscrit le: 14 Aug 2012 Messages: 139 Lieu: Isère rhodanienne
|
écrit le Sunday 15 Jun 14, 11:17 |
|
|
Effectivement, il faut prendre maintes précautions avant d'écorcher un goupil.
Aussi le conil, la genette, la martre ou le furet, le putois, la loutre et le castor... mais curieusement pas le blaireau.
L'expression "sentir le blaireau" ne peut être rapprochée, raisonnablement, "d'empester le renard."
En effet, contrairement à des idées reçues mais rarement vérifiées sur le terrain, un blaireau ne renarde pas autant que le renaud et bien au contraire est un animal très propre, attentif à son confort et à celui des voisins.
Le renard a pour pratique de marquer son territoire par des déjections (urinaires et fécales) qui repoussent ses prédateurs potentiels. Le loup, l'ours, le lynx...
Tellement dégoutés par l'odeur de notre maître Goupil qu'il ne peut pas être considéré comme une proie comestible.
Dame blairelle, ses blairotines et blairotins habitent un terrier refait à neuf chaque saison. Ils aménagent un WC extérieur et ne répandent jamais leurs déjections dans l'habitat familial.
Le renard, lui, marque scrupuleusement son territoire. Tout bon chasseur vous le confirmera.
Donc, dire "ça blaire !" à propos du renard est une sorte de contresens.
Si par surcroît on écorche mal la dépouille du renard, le couteau hasardeux, maladroit, la sanction olfactive sera immédiate.
Les dames qui se parent d'étoles d'isatis (aussi nommé "pastel") feraient bien d'y réfléchir.
Le renard polaire ou "renard bleu" risque d'empester furieusement si la main mal éduquée d'un apprenti fourreur de rencontre taille au mauvais endroit. Et là "mauvais" devient un doux euphémisme.
Robert Hainard ("le Miracle d'être" aux éditions Sciences et Nature) nous avait conté un affût nocturne où il lui fut donné de se tapir à deux mètres à peine d'une renarde occupée à sa toilette.
Le flux d'air frais s'écoulant la nuit vers les fonds, nul risque d'être démasqué, reconnu en tant qu'humain, trahi par sa propre odeur. Le tout est de savoir attendre, patienter, se blottir en dessous du terrier.
Loin de les écorcher d'une main maladroite, Robert Hainard pratiquait "la chasse au crayon."
Un tout petit carnet de croquis au creux de la main, le regard acéré, un mégot de crayon à dextre (ce n'est pas la longueur du Caran d'Ache qui fait le sel du trait) il croquait à lignes décisives, incrustées, jusqu'à la nature même de l'animal.
Le cœur, l'âme qui palpite sous le pelage, sous la plume...
J'eus l'heur de le rencontrer, converser et partager un coin de regard...
"Bonjour. Je suis un renard dit le renard. S'il te plait, apprivoise moi."
Alors "écorcher un renard" prend tout un sens, fondé sur des réalités physiologiques et intellectuelles.
Dernière édition par Andrew le Sunday 15 Jun 14, 18:52; édité 1 fois |
|
|
|
|
Jacques
Inscrit le: 25 Oct 2005 Messages: 6525 Lieu: Etats-Unis et France
|
écrit le Sunday 15 Jun 14, 15:06 |
|
|
Andrew a écrit: | Son nom nous est parvenu sous le mot "goupillon" qui désigne un outil intrusif, garni de poils, volumineux, capable de décrasser jusqu'aux plus anciennes carafes culottées par des années d'usage...
On a retenu aussi "goupille, goupiller, dégoupiller, goupillonner" qui traduisent l'action de s'introduire, d'arrêter, de bloquer et contrôler une situation... Pénétrer. |
goupillon : instrument que le prêtre trempe dans l'eau bénite puis secoue sur des gens ou des objets pour les en asperger. Représente l'Église de façon ironique. Pour Jean Ferrat, "le sabre et le goupillon" représentent l'armée et l'Église.
Aujourd'hui, c'est une sphère métallique perforée et montée au bout d'un manche.
Je suppose qu'à l'origine, l'objet ressemblait à une brosse ce qui offrait aussi une grande surface pour recueillir de l'eau par immersion. |
|
|
|
|
Andrew
Inscrit le: 14 Aug 2012 Messages: 139 Lieu: Isère rhodanienne
|
écrit le Sunday 15 Jun 14, 18:49 |
|
|
Jacques a écrit: | Je suppose qu'à l'origine, l'objet ressemblait à une brosse, ce qui offrait aussi une grande surface pour recueillir de l'eau par immersion. |
Jacques, vous êtes bien facétieux.
Nous n'avons plus hélas bien souvent l'occasion de s'aller renarder débusquant la pucelle, fouiller en maint terrier où découvrir icelle qui serait selon l'heure gitane ou bien Manon. |
|
|
|
|
AdM Animateur
Inscrit le: 13 Dec 2006 Messages: 896 Lieu: L-l-N (Belgique)
|
écrit le Sunday 15 Jun 14, 20:00 |
|
|
Jacques a écrit: | goupillon : instrument que le prêtre trempe dans l'eau bénite puis secoue sur des gens ou des objets pour les en asperger. […]
Aujourd'hui, c'est une sphère métallique perforée et montée au bout d'un manche.
Je suppose qu'à l'origine, l'objet ressemblait à une brosse ce qui offrait aussi une grande surface pour recueillir de l'eau par immersion. | Les deux formes existent.
Mais beaucoup ont perdu leurs poils (et ne reste alors que la capsule percée dans laquelle ils étaient insérés par touffes).
Par exemple :
[Clic pour aller à la source ou agrandir l'image] |
|
|
|
|
AdM Animateur
Inscrit le: 13 Dec 2006 Messages: 896 Lieu: L-l-N (Belgique)
|
écrit le Sunday 15 Jun 14, 20:16 |
|
|
Andrew a écrit: | […] le mot "goupillon" qui désigne un outil intrusif, garni de poils, volumineux, capable de décrasser jusqu'aux plus anciennes carafes culottées par des années d'usage... |
Il s'agit là d'un emploi courant de ce mot, et déjà depuis longtemps, mais il est néanmoins abusif.
Le goupillon est l'objet liturgique décrit plus haut alors que pour la brosse cylindrique qu'on introduit dans les bouteilles, carafes ou biberons pour bien les laver, ainsi d'ailleurs que les flûtes et les canons, on devrait préférer dire un écouvillon (du latin scopa, balai).
• http://www.cnrtl.fr/lexicographie/écouvillon
• http://www.cnrtl.fr/definition/goupillon
N.B. Le même article ne plaide pas pour un rapprochement étymologique avec goupil.
Cela avait d'ailleurs déjà été relevé par embatérienne dans le sujet consacré au goupil. |
|
|
|
|
Andrew
Inscrit le: 14 Aug 2012 Messages: 139 Lieu: Isère rhodanienne
|
écrit le Monday 16 Jun 14, 10:52 |
|
|
AdM a écrit: | Aujourd'hui, c'est une sphère métallique perforée et montée au bout d'un manche. Mais beaucoup ont perdu leurs poils et ne reste alors que la capsule percée dans laquelle ils étaient insérés par touffes. |
"Abusif" dites-vous. Je ne pense pas qu'Alain Rey se fut trompé à ce point. Ce qui me trouble, ce serait de savoir pourquoi nos ancêtres, des locuteurs doués de parole, ont désigné sous les sonorités de "GOU PIL" cet animal si familier.
Large sujet de recherche. On touche à la philologie. Ne croyez-vous pas ? |
|
|
|
|
embatérienne Animateur
Inscrit le: 11 Mar 2011 Messages: 3862 Lieu: Paris
|
écrit le Monday 16 Jun 14, 20:19 |
|
|
Andrew a écrit: | Ce qui me trouble, ce serait de savoir pourquoi nos ancêtres, des locuteurs doués de parole, ont désigné sous les sonorités de "GOU PIL" cet animal si familier. |
N'est-ce pas la simple évolution phonétique du mot latin ?
TLFi a écrit: | Du b. lat. vulpiculus, lat. class. vulpecula « petit renard », dimin. de vulpes « renard ». |
|
|
|
|
|
AdM Animateur
Inscrit le: 13 Dec 2006 Messages: 896 Lieu: L-l-N (Belgique)
|
écrit le Friday 16 Mar 18, 15:11 |
|
|
Moutik a écrit: | renarder, v.
[…]
2. Pop. Vomir
[…] |
wallon de Liège, r(i)nårder, dégobiller, vomir, t. grossier qui se dit du renard, du chien du chat […] — par anal., d'un ivrogne. (J. Haust, Dict. liégeois, 1933, rééd. 1979.) |
|
|
|
|
|