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tskapo
Inscrit le: 10 Dec 2004 Messages: 103
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écrit le Sunday 20 Nov 05, 14:01 |
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Il existe en géorgien un mode, une tournure qui est appelé სხვათა სიტყვა (Parole d'autrui) et il sert à "répéter" une narration, une phrase... Ce mode se construit avec des particules, il y en a trois :
1) -მეთქი;
2) -თქო;
3) *ო.
On utilise -მეთქი quand on répète qq. chose que la première personne avait dit. Imaginons une situation quand je raconte à un ami ma conversation avec ma mère, pour éviter de dire chaque fois "მე მას ვუთხარი“ (mot à mot: je lui ai dit), je rajoute à mes phrase -მეთქი.
- ჰოდა, დე, ხაჭაპური მომენატრა-მეთქი (donc, je lui ai dit: Maman, khatchapouri (galette géorgienne au fromage) me manque).
Cette même particule est utilisée lorsque notre interlocuteur nous a mal entendu et quand nous répétons ce que nous venons de dire:
- სამ საათზე შევხვდეთ ერთმანეთს რუსთაველზე (rencontrons-nous à trois heures à Roustavéli).
- რომელზე? (à quelle heure?).
- სამზე-მეთქი (à trois heures, je t'ai dit).
Le -თქო est utilisé quand on demande à un tiers de transmettre à quelqu'un nos paroles. Poursuivons ma conversation avec mon ami au moment quand le lui donnais RDV:
- გიას უთხარი, წკაპომ რუსთაველზე მოდი სამზე-თქო. (Dis à Guia, tskapo te dit viens à trois à Roustavéli - la traduction est mot à mot, pour garder toute la particulairité de ce mode),
რუსთაველზე მოდი სამზე - Viens à Roustavéli à trois - cette phrase que mon ami doit transmettre à Guia est construite comme si je m'adressais directement à Guia, le -თქო se charge du reste - plus besoin du subjonctif.
Le -ო est le plus utilisé des trois. Il est employé quand on répète les paroles, le récit de quelqu'un. Reprenons ma conversation avec mon ami là où je lui racontais ma conversation avec ma mère:
- მაგაზე ადვილი არაფერია, შვილოო. (Rien n'est plus facile, mon fils). Remarquez bien შვილოო, le premier ო est du vocatif qui ne peut être utilisé que dans une conversation directe.
- რაო? (Qu'a-t-elle dit?).
Connaissez-vous un cas pareil dans d'autres langues ? |
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mansio
Inscrit le: 19 Feb 2005 Messages: 1125
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écrit le Sunday 20 Nov 05, 15:29 |
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En turc on fait suivre de diye (un participe du verbe demek = dire) des paroles que l'on rapporte. |
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José Animateur
Inscrit le: 16 Oct 2006 Messages: 10945 Lieu: Lyon
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écrit le Thursday 01 Mar 12, 12:03 |
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A lire (car intéressant et bien présenté) et à compléter. |
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rejsl Animatrice
Inscrit le: 14 Nov 2007 Messages: 3671 Lieu: Massalia
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écrit le Thursday 01 Mar 12, 22:55 |
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L'allemand possède un mode qui sert essentiellement à rapporter avec neutralité les paroles d'autrui .
Ex: La chancelière allemande a déclaré qu'il n'y a guère d'alternative à l'augmentation des impôts.
Elle a dit " Zu der Steuererhöhung gibt es kaum Alternativen "
Trois possibilités pour moi qui suis locuteur et souhaite rapporter ces paroles:
1) Je m'identifie à elle, je partage ce point de vue, je considère qu'il est conforme à la réalité et je tiens à le transmettre. J'utilise le mode Indikativ.
Die Kanzlerin sagte, zur Steuererhöhung gibt es kaum Alternativen.
2) Je ne désire pas prendre position. Je me contente d'un rapport objectif, j'utilise le mode Konjunktiv 1
- Die Kanzlerin sagte, zu der Steuererhöhung gebe es kaum Alternativen.
3) Je désire prendre mes distances et montrer ma désapprobation, mon doute, tout en rapportant fidèlement ses paroles. J'utilise le Konjunktiv 2.
Die Kanzlerin sagte, zu der Steuererhöhung gäbe es kaum Alternativen.
Par défaut, le Konjunktiv 1, celui de la phrase deux, est le mode du discours indirect.
Dans le langage parlé, ce mode tend à disparaître, il est alors remplacé par l'indicatif. Dans les textes littéraires, le langage journalistique, il est toujours d'usage. Des le moment où l'on souhaite rapporter tout un texte, paraphraser tout un discours, le Konjunktiv 1 s'impose en quelque sorte. Il n'est alors même plus nécessaire d'user de verbes de parole ou d'opinion introducteurs.
On reprendra simplement tout le discours, au Konjunktiv 1, sans en changer la syntaxe. Tout au plus peut-on ici ou là rajouter un - so X qui précise l'identité de la personne qu'on cite. |
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embatérienne Animateur
Inscrit le: 11 Mar 2011 Messages: 3875 Lieu: Paris
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écrit le Thursday 01 Mar 12, 23:43 |
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Le français semble moins riche en nuances :
F1 : La chancelière a dit qu'il n'y a pas d'alternative ...
F2 : La chancelière a dit qu'il n'y aurait pas d'alternative ...
F1 me paraît neutre et correspondrait alors à la formulation allemande avec Konjunctiv 1 ?
F2 laisse percer un léger doute (mais pas de réelle désapprobation), et serait peut-être plus proche du sens du Konjunctiv 2 ? |
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ElieDeLeuze
Inscrit le: 14 Jun 2006 Messages: 1622 Lieu: Allemagne
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écrit le Friday 02 Mar 12, 0:14 |
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En allemand, il existe aussi des tournures avec les auxiliaires de mode :
wollen quand un tiers prétend que...
sollen quand un tiers affirme que...
On retrouve le second dans toutes les langues germaniques, avec skulle en danois, zullen en néerlandais sous la forme zouden ou au présent. En cherchant un peu, je suis sûr qu'on trouverait aussi pour l'islandais.
Pour le hongrois, y'a pas une histoire de mode impératif à toutes les personnes? Vague souvenir de fac... |
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András Animateur
Inscrit le: 20 Nov 2006 Messages: 1488 Lieu: Timişoara, Roumanie
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écrit le Friday 02 Mar 12, 9:23 |
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En hongrois il y a en fait un impératif-subjonctif, c'est-à-dire que la 2e personne de cette forme verbale peut servir d'impératif et toutes les 6 formes personnelles peuvent servir de subjonctif, mais ce n'est pas le propos de ce fil. |
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Oliv
Inscrit le: 16 Oct 2011 Messages: 124 Lieu: Toulouse
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écrit le Friday 02 Mar 12, 12:57 |
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En hongrois avec cet impératif-subjonctif il y a peut-être quand même quelque chose de vrai dans l'idée d'un "mode" qui ajoute une nuance même quand il n'y a pas de subordonnée avec "subjonctif", je pense à Rabok legyünk, vagy szabadok? (dans Nemzeti dal "Chant national" de Petőfi) = mot à mot: "soyons prisonniers, ou libres?", c'est-à-dire: faut-il que / voulez-vous que nous soyons ..., serons-nous ... |
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flo
Inscrit le: 03 Oct 2010 Messages: 296 Lieu: La Rochelle
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écrit le Friday 02 Mar 12, 14:01 |
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Dans Les cahiers science et vie n°118 d'août 2010 sur les origines des langues, étaient citées un groupe de langues de peuplades encore primitives qui marquent plusieurs niveaux de certitude (jusqu'à huit si mes souvenirs sont bons), notamment une liée à une parole rapportée.
Exemple avec la phrase "les baies sont mûres", plusieurs cas :
- c'est la saison, en tout cas elles devraient l'être
- on m'a dit qu'elles l'étaient
- je les ai vues, elles le sont
...
La notion de fiabilité de ces langues serait due, selon un auteur, à la nécessité vitale pour un peuple de chasseurs/cueilleurs de déterminer à quel point une information est crédible. |
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gilou
Inscrit le: 02 Jan 2007 Messages: 1528 Lieu: Paris et Rambouillet
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écrit le Friday 02 Mar 12, 16:01 |
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@ Flo :
Il y a pas besoin d'aller chercher des langues rares pour trouver des langues marquant ce qu'en linguistique on appelle l'évidentialité, il suffit d'aller voir le turc, ou selon qu'on a été témoin d'un fait ou non, on va employer le passé de constatation ou le passé de non-constatation.
L'évidentialité est un élément présent dans de nombreuses langues, en particulier des Amériques (Apache, Hopi, Quechua, Aymara, Pomo...)
Pour l'anecdote, il y a un temps en Quechua pour rapporter les faits dont on n'a pas été témoin (le parfait). C'est aussi ce temps qu'on emploie pour rapporter ce que l'on a fait en état d'ivresse. |
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