José Animateur
Inscrit le: 16 Oct 2006 Messages: 10944 Lieu: Lyon
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écrit le Saturday 09 Apr 16, 10:33 |
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- «Amoris laetitia», la «gioia dell’amore» è l’esortazione con la quale Francesco conclude il percorso dei due Sinodi dedicati famiglia.
= "Amoris laetitia", la "joie de l'amour", est l'exhortation par laquelle le Pape François conclut le parcours des deux synodes consacrés à la famille.
[ La Stampa - 08.04.2016 ]
lieto
- gai - (allegro) joyeux - (felice) heureux
letizia : joie - far letizia (rare) : exulter
letame : fumier
letamaio : fosse/trou à fumier - FIG porcherie
ETYMOLOGIE [ Treccani ]
- lieto
du latin laetus «fertile», puis «gai/content / lieto» , voir letame
- letame
du latin laetamen, dérivé de laetare «engraisser, fumer / concimare» (lui-même de laetus «gai, content / lieto», sens d'origine : fertile)
Treccani signale que lieto a toujours le sens de fertile/luxuriant -terrain, plante...- (registre poétique/vieilli) :
- l’erba è più lieta qui che altrove = l'herbe est ici plus luxuriante qu'ailleurs [ Pietro Bembo ]
Amusants, ce glissement sémantique de fertile à content et ce cousinage avec le fumier. |
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Papou JC
Inscrit le: 01 Nov 2008 Messages: 11195 Lieu: Meaux (F)
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écrit le Saturday 09 Apr 16, 11:16 |
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Amusant mais parfaitement logique : on fume la terre pour l'engraisser, la rendre plus fertile et donc s'assurer contre la faim, voire la famine.
Et quand on a bien mangé, comme on dit en espagnol, de la panza viene la danza.
On doit pouvoir trouver cette association fertilité / joie dans d'autres langues.
Cf. l'adjectif riant en français, appliqué à la végétation : L'époque où le travail et l'industrie auront converti ces lieux, aujourd'hui incultes et solitaires, en campagnes riantes de verdure et riches en moissons (Crèvecœur,Voyage, t. 2, 1801, p. 176). (TLF)
En arabe, dans la seule première moitié du dictionnaire de Kazimirski, j'ai relevé une demi-douzaine de racines présentant l'association fertilité / joie.
Ce qu'il faut retenir ici du fumier, ce n'est ni son odeur ni son aspect ni sa composition ou son origine, c'est son côté nourricier, bienfaisant. Utiliser le mot fumier comme insulte est le fait du citadin, non du rural. |
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Papou JC
Inscrit le: 01 Nov 2008 Messages: 11195 Lieu: Meaux (F)
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écrit le Wednesday 22 Feb 17, 16:41 |
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Du coup, je pensais que liesse (du latin laetitia) et lisier devaient relever d'un commun étymon, mais je me trompe peut-être car voici ce que dit le TLF de lisier :
Étymol. et Hist. 1835 (Maison rustique 19et. 1, p. 97 : En Suisse on prépare... un engrais liquide connu sous le nom de lizier). Mot région. attesté en Lorraine et jusqu'au Sud du domaine fr.-prov., dér. d'un représentant du lat. lōtium « urine » (dér. de lotus « lavé », adj. verbal de lavare « laver », en raison de l'emploi de l'urine pour laver les dents et les vêtements; cf. Ern.-Meillet, s.v. lavo) qu'on ne trouve plus que dans quelques formes fr.-prov. (cf. FEW t. 5, p. 424 a) et vraisemblablement dans le campidanien (dialecte sarde) lúttsu « urine (de vache) », v. Wagner. Cf. FEW t. 5, p. 424 a-b et EWFS2.
Bon, on me permettra d'en douter...
Avec le sens de "content, joyeux", l'ancien français a connu lié, lyé, liet, leé, lé ainsi que le nom leece "joie, réjouissance" avec de nombreuses variantes, sans oublier toute une famille de verbes et d'adverbes dont liesse semble être le seul rescapé. (Godefroy, p. 753).
Il y a aussi l'expression vieillie mais savoureuse chère lie, dont le TLF dit ceci :
Expr. ,(vieilli). Chère lie Chère joyeuse (d'apr. l'a. fr. lié, dial. pic. lie « joyeux, euse »). Les histoires du camp (...) animées de rogomme et de chère-lie (Chateaubriand, Mémoires d'Outre-Tombe,t. 1, 1848, p. 408). Faire car(r)ousse et chère lie (T. Gautier, Le Capitaine Fracasse,1863, p. 375) cf. aussi Maeterlinck, La Vie des abeilles, 1901, p. 247.
P. ext. Faire chère lie et plus fréquemment faire bonne chère, aimer la bonne chère. Mener joyeuse vie; en partic., bien manger en joyeuse compagnie.
− Au fig. :
Edma et Bouilhet s'écrivent toujours; les lettres sont superbes de « pose » et de « pôhësie ». Lui, ça l'amuse comme tableau; mais, au fond, il aurait fort envie de faire avec elle un tronçon de chère-lie, comme dit maître Rabelais. Flaubert, Correspondance,1852, p. 69.
De la lie "dépôt" (homonyme du précédent) au lisier, il y a un pas que je franchirais volontiers, mais là encore je me heurte au TLF :
Prob. d'un celtique *liga, qui semble remonter à une racine indo-européenne legh- « se coucher, être couché » (le ē étant devenu ī en celtique). L'indo-européen connaît aussi bien la forme avec ē (d'où p. ex. l'a. h. all. laga « situation, position »; cf. l'all. Lage « id. ») que celle avec ĕ (d'où l'a. irl. lige « couche »). Le lat. médiév. avait déjà un lias, aux sens de « lie, résidu, sédiment » et de « lie de vin ». |
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