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jgoumain
Inscrit le: 19 Oct 2005 Messages: 9 Lieu: Anjou
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écrit le Monday 14 Nov 05, 19:39 |
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Lorsque le lait menaçait de déborder de la casserole ma grand'mère s'écriait:"çà va gâter"! Car gâter veut dire "tomber". On dit par extension du vieillard atteint de la maladie de Parkinson qui tremble et risque de renverser le contenu de sa tasse "qu'il sucre les fraises, qu'il est gâteux, qu'il est gaga."
Par extension le fruit tombé de l'arbre s'abîme: il est gâté. Gâté prend le sens de pourri, abîmé. Encore plus loin on trouve gâteau, ce qui provoque des dents gâtées.Et pour finir il y a tous ceux qui adorent les gâteries... |
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Victor-Emmanuel
Inscrit le: 31 Oct 2005 Messages: 234 Lieu: Saint-Genest de Contest, Midi-Pyrénées
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écrit le Monday 14 Nov 05, 22:27 |
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Gâter, nous dit Alain Rey in "Dictionnaire historique de la langue française", éd. Le robert, 1992, vient du latin vastare "dévaster, ruiner" et n'aurait donc pas le sens de "tomber", si ce n'est au figuré.
Il arrive qu'un apprenti en cuisine, un gâte-sauce, rate un plat, plus rarement qu'il ne le tombe. |
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winnoloursin
Inscrit le: 17 Oct 2005 Messages: 710 Lieu: marseille
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écrit le Monday 14 Nov 05, 23:55 |
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Quand on donne beaucoup de cadeaux à un enfant on dit qu'il est gâté.
Quand quelqu'un n'est pas très beau on dit qu'il n'a pas été gâté par la nature.
Quand on aime beaucoup quelqu'un on dit que c'est notre gâté
Quand on veut embrasser quelqu'un de manière tendre on lui dit de venir faire un gâté. |
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Glossophile Animateur
Inscrit le: 21 May 2005 Messages: 2281
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écrit le Tuesday 15 Nov 05, 0:47 |
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J'abonde dans le sens de Victor-Emmanuel : gâter est de la famille de dévaster, et le lait qui déborde va faire des dégâts sur la belle cuisinière briquée au Zébracier ! (Ma grand-mère en avait une, et c'est toute une affaire d'essuyer la flaque sans se brûler... Sans compter la casserole, qu'il va falloir nettoyer.)
Donc, le cri d'alarme : « Ca va gâter ! » signifie plutôt : « Attention, va y avoir du dégât ! » |
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winnoloursin
Inscrit le: 17 Oct 2005 Messages: 710 Lieu: marseille
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écrit le Tuesday 15 Nov 05, 9:01 |
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Est-ce que faire une petite gâterie est si dévastateur que ça? En principe non. Mais on ne sait jamais! |
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jgoumain
Inscrit le: 19 Oct 2005 Messages: 9 Lieu: Anjou
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écrit le Tuesday 15 Nov 05, 10:27 |
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Victor Emmanuel,
Alain Rey dit ce qu'il veut....
Puisque tu es cuisinier tu devrais savoir qu'il y avait autrefois dans les cuisines une armée de cuisiniers spécialisés et d'aides. Parmi les apprentis il y avait notamment le marmiton et le gâte-sauce. La mission de ce dernier était de surveiller les rotis et de les arroser en puisant la sauce grasse tombée dans le lèche-frite avec une grande cuiller et en arrosant le roti (en gâtant la sauce de la cuiller sur la viande cuite à la broche). Il n'était pas encore cuisinier chargé de confectionner un plat. D'où ce jugement méprisant sur un mauvais cuisinier : "Ce n'est qu'un gâte sauce" |
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jgoumain
Inscrit le: 19 Oct 2005 Messages: 9 Lieu: Anjou
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écrit le Tuesday 15 Nov 05, 10:31 |
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Winnoloursin,
Gâté... ou pourri. |
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jgoumain
Inscrit le: 19 Oct 2005 Messages: 9 Lieu: Anjou
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écrit le Tuesday 15 Nov 05, 10:36 |
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Glossophile,
Eh non ma grand mère voyait bien que le lait allait déborder, et cela était plus grave chee les pauvres que d'avoir à nettoyer la casserole. |
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winnoloursin
Inscrit le: 17 Oct 2005 Messages: 710 Lieu: marseille
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écrit le Tuesday 15 Nov 05, 10:38 |
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Il est vrai que parfois on dit d'un enfant que ses parents et entourage couvrent trop de cadeaux qu'il est gâté-pourri. On accole les deux termes pour donner encore plus de poids.
Quand on fait un gâté à sa grand mère, c'est à dire un calin,il n'y a rien de pourri dans l'affaire (en principe là encore!) |
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jgoumain
Inscrit le: 19 Oct 2005 Messages: 9 Lieu: Anjou
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écrit le Tuesday 15 Nov 05, 10:43 |
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Ce n'est pas moi qui donne le sens de dévaster à gâter. C'est Alain Rey, qui ne voit pas plus loin que le bout de son latin.
Il y a paraît-il des péchés mignons...
Oui, d'accord. On dit en souriant "c'est un enfant (trop) gâté" comme on dirait "il est pourri par sa mère" |
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Victor-Emmanuel
Inscrit le: 31 Oct 2005 Messages: 234 Lieu: Saint-Genest de Contest, Midi-Pyrénées
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écrit le Tuesday 15 Nov 05, 17:16 |
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Gâte-sauce est attesté comme mauvais cuisinier en 1808 et comme marmiton en 1840 [A.Rey, op. cité, p873].
Si l'on abonde dans le sens de JGoumin, gâter avait également pour signifiant de "répandre un liquide", plus dans l'acception énurétique que gastronomique, mais connaissant un peu la difficulté de la cuisson à la broche ("on devient cuisinier, on naît rôtisseur", Brillat-Savarin), il est évident que trop arroser une viande et aussi dommageable que trop peu la mouiller.
Mais là on rejoint la Gâterie de Winnoloursin. |
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winnoloursin
Inscrit le: 17 Oct 2005 Messages: 710 Lieu: marseille
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écrit le Tuesday 15 Nov 05, 18:24 |
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CQFD! |
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Glossophile Animateur
Inscrit le: 21 May 2005 Messages: 2281
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écrit le Tuesday 15 Nov 05, 18:53 |
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Gâte-sauce est discuté :
ou c'est un mauvais cuisinier qui gâte les sauces, qui les gaspille ;
ou c'est le gars-de-sauce, le garçon préposé à la confection des sauces.
C'est La Varende qui interprète de la sorte, et il en connaissait long sur les diverses fonctions de la domesticité.
Je me permets de signaler que, sauf erreur de ma part que Victor-Emmanuel rectifiera, ce qui tombe dans la léche-frite n'est pas de la sauce, mais de la graisse. Cette graisse pourra servir de base à une sauce, mais la sauce est une préparation culinaire.
Je réponds à la remarque perfide sur ma défunte grand-mère que la chère femme n'était pas riche non plus, et qu'en conséquence, elle entretenait soigneusement ses casseroles et sa cuisinière, pour les conserver longtemps. Du lait qui a débordé, c'est du lait perdu, mais pas tant que cela, il suffit de soulever la casserole pour qu'il retombe, et il en reste au fond. C'est aussi la peine de frotter casserole et cuisinière avant que le gras ne se soit incrusté.
Bloch et von Wartburg disent aussi que gâter vient de vastare.
« Ca va gâter » signifie donc :
« Ca va faire du gâchis »,
« Ca va faire du gaspillage »,
mais sans doute pas ça va tomber... |
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Victor-Emmanuel
Inscrit le: 31 Oct 2005 Messages: 234 Lieu: Saint-Genest de Contest, Midi-Pyrénées
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écrit le Tuesday 15 Nov 05, 19:20 |
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Si l'on admet qu'une sauce est essentiellement une liaison (type farine-beurre-liquide où la farine joue l'interface entre des molécules qui ne s'attirent pas fondamentalement), ce qui tombe dans la lèche-frites est plutôt un jus, plus ou moins graisseux selon la bestiole qui tourne au dessus... (j'ai des souvenirs de palombes à la ficelle...).
Mais, toujours pour rester dans le sens d'arroser, il est à noter que l'anglais a un verbe spécifique pour cet acte culinaire: to baste qui, et j'en appelle aux anglicistes, pourrait dériver de la racine d'origine vastare --> wastare qui nous donne to waste gâter.
Pour ce qui est de "gars-de-sauce", je vais vérifier, la source est sérieuse !
Quant au lait qui déborde, il est une recette du nord de la France, que nos amis outre-quiévrains (j'espère que je fais pas de faute !) doivent connaître, où la peau du lait est prélevée, puis mise à sécher au four. |
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jgoumain
Inscrit le: 19 Oct 2005 Messages: 9 Lieu: Anjou
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écrit le Sunday 27 Nov 05, 12:21 |
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C'est amusant ce genre de discussion. Ca nous change de la (prétendue) politique et cela me rappelle les discussions enflammées chez mes parents instituteurs.
Reprenons où nous en sommes. Vastare a donné dévaster en français et to waste en Anglais. On est d'accord.
Il n'a donc pas donné to baste, qui correspond exactement au sens que je donne à gâter. Il faudrait en trouver l'origine propre. Bon dimanche! |
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