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dawance
Inscrit le: 06 Nov 2007 Messages: 1895 Lieu: Ardenne (belge)
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écrit le Monday 31 Jul 17, 0:29 |
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Dans leur évolution phonétique, les langues européennes ont subi à des moments divers de leur histoire, des amuïssements partiels (voire complets), mais à des degrés divers. Il s'agit ici des groupes consonantiques.
J’ignore s’il existe une étude comparative à ce sujet. Voici un petit résumé de ce que j’ai pu constater.
Citation: | l et r ne parviennent pas toujours, au Moyen Age, à garder leur netteté articulatoire, surtout en précession d’une consonne homorganique telle que s.( ….)Ainsi hospitale donne ostel, , etc. | Gaston Zink.
(L'exemple cité par Zink p.238 «*capitale donne chastel (chatel + s)» est supprimé, étant sujet à discussion).
Citation: | l et r se sont souvent effacés après a, qui demande un même abaissement du dos de la langue, d’où les rimes :
sage et large
Charles et masles
la(r)mes, armes et dames
Renart et barat
parler et aller, ou après les vélaires :
Bou(r)ges et rouges
toujours et vous, coup
cors, fors et clos
r et l s’assimile aussi parfois :
chambellan (de chamberlenc)
vallet (de va(r)let)
La chute du l caractérise surtout les dialectes du Nord et du Nord-Est :
atre, mavais, savage,… (voir wallon ci-dessous) |
Citation: | Le relâchement articulatoire du r gagne même la position explosive dans les dialectes anglo-normand et picard, … : alt(r)e, batt(r)e, dest(r)e, est(r)e, mett(r)e, quat(r)e,… (voir wallon ci-dessous). |
Suit un paragraphe sur « les restitutions savantes », notamment sur le r amuï par l'usage.
L’anglais a connu davantage d’amuïssements (ou bien n’a pas vécu de restitution), avec comme il se doit, un « allongement vocalique compensatoire ».
Ce sont les liquides (r et l) qui en prennent les frais. Exemples :
arm, farm, larm, born, form
walk, talk,
palm, calm
part,
fever,
lamb, etc.
A suivre.
Dernière édition par dawance le Monday 31 Jul 17, 12:30; édité 1 fois |
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dawance
Inscrit le: 06 Nov 2007 Messages: 1895 Lieu: Ardenne (belge)
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écrit le Monday 31 Jul 17, 0:46 |
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Le wallon en connaît visiblement plus :
En plus des mâva, sâvadje et surtout âte (anc.wallon, ôte actuellement) , ainsi que les équivalents anglais : pâme, låme, fîv' (fièvre), etc., on trouve båbe barbe, åbe (arbre), cwåte carte (à jouer), westique*spelta, épeautre, spête spéte, etc.
On notera une évolution abandonnée par ou différente du français :
crista crèsse crête
bas lat *gostu gosse goût
*fort(i)mente vôrmint vraiment, fortement, anc.fr. forment ,
fall(i)ta fåte faute
Extrait de Zink : « En latin, dès l’époque archaïque, n se désarticule devant un –s de flexion (lui-même implosif), en allongeant la voyelle précédente. Ex : pedĕns > pedēs, pieds.
Plus tard, en lat. vulg., l’effacement gagne les groupes intérieurs, avec le même effet allongeant. Témoignages épigraphiques : « co(n)sules > cossules, consuls ; ce(n)sor, co(n)fecit,…(Quintilien). Un mouvement d’origine savante ne réussira pas à rétablir le n en langage parlé. ». On en trouve des traces en wallon et en roumain : constare coster coûter (NB roumain : a costa)
Ailleurs, on trouvera un mélange d’amuïssement et de nasalisation de la nasale :
infans w èfant enfant (NB en latin vulgaire ifas)
conventum covint couvent , et comme en français :
comp(u)tare > vx fr. et w. conter compter.
On notera le wallon tabernak que les Québecquois connaissent bien. On peut observer dans le parler québécois, des lois phonétiques semblables à celles du wallon, mais dans une moindre mesure. A comparer avec le parler liégeois: tigue, tâbe, etc.
Les Babéliens pourront estimer que, pour les finales, il s’agit simplement d’un degré d’effort diminué de la langue parlée et relâchée (qu’on retrouve en français). En effet, la simplification de la prononciation est, avec la différentiation, un des moteurs de l’évolution phonétique en général.
Dernière édition par dawance le Monday 31 Jul 17, 12:32; édité 1 fois |
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Papou JC
Inscrit le: 01 Nov 2008 Messages: 11191 Lieu: Meaux (F)
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écrit le Monday 31 Jul 17, 3:16 |
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C'est très intéressant mais je ne vois pas très bien le rapport avec le sujet. Pourquoi ne pas en faire un sujet ad hoc ?
Pour revenir au sujet de la combinatoire des consonnes, j'ai, dans ma liste de la première page, mis en rouge les racines arabes encore usuelles. Je crois que c'est une information qu'Outis et Embatérienne, entre autres, apprécieront. |
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Mechthild
Inscrit le: 01 Sep 2011 Messages: 119 Lieu: Wien/Vienne, Autriche
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écrit le Monday 31 Jul 17, 8:03 |
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dawance a écrit: | Citation: | l et r ne parviennent pas toujours, au Moyen Age, à garder leur netteté articulatoire, surtout en précession d’une consonne homorganique telle que s.( ….)Ainsi hospitale donne ostel, capitale donne chastel (chatel + s), etc. | Gaston Zink.
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Pourquoi capitale -> chastel? L'origine de chastel doit être plutôt le latin castellum, diminutif de castrum.
dawance a écrit: | Plus tard, en lat. vulg., l’effacement gagne les groupes intérieurs, avec le même effet allongeant. Témoignages épigraphiques : « co(n)sules > cossules, consuls [...] |
Ce phénomène existe déjà dans les textes archaïques, voici un exemple (Tombeau des Scipions à Rome, 250-130 av. J.-C.):
CIL VI 37039 a écrit: | L̲(ucios) Cornelio(s) L(uci) f(ilios) Scipio
a̲idiles, cosol, cesor. |
"Lucius Cornelius, fils de Lucius, Scipio / édile, consul, censor."
Ce Lucius Cornelius Scipio était consul en 259 av. J.-C. |
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dawance
Inscrit le: 06 Nov 2007 Messages: 1895 Lieu: Ardenne (belge)
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écrit le Monday 31 Jul 17, 12:20 |
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@Papou
Je voulais attirer l'attention que la combinaison des consonnes (c'est bien le sujet) est instable dans beaucoup de langues. Elle peut être réduite, voire même supprimée (occasionnant des hiatus et/ou résolus par des glides, en wallon : yod, h, et w). Ça modifie fortement l'analyse combinatoire.
@Mechthilde
J'ai simplement repris les informations données par Gaston Zink. Peut-être sa grande notoriété devrait-elle être remise en cause.
Pour éviter des problèmes avec les partisans de Zink, je vais simplement supprimer cet exemple boiteux.
Merci d'avoir précisé l'archaïsme du phénomène. |
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Papou JC
Inscrit le: 01 Nov 2008 Messages: 11191 Lieu: Meaux (F)
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écrit le Monday 31 Jul 17, 12:38 |
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OK, je comprends. L'arabe connaît aussi des alternances : LR, M/N, J/Z, etc. Mais plutôt que l'amuissement, on y constate l'incrémentation. J'ai relevé par exemples une cinquantaine de paires dans lesquelles des racines de type C1C2m (c'est à dire avec M comme troisième radicale) sont clairement issues de racines de type C1C2 qui avaient besoin d'un peu plus de "poids". (Article à paraître).
La création de racines quadrilitères est également un signe de cette tendance de l'arabe : pour le moment, l'arabe crée du lexique en augmentant le nombre de radicales. D'abord deux, puis trois, puis quatre. Il ne semble pas que l'arabe ait jamais connu l'amuissement. Ça viendra peut-être, avec le temps. |
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Mechthild
Inscrit le: 01 Sep 2011 Messages: 119 Lieu: Wien/Vienne, Autriche
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écrit le Monday 31 Jul 17, 15:41 |
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@dawance: Je ne voulais pas du tout ouvrir un débat idéologique! S'il y a un lien étymologique entre chastel et capitale, me voilà prête à apprendre ! |
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embatérienne Animateur
Inscrit le: 11 Mar 2011 Messages: 3875 Lieu: Paris
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dawance
Inscrit le: 06 Nov 2007 Messages: 1895 Lieu: Ardenne (belge)
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écrit le Tuesday 01 Aug 17, 18:22 |
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Voilà qui me soulage.
Je voudrais compléter les références à Zink, en considérant son classement des amuïssements consonantiques.
D’abord le n devant s ou f, à date latine (la précision a été donnée par Mechthilde) :
Aux quelques exemples donnés, j’ajouterai :
pe(n)sare > peser, w.idem
ma(n)sionem > maison, w. mohone,
Mais le wallon conserve cet amuïssement dans :
insimul > ensemble, w. esson-ne et l’amuïssement n’est pas à la même place pour :
infans >anc fr enfes, w. èfans !
Il semble bien que le wallon généralise une mutation du préfixe in- en è- , voire en ès- :
èfoncer enfoncer
èfoumî enfumer
èfwèrci enforcir, etc. et :
èsnonder inonder
èspetchi empêcher (anc. w. èpêtchi)
èssègne enseigne, etc.
Il semble aussi que ce préfixe latin in- ait systématiquement abouti en wallon à è- :
ègadji engager
ètèrer enterrer
ètinde entendre
èvoyi envoyer, etc.
D’autre part, Zink renseigne les effacements de s et z (fin XIe, début XIIe), qui n’existent pas en wallon, pour :
dis(ju)nare > dîner et castellum > (fin XIIe) tchatel, le wallon étant disdjuner et tchèstê.
Enfin, un dernier mot sur la « consonne nasale palatale » :
pugnus poing w. pougn’ (voir aussi fr. poigne !)
cuneus coin w. cougnet (voir aussi fr. cogner !)
ba(l)neus bain w. bagn’ (voir aussi fr. baigner !)
J'espère que ça peut aider l'un ou l'autre Babélien.
NB : le ! signifie que je ne me l’explique pas (je n’ai pas cherché non plus) |
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Fayet
Inscrit le: 03 Jun 2016 Messages: 265 Lieu: Mâcon
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écrit le Saturday 05 Aug 17, 21:17 |
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Avant d'étudier Les arrangements qui me semblent loin de notre portée On devrait expliquer pourquoi dans un même texte latin on trouve,, 84 fois le couple NT et pas une seule fois TN, Pourquoi les successions de consnnes à l'intermot sont toujours en nombre inférieur à leur probabilité J'admets que le hasard peut produire des faits hasardeux mais pas toujours dans le même sens. Il y a des faits qui se manifestent précisément parce qu'ils violent les maths Pour certains faits il suffit de textes courts parce qu'ils sont vite patents mis il n'est pas absurde de voir quels textes suffiront pour révéler un problçme. Il n'est pas nécéssaire d'étudier des millions de caractère pour observer que sur les 324 couples de consonnes thoriquement possibles il n'y en a que30% réellement utilis&s. Il faudrait d'ailleurs comparer plusieurs langues sur ce poin! |
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Papou JC
Inscrit le: 01 Nov 2008 Messages: 11191 Lieu: Meaux (F)
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écrit le Saturday 05 Aug 17, 22:54 |
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Voici les résultats auxquels Georges Bohas est arrivé pour l'arabe :
Le nombre total de digrammes théoriques est de 325 (Soit 26 consonnes x (26-1): 2 = 325). Les glides w et y sont considérés comme des extenseurs.
Sur ce total,
284 digrammes peuvent être considérés comme des étymons à juger par l'existence de racines non ambigües construites sur ces étymons.
(NB : les recherches sur les racines ambigües amèneront probablement à revoir ce chiffre à la hausse).
- 213 étymons attestent du non ordonnancement des radicales. (C-à-d. réalisations dans les deux sens avec relation sémantique).
- 36 présentent des réalisations dans un seul sens.
- 35 présentent des réalisations dans les deux sens mais sans relation sémantique.
NB : Ces chiffres sont approximatifs et non définitifs. Ce sont ceux qui figurent en conclusion de l'ouvrage de Bohas et Bachmar, Les étymons en arabe, Dar el Machreq, Beyrouth, 2013.
Un problème est posé par les racines trilitères qui comportent deux glides. Par exemple la racine bien connue QWY être fort. Il faut en déduire
- soit qu'il existe des étymons monoconsonnantiques
- soit qu'un des deux glides est à considérer comme une radicale.
Et les deux hypothèses ne sont pas exclusives l'une de l'autre. |
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Fayet
Inscrit le: 03 Jun 2016 Messages: 265 Lieu: Mâcon
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écrit le Sunday 06 Aug 17, 11:27 |
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Je suppose que vous avez confondu consonnes et voyelles car vous arles de 325 digrammes soit 26 consonnes X 26- 1 Or cela fait beaucoup plus que 325. Comme je m'occupe spécialement des consonnes parce que je crois qu'une succession de consonnes pose des problèmes que les voyelles ne posent pas. ET j'ai tout simplement demandé à mon ordinateur de générer tous les digrammes possibles avec 18 consonnes j'ai bien obtenu 324 digrammes depuis AA jusqu'à ZZ. Or ayant collecté tous les digrammes consonantiques d' un texte latin j'ai constaté que les 3/4 des digrammes théoriques ne sont pas utilisés. Je pense que c'est une constatation qui exige une explication surtout qu'en fait il n'y a qu'un tout petit nombre de couples qui soient abondants comme NT ou ST 80 fois plus nombreux que les autres. Je crois que beaucoup de linguistes ont une horreur des maths et croient libérer l'esprit humain des lois qui régissent la matière. La pensée elle même n'est pas si libre que cela car nous sommes conditionnés Certains aspects de la linguistique sont moins déterminés mais la phonétiques dépend de trop de facteurs matériels pour ne pas donner prise au calcul. Ce qui brouille les choses c'est qu'une langue est soumise à des facteurs différents suivant le lieu et le temps. Une chose qui le prouve bien c'est qu'on a des logiciels avec lesquels On peut passer d'un phonème à l'autre rien qu' modifiant d'un chiffre les constituants. J'ai pu calculer la distance quadratique de tel auteur à tel auteur concernant unfait phonétique et les classer par ordre de la loi phonétique en appliquant la formule de distance quadratique. Je peux dire par exemple que c'est Apulée qui évite le plus une rencontre de consonnes à l'intermot et cela rejoint un jugement plus littéraire car il est bien connu pour fuir les rugosités et rechercher la musique. BF |
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Papou JC
Inscrit le: 01 Nov 2008 Messages: 11191 Lieu: Meaux (F)
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écrit le Sunday 06 Aug 17, 11:53 |
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En arabe, digrammes et étymons ne comportent aucune voyelle, ni brève ni longue. Il ne s'agit que de consonnes. |
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dawance
Inscrit le: 06 Nov 2007 Messages: 1895 Lieu: Ardenne (belge)
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écrit le Sunday 06 Aug 17, 13:43 |
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Papou JC a écrit: | ... Les glides w et y sont considérés comme des extenseurs.... | N'y a-t-il pas , comme en wallon, un glide h ? |
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Papou JC
Inscrit le: 01 Nov 2008 Messages: 11191 Lieu: Meaux (F)
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écrit le Sunday 06 Aug 17, 13:54 |
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Il y a deux h, un sourd et un sonore, mais ils sont considérés comme des consonnes. |
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