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Ion Animateur
Inscrit le: 26 May 2017 Messages: 306 Lieu: Liège
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écrit le Saturday 03 Mar 18, 11:02 |
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Palladas (Anthologie palatine, IX, 489) a écrit: | Γραμματικοῦ θυγάτηρ ἔτεκεν φιλότητι μιγεῖσα
παιδίον ἀρσενικόν, θηλυκόν, οὐδέτερον.
Grammatikoû thugátēr éteken philótēti migeîsa
paidíon arsenikón, thēlukón, oudéteron.
« Fille de grammairien, ayant connu l’amour,
mit au monde un enfant masculin, féminin,
neutre. » |
Cette épigramme est un clin d’oeil à l’ Ars Grammatica de Denys d’Alexandrie, dit le Thrace (la plus ancienne grammaire grecque, fin IIe siècle av. J.-C., au retentissement immense). On y lit (p. 24, éd Uhlig, 1883) à propos du « nom », ὄνομα - ónoma
Γένη μὲν οῦν εἰσι τρία· ἀρσενικόν, θηλυκόν, οὐδέτερον. Génē mèn oûn eisi tría : arsenikón, thēlukón, oudéteron. « Les genres sont au nombre de trois : masculin, féminin, neutre. »
Palladas (2e moitié du IVe siècle de notre ère) s’est aperçu que cette formulation du nom des genres constitue une fin parfaite pour le second vers d’une épigramme.
Il y a une forte césure après paidíon arsenikón : le lecteur comprend donc d’abord « un enfant mâle... », et se dit : « Eh bien, tant mieux ! » puis arrive la chute : « féminin, neutre », citation surréaliste du texte de Denys. La grammaire était-elle à ce point ancrée dans les gènes des grammairiens ?
Dernière édition par Ion le Sunday 04 Mar 18, 21:00; édité 1 fois |
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Papou JC
Inscrit le: 01 Nov 2008 Messages: 11193 Lieu: Meaux (F)
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écrit le Saturday 03 Mar 18, 18:12 |
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Ah ce masculin qui fleure l'arsenic ! Je suppose que les plaisanteries doivent abonder sur le sujet en grec moderne ? Masculin et vieilles dentelles !
Pour les curieux qui s'interrogent, un petit rappel (car il me semble qu'on en a déjà parlé ailleurs) :
- "masculin" se dit effectivement arsenikós. Outis en donne ICI l'origine indo-européenne. La consultation du dictionnaire de Nourai m'autorise (j'espère) à ajouter le cognat avestique aršan homme. Idem pour le persan.
- "arsenic" se dit arsenikó. Mais le mot est d'origine iranienne, venu au grec ou au latin (arsenicum) par les alchimistes médiévaux via l'arabe زرنيخ zarnīẖ ou zirnīẖ (avec l'article al-zarnīẖ > arzanīkh), du persan zarnīx, apparenté à l’avestique zarena, “doré, jaune”, IE *gʰel-, “briller, or”. On voit que l'acclimatation de ce mot en grec a été facilitée par l'existence de l'autre.
Un beau cas d'homonymie, non ? |
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Ion Animateur
Inscrit le: 26 May 2017 Messages: 306 Lieu: Liège
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écrit le Sunday 04 Mar 18, 21:05 |
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En revanche, "un poison" ne s'emploie que pour les femmes (très désagréables). |
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Papou JC
Inscrit le: 01 Nov 2008 Messages: 11193 Lieu: Meaux (F)
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écrit le Sunday 04 Mar 18, 21:52 |
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La fameuse chanson disait "LA poison", le seul truc qui vaille pour "féminiser" un nom masculin. |
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