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aboukhaldoun
Inscrit le: 11 Apr 2008 Messages: 441 Lieu: Bruxelles/Tripoli (Liban)/Homs (Syrie)
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écrit le Wednesday 30 Jul 08, 22:01 |
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Deux palatalisations pour le moins originales sont observables chez la tribu des banû Saxr (Syrie et Jordanie essentiellement) et chez les šammar.
Le kâf "standard" se palatalise en "ts" un peu à la manière du "tsadé" de l'hébreu moderne et le qâf devient un dzâf (bien entendu, ces palatalisations ont lieu dans un environnement spécifique).
Le phénomène n'est observable que chez ces tribus ce qui le rend d'autant plus anodin.
Quelqu'un aurait-il des propositions pour suggérer ce "passage"?
Dernière édition par aboukhaldoun le Wednesday 01 Apr 09, 22:51; édité 6 fois |
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la creme nta3 la creme
Inscrit le: 26 Apr 2008 Messages: 218 Lieu: Paris
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écrit le Thursday 31 Jul 08, 17:28 |
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C'est un peu une sorte de zozotement mais avec des affriquées.
Je n'ai pas d'explication,mais ça me rappelle que dans d'autre dialectes il est assez fréquent que le š passe a s, et le j passe a z...
Dans ton exemple c'est exactement pareil mais en affriqué:
č( t+š) qui passe a t+s
dj(d+j) qui passe a d+z...
enfin j'espere que c'est pas trop confus... |
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gilou
Inscrit le: 02 Jan 2007 Messages: 1528 Lieu: Paris et Rambouillet
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écrit le Friday 01 Aug 08, 12:10 |
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Un passage de tš à ts et de dž à dz, ce n'est pas une palatalisation, mais une dépalatalisation; une avancée du point d'articulation de la zone pré-palatale à la zone alvéolaire. |
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aboukhaldoun
Inscrit le: 11 Apr 2008 Messages: 441 Lieu: Bruxelles/Tripoli (Liban)/Homs (Syrie)
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écrit le Friday 01 Aug 08, 15:01 |
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ok, mais il s'agit ici d'un passage du qâf au dzâf et d'un passage du kâf au tsâf.
Dernière édition par aboukhaldoun le Thursday 25 Dec 08, 23:51; édité 2 fois |
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José Animateur
Inscrit le: 16 Oct 2006 Messages: 10945 Lieu: Lyon
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écrit le Friday 01 Aug 08, 15:09 |
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Citation: | Le čâf "standard" se palatalise en "ts" un peu à la manière du "tsadé" de l'hébreu moderne et le djâf devient un dzâf. |
Ce sujet est intéressant mais il faut qu'il reste accessible à des non-linguistes. Il faudrait donc préciser ce que sont le čâf et le djâf. (Merci). |
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aboukhaldoun
Inscrit le: 11 Apr 2008 Messages: 441 Lieu: Bruxelles/Tripoli (Liban)/Homs (Syrie)
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écrit le Friday 01 Aug 08, 15:23 |
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Cela a déjà été fait dans d'autres posts José, le čâf est la manière bédouine de prononcer le kâf de l'arabe classique.
Lorsque je parle d'un djâf, il s'agit d'un qâf de l'arabe classique qui est prononcé "dj". Nous employons ces terminaisons en "âf" pour distinguer ces lettres de celles qui découlent des différentes prononciations du djîm.
Dernière édition par aboukhaldoun le Thursday 25 Dec 08, 23:52; édité 1 fois |
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aboukhaldoun
Inscrit le: 11 Apr 2008 Messages: 441 Lieu: Bruxelles/Tripoli (Liban)/Homs (Syrie)
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écrit le Friday 01 Aug 08, 15:33 |
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José a écrit: | Merci pour tes précisions, Aboukhaldoun.
Je sais que ça peut paraître fastidieux mais on ne peut attendre d'un lecteur qui arrive sur ce fil qu'il ait lu les fils précédents. Ca implique de faire dans un nouveau fil comme celui-ci une petite ligne de rappel, comme tu viens de le faire. |
Mais de rien! Je tâcherai de m'en souvenir pour les fois à venir si le cas se présente encore!
Dernière édition par aboukhaldoun le Sunday 03 Aug 08, 2:13; édité 1 fois |
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gilou
Inscrit le: 02 Jan 2007 Messages: 1528 Lieu: Paris et Rambouillet
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écrit le Friday 01 Aug 08, 16:05 |
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aboukhaldoun a écrit: | ok, mais il s'agit ici d'un passage du jîm au dzîm et d'un passage du kâf au tsâf. | Si le passage du kâf au tsâf s'est fait par un intermédiaire čâf (ce qui semblerait logique, d'un point de vue phonétique), alors on est dans un même mouvement d'avancée du point d'articulation: passage d'une occlusive post-palatale a une affriquée pré-palatale, puis passage d'une affriquée pré-palatale a une affriquée alveolaire. |
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aboukhaldoun
Inscrit le: 11 Apr 2008 Messages: 441 Lieu: Bruxelles/Tripoli (Liban)/Homs (Syrie)
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écrit le Saturday 09 Aug 08, 20:29 |
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D'accord, cependant, la palatalisation étant un processus phonologique qui affecte principalement (pas uniquement!) les consonnes dentales et vélaires, le phénomène avancé peut être qualifié comme tel
La définition du processus par le phonologue Dider Demolin est la suivante: "la palatalisation consiste en l'assimilation d'une consonne (quelconque!) à la voyelle antérieure qui suit; le résultat produit donc une consonne palatalisée".
Dernière édition par aboukhaldoun le Sunday 30 Aug 09, 3:07; édité 1 fois |
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gilou
Inscrit le: 02 Jan 2007 Messages: 1528 Lieu: Paris et Rambouillet
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écrit le Sunday 10 Aug 08, 9:54 |
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En phonétique, la palatalisation d'une consonne se traduit par une montée du dos de la langue vers le palais mou. Cela restreint le passage de l'air, et produit un léger bruit de friction caractéristique d'une consonne palatalisée.
Ensuite, il peut y avoir avancement (ou recul selon le point de départ) du point d'articulation de la consonne vers un point d'articulation plus proche du palais (ie un point d'articulation ou la montée de la langue vers des zones autres que le palais mou est estompée).
Typiquement, pour passer de kâf a čâf, il y a certainement eu une étape intermédiaire kʲâf.
Le passage de k a kʲ c'est la palatalisation du k, puis le passage du kʲ au č, c'est l'avancement de l'articulation vers la zone palatale. |
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aboukhaldoun
Inscrit le: 11 Apr 2008 Messages: 441 Lieu: Bruxelles/Tripoli (Liban)/Homs (Syrie)
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écrit le Monday 11 Aug 08, 3:39 |
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ok, je vois ce que tu veux dire mais est-ce que cela engendre que les glissements traités dans ce post ne seraient pas des palatalisations? |
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gilou
Inscrit le: 02 Jan 2007 Messages: 1528 Lieu: Paris et Rambouillet
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écrit le Monday 11 Aug 08, 10:22 |
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Si je prends le passage du kâf au tsâf, la palatalisation n'est qu'une des étapes:
Au départ, on a une occlusive vélaire/post-palatale k
On va avoir palatalisation de l'articulation: kʲ (début d'avancement de l'articulation vers la zone palatale, relachement de l'occlusion avec faible friction),
puis une articulation affriquée palatale: č (donc avancement de l'articulation à la zone palatale, relachement de l'articulation avec une nette friction),
puis une articulation affriquée alvéolaire: ts (donc avancement de l'articulation à la zone alvéolaire/pré-palatale [et donc, dépalatalisation])
C'est plus une avancée constante du point d'articulation de l'arriere vers l'avant, qu'autre chose, qui caractérise une telle évolution.
Ce qui provoque ce type d'avancement, c'est souvent le fait que les voyelles devant lesquelles cette évolution se produit sont des voyelles d'avant, et qu'il y a anticipation de leur articulation sur la consonne précédente. Je ne connais pas assez les faits de dialectologie arabe (et mon Cantineau est quelque part dans ma cave) pour affirmer que c'est la cas ici.
Il y a d'autres situations tres différentes ou la palatalisation intervient en phonétique.
Par exemple dans les langues slaves, ou la palatalisation s'est dévellopée comme un trait distinctif applicable a une majorité des consonnes, un peu comme le trait "emphatique" dans les dialectes arabes. Dans les langues slaves, les consonnes palatalisées étant donc articulées avec une élévation du dos de la langue vers le palais mou, par contraste, les consonnes non-palatalisées ont tendance (en russe en tout cas) a être articulées avec un certain degré de vélarisation (élévation de l'arrière de la langue vers le voile du palais, ce qui bloque toute élévation du dos de la langue, et a même tendance a le creuser). |
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aboukhaldoun
Inscrit le: 11 Apr 2008 Messages: 441 Lieu: Bruxelles/Tripoli (Liban)/Homs (Syrie)
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écrit le Wednesday 13 Aug 08, 14:53 |
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Donc, si je comprends bien, pour passer d'une prononciation d'une lettre à une autre, il est possible que cela admette deux phénomènes phonologiques ?
Je veux dire par là, par exemple, si j'analyse le passage du qâf au djâf, ce n'est pas une simple palatalisation mais d'abord une assimilation régressive partielle qui nous aurait amené à un gâf qui ensuite aurait subit une palatalisation pour devenir un djâf ?
Si oui, pourrais-je le formaliser comme tel: [Harîq] > [Harîg] > [Harîdj] ? |
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Papou JC
Inscrit le: 01 Nov 2008 Messages: 11173 Lieu: Meaux (F)
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écrit le Sunday 14 Oct 18, 7:12 |
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Je déterre ce fil pour signaler que le sujet est amplement traité - pour l'arabe classique - dans un article qui vient de paraître dans la revue Al-Abhath publiée par l'Université Américaine de Beyrouth.
L'article s'intitule Une nouvelle dimension du domaine de la kashkasha et il est signé Georges Bohas et Jean-Claude Rolland.
Malheureusement, il n'est pas (encore) en ligne. Je ne sais pas s'il le sera un jour.
La kashkasha se limitait jusqu'alors à la prononciation de certains pronoms affixes (Voir ce mot chez Kazimirski). Les auteurs ont découvert qu'elle affectait également le lexique. |
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Papou JC
Inscrit le: 01 Nov 2008 Messages: 11173 Lieu: Meaux (F)
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écrit le Thursday 04 Apr 19, 11:00 |
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Pour information, l'article dont je parle dans le post précédent est désormais accessible à cette adresse : https://www.jclrolland.fr/442188176 |
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