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Xavier Animateur
Inscrit le: 10 Nov 2004 Messages: 4087 Lieu: Μασσαλία, Prouvènço
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écrit le Sunday 14 Feb 21, 18:58 |
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Verquelure : c'est le nom d'un tissu rayé fabriqué autrefois à Montbéliard (Franche-Comté)
C'est un tissu (rude) de chanvre, appelé verquelée au XVIᵉ siècle.
Voir la fiche sur le site du patrimoine du pays de Montbéliard
En Alsace, le kelsch est aussi un tissu traditionnel à carreaux ou à rayures.
A priori, dérivé de Kölsch (colognais, de la ville de Cologne, du latin Colonia, colonie)
En ancien français, je découvre dans le dictionnaire de Godefroy :
vergelé : rayé
vergié : rayé, bigarré, ciselé, cannelé
vergier : établir avec régularité, tracer
Certainement à partir de verge et son diminutif : vergele (cf. virgule) : petite verge, petite baguette, petite branche, petite barre. |
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embatérienne Animateur
Inscrit le: 11 Mar 2011 Messages: 3876 Lieu: Paris
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écrit le Sunday 14 Feb 21, 20:13 |
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On a encore en français le papier vergé et ses vergeures.
(Note : vergeure, comme gageure, rime avec injure et non avec vengeur)
Est-ce que ces mots sont en rapport avec verquelure ? L'étymologie de ce mot ne paraît pas établie. L'article que tu cites se contente de dire :
Citation: | Le mot « verquelure » est peut-être une déformation du mot « vergueux », provenant lui-même de « gueux » qui signifie « raide ». |
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Xavier Animateur
Inscrit le: 10 Nov 2004 Messages: 4087 Lieu: Μασσαλία, Prouvènço
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écrit le Sunday 14 Feb 21, 22:57 |
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Intéressant cette précision sur vergé et vergeure !
J'ai oublié de noter que c'est une hypothèse que je propose.
J'avais lu cette origine avec le mot gueux, mais je l'ai trouvée fantaisiste.
Dans un dictionnaire de 1880, on trouve cette définition :
verquelure : étoffe grossière laine et coton
et cite Duvernoy, éphémérides (1832)
"Les toiles fabriquées à cette époque étaient connues sous les noms bizarres de verquelures, velours de gueux, et diablement forts."
Cependant, il s'agit à l'origine d'une étoffe de chanvre, puis éventuellement de lin.
Dans un ouvrage sur l'histoire de Mandeure, ville voisine
dans un texte du XVIIe siècle, c'est un inventaire :
"taie d'oreiller verquelé d'un côté"
Le sens de rayé d'un côté me paraît plus vraisemblable que celui de rugueux d'un côté. |
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Papou JC
Inscrit le: 01 Nov 2008 Messages: 11204 Lieu: Meaux (F)
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écrit le Monday 15 Feb 21, 0:06 |
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Xavier a écrit: | En Alsace, le kelsch est aussi un tissu traditionnel à carreaux ou à rayures.
A priori, dérivé de Kölsch (colognais, de la ville de Cologne, du latin Colonia, colonie) |
Je pencherais plutôt pour une version francisée de ces mots, avec ver- comme préfixe d'origine germanique (cf. verboten, forbidden), ayant pour fonction de certifier l'origine du produit. Une verquelure ou un tissu verquelé, ce serait, à l'origine, un "vrai tissu de Cologne".
À vérifier, bien sûr, si tant est que ce soit possible. Est-ce que l'alsacien *verkelsch existe ou pourrait exister ? Ou un mot allemand proche ? |
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Xavier Animateur
Inscrit le: 10 Nov 2004 Messages: 4087 Lieu: Μασσαλία, Prouvènço
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écrit le Monday 15 Feb 21, 17:41 |
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Je ne vois pas en quoi ce tissu serait originaire de Cologne.
À l'origine, c'est du chanvre, une plante qu'on trouve dans la région. C'est un tissu local.
Je ne vois pas de processus particulier dans la confection du tissu.
Ou alors ce sont les rayures "à la mode de Cologne" ?
Je ne me suis pas penché sur l'origine du terme alsacien. Est-ce la véritable étymologie ? |
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AdM Animateur
Inscrit le: 13 Dec 2006 Messages: 898 Lieu: L-l-N (Belgique)
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écrit le Monday 15 Feb 21, 21:11 |
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Le préfixe germanique ver- est un préfixe verbal. Je ne crois pas à cette hypothèse. |
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Papou JC
Inscrit le: 01 Nov 2008 Messages: 11204 Lieu: Meaux (F)
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écrit le Monday 15 Feb 21, 22:48 |
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@Xavier : que venait donc faire ceci dans ton post initial :
Citation: | En Alsace, le kelsch est aussi un tissu traditionnel à carreaux ou à rayures.
A priori, dérivé de Kölsch (colognais, de la ville de Cologne, du latin Colonia, colonie) |
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AdM Animateur
Inscrit le: 13 Dec 2006 Messages: 898 Lieu: L-l-N (Belgique)
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écrit le Tuesday 16 Feb 21, 1:11 |
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Xavier a écrit: | Je ne me suis pas penché sur l'origine du terme alsacien. Est-ce la véritable étymologie ? |
Kelsch : le nom du tissu vient bien de Cologne mais peut-être plutôt du colorant utilisé pour teindre les écheveaux avec lesquels cette toile était tissée, le bleu de Cologne (nom donné au pastel).
On disait aussi kölschblau ou simplement kölsch pour désigner des lèvres cyanosées, par le froid ou l'alcool, ou des ecchymoses.
Citation: | Charlemagne encourageait dans ses capitulaires la culture des plantes textiles, mais également des plantes tinctoriales, qui livraient les colorants nécessaires à la teinture des tissus. On utilisait longtemps le pastel (Waid), plante qui donnait la couleur bleue.
On la cultivait de façon intense entre Aix la Chapelle et Cologne. Cette ville a donné son nom à ce bleu pastel (bleu de Cologne) en alsacien « Koelschbloej » (Kölnisch Blau). Cette teinte fut concurrencée plus tard par le bleu indigo, également végétal, mais originaire des Indes, suivi par le bleu de Bouxwiller, extrait de la lignite fabriqué industriellement à Ludwigshafen en Allemagne, dans les temps modernes.
Le rouge provenait de la garance, une racine que l'on cultivait dans nos régions.
Les teinturiers teignaient les écheveaux de filé, mais imprimaient également de jolis motifs de fleurs sur les toiles, à l'aide de planchettes sculptées, que l'on enduisait de teinture et que l'on juxtaposait. Ces toiles imprimées en « bleu de réserve » servaient aux taies d'oreillers et d'édredons, aux vêtements de travail féminins (jupes, tabliers, etc.), mais on les appelait péjorativement, « Armelittekoelsch ou Battelkoelsch » parce qu'elles étaient moins chères que le carreau tissé.
[…]
"Er isch koelschebloej" : se dit de quelqu'un couvert d'ecchymoses.
Source : http://erstein67.free.fr/blanchisseur/index.html |
Grimm indique qu'on retrouve ce nom dans les dialectes sud-ouest de l'allemand : alsacien, suisse, souabe pour désigner un tissu rayé ou carreauté de bleu.
Le Dictionnaire du Palatinat en dit p.ex. ceci : Citation: | kölschen-blau, köllischen- Adj. : 'blau wie Kölsch', kelschebloo [mancherorts], kellische- [vereinzelt VPf]; vgl. himmelkölschenblau. Der hot kellischeblooe Lefze (Lippen « lèvres ») [NW-Geinsh]. Er hot en kelschebloo gschlache [LA-Venn]. Mei Hänn sin kelschebloo gefror [Don-Tscherwk].
• Pfälzisches Wörterbuch, digitalisierte Fassung im Wörterbuchnetz des Trier Center for Digital Humanities, Version 01/21 s.vº kölschen-blau
Kölsch, Köllisch, Kölnisch m. : 'älteres Tuch, meist blau, seltener rot, gewürfelt oder gestreift, mit Vorliebe zu Bettbezügen verwendet' « tissus anciens, le plus souvent bleus, plus rarement rouges, à carreaux ou à rayures, utilisés de préférence pour les literies », Kelsch [verbr. Schandein Sprachsch. 28 Don-Schowe Torscha Tscherwk], Kelch (kelχ) [vereinzelt NWPf KL-Wörsb Rodb HB-Alth], Kellisch [Spey (PfId. 74) NW-Geinsh]; Kelch wäwe (weben « tisser ») [WD-Ostbr]. Er hot Backe so bloo wie K., von Husten, Kälte [NW-Geinsh]. a. 1761: daß Oberbeth ... mit Kölsch blau überzogen [LeinGbl. 76 (RO-Gonb)]. a. 1786: 4 Ehlen Kölnisch [SSp v. d. Leyen Fasc. 100 (BZ-Wernbg)]. — F.: kelχ < keliχ < keliš; vgl. ich < isch 'ist' K. 1 u. Bertram § 244. — SHW Südhess. III 1606; RhWb Rhein. IV 1142.
• Pfälzisches Wörterbuch, s.vº Kölsch
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Pour l'alsacien : s.vº Kölsch
Pour le suisse alémanique : s.vº chöltsch
Pour le luxembourgeois : s.vº Kèlsch |
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Xavier Animateur
Inscrit le: 10 Nov 2004 Messages: 4087 Lieu: Μασσαλία, Prouvènço
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écrit le Wednesday 17 Feb 21, 0:34 |
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Merci ! Très intéressant.
Dans la couleur bleue et le nom de ville, on peut aussi évoquer Gênes qui a donné le blue-jean. |
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AdM Animateur
Inscrit le: 13 Dec 2006 Messages: 898 Lieu: L-l-N (Belgique)
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écrit le Wednesday 17 Feb 21, 1:57 |
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Je trouve une référence à cet article : Michel Thom, « ‘Diairi’, ‘verquelure’. Problèmes d'étymologies montbéliardaises », Bulletin et Mémoires de la Société d'Émulation de Montbéliard 74 , 1978 , p.71-98 mais je suis bien en peine de le consulter. |
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