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Jacques
Inscrit le: 25 Oct 2005 Messages: 6533 Lieu: Etats-Unis et France
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écrit le Tuesday 04 Jun 13, 13:56 |
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Xavier a écrit: | Selon l'OXD, cherry vient probablement de l'ancien français du nord cherise. |
Si le mot était venu d'un français plus au sud, on dirait sans doute cerry au lieu de cherry. Le "s" qui a disparu a probablement été pris à tort pour une expression du pluriel. |
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Papou JC
Inscrit le: 01 Nov 2008 Messages: 11202 Lieu: Meaux (F)
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écrit le Tuesday 04 Jun 13, 14:19 |
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Ça ne va pas plaire à notre ami Giorss, mais le grec κερασος [kerasos] est probablement d’origine sémitique, tout comme l'arabe كرز [karaz]. Déjà en akkadien la cerise se disait girīṣu.
En persan, c'est gīlās. (Sans rapport avec un homonyme emprunté à l'anglais glass).
En turc, c'est kiraz. Consonnes de l'arabe et voyelles du persan. Mais on reste dans le même ensemble phonique. |
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Jacques
Inscrit le: 25 Oct 2005 Messages: 6533 Lieu: Etats-Unis et France
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écrit le Tuesday 04 Jun 13, 17:03 |
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angl. to cherry-pick : trier sur le volet, choisir de façon méticuleuse, lit. "choisir les cerises"
Le mot exprime souvent un manque d’impartialité
Ex.
The so-called magician used to cherry-pick 'volunteers' in the audience.
Le soi-disant magicien choisissait bien méticuleusement les "volontaires" dans l'assistance. |
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rejsl Animatrice
Inscrit le: 14 Nov 2007 Messages: 3672 Lieu: Massalia
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écrit le Tuesday 04 Jun 13, 17:49 |
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L'allemand Kirsche ( penser aussi à la liqueur Kirsch) vient aussi du latin vulgaire ( parlé) , les Romains ayant introduit ces cultures dans les régions de la Germanie Occidentale. Ceresia ou ceresea, devenu féminin , mais qui était au départ le pluriel neutre de cereseum ou cerasum = cerise. Le terme latin emprunté au grec kérasos (κέρασος) Pfeifer.
On retrouve ce qui a été dit plus haut. Pfeifer avance l'idée que le terme grec venait d'Asie Mineure probablement des Thraco-Phrygiens.
Mais ceux-ci parlaient une langue indo-européenne. |
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Papou JC
Inscrit le: 01 Nov 2008 Messages: 11202 Lieu: Meaux (F)
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écrit le Saturday 07 Aug 21, 9:25 |
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José a écrit: | L'expression se refaire la cerise peut prêter à confusion : elle ne fait pas référence à la technique consistant à se faire recoudre l'hymen avant un mariage traditionnel... |
Certes, certes, mais d'où vient cette expression ? Quel est le sens de cerise dans cette expression ? |
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dawance
Inscrit le: 06 Nov 2007 Messages: 1897 Lieu: Ardenne (belge)
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écrit le Saturday 07 Aug 21, 10:00 |
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giòrss a écrit: | On peut pas dire que cerise vient directement du grec.....
Le DELI dit: ciliegia, du lat. parl. *cereseam....... |
Le wallon cèlîhe, cerise devrait dériver de la même racine, sinon que le h wallon est généralement l'évolution normale de sk plutôt que de g... |
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Cligès
Inscrit le: 18 Jul 2019 Messages: 898 Lieu: Pays de Loire
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écrit le Wednesday 01 Sep 21, 20:10 |
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Le groupe -sy- intervocalique n'a-t-il pas pu évoluer vers [ʃ] ou [tʃ] (cf. basiare > it. baciare (baiser).
Comment dit-on "baiser" en wallon ? |
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AdM Animateur
Inscrit le: 13 Dec 2006 Messages: 898 Lieu: L-l-N (Belgique)
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écrit le Wednesday 01 Sep 21, 21:00 |
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En liégeois, puisque c'est de lui dont on traite surtout ici, on dit diner ine båhe, « donner une baise ».
[Le å correspond à un a long, tirant plus ou moins vers le o.]
— Dans d'autres régions, on a le type on bètch mais ça désigne un bec (comme au Québec d'ailleurs…).
+++++++++++
Je ne sais pas si ça peut aider mais pour le nombre « six », on prononçait [si:ʃ] à Saint-Nicolas-lez-Liège…
Dernière édition par AdM le Wednesday 01 Sep 21, 21:14; édité 2 fois |
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Cligès
Inscrit le: 18 Jul 2019 Messages: 898 Lieu: Pays de Loire
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écrit le Wednesday 01 Sep 21, 21:12 |
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Eh bien cela confirme ce que je supposais. Ma question portait sur le verbe, mais le traitement phonétique est le même (basium pour le nom, basiare pour le verbe).
Merci ! |
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AdM Animateur
Inscrit le: 13 Dec 2006 Messages: 898 Lieu: L-l-N (Belgique)
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Cligès
Inscrit le: 18 Jul 2019 Messages: 898 Lieu: Pays de Loire
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écrit le Wednesday 01 Sep 21, 21:20 |
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Pour que tout soit clair, pouvez-vous préciser ce que la lettre "h" note comme son ? Je crois que j'ai fait une erreur dans l'API. |
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AdM Animateur
Inscrit le: 13 Dec 2006 Messages: 898 Lieu: L-l-N (Belgique)
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écrit le Thursday 02 Sep 21, 1:39 |
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Cligès a écrit: | Pour que tout soit clair, pouvez-vous préciser ce que la lettre "h" note comme son ? |
Ça dépend des régions mais à Liège (et dans une certaine mesure en Ardenne), la prononciation typique, c'est presque toujours comme quand on veut faire de la buée sur un carreau.
Ailleurs, et selon les mots, ça peut correspondre aux sons ch comme dans le français « chou » ou j comme dans « jeu » ou sk comme dans « scander ».
En finale de mot, il peut parfois virer comme le néerlandais g (geen geld) ou l'allemand ch (Ich liebe dich) ; dans d'autres cas, ça deviendra un y…
N.B. C'est un des problèmes qu'ont rencontrés les linguistes qui tentèrent de créer une orthographe commune pour les diverses sortes de wallon (li walon r'fondou) : comment représenter en lettres un son qui se dit h à Liège mais différemment ailleurs ? Ils ont donc créé des groupes de lettres qui laissent le choix de la prononciation :
— sh pour h (Lg.) ou s (ailleurs) ;
— sch pour h (Lg.), s (Nam.) et ch (Charleroi) ;
— jh pour h (ou ich à l'allemande) à Lg. et j ailleurs ;
— xh pour h (Lg.) et ch (ailleurs).
Pour en revenir au mot du jour, le Wiktionnaire en wallon refondu propose ainsi comme prononciations : /sɛ.ʀiː.ʒiː/ /sɛ.ʀe.ʒiː/ /sɛ.ʀẽ.ʒiː/ /sɛ.liː.hiː/ pour cerisier, transcrit en r'fondou : cerijhî. |
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Cligès
Inscrit le: 18 Jul 2019 Messages: 898 Lieu: Pays de Loire
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écrit le Thursday 02 Sep 21, 9:19 |
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Merci pour cette réponse complète. Je pense que le groupe VsyV, pour ce qui nous occupe, ne peut directement donner [h], et que l'intermédiaire doit être [ʃ] ou un son médio-palatal, comme certaines variétés du wallon semblent le montrer. Peut-être y a-t-il là une influence germanique. Nous avions déjà abordé la question ailleurs.
Riche terrain pour la phonétique que le wallon !
Dernière édition par Cligès le Thursday 02 Sep 21, 10:17; édité 1 fois |
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Papou JC
Inscrit le: 01 Nov 2008 Messages: 11202 Lieu: Meaux (F)
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écrit le Thursday 02 Sep 21, 10:02 |
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"Wallons en fans de la phonie, i, e ... !" (Pardon, pas pu m'en empêcher...) |
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Cligès
Inscrit le: 18 Jul 2019 Messages: 898 Lieu: Pays de Loire
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écrit le Thursday 02 Sep 21, 17:46 |
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La phonétique a bien besoin d'un peu d'humour de temps à autre...
Et comme j'ai moi aussi de l'humour, voici la cerise sur le gâteau :
Comment passe-t-on de *cĕrĕsia à cerise ?
Note : la date des changements phonétique est empruntée à G. Zink, Phonétique historique du français (PUF) et à G. Joly, Précis de phonétique historique du français (A. Colin, coll "U").
Étymon : *cĕrĕsia (lat. impér. cerasia, class. cerasa « cerises »)
IIème siècle :
kęręsya
kẹręsya
- Grand bouleversement vocalique (GBL) : disparition des quantités au profit des timbres ; le e bref du latin prend un timbre ouvert, mais très vite, le le e initial atone se ferme.
- Le i en hiatus s’est consonantisé dans le parler vulgaire.
IIIème siècle.
k̮ẹręsya
tsẹręsya
tsẹrięys’a
- Le [k] acquiert une palatalisation pleine au contact de la voyelle palatale ẹ, puis déplace son point d’articulation vers l’avant pour finalement subir une assibilation par avancée extrême. Comme l’élément occlusif persiste, on aboutit à une affriquée.
- Le ę tonique libre subit la diphtongaison romane.
- Le yod qui suit le [s] subit une anticipation sans pour autant que son articulation disparaisse totalement de sa place initiale : il en résulte une « mouillure » du [s].
IVème siècle.
tsẹrięyz’a
- Sonorisation du s mouillé intervocalique.
VIIème siècle.
tsẹriẹize̥
- Vocalisation du yod anticipé et production d’une triphtongue ; le [ę] central se ferme sous l’influence des [i] qui l’encadrent.
- Le [a] final s’affaiblit, mais reste audible. La mouillure disparaît.
VIIIème siècle.
tse̥riẹize̥
Affaiblissement du ẹ initial.
IXème siècle.
tse̥rize̥
Résolution de la diphtongue du fait de la fermeture complète de la voyelle centrale et de la fusion des trois sons.
Le mot, attesté au XIIème, est graphié cerise (variantes : cherise, celise, cerese)
XIIIème siècle.
se̥rize̥
Simplification de l’affriquée.
Le mot est graphié cerise ou, moins souvent, serise.
Époque moderne (français standard) :
s(e̥)Riz(e̥) (cerise)
- Le /r/ est grasseyé.
- Les e centraux sont devenus des e instables (e "muets"). |
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