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La théorie de la médiation - Langues d'ici & d'ailleurs - Forum Babel
La théorie de la médiation
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Cormier



Inscrit le: 14 May 2005
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Messageécrit le Friday 31 Mar 06, 9:03 Répondre en citant ce message   

La clinique des aphasies, des psychoses et des névroses oblige à déconstruire le concept de langage, à faire la différence entre le signe, la langue et le discours; la glossologie, la sociolinguistique et l'axiolinguistique.

Le discours est la manifestation dans le langage de la capacité normative, axiologique de l'être humain.
On ne dit pas ce qu'on veut à qui l'on veut et de la manière que l'on veut. C'est ce qu'étudie l'axiolinguistique avec l'étude du non-dit et du lapsus, du tabou et du juron, de l'allégorie et de l'affabulation, du mensonge, de l'euphémisme, du jeu de mot, etc.

http://www.anthropiques.org/?page_id=56

Citation:
Pulsion et destin des pulsions : une rationalité axiologique

Enfin, le langage, écrit ou parlé, peut encore être le lieu d'apparition d'un autre type de troubles (oublis, lapsus, résistance et inhibitions à la prononciation de certains mots, etc.) dans lequel Freud voyait l'effet d'un refoulement.

« Comme tout comportement humain, le comportement "langagier" est ambivalent : en même temps que nous voulons dire, nous voulons cacher. Le message est toujours lourd, non seulement de ce qu'il énonce, mais de ce qu'il annonce. Ayant statut de kérigme (Ricœur), il emporte toujours autre chose que ce que nous souhaitons dire. Le mensonge, le refoulement, lui sont inhérents (« Omnis homo mendax » - Psaume 116). C'est ce que Freud a saisi à travers les tropes, et que nous appelons non plus "langage" mais discours. C'était là l'ébauche de notre quatrième plan. Le "langage", pris sous l'aspect du discours, nous fait croiser Freud et Lacan. Mais cette théorie du discours s'inscrivait dans le cadre plus large du traitement culturel du désir, traitement que nous avons appelé la Norme [Gagnepain, 1993, p. 42]. »

L'être humain, autrement dit, accède par la Norme à une capacité de refoulement qui le libère d'un assujettissement à la pulsion. Il accède ainsi à un autre désir que celui de la naturelle satisfaction pulsionnelle. Le « discours » ne serait que la manifestation langagière de ce désir acculturé, qui se manifeste tout autant dans la relation aux autres que dans l'activité technique et les ouvrages qu'elle produit.
L'exacerbation de cette capacité de refoulement (ou Norme) rendrait compte du comportement des névrosés (obsession, phobie, hystérie d'angoisse et de conversion), dont on pourrait dire qu'ils ont « bloqué leur frein ». Son annulation, au contraire, au moins partielle, rendrait compte du comportement des psychopathes (réluctance, fugue, libertinage, toxicomanie), dont on pourrait dire par conséquent qu'ils ont « cassé leur frein ».
Capacité de rupture « éthique » d'avec la pulsion naturelle, la Norme permet de rendre compte du sens (ou plutôt du cens) moral auquel accède normalement chaque être humain. Et l'étude des névroses et des psychopathies permet de fonder une science de la morale, l'axiologie (non pas bien entendu une science qui permettrait de définir une bonne fois pour toutes ce qui est moral et ce qui ne l'est pas en chaque occasion particulière de « péché », mais une science qui rend compte de l'existence même en chaque être humain - sauf justement en certains cas pathologiques - de la « conscience morale » et, partant, de l'éventuel « sentiment de culpabilité » qu'elle suscite).


Dernière édition par Cormier le Tuesday 03 Nov 09, 8:26; édité 2 fois
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Cormier



Inscrit le: 14 May 2005
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Messageécrit le Friday 07 Apr 06, 12:17 Répondre en citant ce message   

Si vous voulez lire des livres sur la théorie de la médiation je vous conseille :

INTRODUCTION A LA THEORIE DE LA MEDIATION - L'ANTHROPOLOGIE DE JEAN GAGNEPAIN
de : Jean-Luc Lamotte

http://www.theorie-mediation.net/

Citation:
En introduisant de manière claire et accessible à l'oeuvre de Jean Gagnepain et à la théorie de la médiation, cet ouvrage s'adresse à tous ceux qui, cherchant à comprendre leur temps, ressentent la nécessité de changer les vieilles problématiques devenues caduques, d'élaborer de nouveaux systèmes conceptuels, d'éprouver de nouveaux modèles de la rationalité humaine. Car c'est bien cette rationalité qu'il convient de traquer derrière la variété de ses apparences toujours déconcertantes, surtout en période de mutation. Ceci afin non pas tant de savoir ce que l'homme a fait, fait ou fera, mais ce qui le fait homme.


LE LANGAGE ET SES MAUX
de : Olivier Sabouraud

lien
Citation:
Pourquoi sommes-nous capables de langage ? Comment le subtil arrangement de cellules qui se cache sous notre crâne peut-il engendrer ce qui est à la base même de la culture ? La faculté de parler, de lire, d'écrire a-t-elle une racine seulement dans une zone bien précise de notre cerveau ? Que se passe-t-il lorsqu'une lésion survient ? A travers l'étude des aphasies et de quelques autres désordres neurologiques, une somme extraordinaire sur les fondements du langage, enrichie par les apports les plus récents de la recherche clinique.



L'oeuvre maîtresse de Jean Gagnepain c'est son "Du vouloir dire : traité d'épistémologie des sciences humaines" en 3 volumes mais c'est une oeuvre difficile d'accès pour le néophyte.


Dernière édition par Cormier le Tuesday 03 Nov 09, 8:39; édité 8 fois
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Jean-Charles



Inscrit le: 15 Mar 2005
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Messageécrit le Friday 07 Apr 06, 12:35 Répondre en citant ce message   

Il me semble que ce sujet ne parle que des bases physiologiques de la linguistique.
D'autre part, on parle de démarche expérimentale, pas de théorie.

Question quel titre mettre.
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Cormier



Inscrit le: 14 May 2005
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Lieu: Rennes

Messageécrit le Friday 07 Apr 06, 13:54 Répondre en citant ce message   

Jean-Charles a écrit:
Il me semble que ce sujet ne parle que des bases physiologiques de la linguistique.
D'autre part, on parle de démarche expérimentale, pas de théorie.

La théorie s'alimente de l'expérimentation sinon on verse dans la philosophie et c'est le grand intérêt de la théorie de la médiation en s'appuyant sur la clinique pour valider son modèle elle donne un caractère scientifique aux sciences humaines.

Non ce sujet ne parle pas "que des bases physiologiques de la linguistique" mais c'est un problème incontournable. L'homme n'est pas qu'esprit mais c'est un être incarné.
D'autre part la clinique montre ici qu'il faut déconstruire le concept fourre-tout de linguistique pour pouvoir rendre compte des différents phénomènes qui traversent le langage.

Le travail de la science c'est de dissocier les choses, de se construire un objet.
C'est par exemple ce qui amène le chimiste à déconstruire le concept d'eau pour parler à la place d'H²O, la combinaison d'un atome d'oxygène et de deux d'hydrogène parce que ça rend mieux compte de la réalité.

Sinon si tu veux changer de titre "la théorie de la médiation" irait bien.


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Cormier



Inscrit le: 14 May 2005
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Lieu: Rennes

Messageécrit le Thursday 27 Apr 06, 15:54 Répondre en citant ce message   

Une autre raison de la nécessité de déconstruire le concept de langage c'est qu'il entretient la confusion entre le langage animal et le langage humain alors que ça n'a rien à voir.
Le drame de l'aphasique justement c'est qu'il perd le langage humain pour revenir au langage animal.
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Cormier



Inscrit le: 14 May 2005
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Messageécrit le Tuesday 02 May 06, 11:37 Répondre en citant ce message   

Après l'approche épistémologique pour partir du bon pied voici maintenant l’illustration de quelques problèmes linguistiques sous l’angle de la théorie de la médiation.

La glossologie est la théorie du signe. C’est une théorie sans sujet ni histoire. Le sujet et l’ histoire quand il s’agit du langage c'est-à-dire du discours et de la langue on les étudie en axiolinguistique ou sociolinguistique.
C’est Ferdinand de Saussure qui a le premier conceptualisé cette notion de signe. Le langage animal reste au niveau du symbole c'est-à-dire la liaison d’un indice (son ou autre) a du sens. Le langage humain lui se caractérise par le signe c'est-à-dire par cette capacité d’analyse du son et du sens que Saussure appelle le signifiant et le signifié et qui forment le signe. Signifiant et signifié sont l’objet de la phonologie et de la sémiologie.

Ce concept de signe est indissociable du concept de structure parce qu'en phonologie par exemple un phonème ne se définit pas positivement mais négativement c'est-à-dire il est ce que ne sont pas les autres phonèmes.
Il est impossible de définir un phonème positivement parce qu’il n’y a pas un locuteur qui le prononce de la même façon. Certains le prononcerons selon leur voix de façon aigue d’autres grave, nasale, sourde, sonore, etc. Le même locuteur selon qu’il est enrhumé, ému ne prononcera pas le même phonème de la même façon.
C’est là qu’on voit la complexité de la glossologie et plus généralement des sciences humaines. Il est plus facile d’aller sur la lune que de résoudre un problème qui vaut des milliards de dollars, celui de la reconnaissance de la parole. Encore aujourd’hui ce problème n’est pas résolu. Quand il le sera ça fera gagner des milliards aux entreprises. Plus besoin de secrétaire, d’un tas d’autre personnel ou de délocaliser. Par contre bonjour le chomage.

On a l’illustration du caractère structural du signe dans les phénomènes d’accent. L’accent d’une personne qui parle mal une autre langue existe parce que selon les langues la pertinence des phonèmes n’est pas la même.
Un francais qui parle mal l’anglais prononcera « pin » avec un i long parce que le francais ne fait pas la différence entre le i long et le i court. Un espagnol qui parle mal le français est incapable de prononcer les phonèmes "e" ou "j" parce qu'ils n'existent pas en espagnol ce qui donnera des prononciations comme "qué" pour que ou "yé" pour je. Un anglais a beaucoup de mal a prononcé le phonème "u" et un francais le phonème anglais th.
Inconsciemment ils plaquent sur l’autre langue la structure phonologique ou sémiologique de leur langues.
L'accent montre que le langage humain ne se réduit pas à un problème d'émission ou d'audition de sons. Notre locuteur maladroit en langues n'a pas de problèmes de phonation ou d'audition mais il est conditionné par la structure phonologique de sa langue qui fait de lui un sourd muet culturel. Il n'entend pas et il ne prononce pas certains sons parce qu'ils ne sont pas significatifs pour lui.

Du point de vue sémiologique on retrouve cette incapacité à définir positivement un mot. Le mot « vache » désigne aussi bien le ruminant, un cartable, un salaud ou même le dépit dans « la vache ». La table peut-être d’opération, de multiplication, ou d’écoute. Le bureau peut-être le meuble ou le lieu de travail, etc.
Il ne sert à rien de penser résoudre le problème en faisant l’inventaire des différents sens parce qu’alors n’est pas prise en compte la potentialité du mot. Le mot « bonjour » est une marque de politesse jusqu’au jour où on lui a donné un autre sens dans « bonjour les dégats ».


Dernière édition par Cormier le Tuesday 03 Nov 09, 8:54; édité 6 fois
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Cormier



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Messageécrit le Thursday 04 May 06, 6:25 Répondre en citant ce message   

Ces exemples illustrent un autre concept de la glossologie celui d’impropriété du signe.Le signe a une autonomie par rapport au réel, il ne colle pas à la réalité qu’il désigne.
Dans l’étude du langage qui a été faite par les philosophes on retrouve les 2 aspects du problème.Il y a la conception réaliste pour qui le langage décrit la nature et la réalité des choses.
Picsou s'appelle pique-sou parce qu'il est radin, Lebreton Lebreton parce qu'il vient de bretagne,Vallée Vallée parce qu'il vient de la vallée.
Le fait que selon les langues la réalité n’est pas désignée par les mêmes mots prouve le contraire.
A l’intérieur d’une même langue on peut voir aussi que ce n’est pas vrai. Un mannequin est masculin alors qu’à la base le mot s’applique à une femme, une sentinelle est féminin alors que ça désigne un homme qui monte la garde.

A l’inverse la conception numérologique réduit la réalité au mot.Selon les chiffres que l’on donne aux lettres on est senser calculer l’essence de celui qui porte ce nom. Dans le Judaïsme les lettres sont associées aux chiffres ce qui donne lieu à toutes les interprétations kabbalistiques.

La théorie de la médiation résoud le problème en proposant une approche dialectique du signe.
L’impropriété du signe c’est ce qui fait la grammaticalité mais le signe ne se réduit pas à cette négativité structurale il se réinvestit positivement dans la rhétorique.
Si le signe ne se réduisait qu'à la négativité de la grammaire cela aboutirait dans les cas extrêmes à parler à la Boris Vian. "Un ouvre boite de nuit ", etc.
La rhétorique tend à éliminer les jeux de mots, la polysémie en essayant de donner un sens aux mots et en recherchant l'efficacité et l'adéquation du message.
La grammaire signe ce que la rhétorique désigne. Il y a ce que la langue veut dire en nous et ce que nous voulons dire par elle.


Dernière édition par Cormier le Wednesday 07 Mar 07, 3:11; édité 2 fois
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Cormier



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Messageécrit le Wednesday 24 May 06, 6:22 Répondre en citant ce message   

On ne peut pas envisager la grammaire sans la rhétorique parce que pour comprendre un message il ne suffit pas que sa grammaticalité soit parfaite.
Par exemple pour comprendre la question Où sont les vaches ? pour savoir si on parle des ruminants ou des cartables il faut savoir si la question vient d'un paysan ou d'un lycéen .
Cela montre que pour comprendre un message à coté de sa grammaticalité il faut aussi savoir d'où vient le message, à qui il s'adresse et plus ou moins de quoi il est question.
Dans un autre topic Gaillimh donne cet exemple :
Gaillimh a écrit:
L'énoncé Je n'ai rien à cacher est ambigu ; il peut signifier :
(1) Je suis honnête, vous pouvez vérifier. Je n'ai rien à cacher.
ou
(2) Nous jouons à chaud-froid, as-tu un objet que l'on pourrait cacher ? -Non, je n'ai rien à cacher.
Selon le contexte nous choisissons le bon sens.
Cela montre aussi qu'il n'y a pas besoin de parler une langue étrangère pour jouer les interprètes c'est quelque chose que nous faisons en permanence.
Dans l'exemple du lycéen s'il n'est plus sous le préau mais à la campagne il y a de fortes chances pour qu'il ne parle plus des cartables mais des ruminants.Qui dit interprétation dit aussi un risque permanent de malentendu.
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Qcumber



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Messageécrit le Sunday 04 Jun 06, 20:58 Répondre en citant ce message   

Foin de toutes ces philosophades.
Je ne m'intéresse plus, depuis assez longtemps, à toutes les approches philosophique du language. Pour moi, une bonne théorie sur une langue donnée doit me dire par exemple où se placent les arguments du verbe par rapport à ce dernier, où se place un groupe nominal réduit à un pronom, comment se construit une relative, une complétive, bref des choses vraiment utiles pour apprendre cette langue.
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Qcumber



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Messageécrit le Sunday 04 Jun 06, 21:00 Répondre en citant ce message   

Pourquoi Cormier ignore-t-il délibérément les majuscules?
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Alceste



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Messageécrit le Sunday 04 Jun 06, 21:17 Répondre en citant ce message   

Qcumber a écrit:
Foin de toutes ces philosophades.
Pour moi, une bonne théorie sur une langue donnée doit me dire par exemple où se placent les arguments du verbe par rapport à ce dernier [...]

Ceci n'est valable que pour une description synchronique de la langue considérée, autrement dit, quelles sont les règles actuelles (ou à un moment donné). Les règles varient dans le temps et dans l'espace. "Poète, prends ton luth et me donne un baiser", ça a été écrit il n'y a pas si longtemps...

Elles varient aussi selon les classes sociales, et sans doute d'autres facteurs encore.

Il me semble que Cormier parle de l'aspect pragmatique de la langue (je ne suis pas spécialiste de linguistique, même si ça me passionne).

Personnellement, ce qui m'intéresse le plus, c'est l'aspect cognitiviste, ou cognitionniste, je ne sais pas comment il faut dire. Autrement dit, le rapport entre la manière dont les concepts s'organisent dans le cerveau humain et la manière de les exprimer. Et pourquoi des langues différentes expriment des concepts similaires de façon très différente, grammaticalement parlant j'entends.
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Qcumber



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Messageécrit le Sunday 04 Jun 06, 23:39 Répondre en citant ce message   

Alceste a écrit:
Personnellement, ce qui m'intéresse le plus, c'est l'aspect cognitiviste, ou cognitionniste, je ne sais pas comment il faut dire. Autrement dit, le rapport entre la manière dont les concepts s'organisent dans le cerveau humain et la manière de les exprimer. Et pourquoi des langues différentes expriment des concepts similaires de façon très différente, grammaticalement parlant j'entends.

Pour moi c'est un domaine distinct de la langue. Celle-ci ne fait que traduire en parole la pensée du locuteur. La manière dont la pensée s'articule est probablement indépendante de tout système linguistique même si ensuite il faut bien passer par ce dernier pour s'exprimer si bien qu'on a l'impression que notre pensée est une parole intérieure. Je vais même jusqu'à croire que la pensée est probablement organisée en une sorte de réseau complexe et multi-dimentionnel alors que la parole est linéaire, orientée et ordonnée ... comme tous les phénomènes.
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Alceste



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Messages: 196

Messageécrit le Monday 05 Jun 06, 9:20 Répondre en citant ce message   

Il y a plusieurs aspects là-dedans:

- "la pensée est organisée en une sorte de réseau complexe et multi-dimensionnel" : en effet, il s'agit à la base de connexions de neurones.

Toutefois, la pensée est conditionnée par l'expérience concrète que nous avons du monde. Des concepts tels que "être humain", "animal", "artefact", "mouvement", etc sont sans doute communs à toute l'humanité, mais peut-être que notre cerveau serait capable de gérer des concepts inconnus de nous si nous étions placés dans un autre environnement (extra-terrestre, quadri-dimensionnel...)

- "la parole est linéaire, orientée et ordonnée ...". Disons que la parole est de la pensée canalisée (si l'on excepte les paroles-réflexes, genre aïe !). La pensée multidimensionelle est réduite à 1 seule dimension, et cela ne va pas sans mal. Et chaque langue a sa manière d'opérer cette réduction. De plus, cela ne va pas sans mal non plus au niveau de chaque locuteur. Bien rares sont les personnes capables d'exprimer directement des discours entiers parfaitement organisés, non truffés de "euh... enfin non... c'est-à-dire... en fait... ou plutôt... ce n'est pas ce que je voulais dire...", etc.

Le caractère linéaire de la parole est une contrainte physique : nous ne pouvons pas émettre deux paroles, deux messages à la fois, et (généralement) pas non plus les recevoir et les comprendre correctement. Par contre, quand il s'agit de musique, nous pouvons parfaitement combiner plusieurs voix, plusieurs lignes mélodiques, et les percevoir comme telles. Certains peuples mongols parviennent même à émettre deux voix simultanément en chantant (et ils ne voient pas où est la difficulté !)

Par ailleurs, le cerveau à la naissance est prêt à acquérir l'usage de la langue, quelle qu'elle soit: la langue (maternelle) retenue dépendra de l'environnement culturel. Donc le cerveau s'adapte à la fois à l'environnement physique et culturel. Le problème est qu'une fois adapté et "fixé" (spécialisé), il aura beaucoup de mal, en général, à se réadapter à un nouvel environnement (une nouvelle langue). On dirait qu'une fois les connexions établies et rodées, elles "grippent".

Surtout chez les Français d'ailleurs ...
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Qcumber



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Messages: 357
Lieu: France, région parisienne

Messageécrit le Monday 05 Jun 06, 14:03 Répondre en citant ce message   

Alceste a écrit:
Par ailleurs, le cerveau à la naissance est prêt à acquérir l'usage de la langue, quelle qu'elle soit: la langue (maternelle) retenue dépendra de l'environnement culturel. Donc le cerveau s'adapte à la fois à l'environnement physique et culturel. Le problème est qu'une fois adapté et "fixé" (spécialisé), il aura beaucoup de mal, en général, à se réadapter à un nouvel environnement (une nouvelle langue). On dirait qu'une fois les connexions établies et rodées, elles "grippent".

En outre, nous sommes conditionnés à notre langue maternelle durant notre gestation. Le foetus perçoit les sons (étouffés) à la fois à travers le ventre de sa mère par les vibrations de la colonne vertébrale. Ces trains de sons sont associés aux messages hormonaux de sa mère qui lui sont transmis par le cordon ombilical, ce qui permet au foetus d'associer des courbes intonatives à certaines réactions. Etc. ... [Restes d'un cours de linguistique, Lille, 1967]
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Alceste



Inscrit le: 27 May 2006
Messages: 196

Messageécrit le Monday 05 Jun 06, 18:03 Répondre en citant ce message   

Pour ce qui est de l'intonation, je veux bien, mais ça m'étonnerait beaucoup que le foetus acquière des rudiments de grammaire in utero. Je suis même persuadé qu'à la naissance, la notion d'ablatif absolu lui est encore parfaitement étrangère.

Pourtant, comme le disait (à peu près) Alexandre Vialatte: il n'y a rien de plus beau que la grammaire. (Et il ajoutait qu'il ne faut pas de h à Natalie).

La chimère que je poursuis depuis quelques temps déjà, mais hélas, de façon discontinue et peu méthodique, c'est la décomposition des concepts en unités de sens élémentaires, en quelque sorte, la chimie de la langue. Je pense qu'il existe des molécules de sens comme il existe des molécules de benzène. Et je pense (mais cela n'engage que moi) que toute molécule de sens peut se réduire à des atomes, et que chaque atome à une structure abstraite identique, que j'ai baptisée la structure x R y, en espérant que personne ne l'ait fait avant moi.

x R y signifie : il existe un concept résultant de la mise en relation de deux concepts déjà définis x et y, au moyen d'un concept relationnel R.

Ceci implique notamment qu'il ne peut y avoir mise en relation directe des concepts x et y, on est obligé de passer par R. Ceci implique des tas d'autres choses d'ailleurs, mais je crains d'ennuyer l'honorable assistance, et aussi de raconter des bêtises, vu que tout cela est encore loin d'être limpide pour moi. On notera juste au passage que la relation x R y est a priori non réciproque: x R y n'est pas équivalent à y R x. Et on se posera aussi la fameuse question des primitives, déjà débattue, chacun à sa manière, par de nombreux linguistes.

Bien que je n'aie quasiment jamais rien compris au lambda-calcul, je crois que de fait, je le rejoins quelque part.

S'il y a des ceusses intéressés par cette discussion, ce serait volontiers, sinon, ce n'est pas grave.
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