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Yiddish daitsch - Arbre des langues - Forum Babel
Yiddish daitsch
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Pascal
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Inscrit le: 14 Nov 2004
Messages: 355
Lieu: Alsace-Lorraine- Allemagne

Messageécrit le Sunday 09 Apr 06, 18:08 Répondre en citant ce message   

Pour les titre yiddish de Feinstiti voir le dico en ligne utile:
http://www.yiddishdictionaryonline.com

Pour répondre en détails à la question de Fredak sur les emprunts en yiddish, un extrait d'un traité de Moché Catane:


1. On constate diverses altérations de la prononciation des mots hébraïques, qui sont devenues la règle dans la lecture des ashkenazim (juif septentrionaux) ; p.ex. la transformation du 'ayin ע en alef א et du beth ב en khaf ך doux ; la simplification des consonnes doubles, etc. Ces déviations se retrouvent évidemment dans la langue parlée.
2. Nous n'approfondirons pas les modifications concernant les élément germaniques, comme la conservation des diphtongues dans les mots wein (vin - Chez les Gentils: Win) ou haus (maison, Hüs) ou encore l'abréviation des voyelles longues dans reddé, gawel, èsel (parler, fourchette, âne).
3. Comme dans tous les dialectes allemands, l'accentuation des mots étrangers, et en ce qui nous concerne, des mots hébraïques, passe en général de la dernière syllabe à l'avant-dernière; la voyelle finale devient une sorte d'e muet ou disparaît presque totalement. Exemples: shawès (Shabath), to'hès (derrière, de ta'hath, dessous, ou de tou'hoth, viscères), purem (Pourim), hanoè (hanaa, plaisir), shau'het (sho'heth, abatteur rituel).
4. Dans certains cas, l'accent se place au contraire sur l'e, pour le souligner. Ainsi le waw ו conjonctif est-il devenu l'essentiel du mot dans féyoudèr (we-adar, c.a.d. 1e second mois d'Adar) ou féy'hokhèm (we-hakham, c.a.d. ironiquement, celui qui se prend pour un grand sage).
5. Certaines consonnes sont affaiblies ou dégénérées.
Par exemple, guimel ג devient yod י ou alef א : tayès ou dayès (deagoth, soucis), bayeré (de la racine paguer, crever), brauès (beroguez, fâché);
khaf ך faible devient shîn ש : shetish (shidoukh, mariage arrangé), Borish (Baroukh, nom propre), tashlish (tachlikh) ;
beth ב devient veth : rèwé (rabbi), shawès (Shabath).
6. La distinction entre les palatales correspond à la phonétique allemande, qui ne connaît pas l'opposition entre sonores et sourdes, mais celle entre ordinaires et aspirées. L'auditeur étranger aura du mal à faire la différence entre un zayin ז et un samekh ס ou un saw ת, entre daleth ד et teth ט ou taw ת, entre guimel ג et kof ק ou kaf ך. C'est ainsi que l'on trouve des transcriptions comme féta, où se reconnaît très difficilement le mot hébraïque "widouy" (confession).
7. La non-prononciation des gutturales cause fréquemment l'élision de la syllabe qui les contient. Exemple: teshebof (tich'a be-Av, le 9 Av), nilé (Ne'ïla, prière conclusive de Yom-Kipour), kellé (kehila, communauté), miés (mious, répugnant), peïmé (behéma, animal), dam (ta'am, goût) rouf (ra'av, faim), mohl (mohel, circonciseur), wisht (béïchta, laid), 'halèmot (hol ha-mo'ed, jours de fête intermédiaires) osbos (oth be-oth, mot -à-mot), etc.
Dans d'autres cas un wav ו ou un yod י apparaît entre deux voyelles en hiatus, comme dans dowès (ta' outh, erreur), ou gafé (gaawa, orgueil).
8. L'affaiblissement des voyelles est quasiment constant :
ou => u, i, e : sékkés (Soukoth), 'hanike (Hanouka), purem (Pourim) ;
au => a, o : osbos (oth be-oth, mot-à-mot), Kafal (diminutif de Ya'akov), 'halèmot (hol ha-mo'ed) et peut-être aussi Kahn (Cohen) ;
i => e : ménig (minhag, coutume);
o => ou : osser (assour, interdit), lefouné (levana, lune), em'haulem (en 'halom, en rêve);
o => e : she (cha'a heure), mes (ma'oth, monnaies).
9. Il existe, inversement, des voyelles simples qui s'allongent en se dédoublant, comme hafdoulé (Havdala, rite de fin du shabath et de fêtes), 'harouté ('harata, regret), moulé (malé, plein), yousèm (yatom, orphelin), loushoufé (lo chawé, ne vaut rien), 'hasaunés ('hazanouth, chant liturgique), tsarfausem (tsarfatim, français).
10. Deux phénomènes me semblent spécifiques de l'Alsace :
a. La transformation de l'ensemble tf en pf, comme dans pfué (tevoua, blé), pfélé (tefila, prière), Pfouré (Devora, nom propre féminin), pfissé (tefissa, prise - qui a pris de sens de prison).
b. L'apparition d'une sorte de nasalisation à la place de la consonne noûn נ : ey (18 )(eïn, il n'y a pas), Zafel (19). On trouve aussi un noûn נ et/ou un yod י qui remplacent le 'ayîn ע comme dans Yankef (Ya'akov), Shiramaylés (Shir hama'aloth, cantique des degrés), shaynélish (20) (hosha'noth). De même un noûn נ peut se préfixer sur un mot commençant par une voyelle ; p.ex: néféyré (avéra, transgression), némuné (émouna, foi), nékhoné (hakhana, préparatifs), et d'autres encore.
11. pour finir, voici des cas de disparition de consonnes ou de leur mélange :
a) balmékhumé (ba'al mil'hama, c.a.d. soldat), batsef (partsouf, visage);
b) 'heth ח à la place de hé ה : 'héspét (hesped, eulogie), lé'hippér (lehéfekh, au contraire).

Du fait de l'incapacité à discriminer entre rech ר et khaf כ , et aussi du fait du manque de culture du plus grand nombre, on rencontre de nombreuses altérations dans le parler des juifs d'Alsace et même dans leur prière. P.ex: bémitswousof (bemitswotaw, par Ses commandements), arwekansèf (arba' kanfoth, vêtement à 4 coins), lahakhes et même la'hakhles (lehakhis, pour faire rager), shla'hmonès (mishloa'h manoth, envoi de cadeaux alimentaires à Pourim), dasèm (hadassim, branches de palmier).
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Charles
Animateur


Inscrit le: 14 Nov 2004
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Messageécrit le Tuesday 22 Aug 06, 16:45 Répondre en citant ce message   

Un article fort intéressant en allemand :
http://www.uni-klu.ac.at/eeo/Jiddisch.pdf
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Pascal
Responsable projet


Inscrit le: 14 Nov 2004
Messages: 355
Lieu: Alsace-Lorraine- Allemagne

Messageécrit le Tuesday 22 Aug 06, 17:32 Répondre en citant ce message   

oui, je le connaissais déjà, très synoptique pour un premier contact. à recommander.
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ElieDeLeuze



Inscrit le: 14 Jun 2006
Messages: 1622
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Messageécrit le Tuesday 22 Aug 06, 18:37 Répondre en citant ce message   

fredak a écrit:
Tous les Autrichens (en tout cas au moins à Vienne) utilisent cette expression souvent :

i(ch) hab' ein masel g'habt.

En néerlandais d'Amsterdam aussi, impossible de renoncer à ce mot. Le mot néerlandais geluk rassemble chance et bonheur, du coup, le mot yiddisch est le bienvenu.
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Lilengero



Inscrit le: 27 Oct 2006
Messages: 38
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Messageécrit le Saturday 04 Nov 06, 14:44 Répondre en citant ce message   

Pascal a écrit:
En revanche, l'holocaust et la baisse de la pratique de l'alsacien chez les jeunes générations ont sapé le socle germanique sur lequel le judéo-alsacien a pu survivre plus longtemps qu'ailleurs.

Cher, Pascal, zayt azoy gut: l'Holocauste, ce n'est pas un nom commun.
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ElieDeLeuze



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Messageécrit le Saturday 04 Nov 06, 14:50 Répondre en citant ce message   

ah si, un holocauste, des holocaustes, ça marchera aussi pour le prochain peuple qui se fera massacrer par le feu. Nom commun. Il se trouve simplement que pour l'heure, quand on dit "L'holocauste", on sait duquel on parle.

Sinon, d'un point de vue linguistique, les voyelles qualifiées de "racourcies" en yiddish sont en fait les voyelles courtes en syllabe ouverte conservées depuis le moyen haut allemand, alors que la plupart des dialectes allemands ont allongé ces voyelles. Elles n'ont donc pas été raccourcies en yiddish, elles sont restées courtes. Ceci dit, il est fort possible qu'il y ait eu aussi des raccourcissement de voyelles, je parle juste de ce type de voyelles du moyen haut allemand.
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Lilengero



Inscrit le: 27 Oct 2006
Messages: 38
Lieu: Anorak-City

Messageécrit le Saturday 04 Nov 06, 15:00 Répondre en citant ce message   

ElieDeLeuze a écrit:
En néerlandais d'Amsterdam aussi, impossible de renoncer à ce mot. Le mot néerlandais geluk rassemble chance et bonheur, du coup, le mot yiddisch est le bienvenu.

...et le mot d'argot amsterdamois qui désigne A'dam n'est-il pas Mokum? le lieu, la place ( le «Pletzl» parisien ) avant d'être «le Sentier» triste ), tout droit venu de l'hébreu en passant par le yiddish.


Dernière édition par Lilengero le Friday 20 Apr 07, 8:38; édité 1 fois
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ElieDeLeuze



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Messageécrit le Saturday 04 Nov 06, 15:25 Répondre en citant ce message   

Oh là, les mots yiddish sont tellement nombreux dans l'argot d'Amsterdam ! Mokum est encore très utilisé, mazzel est indispensable, mais cet argot est en train de disparaitre. Plus de la moitié de la population actuelle d'Amsterdam n'y habitait pas il y a 20 ans, et les communautés montantes démographiquement parlant ne se mélangent pas au prolétariat urbain traditionnel qui parlait l'Amsterdams. Le cloisonnement est total, il n'y a plus de langue urbaine commune.
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Lilengero



Inscrit le: 27 Oct 2006
Messages: 38
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Messageécrit le Saturday 11 Nov 06, 1:07 Répondre en citant ce message   

ElieDeLeuze a écrit:
ah si, un holocauste, des holocaustes, ça marchera aussi pour le prochain peuple qui se fera massacrer par le feu. Nom commun. Il se trouve simplement que pour l'heure, quand on dit "L'holocauste", on sait duquel on parle.

Et dans ce cas, raison de plus, je maintiens que celui dont «on sait duquel on parle», garde sa capitale et que votre graphie de «L'holocauste» comporte une capitale dont la place est erronée. En revanche, avec l'article indéfini, employé dans un autre contexte historique, événementiel ou même prospectif, le mot holocauste redevient un nom commun. La Grande Guerre et la Deuxième Guerre mondiale obéissent au même impératif de mise en relief d'un événement majeur. Quant à vouloir déchoir l'Holocauste au rang de nom commun au prétexte que «ça marchera aussi pour le prochain peuple qui se fera massacrer par le feu»... vous ne faites pas qu'une faute disons... typographique. Il est vrai que le mot génocide a pu vous l'inspirer puisqu'ils sont, hélas, nombreux dans l'histoire et que le XXIe siècle n'a pas commencé sous de bons auspices.
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ElieDeLeuze



Inscrit le: 14 Jun 2006
Messages: 1622
Lieu: Allemagne

Messageécrit le Saturday 11 Nov 06, 1:11 Répondre en citant ce message   

Je ne me battrais pas pour une majuscule... Vous êtes libre.
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Jiicé



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Messages: 192
Lieu: France, centre

Messageécrit le Sunday 03 Dec 06, 16:21 Répondre en citant ce message   

Un professeur de Ann-Arbor assez âgé est venu enseigner à Cologne dans les années 70 ou un peu avant (je ne sais pas en quelle matière, épigraphie grecque ou papyrologie, peut-être). Comme il ne connaissait pas l'allemand, il faisait cours en anglais. Il s'est vite rendu compte qu'il comprenait ses étudiants et, au bout de six mois, aurait pu (a donné ?) donner ses cours dans cette langue.
Attention ! Je n'ai pas été témoin de cette histoire qui m'a été rapportée par le fils d'un témoin. Le professeur était bien sûr yiddischophone.
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Lilengero



Inscrit le: 27 Oct 2006
Messages: 38
Lieu: Anorak-City

Messageécrit le Sunday 03 Dec 06, 19:28 Répondre en citant ce message   

Dans les années 7O, les jeunes Allemands redécouvraient leur passé... composite. La composante juive-allemande, c'est d'ailleurs le sens étymologique de «yiddish», pouvait être perçue, alors, avec une certaine sympathie et beaucoup de sourires. J'imagine un cours donné avec l'accent de Popek (moins l'humour, encore que... ). Je dirais, qu'aujourd'hui, avec la perception parfois biaisée qu'ont les jeunes Allemands des événements du Proche-Orient, l'écoute de ce professeur serait beaucoup moins sympathique. J'ajoute que les jeunes Allemands, à ce niveau d'études, en 2006, ne devraient pas avoir de difficulté à suivre le cours en anglais.
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Pascal
Responsable projet


Inscrit le: 14 Nov 2004
Messages: 355
Lieu: Alsace-Lorraine- Allemagne

Messageécrit le Wednesday 18 Apr 07, 12:16 Répondre en citant ce message   

nous avons à Strasbourg une tournée d'Astrid Ruff chansons yiddish "Ivresses" accompagnées à l'accordéon par Tchatcho Helmstetter.

les paroles sont dans lelivret du CD en alphabet , hébreu et YIVO + traductions.
Un bon album qui permet un accès assez facile au yiddish.
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nil



Inscrit le: 04 Aug 2008
Messages: 68
Lieu: Paris

Messageécrit le Sunday 10 Aug 08, 8:54 Répondre en citant ce message   

Pascal a écrit:
Exemple de yiddish en YIVO tiré d'une poésie de S.Traister Moskowitz
(je prends volontairement des phrases presque sans mots hébreux ; vous verrez qu'il faut se concentrer malgré tout !)

Vinter, shpet nokhmitog
un siz shoin finster
Baym kikh tish shtey ikh fargaft un ze
mayn sheyner tate shpilt
mit shvebl un hel oranzshe likhtelakh.


Si problème de compréhension faites signe!

- bon, ben pour moi c'est limpide (faut dire que j'apprends le yiddish à Paris et que la transcription yivo fait autorité, c'est bien normal, non ? alors que les transcriptions "artisanales" (je cherche un mot, je n'ose pas dire fantaisistes, mais "personnelles, locales", demandent un sacré effort de restitution pour arriver à entendre ce qui est écrit ...
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ElieDeLeuze



Inscrit le: 14 Jun 2006
Messages: 1622
Lieu: Allemagne

Messageécrit le Sunday 10 Aug 08, 13:35 Répondre en citant ce message   

Il faut se concentrer à cause de la graphie délirante. Ecrit la même chose en suivant l'orthographe allemande...
Deux mots que je ne comprens pas : kikh et Lichtelach.

Vinter, shpet nokhmitog - Winter, spät Nochmittog
un siz shoin finster - un 's is schoin finster
Baym kikh tish shtey ikh fargaft un ze - beim kich Tisch steih ich vergaft un se
mayn sheyner tate shpilt - mein schener Tate spielt
mit shvebl un hel oranzshe likhtelakh - mit Schwebel un hel orange Lichtelach
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